dimanche 28 février 2010

Tout l'univers.

Quand j’étais petit je lisais « Tout l’univers » et on y voyait l’intérieur des gros avions de ligne. C’était comme des maisons qui volent avec des étages et des escaliers en colimaçon. Je devais me dire que c’était beau et bien plus grand qu’une maison. Sur les dessins on voyait aussi des hôtesses de l’air en jupe bleue qui s’occupaient des enfants. Elles étaient belles et souriaient bien. Mon papa disait qu’elles étaient toutes pareilles et c’est pour ça qu’on les choisissait et c’est pour ça que ma sœur voulait faire hôtesse de l’air. Mais moi je ne trouvais pas que ma sœur leur ressemblait.
Dans « Tout l’univers » il n’y a avait pas marqué le prix que ça coûtait. Papa et maman disaient que c’était très cher et qu’ils n’avaient pas les moyens. Que c’était bon pour les gosses de riches comme mon cousin de Paris qui, lui, devait avoir les moyens puisqu’il était allé dans les pays chaud en avion.
Ils disaient que déjà ils faisaient beaucoup de sacrifices pour que l’on puisse partir en caravane pendant les deux mois de vacances. Ils disaient aussi qu’il y avait plein de choses à voir en France et dans les pays d’à-côté. Que c’était beau et qu’il n’y avait pas besoin de faire des milliers de kilomètres pour se baigner ou voir des paysages.
Et puis un jour j’ai pris un gros avion comme celui de « Tout l’univers ». C’est tout petit un avion quand tu es coincé sur ton siège près du hublot avec ta ceinture de sécurité et que tes deux voisins dorment juste quand tu as envie de pisser.
Les nuages sont-ils plus beaux vus d’en haut que depuis ta chaise pliante dans le camping ?
Et puis un jour j’ai pris un gros avion comme celui de « Tout l’univers ».
J’ai eu un peu peur.
J’aurais bien voulu que ma maman soit hôtesse de l’air.

dimanche 21 février 2010

Des CD.

Le week-end dernier j’achète quatre CD. En soi c’est assez rare si l’on en croit les statistiques du marché de la musique. Mais qu’est-ce que vous voulez, j’ai du mal à me faire à la musique dématérialisée.
L’industrie du disque se meurt dit-on. La musique se partage sur Internet et se paie cher en concert. Entre les deux, la « galette » ne fait plus son beurre.
La musique est décédée ?
Un musicien croisé la semaine dernière à un petit concert privé me disait que les spectacles « live » étaient un cache-misère et que la profession se mourrait lentement de la gratuité.
Voilà pour la partie mauvaise nouvelle.
Pour les petits bonheurs en boitier transparent je vous propose quatre artistes.
Michael Bublé et son album « Crazy Love ». Bon, ce n’est pas bigrement original, on a déjà entendu ce type d’album de reprises récemment avec Harry Connick Junior. Difficile d’égaler les big band qui mettaient en relief les voix d’or de Franck Sinatra ou de Dean Martin. Mais ça se laisse écouter. Le son est ample, la voix est bonne. Du classique quoi. Pour les férus de comédie musicale à l’américaine je conseille le « All I do is dream of you » formidablement arrangé d’après le morceau d’Arthur Freed interprété par Gene Kelly et Debbie Reynolds dans « Singing in the rain ».
Mélody Gardot sur son album « My one and only thrill » nous emmène au-delà du frisson. Ouh la la. Une voix pure, un vibrato émouvant. Une prise de son de dingue. Elle chante à côté de vous. Attention ce n’est pas vraiment la musique et le son du moment. David Guetta habite sur une autre planète. Celle du bruit et des rythmes boum-boum.
Melody effleure le sol, elle vous envahit, vous caresse, vous envoûte. Si vous décidez de l’écouter, faite le silence. Eteignez la machine à laver. Dimanche dernier ce fut l’accord parfait avec une tasse de thé du hammam.
Nolwenn Leroy (Le Cheshire cat et moi). Un moment intimiste avec des hauts et des bas. L’ex-égérie de la Star Ac 2 se livre et se raconte comme dans « Mademoiselle Gamelle ». De belles mélodies avec un usage presque celtique des cordes, des petites musiques qui restent en tête comme celles des manèges et des petites boites où la danseuse en tutu tourne sur les engrenages de la ritournelle. Il y a du Pascal Comelade dans la simplicité de ce CD. Une sorte d’évidence comme une promenade sur la lande le long des sentiers de douanier où l’émeraude de la mer répond aux teintes violacées des bruyères.
Autant le disque de Nolwenn Leroy est minéral autant celui de Benjamin Biolay, « La superbe », est viscéral, animal, charnel. D’une rare puissance musicale. Ça faisait longtemps que je n’avais pas pris un coup comme celui-là. Un direct au plexus lunaire. Un voyage sur un tapis volant richement brodé de mélodies et d’arrangements haute-couture. Une bande originale de vie. Benjamin Biolay vous emmène dans son long métrage (eh oui deux CD pour vous messieurs-dames). Un voyage sur des rivages si près, si loin, au cœur de votre âme, au bord de vos misères, de vos galères, de votre vie de tous les jours. J’ai écouté les deux CD deux fois à fond. Bien sûr, la tonalité du garçon fait penser à Bashung comme dans « Miss Catastrophe » et que les mélodies et certains textes nous rappellent Gainsbourg. Et alors y’a pire comme miroir. J’y ai même trouvé parfois des accents à la Michel Delpech avec « Si tu suis mon regard ». Bien d’autres influences comme ces petites musiques façon « The Cure » dans « Prenons le large » ou des échos à la Marc Lavoine.
Un disque (en fait deux) rare en ces périodes où la musique se résume trop souvent à une phrase idiote dans un mauvais anglais et un rythme binaire et répétitif.
Et s’il fallait emporter sur une île bretonne un seul morceau je copierais alors sur l’I Pod que je n’ai pas encore « Ton héritage », le cinquième morceau du premier disque. Un pur frisson, une pure vérité.

dimanche 14 février 2010

Saint Amour.

Dans la famille des amoureux je demande le père. Pioche. Bonne pioche. Dans la famille des amoureuses je demande la mère. Pioche. Bonne pioche.
Il y a des histoires d’amours qui finissent mal, d’autres qui commencent bien. Certaines qui finissent avant de commencer et d’autres, plus banales qui se passent sans trop d’éclats de voix.
En ce jour très marketing de la Saint Valentin me revient en mémoire l’anecdote piochée en début de semaine dans Le Parisien et qui concerne Brigitte Bardot.
La bombe sexuelle française des années 60 a refait parler d’elle lors de la sortie d’un livre autobiographique de Patrick Balkany, le député maire de Levallois-Perret. Le fanfaron des Hauts de Seine y décrit une liaison avec la star de cinéma. Celle-ci dément. Bien sûr. Le maire s’en fiche il vend du « papier » comme on dit dans le jargon de l’édition. Plus madame Bardot se cabre, plus la réimpression du livre approche. En fait peut m’importe de savoir si « ce gros plouc menteur » comme l’appelle BB a réellement couché avec la star, c’est la petite phrase relevée dans le livre qui éclaire ce 14 février à cœur ouvert. BB aurait dit « Je ne peux pas coucher si je ne suis pas amoureuse ... mais je peux tomber amoureuse trois fois par jour ».
Personne ne dit si ce jour était celui de la Saint Valentin.

dimanche 7 février 2010

Clin d'oeil.

La photo en noir et blanc a perdu il y a peu une de ses plus belles prunelles. Willy Ronis est sorti du champ en septembre dernier. Hors cadre il est maintenant chez les anges du déclencheur manuel, les as de l’argentique.
Parti rejoindre ses confrères Leica en bandoulière.
Là haut dans un square, une femme passe la robe s’envole, un sourire, des jambes fuselées... Cartier-Bresson s’efface, Doisneau était trop loin de l’action, au bistrot avec Jacquot, Kertesz a tout vu mais il a préféré l’arbre à côté et l’ombre du grillage. Ronis a préféré attendre de la voir nue près de sa fenêtre. Izis a capté son bonheur en un clin d’œil.
La photo est dans la boite. Il part rejoindre Robert pour l’apéro. Passe devant les chevaux de bois. S’arrête un instant. Sort son appareil photo et déclenche à nouveau. Sur la photo on entend presque la petite musique et l’enfant qui crie de joie après avoir attrapé le pompon.
La Marie de Paris rend hommage à Izis jusqu’au 29 mai.
Allez-y, l’expo est gratuite comme une bouffée d’air frais.

PS. Une petite chanson pour la route en hommage à tous ses photographes humanistes dont les clichés ornaient jadis les murs de ma chambre d’ado.

T’aimer comme sur les photos

T’embrasser sur le Pont des Arts
Caresser ta joue
Quand minuit sonne trop tard
Et danser sous la pluie

Se promener sur les quais ce soir
Te serrer si fort
Qu’il n’y a plus de regard
Et sourire à la nuit

T’aimer comme sur les photos
T’aimer comme sur les photos
De Robert Doisneau
T’aimer comme sur les photos
T’aimer comme sur les photos
De Robert Doisneau

Dernier verre dans un petit bar
Attraper ta main
En noir et blanc se voir
Et laisser le whisky

Robe à fleurs, tango, quat’chevaux
Un air de Bécaud
La musique en sourdine
Mon cœur en tremolos

T’aimer comme sur les photos
T’aimer comme sur les photos
De Robert Doisneau
T’aimer comme sur les photos
T’aimer comme sur les photos
De Robert Doisneau.

Un autre homme à la Butte aux Cailles
C’est Paris canaille
Une bagarre et l’amour
Dans ton œil au beurre noir.

Escalier, un deux tours de clé,
Chambre mansardée
Sur la chaise ton chapeau
Et ta peau sur ma peau.

T’aimer comme sur les photos
T’aimer comme sur les photos
De Robert Doisneau
T’aimer comme sur les photos
T’aimer comme sur les photos
De Robert Doisneau

Salle de bal, banc d’école, bistrot
Câlin bord de l’eau
En souv’nir ton sourire
A côté de Prévert
Sur l’album de Doisneau

Café crème deux trois gouttes de pluie
Sur un toit d’Paris
Tu m’embrasses, je souris
Dans notre album photo
Un clin d’œil à Doisneau.

T’aimer comme sur les photos
T’aimer comme sur les photos
De Robert Doisneau
T’aimer comme sur les photos
T’aimer comme sur les photos
De Robert Doisneau
T’aimer comme sur les photos
T’aimer comme sur les photos
De Robert Doisneau
T’aimer comme sur les photos
T’aimer comme sur les photos
De Robert Doisneau
T’aimer comme sur les photos