lundi 30 avril 2007

Muguet.

Les professionnels de la presse n’écrivent rien aujourd’hui. Pas de journaux dans les kiosques demain, 1er mai oblige. Alors en tant qu’amatrice éclairée à la bougie parfumée, je m’arrêterai là.

PS : la chronique d’il y a 10 ans est assez prémonitoire. Remplacez Juppé par Sarkozy...
A demain






Il y a 10 ans
Mercredi, 30 avril 1997.
Vachement différent.

Hier, j’ai entendu Juppé à la radio qui exposait ses différences (en tout cas celles de la coalition RPR-UDF) par rapport aux autres partis politiques engagés dans la course aux sièges. C’est à se la prendre et se la mordre (de rire) comme disait une copine de bureau un rien délurée.
Selon ce bon vieil Alain la différence serait d’être républicain donc défenseur des valeurs de Liberté, d’Égalité et de Fraternité, sans oublier la Laïcité et l’Humanisme mais aussi la Solidarité, le Patriotisme et l’Européanisme. Je suis surpris qu’à ce stade du grand écart consensuel il n’ait pas ajouté avant de se faire mal aux c...
« Nous défendons les valeurs de la famille et de l’individualisme, de l’intégration et de la préférence du sang, de l’anti Lepénisme et de l’anti-Front populaire (ça c’est pour son ami Léotard), de la morale et de la libre pensée ». Sans oublier d’être à la fois pour les enfants et les adultes, le noir et le blanc, le Pernod et le Ricard, le camembert et la boulette d’Avesnes, le Fig Mag et le Nouvel Obs, l’O.M. et le P.S.G., la rive droite et la rive gauche, le slip et le kangourou, Laure Adler et Jacques Pradel, les vaches folles et les vaches maigres, Laurel et Combaluzier, Roux et Hardy et pour finir la culotte, ma main, le zouave et ma sœur réunis.
Quel œcuménisme Monsieur le Premier Ministre! Sans mentir si vos suffrages se rapportent à votre verbiage vous êtes le Super Phénix des hôtes de ce mois.
Galvauder certains mots lourds de sens n’est pas un péché véniel. Par exemple la Liberté, qui est chère à votre cœur mais pas à certains de vos amis du RPR comme Jacques Peyrat qui interdit la ville de Nice aux SDF. L’humanisme a un drôle de goût dans votre bouche quand le Ministre de l’Intérieur de votre gouvernement fait voter une loi qui place l’immigré intégré depuis de nombreuses années en position précaire sur le renouvellement de son permis de séjour, jusqu’à en faire un suspect plus suspect que le commun des « français » d’origine. La séparation de l’Eglise et de l’Etat est, depuis 1905, officiellement décrétée. Comment se fait-il que l’état français ait directement et indirectement financé le voyage du Pape en France l’année dernière? Que l’on ne vienne pas me dire que ce « tiaré » est un Chef d’Etat. Il n’est que le souverain pontife d’une religion parmi d’autres. Si vous donnez aux uns alors donnez aux autres, aux bouddhistes, musulmans, protestants ... et pourquoi pas aux athées.
Pour finir, votre slogan « Avec Jacques Chirac, un nouvel élan pour la France » est lui aussi vachement nouveau. Jacques Pilhan, un de ses conseillers en communication sera bien obligé un jour de vous avouer qu’il n’a, en fait, jamais fait de publicité.

dimanche 29 avril 2007

Des hauts et débat.

Basse besogne et propos à ras de terre du candidat Sarkozy.
En visite dans le nord de la France avec son nouvel ami Borloo, il méprise le dialogue Royal-Bayrou en se moquant du fait que celui-ci a lieu dans un grand hôtel parisien et que lui (qui ne fréquente surement jamais les palaces et les adresses VIP) est sur le terrain pour sa campagne.
Alors que ce rendez-vous qui intéressait au bas mot 16.3 millions d’électeurs, a failli être manqué pour cause de pressions venues d’en haut dixit François et Ségolène. Intimidations et coup de fil dont le donneur de leçon UMP n’est a priori pas étranger. L’un des animateurs du débat ( Jean-Jacques Bourdin de RMC Infos a admis avoir été appelé).
Je crois que le candidat d’une droite qui veut conserver toutes les manettes du pouvoir manque singulièrement de hauteur de vue. Il lui manque peut-être quelques talonnettes démocratiques. Une pour le soulier droit et une pour le soulier gauche.
J’ai regardé le débat sur BFM TV (vive la TNT). Civil, cordial, honnête et surtout gage, si les deux responsables maintiennent leur credo, d’un nouveau comportement politique. Gage de responsabilisation des députés que l’on ne souhaite plus voir en godillots, en chevaux de labour avec œillère les empêchant de voir sur les côtés.
Un débat qui a eu le mérite de donner de la hauteur au dialogue. De ne pas s’obliger à pourrir l’autre avec des raccourcis assassins. Pas un duel à fleuret non moucheté dans une brume matinale et où le vaincu doit forcément gésir dans une mare de sang.
Bien sûr il était clair que les deux candidats du premier tour n’allaient pas être d’accord sur tout et qu’il ne fallait pas s’attendre à une consigne de vote de la part du leader centriste.
Alors Madame Placard, vous êtes plutôt Bayrouiste ou Ségoliste après ce débat ?
Ayant fait le test avant le premier tour sur www.quelcandidat.com/ , j’étais très légèrement pro-Bayrou. Sur la carte scolaire et la réduction du déficit, je penche plutôt du côté du Béarnais. Concernant les retraites, le Smic et le coup de pouce que peut donner l’état à l’économie je suis plutôt tendance Ségo. Concernant l’assainissement de la vie politique, la police de proximité et l’anti verrouillage des media je joue le couplé gagnant.
En conclusion je revote donc Ségolène au deuxième tour.
S’il fallait le définir d’un mot ce débat, je dirais « fertile ». Comme une graine que l’on sème au printemps pour qu’un arbre solide et républicain à trois branches – Liberté – Egalité – Fraternité, puisse prendre racine au cœur de chacun et au cœur du débat.


Le concept d’arbre républicain, je l’ai trouvé sur le blog
http://www.bigbangblog.com/






Il y a 10 ans
Mardi, 29 avril 1997.
Mon amour, sans toi je meurs.

A celles et ceux qui ne se sont jamais postés sur le bord de la route lors d’un Tour de France (il doit bien en rester quelques uns) je vais vous faire une petite leçon de communication à trois francs six sous.
Pour encourager votre coureur préféré vous vous munissez d’un pinceau, large de préférence et d’un pot de peinture blanche (ça se voit mieux sur le bitume). Ensuite, vous inscrivez en lettres géantes sur la chaussée votre message à l’attention du cycliste élu.
Attention, pour une bonne compréhension du message, n’oubliez pas de l’écrire dans le sens de la marche du rouleur. Ainsi sur la route le coureur lira « TOUT MAZAMET AVEC JALABERT » et non « JALABERT AVEC MAZAMET TOUT » qui ne veut plus rien dire.
C’est donc sûrement un habitué (ou une habituée) de la Grande Boucle qui cette nuit a dû décorer le bitume de Meudon de cette jolie phrase d’amoureux (se) transi(e). Une façon de faire osée et fort galante que n’auraient pas renié messieurs Blondin et Chany fabriquant de frasques épiques pendant le Tour de France.
En tout cas ce monsieur ou cette dame a inventé un nouveau média très bon marché. Pourquoi en effet acheter une affiche géante, un spot radio ou une page de publicité dans un journal pour déclarer sa flamme à celle ou celui qu’on aime. Je suis surpris que, devant tant d’innovation, Jacques Séguéla ne nous ait pas affirmé qu’il avait déjà eu cette idée en 1973.
J’espère de tout coeur qu’il est des jours où Cupidon ne s’en fout pas et que cette flèche ô combien délicate aura touché sa cible même si le nom de l’élu(e) ne figure pas dans le message.
D’ailleurs, le bougre ou la bougresse a bien choisi ses mots puisque même à l’envers on peut lire: « JE MEURS SANS TOI MON AMOUR ».

samedi 28 avril 2007

C’était demain (suite).

C’était le jour où l’allocation de rentrée paroissiale n’a plus été versée aux catholiques pratiquants disposant de la carte Vatican-Plus.
C’était le jour où Jean-Pierre Havrin a pu à nouveau jouer au rugby avec les gamins des quartiers du Mirail, de la Reynerie, de Bagatelle ou de la Faourette, dans la banlieue de Toulouse.
C’était le jour où Rachida Dati a fait son coming-out et a juré qu’elle ne prendrait plus jamais de drogues politiques dures.
C’était le jour où pour la première fois depuis 1825 jours, un charter est resté au sol à Roissy faute de passagers indésirables à destination de l’Afrique.
C’était le jour où Azouz Begag, ex chercheur clandestin du CNRS et Rachida Dati ont décidé d’adopter ensemble plusieurs enfants du Darfour.
C’était le jour où à une unité près, le nombre de prison en France n’a pas excédé le nombre de lycées.
C’était le jour où l’Eurostar ne sera pas baptisé « Thatcher-Express ».
C’était le jour où Germaine, retraité de 68 ans habitant les Ulis, n’a pas sorti le magnum 357 de son cabas pour buter Rachid qui ne voulait pas lui voler ses poireaux mais lui demander la direction de l’ANPE. Puisque depuis la veille, le port d’arme n’est plus obligatoire.
C’était le jour où Jean-Pierre Elkabbach a présenté le dernier JT officiel.
C’était le jour les disques de Benabar, d’Olivia Ruiz, de Noah, de Diam’s, de Disiz la Peste, d’Indochine, de Dyonisos, de Renaud ou de Cali n’ont plus été assujettis à la TVA dissidence de 31.18%.
C’était le jour où un juge est venu frapper à la porte d’un paisible retraité corrézien amateur d’art primitif.
C’était le jour où 153 députés UMP se sont ralliés à François Bayrou de retour de Saint-Hélène.

Ce jour pourrait être le dimanche 8 mai 2012.

Allez, « Keep on rocking in a free world » comme disait ce bon vieux Neil.





Il y a 10 ans
Lundi, 28 avril 1997.
... et les présentateurs du 20 heures s’en foutent.

Chaque jour au Zaïre, soixante réfugiés Hutus du Rwanda, perdus, apeurés, affamés meurent. Selon certains il en mourrait encore plus mais comment le savoir?
Kabila, dans sa marche triomphale et meurtrière vers Kinshasa, néglige ces morts qu’il considère comme un « détail » au regard du bien qu’il estime apporter à son pays. Tiens, ça ne vous rappelle rien ce mot détail accolé à un autre génocide. Ca fait froid dans le dos. En tout cas, à défaut de pouvoir botter les fesses de ce nouveau dictateur, ça me réchauffe les mains pour aller déposer dans l’urne printanière le bulletin boutant le FN hors de la vie politique française.
Mobutu, escroc décrépi, qui laisse son pays dans la faillite est l’archétype du souverain africain cajolé et couvert de bijoux par les gouvernements français successifs. C’est fou comme ce continent où l’on a retrouvé le plus vieil ancêtre de l’homme est capable encore et encore de fabriquer des dictateurs de tous poils. Le gros Amin Dada, Bokassa 1er l’empereur dingo de Centre-Afrique préféré de Giscard etc.
Et aujourd’hui ce Jean Désiré Kabila aussi désiré que le prochain enfant du Pape. Ce futur homme fort du Zaïre, déjà brossé dans le sens du poil par les américains et les européens qui ont eu vite fait de retourner leur veste, a fixé un ultimatum aux organisations humanitaires pour rapatrier ces centaines de milliers de cadavres ambulants. Deux mois pour retrouver et sauver tout le monde.
Personne ne crie au scandale et surtout pas les journalistes du 20 heures, qui vous débitent les faits avec autant de chaleur ou de larmes qu’un téléscripteur de l’AFP. L’info télé et bientôt l’info radio sont aseptisées, asexuées. Les journalistes ont laissé leur moelle, leurs tripes, leur cœur pour ne pas dire leurs couilles (même pour les femmes) dans un attaché-case qu’ils ont laissé à l’entrée en arrivant. Messieurs et mesdames les liseurs de prompteurs, à vous tous les culs-de-jatte béni-oui-oui de la petite lucarne, qu’attendez-vous pour nous parler avec votre cœur? Pendant que vous rangez soigneusement cette inutile carte de presse dans votre joli portefeuille en croco, des enfants meurent dans la boue de Kisangani.

Aujourd’hui 28 avril 1997, soixante réfugiés rwandais au moins sont morts au Zaïre et les présentateurs du 20 heures s’en foutent.

vendredi 27 avril 2007

C’était demain.

C’était le jour où Thuram a pu enfin fêter son jubilé.
C’était le jour où Momo a pu acheter sans se cacher un T-shirt de Bob Marley.
C’était le jour où le mur de Saint-Denis s’est effondré. Un jour pendant lequel on n’entendra malheureusement pas Rostropovitch jouer du violoncelle pour fêter ça. Il a disparu aujourd’hui à l’âge de 80 ans.
C’était le jour où Roger Hanin a remballé ses cartons du Ministère de la culture.
C’était le jour d’après celui des funérailles nationales de Charles Pasqua. Jour chômé comme il se doit quand, à l’époque, un grand commis de la Nation disparaissait.
C’était le jour où Noah est sorti de prison et où son geôlier a sorti un livre et un disque.
C’était le jour où les Français ont pu ôter les nains de jardin de leurs pelouses, jusqu’alors ornées de ces statues de plâtre par décret de l’Assemblée.
C’était le jour où monsieur Le Guevellou, directeur de l’école primaire de Pen ar Breiz a pu rebaptiser son école du nom de Louis Guilloux et mettre le panneau « Johnny Halliday » à la benne.
C’était le jour où Jean-Michel Aulas, Ministre de la Jeunesse et des Sports fête le douzième et dernier titre de champion de France de l’Olympique Lyonnais.
C’était le jour où le portrait d’Alain Peyrefitte dont l’image figurait en incrustation permanente sur les écrans des JT communs de TF1 et de France 2 privatisée disparaît de la lucarne.
C’était le jour où l’on arrêta de jouer l’hymne national avant chaque match de Ligue 1.
C’était le jour où la Gay Pride qui, par bravade, se déroulait depuis cinq ans dans les îles Anglo-Normandes, retrouve le pavé parisien.
C’était le jour où Gisèle, licenciée de chez Areva en mai 2007, ne trouve plus aucune photo du Président, de sa nouvelle femme et de ses enfants dans aucun hebdomadaire.

Ce jour pourrait être le dimanche 8 mai 2012.

Rendez-vous demain pour la suite.

Envoyez vos idées je suis preneuse.




Il y a 10 ans
Dimanche, 27 avril 1997.
Ca vous gâche un dimanche.

- La boulangerie fermée
- Des comiques qui se croient obligés de chanter à la radio des chansons de Dalida sous prétexte que c’est l’anniversaire de sa mort. Déjà vivante je ne l’aimais pas.
- Une cousine à la mode de Bretagne qui vous demande de l’accompagner à la messe.
- Le seul rôti de l’année qu’il ne faut pas rater parce que belle-maman vient déjeuner et qui finit en semelle par la faute d’un programmateur électronique ou bien de mon inaptitude à faire la cuisine par procuration.
- Alain Prost qui ne pilote plus de Formule 1.
- La pluie qui ravit les agriculteurs et les jardinier du dimanche mais qui tombe pile au moment où les enfants ont fini leur sieste.
- Juppé invité à 7 sur 7. Premier Ministre, maire de Bordeaux, candidat à la députation et qui se déclare contre le cumul des mandats. Sans oublier sa promesse herculéenne de réaliser en 40 jours ce qu’il n’a pas pu faire en 800. Sous son costard triste il doit nous cacher de sacrés tablettes de chocolat le Stallone de Matignon. C’est presqu’aussi drôle que Mister Bean qui passe sur M6.
- La grève de la SNCF qui risque de se poursuivre et belle-maman qui a un train à prendre demain.
- La coupure publicitaire en plein milieu de « La liste Schindler ». Une hérésie, une connerie monumentale du patron de TF1. Tiens, la prochaine fois qu’il ira à un enterrement, j’y ferai venir un vendeur de chez Lapeyre. Au milieu de la cérémonie il fera l’article aux personnes présentes sur leur dernier modèle (pas cher) de cercueil en kit à fermer soi-même.
- Un mari qui ne vous câline plus à cause de l’Equipe du dimanche sur Canal+.
- Les trois pages de vraie littérature que l’on s’astreint à lire chaque soir et que l’on ne termine pas car on s’endort dessus.

Bonne nuit et à demain ... même si c’est lundi.

jeudi 26 avril 2007

Sur une autre planète.

Gliese 581 C. C’est le nom qu’ont donné des astrophysiciens français, suisses et portugais à une nouvelle planète extra solaire potentiellement capable d’abriter une vie extra terrestre.
Cette découverte est plus extraordinaire que son nom de baptême. Tout sauf poétique. Une référence à Wilhelm Gliese astronome allemand spécialiste des étoiles « proches ».
Pour l’instant pas de billet aller/retour en vente sur internet.
Gliese 581 C est à plus de 20 années lumières ce qui nous met le temps de parcours à plusieurs centaines de milliers d’années.
Mais si tout cela nous donnait des idées.
Des idées d’exil vers des contrées plus hospitalières au cas où l’énervé du « nettoyeur à pression » s’installe rue du Faubourg Saint-Honoré.
Des idées d’exil pour les chanteurs, sportifs et hommes d’affaire qui partent en Suisse pour payer moins d’impôt. « La Suisse, mais c’est d’un convenu très chère ! Pourquoi ne pas partir avec nos petites valisettes Vuitton bourrées de golden parachutes vers Gliese 581 C. Si ça se trouve on peut y skier même l’été ! »
Des idées de logement pour les Chirac. Les futurs ex-pensionnaires de l'Elysée n'auraient donc pas les moyens de se payer un loyer au point d'accepter l'aide d'une famille libanaise célèbre et le prêt provisoire d'un 180m2 quai Voltaire à Paris? Ce monsieur qui, depuis qu'il est dans le circuit politique (début des années 60), n'a vraisemblablement jamais payé de loyer ni de prêt immobilier. Sacré économie au bout de plus de 40 ans, soit plus de 500 mensualités à zéro euro. Pour un Président proche du peuple, ça fait désordre.
Des idées d’un débat extraterrestre entre une socialiste et un centriste puisque le CSA empêche notre planète démocratique de tourner rond.
Des idées de télé transportation de quelques barbus extrémistes et d’autres va-t-en guerre.
Des idées de paroisses Glieséennes où des prêtres pourraient y vivre leur amour sans se cacher et sans se faire sanctionner contrairement au Père Léon Laclau, curé béarnais, contraint de s’exiler en Côte d’Ivoire via Limoges parce qu’il vivait avec une infirmière de 56 ans.
D’ailleurs qu’en pense le François ?

Messieurs les astronomes, merci pour votre découverte mais la prochaine fois appelez-moi pour que l’on baptise plus joliment votre prochaine planète extra-solaire.

Un petit coucou ce soir au Glieséens qui dans un coin élisent peut-être aussi un grand mugul*, Sarko 92 ou Ségo 79 dans un virtuel débat sur des ondes infra bleues ou infrarouges.


*Merci Titeuf





Il y a 10 ans
Samedi, 26 avril 1997.
Message aux siliconnasses stressées.

Mon fils tient dans sa main droite Batman, l’homme chauve-souris; dans sa main gauche il brandit le Power Ranger Rouge. Là, avec ces deux personnages, un bout de rideau et une ficelle, il va se faire sa guerre des étoiles sur deux mètres carrés. Je le regarde et l’écoute, il ne me voit pas et ça donne à peu près ceci:
« Et là, Batman se jette sur le Power Ranger et pis après lui donne un coup de pied. Le Power Ranger saute et tombe derrière la montagne. Alors Batman fait un piège et le Power Ranger arrive par derrière. Batman l’a pas vu. Le Power Ranger change de tête et attaque Batman. Et pis après Batman lui donne un coup de poing et pis après le Power Ranger est prisonnier dans le piège de Batman... »
Je m’arrête là mais ça a continué ainsi pendant cinq bonnes minutes. Et je l’ai regardé, sans bouger et je peux vous dire, sans démagogie, que ça fait du bien de s’arrêter de temps en temps pour voir grandir et vivre ceux qu’on aime. C’est quoi cinq minutes par ci, par là pour garder des souvenirs et se remonter le moral? Rien du tout. Alors Mesdames les wonder-women siliconno-stressées dites stop. La lutte féministe pour toujours plus d’égalité est sans issue. Vous essayez de tout programmer, du micro-ondes au bébé en passant par le téléphone mobile. Posez vos fesses deux secondes sur le bord de la route et regardez-vous passer? Vous ne trouvez pas que vous avez l’air gourde avec votre tailleur strict, les cheveux permanentés à vous égosiller dans votre portable. En plus vous n’écoutez pas ce que l’autre vous raconte sur son autre téléphone mobile. Vous vous demandez si vous n’avez pas oublié de prendre votre pilule hier soir, vous êtes inquiète parce que votre mari aura toujours une bonne excuse pour ne pas aller faire les courses et remplir ce putain de frigo d’autres choses que de pizzas et de surgelés fadasses. STOP! Votre vie ne doit pas ressembler à une mauvaise pub de shampooing. Mettez un jean, réapprenez à faire le petit salé aux lentilles. Mettez un peu de votre argent dans une association caritative plutôt que dans un lifting physique ou psychologique. Et surtout si vous avez des enfants regardez-les grandir avant qu’ils ne vous dépassent d’une tête.
« ... Et pis après Batman se réveille, il attrape le Power Ranger Rouge et l’envoie très loin dans le ciel, derrière la montagne. »

mercredi 25 avril 2007

Mécanique orange.

Ni-ni. Ni Sarko, ni Ségo. François Bayrou suit sa ligne de conduite. La ligne orange des Pyrénées plus que la ligne bleue des Vosges.
Hommage involontaire au fameux brevet déposé par Giscard en son temps.
Difficile de s’attendre à autre chose. Mais derrière cette attitude de façade, on a senti dans ses propos une dent contre Royal mais un croc (et un gros) contre Sarkozy.
Danger pour la république, copié-collé de Berlusconi, caractère belliqueux, on fait mieux comme compliment. Et vlan pour le teigneux altoséquanais.
Danger pour l’économie, panier percé et prêtresse de l’état providence, voilà pour toi ma Royal.
Une fois sorties les griffes, le Béarnais a ouvert les bras. En direction des deux candidats du second tour. "Si vous souhaitez débattre avec moi, je suis prêt", ai-je compris en substance.
Depuis cet après-midi, ça a bougé. Sarkozy a refusé l’invit. Ségolène lui a proposé un rendez-vous vendredi matin face à la Presse Quotidienne Régionale. Le François veut des caméras de télé. France 2, au 20 Heures, tend la perche et propose d’organiser la fameuse rencontre. Ségo dans « A vous de juger » sur la même chaine quelques temps plus tard, dit « OK, mais déplacez vos caméra vendredi matin et ça ira ».
Cuisine médiatique, attitude de boutiquier, valse à trois temps, du « Je t’aime moi non plus » à « Dînons ensemble » mais « J’ai perdu l’adresse du resto », les hésitations des amoureux transis vont vite lasser et vite faire rire le Gnafron et ses amis du Jardin d’acclimatation.
Alors mettez-vous d’accord demain matin SVP. Sans bristol et sans chichi.
Dans le nouveau moteur de la politique française il faudra donc maintenant compter avec un nouveau parti : le parti Démocrate. Changement de nom (Entre UDF et UMP ce n’est pas aussi net que Nike contre Adidas ou Coca contre Pepsi), de logo, de philosophie d’accueil (pas seulement à droite) et sûrement changement de personnel si l’on en croit la course de vitesse de certains députés UDF pour rejoindre l’UMP en moins de 24 heures chrono.
Sarkozy, tout en manœuvre pense déjà créer un artificiel parti centriste à sa botte. Méfions nous des imitations.
La belle mécanique orange a donc fait aujourd’hui son premier tour de piste. Espérons que les ouvertures de chacun soient sincères et qu’à court terme (le 6 mai), à moyen terme (juin) comme à long terme (2012), les bonnes volontés et les bonnes énergies sachent se retrousser les manches sans arrières pensées. Dans une France aux couleurs d’une 6ème république qui n’aurait pas déplu à Mendès.





Il y a 10 ans
Vendredi, 25 avril 1997.
Lire L’ÉQUIPE.

Il y a des jours où vous n’avez envie d’entendre que des bonnes nouvelles. Que la gauche gagne les élections, que Martine Aubry soit la première femme Présidente de la République, que le chômage baisse nettement, que les conflits s’apaisent dans une Algérie vraiment démocratique, que le Pape impose le port de la capote et les commandos anti-IVG distribuent la pilule abortive...
On peut rêver. Alors aujourd’hui j’ai acheté l’ÉQUIPE et j’ai été gâtée. Pourquoi n’y aurait-il que les hommes pour s’intéresser au football? Au football d’hier (24 avril) et d’avant-hier. Hier, bonne nouvelle, le Paris Saint Germain s’est qualifié pour la finale de la Coupe des Coupes. Bravo à tous et surtout à Lama qui avait dû fumer du béton pour résister aux charges aériennes des avants de Liverpool. Bravo aussi à Raï qui non seulement joue bien au foot mais est plutôt beau mec. Enfin bravo à tous les autres car jouer à Anfield, le stade des Reds, c’est paraît-il jouer sur une autre planète.
Ca me rappelle les Verts de Saint-Etienne qui avaient perdu dans ce même stade, peuplé des mêmes gens qui chantaient les mêmes chansons. Bathenay avait marqué un but d’une frappe si terrible qu’il aurait pu en crever le ballon. Mais Keegan était là et aussi un dénommé Fairclough (le Super Sub), le super remplaçant qui marquait à chaque fois qu’il entrait en cours de jeu. C’est lui qui marqua le but de la crucifixion. C’est fou comme on se souvient des noms de ceux qui ont «assassiné » les français en football comme un certain Schumacher dopé à la haine et aux amphétamines de kamikaze lors de la mémorable demi-finale contre la RFA à Séville en 1982.
Tout cela nous ramène dans les années 70. Ca tombe bien puisque dans le journal L’ÉQUIPE j’apprends que Johann Cruyff, l’idole de mon enfance, a eu cinquante ans aujourd’hui. Ca ne nous rajeunit pas, n’est-ce pas ma bonne dame? A l’époque, dans les années 1973-1974, les sportifs qui faisaient rêver, y’en avait pas trente six. Killy avait arrêté, Michael Jordan et Luc Alphand devaient avoir cinq ans et Christophe Auguin, l’âge de grimper dans un Optimist du côté de Granville. Alors j’avais élu Johann et sa bande de copains chevelus de l’Ajax d’Amsterdam et de l’équipe de Hollande. C’était la génération peace & love & football total. Pour moi Cruyff restera le meilleur joueur de la planète. Pelé, hors concours étant le meilleur joueur, toutes galaxies confondues.
Merci à L’ÉQUIPE pour cette bouffée de bonnes nouvelles et de nostalgie positive.
Et si je m’abonnais?

mardi 24 avril 2007

Coquelicots.

Premiers coquelicots vus dans les champs. L’air de Mouloudji. Mélodie du souvenir. Un air d’après-guerre quand le PCF cartonnait avec 29% des voix. Les voix sont mortes. Le chanteur s’est tu. Avec 1.7% des suffrages, Marie-George ferme le buffet et jette la clé dans les champs de coquelicots.
Dernier couplet : Boris Eltsine, l’homme-vodka, est mort hier. Selon les uns « Absolut-beginner » d’une nouvelle Russie et selon les autres « Absolut-fossoyeur » de l’URSS. Pour cet ancien régime ou pour ce nouveau pouvoir des oligarques je n’ai nulle envie ni nostalgie.
Aujourd’hui les amis de Maurice Thorez (s’il en reste) ont pris un sacré coup de vieux.





Il y a 10 ans
Jeudi, 24 avril 1997.
30ème chronique comme je le pense.

Ca y est, un mois de bouclé à la sueur de mon crâne et à l’arthrose naissante de mes phalanges pour vous livrer mes coups de coeur quotidiens.
Quand on commence, on se dit que ce n’est rien, que ça se fait comme ça en claquant des doigts. En fait l’état de grâce, cher à tout nouvel élu, n’a duré, dans mon cas, qu’une petite semaine. Il est sûrement des femmes et des hommes qui écrivent facilement et qui ont le temps pour le faire parce que c’est leur métier. Comme les journées de Madame Placard ne font pas plus que vingt-quatre heures, il faut bien gagner du temps sur un emploi du même nom très chargé. Travailler huit heures par jour, faire les courses une fois par semaine, s’occuper des enfants, regarder un peu la télé et lire les journaux, ça ne laisse pas beaucoup de temps libre. Bien sûr il y a le sommeil et le temps passé au lit à faire des « choses futiles » mais on n’est pas des bêtes quand même.
Alors j’ai fait des sacrifices. Moins de télé, moins de lecture et un peu de temps pris sur les heures de travail et je ne m’en sors pas trop mal. Comme dirait l’autre, écrire une chronique tous les jours, ça se fait dans l’urgence. L’adrénaline de la dernière minute comme disent les sportifs.
Donc on en est là, avec trente jours au compteur. C’est drôle, mais ça me donne la pêche. L’envie de continuer. S’il y avait une seule raison ce serait les rendez-vous pris avec quelques personnes dont les noms peuplent les lignes de certaines chroniques et que je garde à l’oeil dans les mois à venir.
Ne vous endormez pas, Madame Placard veille sur vous.

lundi 23 avril 2007

Spectres.

Cette nuit, mauvais rêves. Une course mais pas d’arrivée.
Hantise de la défaite. Des spectres, des Ankous faucheurs d’espoir.
Spectre de la démagogie, comme ce plan séquence télé de France 2 hier soir, long travelling suivant la voiture de Sarkozy dans les rues de Paris. Remake d’une scène du film électoral de 2002 avec Chirac en passager.
Spectre de la couardise avec les députés UDF qui craignent pour leurs sièges au Parlement. Ejectables, forcément éjectables s’ils ne se soumettent pas au diktat UMP.
Spectre de la mésentente cordiale. Avec DSK et Fabius en contre-torpilleurs mais dont les canons sont dirigés vers quel camp ?
Spectre de la crispation. Ségolène qui voulait adopter une posture sévère de chef d’état pour son premier discours d’après premier tour m’a semblé raidie par l’enjeu, pas assez naturelle.
Spectre de la connivence quand j’entends Jean-Pierre Elkabbach parler de Sarkozy en ne mentionnant que son prénom.
Spectre du tout et son contraire, recette Chiraco-corrézienne qui a fait ses preuves. Une martingale que Sarkozy a décidé d’utiliser.
Spectre d’une religion d’état.
Spectre de cinq ans de brasier dans des Banlieues. Il faut les considérer, les féliciter au lieu de les stigmatiser.
Spectre d’une autre nuit de cauchemar.
Allez au lit Madame Placard !












Il y a 10 ans
Mercredi, 23 avril 1997.
Haouch Boughfi el Khemisti.

Je ne sais pas combien il y avait d’habitants dans ce village algérien que je ne connaissais pas hier. Tout ce que je sais c’est que les fous de Dieu du GIA y ont massacré quatre-vingt treize personnes dont quarante trois femmes et filles et trois enfants.
Reste-t-il des larmes aux dirigeants de ce monde pour pleurer? J’en doute, vu l’empressement qu’ils mettent à sauver quelques émirs koweïtiens et l’indifférence qu’ils manifestent à l’égard de peuples aussi pauvres que martyrs.
Messieurs les chantres châtrés d’une Europe de la défense des Droits de l’Homme, messieurs les vieux schnocks de l’Organisation des Nations Désunies, j’ai honte.
Je vous envoie ce mouchoir plein de larmes pour votre triste musée des oubliés de la planète.
Puissent toutes les femmes et tous les hommes qui souffrent de la barbarie vous envoyer leurs modestes mouchoirs. Des mouchoirs qui ne se jettent pas et avec lesquels on peut faire des noeuds, pour ne pas oublier, pour ne pas les oublier.

dimanche 22 avril 2007

Ouf !

Oublié le 21 avril 2002. 26%. Ségolène au second tour et avec elle la gauche et on l’espère un peu plus. Les Français ont grandement voté (85% de participation). Les Français veulent changer. Avec un Bayrou à 18.6% qui portait lui aussi un discours de changement, il y a la place pour ne pas rester les deux pieds dans les mêmes bottes portés depuis douze ans par Sarko et ses boys.
Pour saquer Sarko il faut un quart de voix en plus du quart existant. La moitié de la recette du quatre-quarts du changement et du rassemblement pacifiste de tous les Français.
Rien n’est gagné mais rien n’est perdu. Un sondage de 20H15 donne Sarkozy vainqueur au second tour avec 54% des votes.
D’ici le 6 mai le chemin est long et chaque minute doit compter pour convaincre de la nécessité d’un vote social plus que d’un vote anti-UMP. Quand on écoute Sarkozy dans son discours mielleux post premier tour, brosser dans le sens du poil toutes les catégories socioprofessionnelles et en particulier les travailleurs et les employés on espère que personne n’est dupe.
Je ne veux pas croire que Bayrou puisse faire alliance avec le patron de l’UMP garni des nombreux traitres à l’UDF au premier rang desquels Mme Weil qui me déçoit beaucoup.
Donc unissons nos forces de résistance et de combat. Barre à bâbord pour plus de progrès social en France et en Europe, de fraternité, de respect, de démocratie et de pouvoirs partagés.
Avec toutes celles et tous ceux qui veulent que ça change. Car tout peut changer, sans haine et sans coups de matraque.
Allez, c’est du sérieux.
Au boulot.





Il y a 10 ans
Mardi, 22 avril 1997.
Fracture ouverte.

Ca y est, il a fait péter le pétard mouillé. Jacques Chirac, avec le sérieux clownesque d’un intermittent du spectacle politique, nous prend encore pour des mômes. Le cirque qui entourait l’annonce de cette dissolution et l’énergie déployée par ses conseillers au premier rang desquels Alain Juppé me fait mal au coeur. Tout ce gaspillage énergétique pour faire une fois de plus tourner la machine de politique politicienne. Il me semblait pourtant que le candidat Chirac, élu en 1995 et disposant d’une large majorité à l’Assemblée avait encore du pain sur la planche. Son programme contenait un mot fort, une tâche pas insurmontable pour qui s’en donne les moyens, un défi à la mesure d’une véritable ambition républicaine: la réduction de la fracture sociale. C’était tellement fort qu’un martien cher à Jacques Pradel et possédant quelques rudiments de discours politique français aurait immédiatement catalogué le Corrézien à gauche. Malheureusement le bougre n’a pas fait avancer le dossier, au contraire.
Alors qu’hier, quelques élus causaient enfin du projet après deux années d’errance dans un hémicycle démotivé par des rumeurs qui n’en étaient plus, le grand mangeur de tête de veau arrêtait les frais. Dire que ce projet plein d’objectifs louables mais vides de moyens, était l’une de ses grandes priorités de « jeune » président, ça fait mal au sein. Souvenons-nous que les belles promesses de solidarité nationale s’étaient soldé dès le début du septennat par une action fort spectaculaire mais inutile au regard des besoins des plus démunis. La reprise des essais nucléaires? De l’argent bêtement atomisé dans des lagons immémoriaux. L’écart, je n’ose dire, la fracture se creuse désormais de plus en plus entre les classes sociales mais aussi entre le pouvoir et les petites gens.
Comment ne pas s’étonner de ce choix d’élections anticipées dont l’unique but n’est que de tenir au chaud les places de Président et de Premier Ministre pour encore cinq ans et de mettre le peuple devant le fait accompli de nouveaux sacrifices, au nom d’une Europe qu’ils disent sociale mais qui n’est malheureusement que financière et ultra-libérale. Alain Madelin osait même traduire aux français qui ne les avaient pas comprises, les lignes manquantes entre les lignes du discours de Chirac. Car il s’agit bien là d’un virage net et définitif qui nous est proposé en direction d’un libéralisme renforcé qui a tristement fait ses preuves a contrario dans la lutte contre le chômage. Que les Debré, Toubon, Bayrou, Juppé ne mentent pas une nouvelle fois. Madame Placard est là, solide au poste, et prend déjà rendez-vous pour les 25 mai et 1er juin ainsi que pour les mois qui vont suivre. Car si tromperie il y a encore sur la marchandise, Monsieur Chirac, ce sera vous le responsable, contrairement à ce que pense Lionel Jospin. Et votre France, définitivement fracturée, marchera pendant toute sa vie avec des béquilles.

Bâbord d’abord.

Samedi 21 avril 2007


Par Toutatis, la Gaule est envahie par de noires pensées. De Sarcelles à Uttenhoffen (village alsacien qui vota à 44% pour Le Pen en 2002), Sarkozy et le leader du Front National apparaissent pour beaucoup comme l’ultime solution. Comme une envie de voir le képi du petit gendarme où le kapo morbihannais à chaque coin de rue. Un vote décidé par la peur de l’autre et déclenché par un vol de sac à main sur le marché d’hier.
La France penche et pense à droite depuis deux siècles moins quelques années. 1936 et 1981, deux bouffées d’oxygène comme un rosé frais bu à la régalade les pieds dans le sable et la robe retroussée.
Le rafiot penche côté tribord. Alors matelotes et matelots, souquez ferme. Venez voir le soleil se lever à bâbord. Laissez la barre à une femme, votez Ségo. Pas de garantie sur facture bien sûr, mais comme un espoir de naviguer en eaux moins troubles et surtout ne pas goûter l’air de l’amer.



PS (eh oui) : A relire la chronique du 21 avril 1997. Souvenez-vous, la « famous » dissolution conseillée par Villepin et décidée par Chhirac.





Il y a 10 ans
Lundi, 21 avril 1997.
Dix solutions.

J’ai écrit un discours très court et qui vaut ce qu’il vaut pour le Président de la République. Il parait que ce soir, à la télé, il va annoncer aux français ses raisons d’une dissolution anticipée de l’Assemblée Nationale. Au lieu de berner son monde avec ses pseudo-excuses, il devrait plutôt tenir ce langage:
« Françaises, Français nés ici ou ailleurs, j’ai demandé à mon nouveau Premier Ministre la mise en oeuvre de ... dix solutions pour redonner à chacun le goût de vivre dans nos villes et dans nos campagnes.
1- Tout élu le sera uniquement par le suffrage universel et pour seulement une fonction.
2- Tout élu (ou patron désigné par l’état) qui piquera dans la caisse publique sera radié à vie des listes d’éligibles (ou ne sera pas renommé dans d’autres corps d’état) et fera de la prison dans les mêmes conditions que n’importe quel voleur.
3- Les hommes politiques qui ne parlent que de politique mais sans proposer de solutions concrètes pourront encore faire des meetings ou passer à la télé, mais ils devront le faire avec un bonnet d’âne sur la tête.
4- Pour qu’il y ait moins d’ânes, le budget de l’Education Nationale sera multiplié par deux. A la fois pour mieux payer le corps enseignant et lui redonner ainsi une place centrale et respectée dans la vie de la cité et aussi pour rénover les infrastructures (classes, matériel, équipements sportifs...) sans oublier de permettre à tous les enfants de manger à leur faim à la cantine.
5- Les milliers de bureaux inoccupés seront dès demain transformés en logements réservés aux 400000 personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté. Il va sans dire que les politiciens à bonnet d’âne et les hauts fonctionnaires déjà richement payés, se verront retirer leurs logements de fonction.
6- Les sondages politiques seront soumis à une nouvelle règle du jeu afin que les citoyens n’oublient pas les erreurs commises par le passé par ces instituts qui pensent souvent trop facilement à notre place. A chaque chiffre communiqué par un institut devra correspondre le chiffre équivalent réalisé lors d’un sondage précédent pour le même type d’élection ainsi que l’écart entre ce dernier chiffre et le résultat réel de l’élection.
7- Tout parti politique ayant un discours contraire à l’esprit du credo républicain « Liberté, Egalité, Fraternité » sera interdit. Comprenne qui pourra.
8- Les revenus du capital des entreprises et des particuliers seront taxés de façon plus lourde que le fruit du travail car les ouvriers meurent plus jeunes que les rentiers compteurs de billets.
9- Les autoroutes seront gratuites et moins peuplées de camions. Les camions circuleront le plus possible sur les trains. Les lignes de train seront plus nombreuses dans les banlieues pour qu’il y ait moins de voitures. Les voitures et autres véhicules de l’administration seront tous électriques. L’électricité sera non seulement nucléaire (si l’on s’occupe mieux des déchets) mais aussi éolienne, solaire...
10- Je nomme Madame Placard Premier Ministre, afin de mettre en place ce programme dans les plus brefs délais et parce qu’aujourd’hui c’est son anniversaire.

Voilà, et si cela ne suffit pas, je me verrai dans l’obligation de procéder de nouveau à la dix-solutions. »

dimanche 15 avril 2007

Il manque à la vigne.

Vendredi 20 avril 2007

Petite flemme de fin de semaine. Le soleil breton tape trop fort. Alors va pour la rediffusion de la chronique millésime 1997 en hommage à Jean Carmet disparu en 1994.

Jean Carmet a arrêté de trinquer il y a déjà trois ans. C’est fou comme le vin est, aujourd’hui encore, orphelin de ce Jeannot d’Anjou qui aimait aussi la comédie et le fromage de tête entre amis.
Il manque à la vigne aussi physiquement que Dewaere manque aux salles obscures, comme Piaf manque à la scène de l’Olympia, Couderc au XV de France ou comme Prévert manque à la poésie qui, elle aussi, manque à notre quotidien.
Il y a des jours où la mélancolie ne se noie même pas dans quelques verres de Bourgueil.
La bouteille vide mais le gosier sec, j’ai le vin triste. Monsieur Carmet, vous me manquez et ça n’est pas prêt de s’arranger.

Kig ha Farz.

Jeudi 19 avril 2007

Aujourd’hui plat unique mais nombreux ingrédients. Pour la vraie recette de ce pot au feu breton je vous donne le lien web suivant.
http://www.linternaute.com/femmes/cuisine/recette/315729/1139299333/kig_ha_farz.shtml

Ingrédients :
- Un Giscard bien (trop) vieux qui soutient Sarkozy en oubliant sa famille politique d’origine. Giscard déteste Chirac ; Chirac déteste Sarkozy ; Giscard soutient Sarkozy. Ça doit être une forme de transitivité politique.
- Un Thierry Breton (eh oui !) qui n’a pas mis le doigt dans la confiture mais qui a du aidé à ouvrir le pot. Selon le magazine « Challenges », le ministre de l’économie et des finances aurait donné son accord au versement des énormes indemnités de Noël Forgeard, et ce, contre l’avis du conseil d’administration. (Voir chronique du 15 avril 2007)
- Un Robert Boulin sorti du bois. L’affaire du ministre du travail de VGE retrouvé « suicidé » dans la forêt de Rambouillet, refait surface. Sa fille réclame la réouverture du dossier avec de nouveaux éléments accablants. On attend avec impatience. C’est Coluche qui doit bien se marrer.
- Un Jetroba. Vous connaissez ? Moi, pas jusqu’à ce matin. C’est peut-être la plante qui va sauver la planète. Cet oléagineux a le double avantage de pousser dans des zones arides et de ne pas être comestible. D’après les spécialistes de l’écologie et des problèmes de nutrition sur la planète, cette plante peut permettre le développement de bio carburant vraiment bio. Car les oléagineux traditionnels (colza …) cultivés de façon intensives dans des pays en manque de denrées alimentaires, poussent les paysans locaux à déforester pour trouver des terres agricoles fertiles.
- Un web journal. Nos amis du Télégramme (quotidien régional de Bretagne) sont vraiment toujours en avance. Après avoir été les premiers à introduire la couleur dans les pages du journal, à inventer l’édition du dimanche et avoir fait le pari de la réduction du format, Marcel Quiviger et ses collaborateurs ont lancé un journal télé sur internet. Cinq minutes d’infos régionales présentées en direct du cœur de la rédaction à Morlaix. Merci Marcel et longue vie au JTWeb

Laisser mijoter 24 heures et rendez-vous demain.



Il y a 10 ans
Samedi, 19 avril 1997.
L’indestructible.

Ce n’est pas le nom d’un nouveau sous-marin nucléaire dont le prix de revient, s’il était investi dans l’Education Nationale donnerait du travail à des profs, qui donneraient le goût de l’école à des mômes, leur donnant plus de chance de trouver du travail que de regretter la suppression du service militaire.
L’indestructible, ce n’est pas non plus le surnom d’un politicien chinois tentant de battre le record de sénilité dictatoriale d’un Deng ou d’un Mao.
Détrompez-vous ce n’est pas le nom d’un nouveau matériau dont l’inaltérabilité n’aurait d’égale que l’inutilité politique
d’un De Villiers.
L’indestructible c’est tout simplement mon grand-père. Quatre-vingt dix sept ans demain, ce qui nous en fait cent tout rond en l’an 2000. Un monument qui a traversé deux guerres mondiales. Un gendarme qui est revenu d’Indochine dans les années trente sans avoir attrapé le paludisme et le goût pour l’opium. Un résistant qui a troqué son képi en 1944 pour un béret couleurs maquis breton. Un homme de gauche qui n’a jamais eu sa carte du parti communiste. Quelqu’un de bien qui a fait deux belles filles dont l’une est ma maman. Un joyeux luron qui n’aura besoin de personne pour souffler ses quatre-vingt dix sept bougies, boire quelques canons et me taper des clopes.
Joyeux anniversaire pépé et fais nous plaisir en te portant toujours aussi bien pour faire le plus beau centenaire de l’an 2000.
On t’embrasse tous.

On pense aussi à mémé qui tricote là haut.

La peur au ventre.

Mercredi 18 avril 2007

Dans quatre jours et quelques minutes s’afficheront les résultats du premier tour de l’élection présidentielle. A huit heures pétantes ou peut-être légèrement avant, car, si mes souvenirs sont bons le service public (France 2 en l’occurence) avait un peu triché sur l’heure légale lors de l’annonce des estimations du second tour de 2002.
J’ai la pétoche. Pire qu’avant de passer le BAC ou le permis de conduire. Dans les deux cas si tu te ramasses, tu repasses.
Là, entre Royal, Sarkozy, Bayrou et Le Pen, pas de séance de rattrapage, pas d’oral, pas de correcteur indulgent. Rien que la vérité des urnes. Le bon vieux comptage à la main. Mais au fait, y aura-t-il usage du vote électronique sur ses fameuses machines piratables par le premier venu ?
Les scrutateurs seront dans la place, les vérificateurs en tout genre dans des salles de classes enfiévrées où la sortie des bulletins est encore plus surveillée que le calibrage des bretzels de George W Bush. Tous les camps seront là. Tous les partis, sauf celui des votes blanc qu’il faudra bien un jour prendre en compte si l’on souhaite prendre l’exact pouls du cœur du peuple.
La France comptera ses voix. Surtout celles qui manquent. La France comptera ses deux gagnants et ses dix perdants. La France entendra les discours convenus des vainqueurs et des vaincus. Moult remerciements aux électrices et électeurs. Envie de continuer à défendre la cause, à se faire entendre, à se faire aimer. On verra les mêmes que sur les estrades des salles des fêtes. On entendra de chaque côté les mêmes mots, les mêmes estocades. Pour l’instant pas de consigne de vote. Faut voir. Faut en discuter avec le bureau politique du parti. On n’y croira pas. La langue de bois patinée par des années de plateau TV de soir d’élection.
Il sera bientôt neuf heures du soir. En aura-t-on déjà marre au point de regretter le sacro-saint film du dimanche soir sur TF1 ? Une forme d’overdose, cinq mois de campagne, un trop-plein, une fin de gueuleton trop arrosée où le vol-au-vent du début du repas remonte à la surface.
L’envie d’un Alka pour se remettre d’équerre et entamer la dernière quinzaine.
Quinze jours à la vie à la mort.
Quinze jours avec Sarko et Ségo. Comment pourrait-il en être autrement ?
Mais en suis-je aussi sûre ?
Dans quatre jours moins quelques minutes on saura.
Cette fois-ci j’aurais voté. Pas comme en ce funeste 21 avril 2002. Partie en vacances sans faire de procuration, en attendant le deuxième tour Chirac – Jospin.
Un deuxième tour que j’attends toujours.




Il y a 10 ans
Vendredi, 18 avril 1997.
Saint Innocent.

Je n’ose plus sortir de chez moi, les rues ne sont plus sûres, il y a trop d’innocents en liberté.
Deux dirigeants centristes dont le trésorier, clament leur innocence dans l’affaire du financement de leur parti. Le trésorier, en particulier, n’a rien vu et rien entendu, comme si un boulanger jurait ses grands dieux que, pour fabriquer son pain il n’avait pas vu la farine.
Un et un ça fait deux.
Le président du Conseil Général d’Ile de France rôde encore dans quelques quartiers d’affaires mal famés. Attention messieurs les pontes des entreprises de travaux publics, cet homme pourrait vous soulager de quelques millions de francs de commissions occultes aussi lestement qu’un kleptomane professionnel par une jolie soirée d’été dans le quartier des Halles.
Deux plus un égalent trois.
Le président d’un parti extrémiste qui mériterait plutôt le zéro que l’infini, tente de nous faire croire qu’il n’a jamais tenu de propos racistes. Sans compter ses « anges gardiens » qui, lors du fumeux meeting de Strasbourg, ont tutoyé l’innocence de l’agneau qui vient de naître. En fait ils n’usurpent pas l’identité de policiers en imitant leurs méthodes et leurs accoutrements puisqu’ils sont eux-mêmes des policiers. Ca nous promet l’enfer.
Trois plus un gros paquet de cons ça fait déjà trop.
Il y a aussi le Président tout court qui va nous faire revisiter les isoloirs avant la date prévue et ce pour « le bien de la France ».
Innocent 1er prend vraiment ses sujets pour plus innocents que lui.
Je ne compte plus.
Car il y a aussi le maire d’une capitale française qui n’habite pas un HLM mais qui sait combien ça coûte pour les faire construire.
Et puis l’innocent du jour à Jérusalem qui s ’appelle Netanyahou. Déjà pas clair comme de l’eau de roche en ce qui concerne le processus de paix qu’il torpille à coups de chantiers et de mauvaise foi. Il vient d’ajouter à ces forfaitures, déjà graves au regard de l’histoire, celle de manipulation de la justice afin de protéger ses amis politiques de l’extrême droite nationaliste.
Faites les comptes, ça fait beaucoup d’innocents en liberté.
Si ça se trouve, je serais plus tranquille si je passais la soirée avec Rachid. Rachid, vous le connaissez? C’est lui le véritable innocent qui n’avait pas volé l’orange dans la version Raï de la chanson de Gilbert Bécaud. Version qui reste à écrire mais Monsieur 100 000 volts a le temps. Jusqu’au 14 novembre pour la réouverture de l’Olympia qui a fermé temporairement ses portes il y a deux jours pour travaux.

Bang, bang.

Mardi 17 avril 2007

Faire ses études aux Etats-Unis va bientôt relever de la préparation militaire.
Gilet pare-balle, technique de camouflage. Protection anti-émeute, autant de nouvelles matières bientôt sanctionnées par des UV.
Où tu passes ton BAC ou tu meurs.
George W Bush se dit horrifié. Mais que fait-il pour arrêter ses folies meurtrières ? Rien en tout cas qui puisse heurter la toute puissante National Rifle Association pour laquelle le temps s’est arrêté à l’époque de Billy the Kid.
Alors George pourra encore prier et larmoyer.
Vendredi prochain c’est le triste anniversaire de la tuerie de Colombine. En 1999, Eric Harris et Dylan Klebold avaient tué douze personnes.
Hier c’était au moins trente-trois victimes qu’il fallait compter.


PS : une occasion pour revoir le documentaire de Michael Moore « Bowling for Columbine » et le film de Gary Fleder « Le Maître du jeu ».






Il y a 10 ans
Jeudi, 17 avril 1997.
Dix sous c’est pas cher.

L’alcool non, l’eau ferrugineuse oui. Tout le monde se souvient de cet admirable sketch de Bourvil. Mais aujourd’hui, pour le parti au pouvoir, une dissolution pourrait coûter très cher. Dissoudra, dissoudra pas? Cette question lancinante fait jaser le microcosme politique et médiatique qui en fait n’en sait pas plus que ça, comme disait Coluche. Mais au lieu de fermer leurs gueules, les journalistes ont le culot de nous faire de jolis articles « made in Normandie ». P’têt’ ben qu’oui, p’têt’ ben qu’non qui nous disent. Mais on s’en fout. Y’a du pain sur la planche et des problèmes graves à régler avant de se tirlipoter le schmilblick pour savoir s’il faut revoter avant l’été ou dans un an et changer deux ou trois ministre au gouvernement.
Le plus drôle, je l’ai entendu ce matin à la radio de la bouche de Pierre Mazeaud. Selon ce monsieur, la France a besoin d’un deuxième souffle. Tiens, c’est bizarre, il n’y a pas un mois, tout allait bien: je cite « la progression du chômage fléchissait, les indicateurs économiques incitaient à l’optimisme et les réformes engagées par le gouvernement commençaient à porter leurs fruits ».
A croire que c’est la faute à la sécheresse si les plantations réformatrices du jardinier de Matignon n’ont pas pu sortir de terre. Jacques Pilhan, conseiller es-communication du Président doit brainstormer sec comme on dit dans la pub. Car pour trouver l’excuse d’une dissolution il va falloir se lever de bonne heure. Il y a quelques députés de droite qui vont avoir des sueurs froides pour ne pas dire chaud aux fesses. Et dire que c’est Chirac qui va décider bientôt. Pourvu que la tête de veau qu’il va manger ce midi ne lui reste pas sur l’estomac.

Page de silence.

Lundi 16 avril 2007

Restons droits et silencieux en souvenir aujourd’hui des six millions de juifs exterminés lors de la seconde guerre mondiale et des 200 000 morts de la bataille du Chemin des dames il y a quatre-vingt dix ans.
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Et une pensée pour mon grand-père paternel qui, entre 1915 et 1918 fut trois fois blessé et trois fois ramené sur la ligne de front.




Il y a 10 ans
Mercredi, 16 avril 1997.
Pour rétrograder il faut débrayer.

A Vilvorde, les ouvriers de chez Renault ont sûrement tous le permis de conduire, mais bientôt, ils n’auront plus le permis de construire. La Direction et ses énarques en ont décidé ainsi avec une rare violence unilatérale. Les raisons invoquées font froid dans le dos. Pour passer à la vitesse supérieure il faut licencier, il faut casser des usines toutes neuves, il faut mettre sur le carreau des familles entières qui travaillent directement ou indirectement pour le constructeur automobile français. Pour les habitants de Vilvorde et des environs, c’est la pire des histoires belges. Quand on pense que le slogan de la marque au losange est « Renault, des voitures à vivre », on rit jaune. Mais ça ne compte pas pour ceux dont le vocabulaire quotidien se limite à trois mots, rationalisation, internationalisation et profit. Comble de l’ignominie, dès l’annonce de la fermeture de l’usine, l’action en bourse de Renault augmentait. A Malraux qui disait que « le 20ème siècle sera spirituel ou ne sera pas », je dirai malheureusement que « le 20ème siècle sera financier ou ne sera pas ». Le labeur quotidien semble perdre toute valeur et ne représenter qu’un infime souci pour ces multinationales qui préfèrent jongler avec des produits financiers qu’avec des clés à molettes.
Madame Placard aurait-elle déjeuné avec notre Arlette Laguiller nationale? Non, pas du tout, mais parfois, voire même souvent, il y a des choses qui me dépassent.
Tenez comment m’expliquer qu’il y a quelques années à peine Renault décidait d’implanter en Belgique une unité de production ultramoderne et qu’aujourd’hui il faut la rayer de la carte. La faute à l’internationalisation et au besoin de rationalisation, entend-on du côté de Boulogne-Billancourt et de Matignon (qui fait semblant de n’avoir rien su). Mais merde! La mondialisation du commerce ne date pas d’hier et le fait de fabriquer un type de voiture par usine semble être le b.a.ba de l’organisation. Il faut croire que les crânes d’oeufs payés des centaines de milliers de francs par an si ce n’est plus, ont découvert ça hier dans le dernier paquet Bonux acheté par leurs femmes. Pour une surprise, c’est une surprise. J’aimerais bien que l’on retrouvât celui ou ceux qui ont dépensé des millions de francs pour construire l’usine de Vilvorde pour ensuite la jeter à la poubelle comme un môme écrase joyeusement le pâté de sable qu’il vient de faire sur la plage.
Les ouvriers et ouvrières de Vilvorde ont lancé un mot d’ordre de boycott sur la marque Renault en Belgique. D’après les premières estimations les ventes de « voitures à mal vivre » ont chuté de plus de 30% par rapport à l’année passé. Enfin un chiffre qui va mettre mal à l’aise les rentiers qui ne se salissent les doigts qu’avec des billets de banque usagés.
Françaises, Français, vous aussi n’achetez plus de Renault, si ce n’est d’occasion. Car les occasions sont rares de faire sentir à ceux qui vous mettent dedans, la bonne odeur de merde d’une vie sans travail.

Ding, dong.

Dimanche 15 avril 2007

Ding ! Le bruit du tiroir caisse de Noël Forgeard.
Si c’est en forgeant que l’on devient forgeron, c’est en Forgeard que l’on se fait du pognon.
8.5 millions d’euros d’indemnités de départ pour l’ancien PDG d’EADS ce n’est pas trop, ce n’est pas exagéré, ce n’est pas exorbitant, c’est tout simplement indécent. Dirigeant d’accord, donc responsable. Responsable des bons et des mauvais coups. Le garçon finit bien mal son match avec un plan social qui prévoit 10000 suppressions d’emploi. Pas de quoi faire le fier à bras dans la catégorie des super pédégés. A moins qu’aujourd’hui les médailles s’attribuent non plus au mérite mais aux pertes financières, aux retard de livraison et au charrettes.
Je sais, tout le monde en parle et tout le monde s’insurge. Sauf peut-être Laurence Parisot qui a tourné sept fois sa langue dans sa bouche pour ne rien dire. Ce brave Noël, qui a les moyens de fêter largement le 25 décembre 365 jours par an, a la loi pour lui puisque ces avantages étaient stipulés dans son contrat de travail.
Pierre Bliger, l’ex PDG d’Alstom a, lui, renoncé à 4.1 millions d’euros pour « ne pas être un objet de scandale pour les salariés ». Chapeau bas.

A la caisse et à la casse.

Dong ! C’est le bruit du gong qui sonne l’avant-dernier round pour les caissières de supermarché. Les caisses automatiques mises en place par certaines enseignes menacent à terme 200000 emplois. Le métier d’agent de caisse n’est pas le plus facile du monde, mais mettre soi-même le code barre devant le lecteur laser, sortir un à un ses produits pour les remettre ensuite dans le chariot en faisant suer la personne qui derrière vous s’impatiente, moi, je ne sais pas faire. Et puis merde, les grandes enseignes me doivent bien ça, cochonne de payante, un service jusqu’au bout du tapis roulant avec caissières expertes et si possible jolis garçons pour mettre les courses dans des sacs biodégradables.

Et si on posait la question à Daniel Bernard ? L’ex-PDG de Carrefour a fait péter les scores. Le pourboire de Noël Forgeard, à côté, c’est de la roupie de sansonnet : 9.5 millions d’euros au titre d’une clause de non concurrence + 29.5 autres millions pour une retraite « chapeau » sous forme de rente.

Voilà, en ce dimanche 15 avril, sept jours avant le premier tour, j’ai fait ma Marie-George ou ma Arlette.
Ah ça ira, ça ira …





Il y a 10 ans
Mardi, 15 avril 1997.
Tu veux rire.

Tu veux te poiler, te marrer, te gondoler, de fendre la poire ou la pipe ... alors écoute bien ce qui va suivre. Voir l’actualité par l’autre bout de la lorgnette c’est un excellent remède contre la morosité, n’est-ce pas Monsieur Martin et vos joyeux lurons de feu le Petit Rapporteur.
Bernard Tapie a retrouvé du boulot. Je vous rassure tout de suite il ne s’est pas évadé pour faire maître nageur à Montevideo. Il est en semi-liberté. Ce qui veut dire qu’il va travailler la journée et qu’il dort en prison le soir. Déjà se disent certains! C’est vrai que 71 jours de prison pour avoir tricher dans les grandes largeurs, ça devait lui peser au Nanar. Mais qu’est-ce qui va faire comme métier se disent les autres? Moi, j’aurais plutôt penser à négociant en lime à ongle pour être solidaire de ses camarades d’incarcération. Ou bien encore serrurier, pilote d’hélicoptère, égoutier ou arbitre de foot. En fait non, ce gentleman-arnaqueur des salles d’audience et de cinéma sera V.R.P. (Voyageur Représentant Placier). Pas dans n’importe quelle société. Je rassure tout de suite les femmes qui me lisent, n’ayez crainte, Bernard Tapie ne viendra pas coincer son pied dans votre porte pour vous fourguer un aspirateur-qui-fait-robot-ménager-micro-ondes-radio-réveil ou un vulgaire peignoir en acrylique. Non, il sera directeur commercial d’une entreprise spécialisée dans l’architecture navale. C’est quand même sympa la réinsertion des taulards. Si ça se trouve René dit « les doigts de fées », condamné pour braquages à répétition va finir à la direction d’un établissement financier parisien. Et Momo le Proxo, lui, se verrait en tout bien tout honneur, patron d’un agence de mannequins à New-York. Sans oublier Riton le maton qui se dit que lui, vient tous les jours bosser à la prison et que tout compte fait, en enlevant les heures de sommeil, il passe plus de temps entre quatre murs que son illustre prisonnier. Le gentil employeur de
l’ex-patron de l’OM n’est autre qu’un de ces anciens fournisseurs à qui il avait commandé la réfection du Phocéa pour 68 millions de francs lourds (précision utile pour ceux qui comptent toujours en ancien francs et qui vont bien se marrer quand l’Euro nouveau va arriver). Un petit contrat qui crée des liens, n’est-ce pas Monsieur Bigoin?
Pour la fine bouche, sachez que l’ancien attaché parlementaire de Bernard Tapie est venu lui apporter quelques vêtements. Il est vrai que le costume rayé du bagnard n’est qu’un lointain cousin du costume Prince de Galles. Le comble c’est que Monsieur Fratani avait glissé les affaires de l’homme qui n’en n’a plus dans un grand sac ... Reebok. Ce sont les ouvriers et les ouvrières d’Adidas qui ont du verser une grosse larme de crocodile devant ce manque cinglant de politesse de la part de celui qui en était il n’y a pas si longtemps, comme on dit, le taulier.

Pour ceux qui veulent rire pour de bon et sans arrière pensée, précipitez-vous au théâtre de la Michodière pour voir la mère Balasko et un hilarant Richard Berry se foutre sur la gueule et se rouler des pelles dans « Un grand cri d’amour ». L’ennui c’est que c’est plus facile d’y aller quand on habite Paris ou pas loin. Alors s’il vous plaît Madame Josiane si vous pouviez aller pousser votre grand cri dans quelques villes de province ce serait génial.

samedi 14 avril 2007

B(ot)ox office.

Les fables de la fontaine de jouvence vous ont été comptées dans le numéro du 2 avril 2007 du magazine ELLE.
La morale à la fin vous en coûte 2210€. Je vous résume l’axiome du magazine :
(Allège ta silhouette = -4 ans) + (rajeunit ton visage = -4 ans) + (Retrouve ton énergie = -2 ans) soit -10 ans au compteur.
La recette miracle pour le visage ne réside plus dans la chirurgie esthétique mais dans l’injection d’acide hyaluronique et de Botox. Sans oublier les techniques de resurfaçage de peau. Ça vous tente ? Les séances souvent douloureuses doivent être renouvelées tous les 6 à 18 mois. A 1200€ le bout, faites le calcul. C’est peut-être à cause du prix que notre célèbre Arlette L. a renoncé à vouloir ressembler à ces affiches électorales de 1974. L’économie d’impression ne couvrait pas le coût du photorajeunissement au laser.
Avez-vous remarqué que les stars d’hier sont plus jeunes que les stars d’aujourd’hui. Personnellement je ne reconnais plus Michelle Pfeiffer ou Sharon Stone. Ma vue doit baisser sans doute. Les demi-lunes ça doit être ça.
A ce rythme là Sharon va bientôt jouer dans le remake du Magicien d’Oz et Michelle reprendra du service au théâtre dans le rôle de Silvia, la jeune paysanne de la Double Inconstance de Marivaux.
En France le syndrome « plus jeune que ta fille » en a touché plus d’une. Regardez les talk show télé. Elles y défilent comme au 14 juillet.
Hier Charlotte Rampling me donnait l’impression de vouloir piquer les rôles d’Isabelle Carré.
Cette dernière, dans le même numéro de ELLE, avec son naturel dévastateur, expliquait à la journaliste que vieillir ne lui faisait pas peur et que son modèle dans la vie était Suzanne Flon et qu’elle n’aurait pu l’imaginer le visage lisse comme un lavabo.
Rendez-vous dans dix ans Isabelle. Nous compterons ensemble nos belles rides.


PS : le 14 avril 1997 le thème du jeunisme était déjà à l’affiche. Comme quoi ...




Il y a 10 ans
Lundi, 14 avril 1997.
Place aux jeunes.

Déjà qu’il n’est pas facile de trouver son premier travail à un âge disons normal, mais là, certains jeunes poussent le bouchon un peu loin.
Des professions aussi prestigieuses que tenniswoman, golfeur, joueur d’échec, patineuse ou informaticien seront demain aussi sinistrées que les métiers du textile ou de la sidérurgie.
A vingt cinq ans, les joueuses de tennis frôlent désormais le troisième âge. Martina Hingis est la meilleure joueuse de tennis à seize ans. Tiger Woods, le prodige américain du golf a pulvérisé tous ses adversaires à Augusta. Il n’a que vingt et un an. Un môme de quatorze ans, Etienne Bacrot, est devenu le plus jeune grand maître international de l’histoire des échecs. Aux Etats-Unis les flics ont arrêté un homme de trente et un ans qui piratait les ordinateurs du FBI. Déjà, au lycée, Kevin Mitnick, avait réussi à s’introduire dans les fichiers centraux du rectorat.
Tous ces jeunes prodiges gâchent le métier. Prenez Bjorn Borg, par exemple quand il a gagné Roland Garros pour la première fois il devait avoir dix huit ans. Un âge de vieux con pour une adolescente pré-pubère comme la patineuse Tara Lipinski, quatorze ans et huit mois pour 1,42 m et 32 kg, qui est devenue championne du monde il y a quinze jours.
A un âge très tendre, ces « petits » phénomènes ne risquent-ils pas, à terme, la retraite anticipée?
Des manifestants, moyenne d’âge vingt ans, qui défileraient dans les rues pour sauver leurs retraites ça serait sûrement plus rafraîchissant que les vieux briscards des syndicats, bedaines et pifs rouges en tête de cortège.

vendredi 13 avril 2007

On arrête les conneries.

Dans huit jours il faut sortir la carte d’électeur et en faire bon usage. C’est plus la saison du folklore. En 2002, les microclimats de micros-candidats avaient tourné la tête des électeurs. Coups de chaud sur les calebasses. Plus question de se mouiller le doigt et le tendre en l’air pour savoir d’où vient le vent.
Cette année, cette semaine, aujourd’hui, il faut arrêter son choix et s’éclaircir la voix.
Les intentions de vote du dernier sondage TNS Sofres (4 et 5 avril), donnent 23.5% à Ségolène Royal. Soit quasiment le score de Jospin + Chevènement + Taubira lors du fatal premier tour de 2002.
Ce n’est pas assez !
Il y a trop de candidat. On va jouer à la Star Ac et en éliminer déjà une bonne partie.
Les nuisibles : Sarkozy et Le Pen. Le premier parce qu’il est le plus grand commun diviseur des Français et parce qu’il n’arrête pas de glisser sa salle patte dans la culotte de zouave du second (et que je t’aide par ici pour tes 500 signatures et que, par là, je te fais le coup de la promesse de la proportionnelle ...). Le Pen parce qu’à 78 ans il a toujours ses dents pour mordre son prochain.
Les illusionnistes : Laguiller, pâle copie d’une Rosa Luxembourg des cours d’usine. Besancenot, le postier à vélo qui ne veut rouler pour personne. Bové, dont on aimerait goûter ses fromages de chèvre plutôt que ses colères antilibérales. Nihous, et pourquoi pas demain un candidat pour les coiffeurs, les croque-morts ou les skieurs de fond. De Villiers le grand méchant mou. Et Schivardi qui est au trotskisme ce que le cassoulet est au petit déjeuner des anorexiques.
Je laisse, nostalgiquement, Marie-George à ses tréteaux et Dominique à ses verts pâturages. Votre combat mesdames est exemplaire car il ne rejette pas l’exercice réel du pouvoir dont vous êtes la preuve vivante.
Pour ce qui est de Bayrou, sa situation est troublante. C’est un général sans armée dont les lieutenants félons se sont ralliés un à un à Nicoléon Sarkozy (en référence à la Une de The Economist de la semaine qui compare le candidat UMP à l’Empereur qui s’est arrêté en gare de Waterloo). Le Béarnais c’est aussi un Don Quichotte sans Panza (ou alors Azouz Begag était bien déguisé). J’ai des doutes sur la sincérité du bonhomme. Et je le dit d’autant plus que je me suis fait piégée au test sur le site « moncandidat.com ». Mes réponses m’ont cataloguée Bayrouiste. En quatre ans au Ministère de l’Education National qu’a–t-il fait ? Bernique ! Sur le cas Bayrou il nous reste encore quelques jours pour en parler et revenir sur la proposition de Rocard sortie dans Le Monde en fin d’après-midi.
Alors il reste Ségo. D’accord, elle a des défauts, nous ne passerions sans doute pas nos vacances ensemble et nous n’avons pas les mêmes goûts question tailleurs et escarpins. D’accord ses tirades sur la discipline et ses « maisons de redressement » nouvelle formule ne me plaisent pas trop. Le coup des drapeaux bleu-blanc-rouge dans chacune des maisons c’est limite. Ses approximations sur l’Iran, l’Afghanistan et son peu de plaidoyer sur l’Europe me chagrinent.
Mais mieux vaut entrer en résistance dès maintenant. Construire ce barrage à Sarkozy et Le Pen le plus vite et le plus haut possible. Pas une palissade, pas un muret, pas un mur antibruit. Non. Une citadelle humaine pour repousser haine et exclusion et faire de notre pays dans l’Europe et dans le monde, un havre de fraternité et de prospérité pour tous.




Il y a 10 ans
Dimanche, 13 avril 1997.
Sunday glose.

On est passé facilement cinq fois devant ce coin fameux de Hyde Park dédié à la libre expression. Mais dans ce nouveau Londres propre sur lui, pas plus de speaker au corner que de Cantona en équipe de France.
Alors en leur absence (il faut dire qu’il y a deux matches de foot cet après-midi à la télé), je vais vous improviser un petit discours. Attendez deux secondes, je monte sur ma petite caisse en bois et je suis à vous:
- « Ladies and gentlemen, mesdames et messieurs (à partir de maintenant le texte sera traduit instantanément en français), Claude Debussy a dit:« Voir le jour se lever est plus utile que d’écouter la Symphonie Pastorale ». En le paraphrasant je dirais que voir Cantona marquer est plus utile que d’écouter la cacophonie électorale.
Chez les «froggies» il paraît que c’est déjà pas rigolo mais alors ici y’a pas de quoi se taper le cul par terre.
D’un côté, Major (pas de ma promo en tout cas) dont le sourire ne doit faire plaisir qu’à son dentiste (sauf si celui-ci est déjà amoureux d’une jument ou d’une princesse britannique).
De l’autre, Blair, plutôt beau gosse mais avec un nom comme ça on m’a dit qu’en France il avait de quoi s’attirer les bourre-pifs et les sinusites économiques chroniques.
Au milieu un troisième larron tellement insignifiant que j’en ai oublié le nom. Un homme et son parti sûrement aussi influent sur les destinées de la Perfide Albion que le Parti Radical Valoisien l’a été sur la place de la France dans le monde.
Je résume, à droite John Major qui a reçu de Maggie Thatcher les mêmes encouragements chaleureux que ceux d’Aimé Jacquet à l’encontre de David Ginola pour la suite de sa carrière.
A gauche Tony Blair qui est aux forces de progrès socialistes françaises, ce que le processeur Intel Pentium est au boulier.
Au centre du sandwich pain de mie, rien, sinon une fine tranche de cheddar sans goût.
Alors votez pour Blair et vous aurez du flair. De toutes façons avec des adversaires aussi mal barrés, l’issu du combat de catch à trois ne fait aucun doute.
« Please vote Blair » et que Dieu bénisse Chelsea Football Club.

jeudi 12 avril 2007

Plan drague.

Boite de nuit. Bord de route nationale. Samedi soir. Ou plutôt dimanche matin. Ça sent la vodka orange. Sur la piste un couple. Au début de la soirée ils s’évitaient, faisaient semblant. Puis ils se sont caressé les mains. Se sont jaugés, les yeux dans les yeux. L’instant est stratégique. Bientôt quatre heures. Il faut conclure comme disait Jean-Claude Dusse.
Ils n’ont pas le même âge. Ils n’ont pas fréquenté les mêmes bancs d’école. N’ont pas les mêmes origines.
Sardou chante « Ne m’appelez plus jamais France ». Leurs yeux brillent. Ils aiment Sardou et aussi Enrico Macias ; « Les gens du Nord » plutôt « Qu’enfants de tous pays ». L’ancien instituteur d’Algérie roucoule. C’est pour eux. Une main s’approche d’une nuque. Caresse. Un pouce sur deux lèvres. Corps à corps. Ça sent l’estocade chère à Guy Bedos et Sophie Daumier. Ils parlent maintenant le même langage. Font semblant de se chamailler pour mieux se retrouver. Ils se cherchent, ils se trouvent. Bientôt la fin du slow. L’un mène, et ce n’est pas celui auquel on pense, l’autre suit.
Ils s’embrassent. Sur la bouche.
Ce matin Nico et JM vont coucher ensemble.
C’était sûrement inné.
Tout à l’heure il y a la messe.
Puis il faut aller voter.
On est le dimanche 22 avril.




Il y a 10 ans
Samedi, 12 avril 1997.
Cosmopolis

S’il on interrogeait les français sur leur culture cinématographique, les trois-quarts vous répondrait: « Oui j’ai vu Métropolis ». Même moi je m’y ferais prendre car à force d’en avoir vu toujours les mêmes extraits, on finit par se persuader l’avoir vu en intégralité. D’ailleurs le phénomène est le même pour tous ces chefs-d’œuvre avant-gardistes qu’il faudrait avoir vu ou lu mais à côté desquels on est passé pour cause de flemme.
Aujourd’hui j’ai vu, non pas un film, mais la réalité d’une ville aux antipodes de la vision pessimiste de Fritz Lang.
Une ville où un indien discute fringues avec une fille à l’accent italien et au nombril percé. Une ville où un black très rasta répond à son téléphone mobile sur son VTT. Une ville où des garçons vendent du rouge à lèvres à des filles qui, elles, vendent des voitures. Une ville où un espagnol vous sert un repas indien dans un restaurant «désigné» par un français. Une ville où les gens n’hésitent pas à s’habiller comme ils en ont envie, « en se foutant pas mal du regard oblique des passants honnêtes ». Une ville où des Deschiens boivent des bières avec des Lord Brett Sinclair. Une ville où les femmes de Chelsea sont aussi fières que les hommes d’avoir battu Wimbledon en demi-finale de la Coupe d’Angleterre. Une ville où un japonais peut apprendre l’anglais grâce à un pakistanais qui travaille dans un Mc Do. Une ville où les chauffeurs de taxi de tous âges et de toutes religions laissent traverser les piétons et ne débitent pas dix conneries au kilomètre. Une ville où les « toujours punks » et les « post-baba cools » vivent en harmonie autour du joint de l’amitié rigolarde. Une ville où l’on se moque de tout à commencer par soi-même.
Alors messieurs Le Pen, Mégret et consorts (en deux mots), prenez-en de la graine. La prochaine fois que vous viendrez à Londres, si l’on vous y accepte, n’oubliez pas de vous munir du sac en papier se trouvant près de votre siège d’avion. Il pourrait bien vous être utile lors de votre visite. Au détour d’une rue, vers Portobello, devant tant de bonheurs métissés, vous pourriez avoir envie de vomir.

mercredi 11 avril 2007

Clope au bec.

Cher Jacques,

Tu nous as quittés il y a trente ans déjà. Malheureusement, le grand dissolvant de l’Elysée qui s’appelle Jacques lui aussi est encore là pour une dizaine de jours.

Il faut que je te dise que les choses ont changé. Et bigrement.

Tu sais que la clope c’est quasiment fini. Bistrot-goldo, ça restera une image piquée par l’œil de Doisneau. Dans neuf mois, plus moyen de s’en griller une au zinc en attendant une belle fille ou un verre de blanc-cassis.

Tu sais que les gens se font toujours la gueule et la guerre. Et pas plus tard que tout à l’heure comme aurait pu dire Michel Simon, une bombe a pété à Alger.

Tu sais que le nouveau pape Benoit XVI (pas Louis) veut restaurer la messe en latin.

Tu sais qu’en ce moment c’est la campagne pour l’élection du Président. Les candidats se donnent des noms d’oiseaux mais pas pour en faire un tableau.

Tu sais qu’Yves Montand a voulu faire de la politique.

Tu sais que tu ne reconnaitrais plus Neuilly sur Seine.

Tu sais que le parti communiste fait à peine 3.5% des voix et que le Front National était au second tour en 2002.

Tu sais que j’ai donc été obligé de voté pour Chirac.

Tu sais que Juliette est toujours aussi belle.

Tu sais que Barbara ne pleure plus. Ni à Brest ni à Nantes.

Tu sais que la Série Noire existe encore.

Tu sais que les enfants apprennent tes poèmes dans des écoles qui portent ton nom. Et que dans des classes de théâtre, ces mêmes enfants jouent sur tes mots.

Tu sais qu’hier dans le métro parisien des gens se sont donné rendez-vous pour boire l’apéro.

Tu sais que tu nous manques.

Et passe le bonjour à Raymond Bussières pendant que vais en griller une dernière.


Salut mon Prévert.






Il y a 10 ans
Vendredi, 11 avril 1997.
Ici Londres.

Dans l’Eurostar qui file à plus de 200 à l’heure sous la Manche, j’ai cru entendre des voix. Comme le crin-crin d’une T.S.F. qui bourdonnait dans mes oreilles et qui me disait:
« Le prix des jaquettes et des jupettes est en chute libre, je répète le prix des jaquettes et des jupettes est en chute libre »
« Les tribulations de l’homme à la tête de veau en Chine sont dangereuses, je répète les tribulations de l’homme à la tête de veau en Chine sont dangereuses »
« Même les oreilles de Mickey sont sur écoute, je répète même les oreilles de Mickey sont sur écoute »
« Celui qui a retrouvé l’émission Perdu de vue est prié de ne pas la rapporter à la télé, je répète celui qui a retrouvé l’émission Perdu de vue est prié de ne pas la rapporter à la télé»
« Sur le terrain des parisiens, les Reds ont été mous, je répète sur le terrain des parisiens, les Reds ont été mous »
« Cléo garde les sous du RPR en Suisse, je répète Cléo garde les sous du RPR en Suisse »
« Il n’y aura pas d’élection anticipée, ni en Chine, ni au Zaïre, ni en Albanie, ni en Iran, ni en France, je répète il n’y aura pas d’élection anticipée, ni en Chine, ni au Zaïre, ni en Albanie, ni en Iran, ni en France »
« Wake up Madame Placard, I repeat, wake up Madame Placard »

J’ai dû m’endormir.
Le terminus du train à Londres s’appelle Waterloo. C’est bien une idée d’Anglais ça!

mardi 10 avril 2007

Nom de Dieu.

Je tombe encore de ma croix ce matin en lisant le journal. Le procès en béatification du professeur Jérôme Lejeune serait ouvert. Ça canonise à tout va au Vatican. Après Jean-Paul II guérissant le Parkinson de Sœur Marie-Simon-Pierre (voir chronique du samedi 31 mars), l’Archevêché de Paris ou bien le Père Jean-Charles Nault de l'abbaye bénédictine de Saint Wandrille proposeraient à l’élection du calendrier suprême la candidature du plus illustre des défenseurs anti-avortement.
Le professeur Jérôme Lejeune découvre en 1958 l’existence d’un chromosome en trop sur la 21e paire d’un handicapé mental. C’est la Trisomie 21. La génétique moderne est née.
Formidable. Sauf que … Jérôme Lejeune, fervent catholique, et le mot fervent est un doux euphémisme, va devenir conseiller scientifique de l’association « Laissez-les-Vivre - SOS Futures Mères », première association anti-avortement de France fondée en 1971.
L’éminent chercheur fait du fœtus un être humain à part entière. Il considère la pilule abortive comme « premier pesticide humain ». Joli programme. Selon Jean-Claude Magnier de l’Association Nationale des centres d’interruption de grossesse et de contraception, le professeur Lejeune aurait tout fait dans les années 60 pour bloquer les recherches sur le dépistage de la trisomie.
A sa mort est créée la Fondation Jérôme-Lejeune qui défend bien sûr les thèses du défunt. Dernièrement, un proche de la Fondation a fait scandale en demandant le « boycott » du Téléthon. Son nom : Pierre-Olivier Arduin, responsable de la commission bioéthique du diocèse de Fréjus Toulon.
Tout ça ne sent encore une fois pas très bon. Après les propos récents de Nicolas Sarkozy sur les gènes de la pédophilie et de la tendance suicidaire, j’ai vaguement l’impression de régresser, de remonter vers des temps moyenâgeux, vers des contrées américaines où un président fait sans cesse référence à la bible et où créationnistes et sectes anti-IVG frappent sans souci des représailles.
Mais pour disposer du « diplôme » de saint parmi les saints, il faut un miracle du professeur Lejeune.
Celui de faire disparaître le mot « amniocentèse » du dictionnaire peut-être ?





Il ya 10 ans
Jeudi, 10 avril 1997.
Rien à lire.

Vous parler des suites du drame humain au Zaïre et des prochaines 150 000 victimes, pas possible, pas de journaux.
Vous parler des écouteurs écoutés et du secret défense qui embarrasse Juppé pas possible, pas de journaux.
Vous parler des enjeux hautement stratégiques du match de football Paris Saint Germain contre Liverpool, pas possible, pas de journaux.
Vous parler d’une colombe bien mal en point dans son lit de SDF quelque part dans la banlieue de Jérusalem, pas possible, pas de journaux.
Vous parler des comptes en douce et en Suisse des Centristes, pas possible, pas de journaux.
Vous parler du prochain voyage en Chine du V.R.P. multicarte Chirac spécialiste en tout (stylo à bille, train, cassoulet, arme
automatique ...), pas possible, pas de journaux.
Vous parler des derniers ragots de ma copine Georgette la kiosquière du coin de ma rue, pas de chance je ne suis pas allé la voir ce matin, pas possible, pas de journaux.
Vous parler des raisons qui ont poussé les syndicats du Livre et des NMPP à faire grève, pas possible, pas de journaux.
Vous me direz que pour s’informer il suffisait d’écouter la radio ou d’allumer sa télé. mais cette fois-ci c’est moi qui, aujourd’hui, ai décidé de faire grève.

lundi 9 avril 2007

La dérive des incontinents.

Dans le dernier numéro du magazine Géo, vous pouvez, soit partir à la découverte de la Toscane (ce qui fait envie), soit voyager dans le temps sur notre « bonne vieille » terre et vous projeter dans 250 millions d’années (ce qui fait beaucoup moins envie).
A cette date, les scientifiques ne précisent pas si ça tombe un lundi, comme pour ne pas gâcher la semaine à venir, l’ensemble des terres émergées se seront réunies à nouveau. Ce supercontinent que les chercheurs appellent « Pangea Ultima » ne sera entouré que d’un seul océan. Cent millions d’années auparavant, L’Afrique et L’Europe auront déjà fusionné. Plus d’espace Schengen, plus de ministère de l’Immigration et de l’identité nationale, plus d’identité nationale du tout. Sans doute plus de nations, plus d’humains, plus d’espèces animales ou végétales. En tout cas une chose est sûre plus de Sarkozy, de Le Pen ou de De Villiers pour faire flipper les pauvres gens autours de thèses plus malodorantes les unes que les autres.
L’énervé de Neuilly, a même osé il y a peu, sortir d’un tiroir que l’on croyait oublié depuis la deuxième guerre mondiale, des propos terrifiants. Interrogé par le philosophe Michel Onfray, le candidat à la présidence de la République a prétendu que les tares humaines quelles qu’elles soient étaient d’origine génétique. Il n’y aurait donc pour chacun d’entre nous plus aucune chance dès sa naissance. Le destin serait écrit dans notre ADN. Certains éminents scientifiques comme le généticien André Laganey, ont vu dans ses déclarations des réminiscences de « ce que voulaient faire des gens pendant la seconde guerre mondiale ».
Selon Sarkozy, la pédophilie mais aussi les tendances suicidaires ou l’homosexualité seraient explicables génétiquement. Comment peut-on prétendre ça aujourd’hui, quand on sait qu’en Allemagne, entre 1934 et 1945, 400 000 habitants ont été officiellement stérilisés par qu’ils étaient aveugles, alcooliques ou schizophrènes ?
D'autres pratiques, hors cadre légal, ont été utilisées pendant cette période pour éliminer les personnes indésirables (criminels, délinquants, asociaux divers...) comme la castration des criminels sexuels et homosexuels, la stérilisation des enfants métis ou l’extermination des tziganes et des juifs.
Pourquoi le dire aujourd’hui, si ce n’est pour labourer les plates-bandes du FN ?
Mais que disent Simone Weil et Jacques Chirac pourtant prompts à brandir le glaive face à la menace extrémiste ? Et que dit Bernadette qui vient d’apporter son soutien tout chaud au petit Nico ?
Aujourd’hui, malgré le thermomètre qui indique 22° à l’ombre, j’ai froid dans le dos. Froid comme il y plus de 2.5 milliards d’années, quand les terres ne faisaient déjà qu’une.




Il y a 10 ans
Mercredi, 9 avril 1997.
Ne changeons pas les rôles.

Qui de l’oeuf ou de la poule? Question angoissante qui restera sans réponse pour les siècles et les siècles. Amen. N’est-ce pas Monsieur Théodore Monod qui fêtez vos quatre vingt quinze printemps aujourd’hui et qui affirmez que l’homme ne passera pas l’hiver sur cette planète qu’il mutile chaque jour. Le plus tard sera le mieux et si possible pas avant ce soir, il y a un match de foot à la télé et ça risquerait d’énerver mon époux.
Ce qui va suivre n’a rien à voir mais la gravité de la question initiale mêlant l’objet à omelette et le gallinacé va vous revenir au visage comme un boomerang.
Aujourd’hui est revenu en France (trois jours après son anniversaire) un étrange personnage qui s’appelle Charles Sobhraj. Incarcéré en Indes pendant vingt ans (moins les petites évasions) et enfin extradé il est accusé de plusieurs dizaines de meurtres par la justice française. Charles Sobhraj, dit « le Serpent », s’en fout, il a décidé de monnayer son histoire, sa vie, ses crimes. Déjà deux livres sont parus à la gloire de ses méfaits. On lui proposerait 250 000 dollars pour écrire ses mémoires. Yves Rénier, commissaire de Police et de paillettes à la télévision veut réaliser un film sur ce criminel. On marche sur la tête. Faut-il être un aventurier assassin pour se faire des millions dans l’édition? Les scénaristes de film sont-ils si peu inspirés qu’ils attendent le coup de téléphone d’un serial killer qui leur dirait: « Ne vous inquiétez pas, je vais vous tuer une douzaine de personnes, treize si vous êtes sages, je prends des notes, quelques photos, préparez le chèque, en attendant je vous faxe mon C.V. ». C’est le monde à l’envers, à l’image de ces américaines dérangées du bulbe qui tombent amoureuses de monstres sanguinaires attendant la peine de mort dans quelque prison d’état. Il serait temps de mettre fin à cette inversion des rôles et de revenir au bon vieil adage « The right man at the right place ». L’homme Protée, cher aux commentateurs de rugby, n’existe pas.
L’acteur Bela Lugosi se prenait pour son personnage de Dracula au point de dormir chaque soir dans un cercueil. Une névrose qui, heureusement, ne touche pas la majorité des comédiens sauf peut-être Jean-Pierre Léaud qui se prend pour Jean-Pierre Léaud.
Pour finir ce chapitre un tantinet morbide, partez à la découverte de James Ellroy, un romancier très noir et très américain qui s’est mis à l’écriture après avoir renoncé à devenir criminel pour venger le meurtre de sa mère. Commencez par le Dalhia Noir et plus, si affinité.

P.S.1: Bon anniversaire à Catherine qui fête ses jolis 34 printemps aujourd’hui.

P.S.2: N’allez pas voir le film d’Yves Rénier s’il sort un jour. Revoyez plutôt Le Limier de Jo Mankiewicz où Laurence Olivier et Michael Caine sont géniaux dans le genre qui est qui et qui manipule qui?

dimanche 8 avril 2007

A l’eau de rose.

Dernière séance. Hier soir, dîner en amoureux et séance de cinéma avec mon mari. Les enfants sont ailleurs. Vacances. Un samedi soir comme dans les roman de Barbara Cartland. Une copine très hype, super tendance, branchée zen attitude, karma, yoga et soja m’a conseillé « Come Back » le dernier film avec Hugh Grant.
En ce moment je suis très « come back » alors pourquoi pas ?
L’histoire : une ancienne pop star des années 80 est aujourd’hui has been, mais chante encore devant quelques midinettes quadra ses tubes des années oubliées. Le chanteur se nomme Alex Fletcher, mais vous pouvez mettre George Michael à la place tant le groupe Pop dont Alex faisait parti ressemble à s’y méprendre au fabuleux Wham de ce bon vieux George.
Une chanteuse furieusement à la mode (là aussi les scénaristes ne se sont pas foulés pour copier la bombe Shakira) lui demande de lui écrire une chanson.
Incapable d’aligner trois mots par écrit, l’égérie des 80’s va tomber sous le charme de Drew Barrymore venu arroser les plantes de son appartement new-yorkais. La pétulante Sophie Fisher se révélera une parolière tombée du ciel.
Voilà, dit comme ça, vous ne sautez pas au plafond. Une romance fastoche, un couple savamment markété par Hollywood et le tour est joué.
Détrompez-vous. Hugh Grand est comme à chaque fois « irresitibeul », les chansons bigrement efficaces et Drew Barrymore croustillante et désarmante à la fois. Les dialogues entre les deux « lovers » fonctionnent à merveille, et cerise sur le gâteau, les second rôles sont bons, en particulier celui de Lucy, la sœur aînée de Sophie, raide dingue d’Alex et jouée à la perfection par Emma Lesser.
Bref un bon moment qui plus est très écologique puisqu’il ne vous fait pas griller trop de neurones.

PS : les filles ne ratez pas le retour du come back de George Michael 2. L’an passé je suis allée avec des copines le voir à Bercy (Tournée « 25 live »). Toujours aussi sex même s’il n’a pas chanté assez de vieux tubes. Georgios Kyriacos Panayiotou revient au Stade de France le 22 juin. C’est mieux que Zizou et Lizarazu !




Il y a 10 ans
Mardi, 8 avril 1997.
Au piquet les garnements.

La scène se passe dans une chambre d’enfants. Des jeux de construction, des voitures et des camions miniatures jonchent le sol. C’est une vraie bataille rangée.

Benyamin
- « Maman, Yasser y fait rien qu’à m’embêter. Y dit que ça c’est son territoire et que moi j’ai pas le droit de faire un immeuble en Lego.
Yasser
- C’est même pas vrai. D’abord c’est moi qu’étais là avant lui. Il était même pas né que je jouais déjà là. Et pis ces immeubles y sont pas beaux.
Benyamin
- Mais maintenant ici c’est à moi, je fais ce que je veux. Aïe, aïe, aïe arrête Yasser de me donner des coups de pied. Tu vas voir, je vais mettre mon déguisement de Batman et je vais t’écrabouiller.
Yasser
- J’ai même pas peur de ton pistolet parce que moi j’ai des pierres et des copains qui viendront me défendre.
Benyamin
- Et ben si tu me jettes des pierres j’irai voir papa qui te donnera une fessée.
Yasser
- Nananère, j’irai voir mon papa, j’irai voir mon papa. t’es qu’un peureux et de toute façon t’as toujours été le chouchou de la famille. Si tu me dénonces à papa, j’irai voir tonton Jacques et tonton Helmut.
Benyamin
- Y sont même pas forts tonton Jacques et tonton Helmut. C’est papa qui les commande.
Yasser
- C’est même pas vrai.
Benyamin
- Si même que c’est maman qui me l’a dit.
Maman Madeleine
- Arrêtez les enfants et rangez-moi votre chambre sinon j’appelle papa.

Alerté par le vacarme, papa Bill arrive près de la porte mais n’ose entrer.

Papa Bill
- Benjamin, si tu continues je te supprime ton argent de poche.
Benyamin (boudeur mais rigolard)
- C’est même pas grave.
Papa Bill
- Et toi Yasser, tu n’as pas intérêt à ramener tes méchants copains à la maison. La dernière fois on aurait cru qu’un cyclone était passé.
Maman Madeleine
- Faites ce que papa vous a dit et rangez votre chambre tout de suite.

Les deux parents innocents s’éloignent. Derrière la porte on entend encore des cris de dispute. Puis un grand bruit. Puis plus rien.

samedi 7 avril 2007

L'eau du robinet

Hier j'avais déjà mis l'eau sur la table. Au menu du jour, voici la chronique écrite il y a pile poil 10 ans. Malheureusement elle n'a pas pris une ride.

Je ne sais pas si vous connaissez la Bretagne? Non. Alors je vais vous faire une courte description d’un coin charmant. D’un côté la mer, un petit port de pêche et quelques fières maisons bourgeoises plantées le long de la plage centrale. De l’autre des prés (verts), des champs (de blé), de jolies vaches (noires et blanches) et des bosquets (garnis). Quelle chromo idéale n’est-ce pas? L’image d’Epinal qui a du rendre vert de rage Monsieur Seguin quand il a vu les affiches de la campagne (c’est le cas de le dire) de Mitterrand en 1981. Car ne vous inquiétez pas, il ne manque même pas la chapelle pour compléter le tableau qui fleure bon l’iode et la bouse de vache. Jusque là rien de plus naturel. Pas d’usine, de périphériques embouteillés. Le stress et les dioxydes de carbone ont laissé leurs souliers à l’entrée.
Et pourtant, sur cette carte postale bucolique, quelque chose n’est pas potable. Pas les filles du coin qui sont plutôt mignonnes, mais l’eau, tout simplement. Pas buvable. Dégueu. Nitratée à souhait. Comment est-ce possible?
Demandez d’abord aux agriculteurs et aux éleveurs de porcs. Les uns ont la main plus que lourde sur les engrais et les autres bâtissent à tout va de nouveaux bâtiment, sans autorisation, pour produire encore plus de têtes.
Certains même n’hésitent pas à « engraisser » leurs terres à quelques mètres des rivières. Les nappes phréatiques sont de plus en plus touchées et même les eaux du littoral sont pleines d’algues vertes, ce qui fait un peu désordre sur la belle photo de vacances.
Tout ça pour manger des cochons qui ont de moins en moins de goût et qui rapportent de moins en moins à leurs éleveurs. Tout ça pour des surplus céréaliers inutiles sauf aux Jeux Olympiques du rendement à l’hectare.
S’il vous plaît les hommes de la terre, respectez votre mère nourricière. Halte à l’extension sauvage des élevages et aux rendements maximum.
Après nos amis paysans, demandez à la toute puissante CGE (Compagnie Générale des Eaux) riche à milliards (1,95 milliards de francs en 1996 et au moins 5 milliards prévus en 1997). Une partie de cet argent pour moderniser et rendre plus performantes les usines de traitement des eaux, ce serait normal, non? Malheureusement Monsieur Messier, grand argentier de la CGE, préfère investir dans la téléphonie mobile, la communication et autres outils du troisième millénaire en oubliant son métier de base. Il oublie, ce monsieur, qu’il y a des milliers d’années l’eau était déjà là, propre, saine et source de vie. Alors un « petit » effort de quelques millions et le tour est joué. Ces quelques millions, Monsieur Messier, ne sont qu’une goutte d’eau dans votre océan de bénéfices. Mais quelle jolie goutte d’eau cela ferait dans mon joli paysage du début.

vendredi 6 avril 2007

Les pieds dans l’eau.

Début d’un week-end de trois jours. Soleil au programme. Des kilomètres de pots d’échappements sur les routes. Direction le sud, le grand ouest, la Normandie ou la baie de Somme. Enfin, l’envie de voir la mer, de retrousser les pantalons et faire ses premiers pas de l’année dans l’eau salée, comme en 1936 pour ces congés payés qui ne servaient pas vraiment à s’acheter des strings.
Les experts du GIEC réunis à Bruxelles ont publié un diagnostic alarmant des impacts du réchauffement climatique.
Selon eux, dans 70 ans, jusqu'à 3,2 milliards d'êtres humains souffriront de sévères pénuries d'eau et 600 millions n’auront plus rien à manger. Des régions côtières entières pourraient subir de graves inondations. Sachant que ces zones sont souvent surpeuplées ont imagine le drame (Etats –Unis, Afrique de l’ouest, Asie ...). D’autres conséquences sont dramatiques comme la disparition de 20 à 30% des espèces animales ou végétales. Et tout ça si la température moyenne de la planète gagne 1.5° à 2.5°.
La Chine, l’Arabie Saoudite, la Russie et les Etats-Unis ont contesté certains passages du texte de la conférence du GIEC. Faut-il s’en étonner? Passons.
Le plus grave dans tout ça c’est que se dessine à l’échelle d’une vie un déséquilibre total des rapports de force entre les peuples. Après les guerres idéologiques, les guerres de religion, les guerres de l’énergie, se prépare peut-être la plus meurtrière d’entre elles, la guerre de l’eau. Une guerre qui plus que toutes les autres accentuera si besoin était le fossé entre les riches et les pauvres. Riches et pauvres du Nord et du Sud mais surtout riches et pauvres d’un même pays.
Vitale, l’eau c’est 60% de notre corps, 76% de notre cerveau et 79% de notre cœur. Aujourd’hui certains cerveaux de dirigeants ou de futurs dirigeants ne semblent pas assez irrigués. Dominique Voynet, entendue tout à l’heure sur RTL dans « On refait le monde » expliquait combien était difficile la lutte pour l’écologie au sein d’un gouvernement quand le nombre des sièges à l’Assemblée et le partage des pouvoirs comptent plus que le nombre de pesticides (24 !) qui servent à traiter une pomme.
Moins de 150 ans après les premières vacances populaires au bord de l’eau, nous n’auront peut-être plus besoin d’aller aussi loin pour trouver la mer.
Y aura-t-il d’ailleurs encore des vacances quand la préoccupation première de chacun sera de boire et de se nourrir.
Y aura-t-il encore un écologiste pour crier dans le désert ?
Les petits fils de Bush Junior, de Poutine ou de Hu Jintao n’auront sans doute que leurs yeux pour pleurer.
Quel aura été le prix de ces larmes ?




Il y a 10 ans
Dimanche, 6 avril 1997.
En plein dans le 2000.

C’est quoi mille jours? Beaucoup et en fait rien du tout. Ces mille jours qui nous séparent du 1er janvier 2000, c’est beaucoup de temps perdu et encore rien à voir. Beaucoup de grands mots, de belles idées, de vaines promesses mais surtout rien de concret, d’efficace, de mesurable qui pourrait changer la face de notre petit monde nombrilistico-archaïque salué par Hale Bopp il y a à peine une semaine.
Méditez bien cela Monsieur Juppé au lieu de claquer notre argent dans de vains projets utopiques. Faites déjà ce pour quoi le Grand Corrézien a été élu et je vous donnerai une médaille, comme Satanas à Diabolo. Une sorte de récompense en forme de sauf-conduit pour passer tranquille le réveillon du 31 décembre 1999, sans que personne ne vienne vous casser les pieds et pour voir grandir votre fille. Sinon vous risquez de passer un très mauvais troisième millénaire.
Refermons cette parenthèse Matignonesque et rêvons. C’est vrai que ça fait encore rêver cette limite, cette frontière au delà de laquelle le réel se fait science-fiction. Dans les années 70, je lisais avec fébrilité les pages consacrées aux nouvelles technologies dans un ouvrage à couverture rouge qui s’appelait « Tout l’univers ». A l’époque on faisait de l’an 2000 le tatouage du temps qui allait marquer au fer rouge la Nouvelle Histoire de l’Humanité. Pêle-mêle on y découvrait le mode de vie « de dans trente ans ». Les fameuses pilules repas où avec trois cachets on remplaçait l’oeuf mayo, le petit salé aux lentilles et le camembert bien fait (pour le vin je ne m’en souviens plus). Les fusées à décollage vertical qui allaient se porter en sac à dos pour se déplacer sans la moindre difficulté. Les trains sur coussins d’air et les avions supersoniques qui cassaient les murs du son avec la même célérité que met Netanyahu à monter des parpaings pour narguer les Palestiniens.
Ce monde imaginé par « Tout l’univers » était un paradis digne d’Orwell, Wells, Kubrick et Spielberg réunis.
Mais pas de chance, pas de pilule magique pour économiser le temps des repas et donc prendre le temps de lire. Les hommes sont bien partis dans l’espace, mais les hommes se foutent toujours sur la gueule, s’entre-tuent et détruisent la planète. Les hommes laissent crever leur voisin en attendant un miracle venant de Wall Street, du Pape, du chef de gare ou de la main de ma soeur.
Mille jours c’est en fait pas assez pour apprendre par coeur la collection complète de « Tout l’univers » ou tous les épisodes de Star Trek.
Mille jours c’est en fait juste ce qu’il faut pour que chacun sur terre apprenne ces quelques vers de Prévert:

Des milliers et des milliers d’années
Ne sauraient suffire
Pour dire
La petite seconde d’éternité
Où tu m’as embrassé
Où je t’ai embrassée
Un matin dans la lumière de l’hiver
Au Parc Montsouris à Paris
A Paris sur la terre
La terre qui est un astre.