dimanche 31 janvier 2010

Alors heureux ?

Belle question posée vendredi dans le cahier central de Libération. En écho à la ligne éditorial du blog 2010 de Madame Placard.
On y apprend que le Français est heureux à 87% (moins que le Belge qui a la banane à 94% mais plus que les Italiens ou les Roumains qui font monter le sourire à 79%).

Vaste question qui en pose une autre. Comment répondre à un individu qui vient vous sonder par téléphone et qui vous demande : « Diriez-vous qu’en ce moment vous êtes plutôt très heureux, heureux, malheureux ou très malheureux ? »
Vous êtes au bout du fil et si vous répondez « très malheureux » vous allez passer pour un dangereux dépressif, aigri, qui ne voit que le mauvais côté des choses. Alors autant répondre « heureux », même si vous venez de marcher dans une crotte de chien ou que votre belle-mère vous a forcé la main pour regarder « La fête de la chanson française » animé par Daniela Lumbroso.

Troublante question qui me ferait croire que cette notion de bonheur est quantifiable. Il me semble que certains économistes ont déjà tenté de mettre en éprouvette ce sentiment aussi palpable qu’un nuage en forme de Miss France. Existera-t-il bientôt des UEB (Unité Equivalent Bonheur) échangeable sur une place financière virtuelle ?

Et puis ce n’est pas le tout, on en fait quoi de ces UEB ? On les garde au chaud, dans un bas de laine ? On les échange contre un sourire béat, une farandole mal improvisée ou une blague des Grosses Têtes ?

Les sondeurs n’ont sûrement pas dû appeler Dominique de Villepin cette semaine. Alors heureux Dom ? Vous lui posez la question jeudi vers l’heure de l’apéro il vous dit « oui » trois fois « oui ». Il vient d’être relaxé dans l’affaire Clearstream et met à peu près trois secondes entre chaque mot de son discours de sortie de tribunal. C’est dire s’il est serein le garçon. Il en profite, se délecte, jubile intérieurement. Bref il est heu-reux comme le disait si bien Fernand Raynaud.
Mais le lendemain vers 8h30 quand, sur Europe1, le procureur de la République de Paris, Mr Marin, fait appel de la décision, il est beaucoup moins serein le Dominique. Sarkozy vient de lui replanter son aiguille vaudou dans le dos. Mais ça c’est juste une opinion de béotienne des arcanes de la justice française. Le bon Marin d’eaux troubles est subordonné à Michelle Alliot-Marie, elle-même ministre du Gouvernement Fillon, sous l’autorité de Nicolas Sarkozy. Juste une coïncide malheureuse.

Et si ce n’était qu’une mesquine vengeance pour un anniversaire raté. Le Président fêtait ses 55 ans jeudi dernier. Et une condamnation de l’ancien premier ministre l’aurait rendu si heureux.

En ce qui me concerne aujourd’hui j’ai 18 ans et je suis très heureuse. 18 ans comme une belle majorité emplie de joie par une bande de jobards du handball qui viennent de battre la Croatie en finale des championnats d’Europe. 18 ans après la médaille de bronze glanée lors des JO de Barcelone. 18 mois après le titre olympique de Pékin et le titre mondial de l’an passé. La meilleure équipe du monde. Le plus beau palmarès du sport collectif français, bien loin devant les footballeurs et leurs salaires qui ne font pas toujours le bonheur.


PS un peu rabat-joie : En fin d’article on apprend que le sondage a été commandé par Coca Cola et réalisé par CSA. La semaine passé déjà on apprenait qu’en Haïti, le Coca avait sauvé un jeune homme enfoui sous les décombres du séisme. Cette semaine, avec les bulles américaines on rote de joie.

dimanche 24 janvier 2010

La course au miracle.

Haïti en morceaux. Apocalypse des corps figés par la catastrophe. L’horreur n’est-elle pas suffisante pour que certains y ajoutent une jalousie déplacée.
Depuis que les américains ont apporté leur soutien logistique, leur matériel, leurs hommes pour sauver des vies, soigner et demain reconstruire, certains esprits chagrins les accusent de néo-colonialisme.
Entre Miami et Port au Prince il y a 1142 km soit deux cents kilomètres de plus qu’entre Lille et Nice. S’il y avait eu une catastrophe naturelle chez les Ch’tis, serions nous en train de vouer aux gémonies nos amis belges venus en voisin au secours de nos compatriotes ? Faudrait-il les accuser d’hégémonie territoriale ?

Heureusement sur le terrain, des femmes et des hommes se battent sans distinction de langue et de religion. Des pompiers français, des infirmières américaines, des sauveteurs grecs, ensemble pour, jusqu’au bout, sauver des vies.
Une course au miracle sans état d’âme de politicien.

Cette semaine, une équipe de secours française, onze jours après le tremblement de terre, a sorti des décombres un jeune homme de 25 ans. Vous pensez bien que le garçon, comme la vieille dame, le bébé ou la fillette ou les 133 autres personnes sauvées se fichaient bien de savoir quelle langue parlait celui ou celle qui lui a tendu la main.
Pour l’anecdote, le miraculé, Wismond Exantus, a déclaré aux personnes sur place qu’il avait survécu en buvant du Coca-Cola.

Comme quoi un miracle n’a pas forcément le goût du vin de messe, fut-il issu de nos cépages.

dimanche 17 janvier 2010

Tous ensemble.

Des semaines comme celle-ci, non merci.
La misère qui s’abat sur la misère en Haïti. Des politiciens qui s’écharpent sur la burqa au lieu de gamberger sur le chômage, les salaires, la précarité et l’anorexie de notre industrie.
Pas de quoi trouver l’inspiration pour une chronique positive de fin de semaine.
Alors je laisse les choses traîner, me disant que le temps fera son œuvre jusqu’à 19 heures 30 ce dimanche. Comme un puzzle indéchiffrable qu’on laisse sur une table, des mots croisés ankylosés près du crayon à papier en attendant la petite étincelle.
Je dois aller chercher ma fille qui a passé la nuit chez une copine. Je prends la voiture, flemme pas très écologique je vous l’accorde. Sur Ouï FM, une reprise de la chanson « Bidonville » de Claude Nougaro par je ne sais qui. Pas grave, la lumière se fait dans mon cerveau aussi embrumé qu’un quai de Tamise en automne.
« Regarde là, ma ville.
Elle s'appelle Bidon,
Bidon, Bidon, Bidonville. »

La première pièce du puzzle.

Hier en fin d’après midi je m’affale sur le canapé, zapette en main. Je reste scotchée sur TF1. Une émission formidable de solidarité et d’émotion qui s’appelle « Tous ensemble » dont le principe est d’aider des gens dans la détresse à reconstruire un chez soi. L’émission vient en aide à Priscilla, Yves et leur fils Elysée âgé de 11 ans, dont la maison à Tournoisis dans le Loiret avait totalement brûlé. La famille vit depuis dans un mobile home sans moyen suffisant pour tout remettre sur pied.
L’investissement de chacun dans le village, la générosité, la bonne volonté vont offrir à cette famille un toit plus neuf qu’un conte de fée.

La deuxième pièce du puzzle.

Entre le Loiret et Port au Prince comme deux mains qui se tendent. Comme un air de bossa sur des ruines. Comme un espoir de reconstruction après la douleur.
Pour que tous tiennent leurs promesses quand l’émotion et les larmes auront séchés.
« Donne-moi ta main, camarade,
Toi qui viens d'un pays
Où les hommes sont beaux.
Donne-moi ta main, camarade.
J'ai cinq doigts, moi aussi.
On peut se croire égaux. »

dimanche 10 janvier 2010

Hit the road Jacques.

Parfois l’histoire bredouille.
Cette semaine, les nouvelles en provenance de Guadeloupe ont eu le goût du plat mal repassé. Comme le diamant sautant sur un vinyle rayé vous ramenant au début du morceau. Elie Domota fait son come back. Rien n’étant a priori réglé dans cette outre-mer, outre-tombe des promesses qui n’engagent que ceux qui y croient.
Un autre retour aux sources plus désinvolte cette fois a fait l’actualité de la semaine. Jacques Dutronc, dandy pop rock des sixties a renfilé son costard de scène dix-sept après avoir foulé les planches pour la dernière fois. Ses chansons caustiques et poétiques ont traversé les âges. Malgré une voix qui n’est pas de garage comme celle de Renaud, il est encore capable d’envoyer du lourd comme on dit dans le jargon. Les cigares, le whisky et les poils de chats n’ont pas tué l’Arsène Lupin de la chanson française.
Allez mon Jacquot fait nous visiter à nouveau le parfum du « petit jardin qui sentait bon le métropolitain », le Paris qui s’éveille, les cactus, les millions de chinois et toi et toi...
Quitte à passer pour une opportuniste (qui retourne rarement son tailleur comme dans ta chanson), je te propose une petite ritournelle à ranger au rayon nostalgie, celui des rêves aux enchères, comme celui de croiser un jour au paradis des voyageurs ton parolier Jacques Lanzmann qui disait « Si tu veux te trouver, commence par te perdre »

Aux enchères

Je vends mes rêves aux enchères
Qui en veut ?
Mise à prix
Un dollar
Un euro
Trois carambars
Un vélo
Un roudoudou
Une image
Un doudou
D’enfant sage

Un, deux, trois adjugé
A la dame amnésique
A l’homme politique
Soporifique.
Au mécanicien
un rêve de mains blanches.
Au banquier
un livre des mains sales
Au rentier
une entrée à l’usine
Et à Martine
un jour de congé.

Je vends mes rêves aux enchères
Qui en veut ?
Mise à prix
Un bisou
Un costume
de marlou
Une camionnette
des pompes funèbres
Un manège
Un caillou
Sacrilège

Au déménageur
Un piano sans bretelle
A la mère Michel
Un chien, et pis c’est tout.
Au commissaire Maigret
Un joli barreau de chaise
A l’avocat véreux
Une dernière cigarette

Je vends mes rêves aux enchères
Qui en veut ?
Mise à prix
Un bisou
Un costume
de marlou
Une camionnette
des pompes funèbres
Un manège
Un caillou
Sacrilège

Et le petit dernier
Encore tout chaud
Sortie de la couette, de l’édredon
Je vous le fait à pas cher
Un sou, trois ronds.

Je vends mes rêves aux enchères
Qui en veut ?
Mise à prix
Un dollar
Un euro
Trois carambars
Un vélo
Un roudoudou
Une image
Un doudou
D’enfant sage

Et le petit dernier
Encore tout chaud
Sortie de la couette, de l’édredon
Je vous le fait à pas cher
Un sou, trois ronds.

Et le petit dernier
Encore tout chaud
Sortie de la couette, de l’édredon
Je vous le fait à pas cher
Un sou, trois ronds.

PS : « Comme un manouche sans guitare »,le disque du fiston Thomas Dutronc est un joli régal pour ceux qui rêvent encore des sixties, de la voix du père et de la guitare de Django Reinhardt.

dimanche 3 janvier 2010

Bonne année, bonne santé et bonne journée.

Anniversaire de Miss Placard.
Quatorze ans depuis ce matin.
Grasse matinée
Un bol de thé.
Lecture du cadeau de Noël de Mamie Placard (la bible du polar par Claude Mesplède).
Un CD dans le home-cinéma. Le dernier Jamie Cullum. Un bonheur attendu avec impatience. Cadeau de ma puce qui grandit trop vite.
Dehors, un coin de ciel bleu.
Le givre se repose sur l’herbe haute et Jamie nous attrape par le coin de l’oreille, vilain garnement à la voix cassée, pour nous emmener au quatre coins de son piano magique.
Swing, pop, douces mélodies et même un peu de « Dance » avec une reprise en douceur de « Don’t stop the music » de Rihanna.
Certains ronchons diront que le petit Anglais n’a rien inventé. Qu’ils restent tapis dans leurs antres à recompter les sillons de leurs 78 et 33 tours. Ce môme en jean déchiré et en basket vous amène tous ses potes dans le salon. Il y a Frankie, Ella, Duke mais aussi Elton John, John et Paul, Billy Joel, XTC et d’autres encore que les érudits musicaux décoderont mieux que moi.
L’album s’appelle « The Pursuit ». Il n’y a rien à jeter mais si vous êtes pressés alors sautez sur la plage 2 « I’m all over it ». Et si vous aimez flâner alors voguez jusqu’à la plage 8 avec « Mixtape » et son final en chœur qui vous restera peut-être gravé en mémoire jusqu’au 31 décembre.
« I think I love you today Jamie »


PS: Un gros bisou à mon fan club du nouvel an. A toutes les copines et les copains avec qui il est si bon de faire la fête trois jours de suite comme chaque année depuis 1998. Bonne année à vous tous. Je vous embrasse. Je vous aime.