mercredi 5 mars 2008

Dru dans l'pentu.

Cinq cent vingt mètres de dénivelé positif, ça nous paraissait énorme. Une grimpette en raquette guillerette sous un soleil chouette mais une bise coquinette. Arrivées au Col du Joly, Chez Gaston (en fait tenu par Grégoire, son fils) on a été contentes de se reposer les guiboles et se taper un petit demi de bière.
On y a retrouvé la smala des « poudreux » (ceux qui font du hors piste, pas les accros à la sniffette). En fin de repas, le père Grégoire nous a sorti son magnum de prune de Souillac, et là, pas question de dire non. Tu dis non à Grégoire et tu peux faire trois tours dans ta culotte sans toucher l’élastique comme on disait dans la cour de récré.
A l’heure du digestif, c’est Nicolas qui a pointé le bout de son nez. Nicolas Mermoud est un spécialiste des courses extrêmes en montagne. Troisième en 2007 de l’Ultra Trail du Mont-Blanc, une course qui fait le tour du massif en 163 km avec 9100 mètres de dénivelé positif et autant en négatif, vu qu’ils partent de Chamonix pour y revenir. Le garçon a mis 22 heures 30 minutes et 21 secondes. Un truc de dingo. Certaines femmes effectuent ce parcours. La meilleure d’entre elles a mis à peu près deux heures de plus que Nicolas.
Cet effort physique et mental intense occasionne parfois quelques hallucinations. Nicolas nous a raconté que, pour lui, les arbres prenaient forme humaine.
Une deuxième prune au fond du gosier et nous voilà reparties pour une descente d’un autre style. Je ne sais pas à quoi ont ressemblé les sapins entre le Joly et le Signal. J’avais les pieds et l’estomac en feu. Pas encore vraiment montagnarde Madame Placard.

Il y a 10 ans.
Jeudi, 5 mars 1998.
Bon sang mais c’est bien sûr!

Aujourd’hui, quatre-vingtième et dernier jour d’audience du procès Papon, avant les plaidoiries. Le verdict devant tomber pile poil le 25 mars à l’heure où je fermerai la page de ce tour du monde en 365 jours et quart. Jean-Pierre Bloch, dernier témoin du procès était à la barre pour nous parler du passé de résistant de Maurice Papon. Qu’a-t-on appris de nouveau? Que, contrairement à ce que certains avaient pu raconter, Papon a fait de la résistance comme Jean-Paul II a tourné dans des films pornos. Contrairement aux conclusions du jury d’honneur de 1980 (dont Mr Bloch faisait parti), il n’y a pas de preuve concrète du passé de résistant du désormais fameux chef de gare girondin.
J’ai plutôt tendance à croire Jean-Pierre Bloch, qui se contredit dix-huit ans après, mais qui avoue que les délibérations de ce jury d’honneur n’étaient pas aussi unanimes que l’on avait voulu nous faire croire à l’époque.
Un homme au passé antinazi irréprochable qui dit: « Pour moi, Maurice Papon n’a pas été résistant ... J’ai eu en main les listes du BCRA* où figuraient les noms des sympathisants de la France libre, préfets, secrétaires généraux ou magistrats, qui pourraient nous aider à la Libération. Je n’y ai jamais trouvé le nom de Maurice Papon ».
Dont acte Monsieur le Juge.

*BCRA: Services de renseignements gaullistes.

Aucun commentaire: