lundi 3 mars 2008

Crache ta life.

Deuxième jour. Ne pas mollir. Les jambes sont un peu dures. Pas de chance avec la météo. En haut des télécabines, le temps de chausser les raquettes, le linceul blanchâtre du brouillard nous enveloppe. Pas de boussole mais une amie qui connaît le quartier. Ce n’est pas fléché comme à la Concorde. La ouate brouillasseuse peut facilement vous faire perdre le nord surtout quand vous devez prendre plein ouest. Et plein ouest ça grimpe raide. Le long des piquets des pistes rouges ou bleues. Un piquet après l’autre. De toute façon on n’y voit pas plus loin. Dure la grimpette, les guiboles de Madame Placard ne sont pas assez rodées. Ses poumons non plus. Elle crache sa life comme on pourrait le dire dans ces cités où les escaliers sont obligatoires lors des incessantes pannes d’ascenseur. Là haut, un pylône de tire fesse se dresse dans la brume. Point de repère ? « Attends, on n’est pas loin, je crois que c’est par là ».
12H45, les ventres gargouillent. Pour rejoindre la bande de skieurs et le restaurant d’altitude il faut aller … D’ailleurs oui, par où faut-il aller ? Perdues ? On n’est pas les seuls. Un groupe d’anglais désorienté, une femme arrivée de nulle part et qui va on ne sait où, des skieurs qui croient savoir mais qui se trompent. Ça y est, notre guide a retrouvé le sens de l’orientation. On n’était pas loin, un peu comme dans les Bronzés font du ski. Arrivée chez Gaston, au chaud pour un déjeuner anti-régime. La patronne qui est une amie de notre guide nous offre une tournée de Génépi. Réchauffées pour entamer la descente. Au bout de deux heures, les plantes de pied crient « Alerte ». Ça chauffe tellement que je crois pouvoir éclairer Manhattan avec mes deux arpions.
Et si on reprenait un Génépi ?
« Quand te reverrai-je pays merveilleux.
Tout ceux qui s’aiment vivent à deux. »


Il y a 10 ans.
Mardi, 3 mars 1998.
Baiser volé.

Vous vous souvenez du premier baiser? Je parle du vrai, celui sur la bouche avec, accessoirement, la langue. Le vrai baiser de cinéma qui fait rêver.
Moi, oui, parfaitement bien. C’était dans les dunes d’une plage célèbre de Bretagne, chantée par Etienne Daho. C’était donc très loin de la cour du Collège Giroud-de-Villette à Clamecy dans la Nièvre.
Un collège dont le proviseur, Georges Durand, a viré, pour une journée, deux élèves de troisième qui s’étaient bécotés à la récré.
Un homme qui n’aime ni les mises en bouche, ni les préliminaires est-il vraiment un homme? Soit, il est « coinços », soit sa bourgeoise ne lui fait plus de câlins si bien qu’il se venge en privant de plaisirs simples quelques adolescents amoureux?
Faudra-t-il, selon ce censeur, revenir au bon vieux temps des écoles des filles et des écoles des garçons, avec blouses roses et grises, cheveux courts ou nattes obligatoires? Si Georges Durand est ou a été prof de sciences naturelles, je lui souhaite bien du plaisir pour expliquer à ses turbulents élèves des trucs débiles sur les choux et les roses.
Un sondage publié sur cette histoire dans Aujourd’hui donne à réfléchir. Si 81% de la population est contre la sévérité du proviseur pour ce baiser volé, il y a quand même 17 % de culs serrés pour trouver l’attitude du protal normale. Tiens, tiens! Un pourcentage qui me rappelle étrangement celui des votants Front National. Quand on sait l’intégrisme religieux de certains d’entre eux, il n’y a pas de quoi être surprise.
Enfin si le mot gamelle n’a pour ces gens-là que le sens d’une lourde chute, c’est tout ce que je leur souhaite pour les prochaines élections. Pour ceux qui donnent à gamelle un sens plus gouleyant, je propose de braver les interdits dictés par ses esprits aussi immobiles que leur langue morte.
A ce propos commence ce soir sur Arte une série qui, chaque mercredi jusqu’à l’an 2000, nous présentera en dix minutes, les cent photos du siècle. J’ose espérer que la fameuse photo du baiser de la Place de l’Hôtel de Ville de Doisneau figurera au palmarès. Une bonne occasion pour Georges Durand de réviser ses classiques.

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