jeudi 29 novembre 2007

Fred.

Après les hommages posthumes aux chanteurs et chanteuses français la semaine passée, la mort a rattrapé Fred Chichin, la moitié des Rita Mitsouko. A 53 ans, le musicien a été foudroyé par un cancer. Il laisse surtout sa famille orpheline d’un père pas comme les autres.
Nos regrets éternels, de ne plus pouvoir une fois tous les trois ans se mettre sous la dent un nouvel album, attendront.
Je vous conseille l’écoute de « Variety », le dernier CD du groupe. Catherine Ringer pose sa voix de chanteuse de rue sur des mélodies country que n’auraient pas reniées Roy Orbison.
Salut l’artiste.





Il y a 10 ans
Samedi, 29 novembre 1997.
«- T’as pas 400 millions?
- Pour quoi faire?
- Pour rien. »


Pour construire un centre de conférence Quai Branly à Paris dont on ne verra même pas la queue du début du commencement de l’initiation des travaux.
Pour aider les agriculteurs corses en leur versant 261000 francs par exploitation, soit dix fois plus que la moyenne nationale. Des agriculteurs qui demeurent bizarrement surendettés, comme pour apporter de l’eau au moulin de l’exception corse.
Pour aider Renault et Peugeot à licencier sans heurts 25000 personnes sous la forme de préretraite.
Pour construire une bibliothèque à Bordeaux. C’est qu’il devait avoir des bouquins à ranger le Chaban.
Pour que Monsieur Lucien Weygand, président socialiste du conseil général des Bouches du Rhône, puisse faire plaisir à un tas d’amis.
Pour que Monsieur Guy-Marie Gallet, directeur général adjoint à l’époque de la Mutualité Agricole, subventionne avec l’argent des agriculteurs, sa propre ville de Saint-Saturnin dans la Sarthe. Sans oublier la création d’un nouveau logo pour la Mutualité qui ne verra jamais le jour et le paiement de substantiels salaires et avantages en nature pour la direction.
Pour payer des animateurs-producteurs de télévision comme Nagui, Delarue, Martin, Drucker ou Arthur. qui nous pondent de très mauvaises émissions. Arthur étant le roi du réchauffé. Le bougre, plus rigolo sur Europe 2 que sur TF1, a réussi à faire payer des millions de francs à Jean-Pierre Elkabbach pour des programmes uniquement alimentés par des images propriété de l’INA.
Pour dépenser notre fric à tort et à travers.
Pour payer la Cour des comptes qui, chaque année, avant Noël, nous apporte son petit cadeau empoisonné. C’est vrai, car quel est l’antidote à ces gabegies si ce n’est une petite tape sur les doigts des fautifs par Pierre Joxe, président de cette Cour qui ne pousse jamais le miracle de la punition jusqu’au bout.
La France fait fort. Elle crée une Cour des Comptes qui vérifie l’utilisation des deniers publics mais ne lui donne pas les moyens de sévir en cas de faute grave. Ça me fait penser au gag à la con où l’on vous retire la chaise sur laquelle vous alliez vous asseoir.
Ça fait rire tout le monde sur le coup, mais ça vous fait un mal de chien où je pense pendant un sacré bout de temps.
Cher Monsieur Joxe, rendez-vous l’année prochaine, pour votre livraison de gags financiers en tout genre.

mercredi 28 novembre 2007

Ecarts.

Madame Placard, selon les statistiques de l’INSEE sur les salaires, vaut quatre-cinquièmes de Monsieur Placard. Le tableau ci-dessus est éloquent. Les responsabilités au travail sont inversement proportionnelles à l’écart de salaire.
Si l’on essaye de trouver des raisons plus ou moins logiques on se heurte au mur de l’absurde. Nous sommes plus petites en moyenne de 7.6% par rapports aux hommes. En terme de poids, la différence est de 16%. Il faudrait donc, pour nourrir une carcasse en moyenne de 1.75 m et de 80.7 kg gagner 20% de plus ? J’ai cherché d’autres arguments. L’homme, le vrai, le tatoué, le dur à cuire qui va bosser la casquette vissé sur la tête, le mégot aux lèvres et qui serait sensé dépenser plus de calories devrait donc gagner plus ? Mais a-t-on déjà pensé à cumuler l’énergie dépensée par une femme au travail et au foyer ? Et si les salaires devaient être indexés sur la consommation d’alcool* alors les hommes gagneraient 90% de plus que nous.
Et si la logique perfide de ces messieurs était de nous faire payer ce qui n’a pas de prix : la vie. Et oui mes lascars, selon l’INSSE celles qui sont nées en 1970 vivront jusqu'à 81 ans et sept mois. Soit 10% de plus que vous. Bisque bisque rage. Huit de plus, à compter et recompter nos futures maigres retraites. On se console comme on peut.


Salaire annuel Femmes Hommes Diff

Cadres* 37 253 48 241 -23%
Professions intermédiaires 21 380 24 320 -12%
Employés 15 755 16 772 -6%
Ouvriers 14 537 17 290 -16%
Ensemble 19 818 24 446 -19%

* En 2002, selon le baromètre santé-nutrition de l’INPES, la part d’individus de 18 à 75 ans ayant consommé au moins une boisson alcoolisée au cours de la journée est de 52,1 % et chez hommes et de 27,3 % chez les femmes.





Il y a 10 ans
Vendredi, 28 novembre 1997.
« Au fait, où qu’il est Madelin? ».

« - C’lui-là en ce moment, y ferme sa boîte à camembert.
- Qui ça?
- Madelin.
- C’est qui déjà Madelin?
- Celui qu’a le nez de traviole et qui parle sans arrêt du libéralisme.
- Ah ouais! Il n’a pas été ministre des Finances sous Juppé ce gugusse-là?
- Si mais pas longtemps. Un mois, le temps d’entrer et de sortir.
- Ça devait être le papier peint de son bureau qui ne lui a pas plu.
- Dis-donc, on ne l’aurait pas revu avec le Seguin pour essayer de sauver les meubles avant le deuxième tour?
- T’as raison, mais depuis pas de nouvelles. Faudrait p’têt lancer un avis de recherche.
- Mettre sa photo sur des bouteilles de lait?
- Ne déconne pas avec ça.
- Si ça se trouve il était en stage dans cette grosse boîte financière du Japon qui a fait faillite.
- Ouais, et il aurait été, comme qui dirait emporté par le raz de marée de la Bourse.
- Tiens, il aurait été puni par où il avait péché.
- D’ailleurs on l’entend plus nous faire sa pub sur la libre entreprise et la loi des marchés.
- Faut dire que les modèles économiques de la Corée du Sud, de la Thaïlande et du Japon en ont pris un joli coup dans l’cornet. Alors y’a pas de quoi faire le fier.
- En parlant de petit jaune et de cornet, tu paierais pas ta tournée par hasard?
- Tu ne perds pas l’nord, toi.
- Le Madelin, à mon avis, lui, y sait plus où il habite. Entre Wall Street, et l’indice Nikkeï, il a perdu la boule. Ou bien il a tout bêtement la gueule de bois.
- Ou bien la chiasse à force de nous servir le même discours ultra-libéral à toutes les sauces.
- Là t’es dur.
- Parle-z-en aux gars de Vilvorde. Ce serait quand même justice que ce ne soit pas toujours les mêmes qui soient dans la merde. »

mardi 27 novembre 2007

Echecs.

Kasparov était le meilleur joueur d’échecs du monde. Il n’avait été battu que par Deep Blue, l’ordinateur d’IBM. Implacable froideur de la machine contre le cerveau humain.
Dans un autre type de partie, autrement plus dangereuse, Garry, le génie, tente de proposer aux électeurs russes une alternative à Vladimir Poutine. Mais le maitre du Kremlin, véritable machine à broyer les opposants et les media (assassinat d’Anna Politkovskaïa / voir chronique du 8 octobre), a fait arrêter le joueur d’échecs. Menottes et prison pour un opposant et tabassage en règle d’un groupe de journalistes à Nazran en République d’Ingouchie.
Selon le site Rebellyon.info « Vendredi 23 novembre, entre 11h du soir et minuit, Oleg Orlov, président de l’association de défense des droits de l’homme Memorial et trois journalistes de la chaîne "Ren-TV", Artem Vyssotski, Stanislav Goriatchev et Karen Sakhinov étaient enlevés à leur hôtel par des hommes armés et masqués, puis battus, avant d’être abandonnés dans un champ dans le district de la Sounja. Parvenus jusqu’à un poste de police, puis emmenés à Nazran, le groupe a été retenu par les autorités alors que l’état de deux personnes nécessitait des soins médicaux».
Les élections législatives qui se dérouleront le week-end prochain sont donc jouées d’avance. Poutine agit en dictateur, la Russie d’aujourd’hui a peu de chose à envier à celle d’hier.
Vladimir Poutine se fiche de la démocratie.
Hu Jintao, le boucher de Lhassa, se fiche des droits de l’homme.
Georges W Bush, le fils du guerrier, se fiche de la paix.
Putain de planète.


Il y a 10 ans
Jeudi, 27 novembre 1997.
Où l’on retrouve Papon, préfet de police de Paris.

« Nous ferons toute la lumière, sur cette affaire chère Madame Ben Barka ». Ce sont à peu près les mots prononcés par Charles de Gaulle à la veuve de Mehdi Ben Barka, selon leur fils, qui s’exprimait avant-hier dans les colonnes de Libération.
Je ne suis pas historienne et d’autres que moi ont enquêté sur cette affaire d’enlèvement et de meurtre. Je me souviens très bien d’un formidable documentaire qui décrivait les recherches minutieuses de Jean-François Kahn et d’un autre journaliste à l’époque des faits.
Le temps a passé.
Les plaies ont-elles cicatrisé?
Trente-deux ans après on peut simplement dire:
1- Que l’Etat français n’a pas eu les mains très propres dans cette affaire, et c’est un euphémisme.
2- Qu’une forme de complicité a existé entre la France, le Maroc, Israël, voire même les Etats-Unis.
3- Que la police française et plus précisément parisienne a apporté son concours à l’enlèvement de Mehdi Ben Barka.
4- Que, par conséquence, Maurice Papon, préfet de Paris à l’époque doit forcément connaître tout ou partie de la vérité.
5- Qu’il ne faut jamais croire un chef d’état ou de gouvernement quand il vous dit que toute la lumière sera faite.
6- Qu’Alain Peyrefitte, qui est en train de faire la promotion de son bouquin sur de Gaulle, à la radio ou à la télé, ne parle pas de ce scandale.
7- Que les archives, s’il en reste, devraient être rapidement mises à disposition de tous. N’est-ce pas Madame Trautmann?
Ça fait quand même chier de faire payer à notre génération les errements coupables de cette idéologie colonialiste encore en vigueur après la guerre d’Algérie.
Le siècle prochain risque d’être hanté par des repentances à répétition.

lundi 26 novembre 2007

Chiffons.

Je ne suis pas une grande victime de la mode. Mais j’aime bien feuilleter les magazines féminins pour savoir quelles sont les couleurs, les matières ou les formes dans l’air du temps.
Si vous voulez comme moi, humez cet air si volatile de la mode, surtout n’achetez pas le dernier ELLE qui consacre quatorze pages aux 50 femmes les mieux habillées de la planète en 2007.
Ou plutôt, si achetez-le pour vous payer une bonne tranche de rigolade.
La N°1, Scarlett Johansson ressemble plus à une malheureuse prostituée russe boudinée qu’à la star glamour de Match Point. N°2, Gwen Stephani qui remet le legging taille haute, le foulard écossais et la coiffure de Jeanne Mas à la mode. En N°3, Valérie Lemercier qui a du trouver ses fringues au « Chic Parisien » un magasin improbable d’une petite ville de province. N° 5, pas Chanel malheureusement mais Catherine Deneuve qui a découpé sa robe fourreau dans du papier cadeau de Cailleau Luminaires. Emmanuelle Seigner occupe la neuvième place avec une robe en écaille sortie de la poissonnerie du centre. Je finis par Naomi Watts qui éveille en moi des souvenir enfouis pendant au moins quarante ans, tant sa robe me semble taillée dans le tissu des rideaux de l’appartement de mes grands parents.
Je vous laisse découvrir la suite, pour rire.
Mention d’exception toutefois à Charlotte Gainsbourg, hors concours puisque déjà lauréate en 2006. L’élégance d’Uma Thurman et de Kilie Minogue, la simplicité de Clémence Poésy et la jolie extravagance de Keira Knightley, échappent au naufrage.
Avant de clore ce défilé des horreurs, petite remarque sur la photo du jury en page 197. Non loin de Jean-Paul Gauthier et Ines de la Fressanges figure Mouloud Achour, trublion du PAF agissant entre autre sur Canal+. Dans l’en-tête de l’article, le jury est sensé être composé d’arbitres des élégances. En voyant Mouloud en jean baggy, baskets non lacées et blouson vintage simili amerloque sur polo vert pomme, je comprends mieux ce classement.
Demain je demanderai « Sac à patates magazine » à mon marchand de journaux. Au moins aurais-je le sentiment de ne pas m’être fait avoir sur la marchandise.




Il y a 10 ans
Mercredi, 26 novembre 1997.
Y’a un arbre, pigeon vole...

Le Ministère de l’Education Nationale souhaite, à juste titre, redonner au civisme une place de choix parmi les matières enseignées à l’école.
N’étant pas d’humeur à en faire des tonnes depuis hier, je propose à Claude Allègre et à Ségolène Royal de faire lire un texte de Barbara par jour, dans chaque classe.
C’est tout, mais c’est déjà beaucoup.

dimanche 25 novembre 2007

Clic et claque.

Ne jamais abdiquer disait Churchill.
Cet après midi, lors du match de double pour le tournoi du club de tennis, j’ai joué avec mon fils. Une première bien sympa. Quinze ans, un mètre soixante et onze, le garçon a du répondant. Mais la vieille en a encore sous le pied. Du moins le croyais-je jusqu’au huitième jeu. L’idiote. Un démarrage un peu brusque sur une balle qui allait mourir dans le filet et la pointe derrière la cuisse. Un petit claquage. Mais en double on peut serrer les dents et occuper la moitié du terrain. La paire d’en face ne lâchait pas non plus. A l’expérience et grâce aux gambettes et au bras du fiston, on a gagné le match au tie-break.
« We shall never surrender ».




Il y a 10 ans
Mardi, 25 novembre 1997.

Ce matin.
Accroche-toi Barbara.

Ce n’est pas le moment, ce n’est jamais le moment, mais ne nous fais pas ça, là, sans crier gare, Barbara.
Si tes poumons déconnent, je t’en prête un. On a besoin de tes lumières noires, de tes incandescences et de tes déchirures. Moustaki, Reggiani, Bécaud et Aznavour sont encore là. Tu n’as pas le droit de nous laisser seules avec les Spice Girls.
Bats-toi. Que ma vieille Memorex de ton concert de Pantin rende l’âme, d’accord, mais pas toi, pas toi, pas toi.
Accroche-toi Barbara.

Cet après-midi.
Les orphelins de Göttingen.

C’est comme une maman, une voix qui venait du ventre et qui se tait. A jamais. Qui peut te remplacer? Phare noir de la révolte, anarchiste de l’amour et du bien.
D’où tu es, donne des ailes au bon dieu. Repeins ces nuages trop blancs pour être vrais.
Rejoue enfin à quatre mains cette petite cantate dont tu rêvais tant.

samedi 24 novembre 2007

Barbara ou Michel ?

C’est la semaine des disques noirs. Des vinyles en deuil. Des éclipses de chanteuse et de chanteur. Des anniversaires tristes.
Il y a dix ans, s’évanouissait Barbara et il y a soixante ans naissait Michel Berger qui allait prématurément rejoindre son étoile.
Chez les marchands de chansons, à l’époque où le téléchargement n’existait pas, ma main avait plutôt tendance à se tendre vers les disques de Barbara. Je n’arrivais pas à entrer dans l’univers de Michel Berger. Peut-être parce qu’il faisait chanter France Gall qui n’avait pas de voix, peut-être parce que ses textes ne me parlaient pas tout simplement. Il avait un indéniable talent de mélodiste mais les mots qu’il posait sur les notes ne résonnaient ni dans ma tête ni dans mon cœur.
Au contraire de la dame en noir qui n’avait qu’à pousser la première note pour que l’émotion me submerge.
J’ai vu deux fois Barbara en concert. La première fois à Rennes et l’autre à Paris. Jamais, je crois, une artiste ne m’a autant émue.
Il pleuvra toujours sur Nantes fin novembre.





Il y a 10 ans
Lundi, 24 novembre 1997.
Vous avez demandé les urgences, ne quittez pas...

Il y a deux écoles en France. L’école cathodique, majoritaire et l’école agnostique, refusant la lumière divine de la petite lucarne.
A l’intérieur de l’école cathodique on peut distinguer également plusieurs obédiences:
Ceux qui ne rateraient sous aucun prétexte une émission du dimanche après midi avec Jacques Martin et ceux qui vomissent illico leur douzaine d’huîtres dominicale dès que l’âne du théâtre de l’Empire pousse la chansonnette.
Ceux qui trouvent à Derrick un charme insondable et ceux qui pensent que la culture des asperges teutonnes, fussent-elles de la brigade criminelle, n’est pas autorisée en prime-time.
Celles qui trouvent PPDA aussi sexy que Sean Connery et celles qui pleurent Bruno Masure sous leur couette.
Ceux qui regardaient 7 sur 7 pour les yeux, les pull-overs et les beaux restes d’Anne Sinclair et ceux qui matent Intervilles en prétextant sonder l’existentialisme de la France profonde.
Celles qui chantent devant leur poste et ceux qui pensent devant les shorts.
Et puis il y a les pros et les antis « Urgences » dont c’était le dernier épisode ce soir avant la suite en septembre 1998.
Ceux qui ne supportent pas le côté speedo-hémoglobino-sentimental de la série et ceux qui se délectent de ce cocktail Steven Spielberg-Barbara Cartland, « allô rouge » et à l’eau de rose.
Si j’ai été séduite par la première vague des épisodes je dois avouer que j’ai plutôt suivi la suite comme un feuilleton radiophonique très bien fait au demeurant. Dans la pièce adjacente au salon, je tapais mes petits textes en écoutant d’une oreille les aventures du docteur Ross, de Carol, de Benton, Carter, Greene et les autres.
Au fait qu’est-ce qui faisait vibrer les téléspectateurs?
Les cœurs mutilés des protagonistes ou les opérations à corps ouverts?
J’ai ma petite idée. Si les traumatismes à répétition des malades jeunes et moins jeunes qui entraient à la vitesse d’une formule 1 dans cet hosto perpétuellement à la bourre, avaient de quoi nous émouvoir sur l’instant, les grandes questions existentielles suscitées par cet état d’urgence était d’un tout autre registre. A la fin de chaque épisode les interrogations portaient sur le prochain flirt de George-le pédiatre-Clooney, sur ce qui allait enfin faire craquer ce monstre de Benton ou sur les idylles du docteur trucmuche et de l’infirmière machin plutôt que sur la vie, la mort, le temps qui passe et l’amour que l’on ne donne pas assez aux autres.
La dernière image du dernier épisode qui nous a montré le beau Doug Ross embrasser la belle Carol Hathaway nous laissera-t-elle un souvenir impérissable?
Après avoir côtoyé la mort tous les lundis soirs pendant trois mois, les téléspectatrices et les téléspectateurs ne voudront retenir que le conte de fées.
En attendant septembre 1998, France 2 pourrait peut-être nous ressortir une niaiserie qui passait en début d’après-midi: « La clinique de la forêt noire ».
Ça permettrait aux groupies de la série de ne pas se sentir seuls au bout du fil des urgences.

vendredi 23 novembre 2007

Allumage.

Bigre, bigre. Satanée semaine ou les retards à l’allumage s’accumulent. Les grèves qui nous font vivre en décalé. Et les chroniques vides de texte qui s’empilent comme les avions au dessus d’un aéroport enneigé.
Promis, demain je mets les bouchées doubles.


Il y a 10 ans
Dimanche, 23 novembre 1997.
La grande évasion.

En toute complicité et avec préméditation, deux fous curieux se sont échappés pour aller attaquer à coup de pelle notre train-train quotidien.
Le premier qui a entraîné l’autre s’appelle Jo Le Guen. Un patronyme qui aurait sa place dans une Série Noire se déroulant entre la rue de Siam et le quartier de Recouvrance près de l’Arsenal de Brest.
Baroudeur, aventurier de l’impossible, marin d’eau dure, Jo « Le Blanc » chevalier des vagues avait déjà, avant le départ, réussi l’exploit de convaincre l’administration pénitentiaire du bien-fondé de son projet: traverser l’Atlantique à la rame avec un prisonnier.
Pascal Blond fut l’élu de ce voyage. A écouter Jo Le Guen, on ne sait pas qui, des deux, à choisi l’autre. Le bateau s’est construit dans les prisons et les taulards ont, par procuration, ramé pour leurs deux potes qui se faisaient la « pelle ».
Pari gagné avant même le départ des Canaries le 12 octobre.
Aujourd’hui les premiers sont arrivés à La Barbade. Deux Néo-Zélandais: Hamill et Stubbs, deux surhommes qui ont une semaine d’avance sur ... Jo et Pascal. Nos deux pirates arriveront dans leur île aux trésors vers le 4 décembre. Un événement qui risque de passer inaperçu puisqu’il coïncidera avec le tirage au sort des matches pour la prochaine Coupe du Monde de football.
Alors chers capitaines « Courage », n’hésitez pas à vous payer un petit tour du propriétaire avant d’accoster définitivement sur cette île paradisiaque des Antilles. Les trésors de l’âme humaine que vous avez dû remonter à la surface pendant ces cinquante jours et nuits en mer sont bien plus précieux que tous les bijoux de la Place Vendôme. Ramez encore un peu, je ne vous en voudrais pas de faire durer cette très, très belle aventure.

jeudi 22 novembre 2007

Jack et Michael.

Ce soir c’est le dilemme, le cas de conscience, l’insondable angoisse de la téléspectatrice devant sont petit écran.
Quand il faut choisir entre la poire et le fromage, Roux et Combaluzier, les blettes ou les salsifis.
Ce soir à 20H50 sur M6 passe le dernier épisode de la deuxième saison de Prison Break ; au même moment sur Canal+ commence la saison 6 de 24 heures chrono.
A ma gauche, le beau ténébreux Wentworth Miller qui incarne Michael Scofield, le jeune frère tatoué jusqu’au cou venu sauver son aîné du couloir de la mort.
A ma droite, l’impassible Kiefer Sutherland qui joue à la perfection le rôle de Jack Bauer, agent spécial américain, capable, en un tour de cadran de sauver les Etats-Unis des pires emmerdes.
Ce soir, fin du repas à 20H45. M6 en direct et Canal + enregistré.
Ce sera Jack et Michael.
Ça peut sembler futile et dérisoire au regard de tout ce que je peux raconter par ailleurs, mais ces séries sont tellement bien faites que l’on se laisse prendre au jeu du rythme et des quelques invraisemblances. En trente ans je suis passée d’Angélique marquise des anges à une cours de prison sordide et à des attentats en séries sur le sol américain.
Les contes de fée du troisième millénaire sans doute...


23H30 : Michael est vraiment dans la merde. C’est son frère qui va devoir maintenant le sauver. A côté de la prison panaméenne dans laquelle il a atterri, le pénitencier de Fox River est un Club Med. Tandis que Jack, légèrement fatigué par deux ans de détention en Chine où il n’a pas ouvert la bouche, est reparti à cent à l’heure. Quoiqu’un peu diminué, il a tout de même, au bout de 40 minute, bouffé la carotide d’un terroriste pour se sauver d’une mort certaine.
C’est reparti !!!



Il y a 10 ans
Samedi, 22 novembre 1997.
Renvoi.

Envie de vomir. La gueule de bois du dégoût. Comme une overdose de démocratie. L’effet pervers de la liberté d’expression.
Je vous avais donné rendez-vous à cette date pour le procès de l’ignoble vermine qu’est Le Pen, le leader des fronts « bas ».
Poursuivi pour « violences en réunion » et « injures publiques », contre Annette Peulvast-Bergeal durant la campagne des législatives en mai dernier, le « peine-à-voter » du front, a vu son procès repoussé au 19 février prochain.
Pourquoi? Je n’en sais foutre rien.
Le malotru n’a même pas eu besoin de repasser son costard de premier communiant, pour faire bonne impression.
Sans rire, vraiment sans rire, parti comme c’est parti, ce renvoi est une incitation véritable à la haine de la République.
Je sais que la justice manque cruellement de moyens. Mais est-ce une raison pour laisser cet immondice politique parader à l’air libre?
A ce rythme là, les voleurs d’oranges, chers à Bécaud, devraient pouvoir s’enfuir tranquilles.
Imaginez Chirac recevant un crochet de l’extrême droite de Le Pen au cours d’une classique visite de marché, pendant une campagne électorale. Pensez-vous que cette histoire aurait traîné en longueur durant les mornes langueurs d’automne?
Non. Annette Peulvast-Bergeal n’est qu’une femme défendant la République et ses vertus contre un ogre fascisant.
Pourquoi messieurs Chirac et Jospin ne s’émeuvent pas publiquement de cette ignominie?
Les petites phrases qu’ils s’envoient à fleuret moucheté sur la politique économique de l’un et sur la tactique électorale de l’autre sont ridicules.
C’est une autre forme de cohabitation qui risque, à force de silence et de manque de moyens juridiques, d’exploser en vol. Celle du peuple avec la démocratie.

mercredi 21 novembre 2007

Genius at work.

Dans les travées du stade de Shangaï où se déroulait la finale du Masters masculin de tennis, un spectateur chinois brandissait une petite pancarte sur laquelle on pouvait lire « Genius at work » (Génie au travail). Ce compliment ne s’adressait pas au futur perdant de la finale, David Ferrer, mais à son « maitre », le génie suisse, Roger Federer.
Les fans de tennis, dont je suis, se sont toujours demandé quel pouvaiet être le meilleur joueur de tous les temps ? Qui de Cochet, Tilden, Emerson, Rosewall, Laver, Connors, Lendl, Borg, Mc Enroe, Agassi, Sampras ou Federer aurait remporté le Grand Chelem du siècle ?
Pas de réponse aisée si ce n’est celle de la lecture des palmarès des grands tournois.
Hier à Séoul, le jeune retraité américain Sampras (toujours devant au nombre de grands chelems remportés), affrontait le suisse Federer dans un match exhibition. Roger a battu Pete. Mais qu’importe puisque les spectateurs ont pu, un instant croire qu’ils assistaient à l’ultime finale opposant deux génies au travail.



Il y a 10 ans
Vendredi, 21 novembre 1997.
Le seizième état membre.

Il existe un Etat qui ne figure sur aucune carte. Un état moins folklorique et moins rigolo que les pays imaginaires des aventures de Tintin. Un état pourtant « riche » de 18 millions d’habitants. Un état dans un mauvais état puisque tous ses habitants n’ont pas de travail. Un état que l’on pourrait croire à l’écart mais dont les frontières touchent tous les pays sans exception.
Cet Etat c’est la Suède, le Portugal et le Luxembourg réunis. C’est l’Ile de France, et les régions Rhône-Alpes et Provence Côte d’Azur au chômage.
Sans compter les futurs demandeurs d’asile économique qui se passeraient bien de l’être: les 50 millions d’européens vivant avec des revenus indécents. Des hommes et des femmes que les américains, qui ont le sens du raccourci, appellent les « working-poor ».
Imaginez ces millions d’exclus convergeant vers Luxembourg ou Bruxelles, pour prendre cette Bastille de l’ultra libéralisme. « Ah ça ira, ça ira, ça ira! Les technocrates à Bruxelles. Ah ça ira, ça ira, ça ira! Les technocrates on les pendra ».
Il est des immeubles de verre plus durs à conquérir que des prisons en pierre de taille.
Il existe également dans cette communauté très asociale, une petite Principauté de quelques hectares aisément délocalisable, regroupant les plus grandes banques, les plus gros industriels, les financiers influents... Cette mini république s’est très bien démerdée puisqu’elle a déjà réussi à faire adopter un certain nombre de mesures utiles à sa prospérité: comme la réduction des déficits des pays pour atteindre ce fameux critère de convergence de 3% si utile à la création d’une monnaie unique.
Mais ne parlez pas à ces habitants de politique commune pour l’emploi, ils vous riront au nez en brandissant leur drapeau libéral en forme de billet vert sur lequel on peut lire: « Chacun pour soi, les profits pour moi ».
Lionel Jospin a tout fait pour que se tienne en ce moment à Luxembourg le premier sommet pour l’emploi en Europe. Très bien, very good, mais vous connaissez mon scepticisme sur les dîners de têtes qui accouchent souvent d’idées molles. Pour réussir à grimper ce sommet, cet Everest qu’est le plein-emploi, il faut les mollets d’un Virenque, d’un Van Impe ou d’un Bahamontès.
Est-ce que tous les ministres concernés se sont bien entraînés? Vont-ils faire la course en équipe? Vont-ils accorder leurs braquets sociaux? Vont-ils avoir la même façon de compter les chômeurs?.. J’en doute.
Mais si cette première réunion peut empêcher un nouveau Vilvorde, ce sera déjà un bel effort.

mardi 20 novembre 2007

C'est la luette finale.

700 000 selon les syndicats. 350 000 selon la police. La bonne règle de la division par deux aurait peut-être fait marrer Georges Marchais dont on « célèbre » en catimini, le dixième anniversaire de sa mort (voir ci-dessous).
Au fond de la gorge des manifestants, la luette, ce petit appendice qui sert à réguler la respiration et la déglutition, ne servira peut-être bientôt plus à rien.
Crier, s’époumoner dans l’air froid d’octobre ou de novembre, à quoi bon puisque les états-majors des deux camps se sont déjà causé et sont déjà sortis de la grève alors que vous aviez juste l’impression d’y entrer.
Avaler les décisions validées par ces mêmes deux camps est donc chose obligatoire, même si le goût reste amer.
La luette était hier un minuscule punching-ball où les revendications rebondissaient quand les mesures avaient du mal à passer. Aujourd’hui, au fond de la bouche, la luette n’est plus qu’une porte de saloon où s’éteint le cri de la rue.


Il y a 10 ans
Jeudi, 20 novembre 1997.
Registre de condoléances.

Jojo le coco est enterré dans son jardin,
Le dernier des dinosaures n’est pas enterré au cimetière des éléphants.
Le guignol de l’info annule ses prochaines représentations.
Fête de l’Huma, une merguez avariée, un mort.
L’homme de la rénovation laisse le parti communiste orphelin.
Bon débarras.
Qui va maintenant nous faire marrer?
Trois fois moins d’électeurs en vingt-deux ans, est-ce une catastrophe ou est-ce que ce sont les meilleurs qui sont restés?
Il n’avait pas fait l’ENA, lui!
Globalement négatif.
Mes amitiés à Staline, Brejnev, Mao et Ceausescu.
Mes amitiés à Aragon.
C’est la lutte finale...

Sur ce cahier des charges et décharges vous pouvez vous aussi rajouter une ligne pour Georges Marchais, mort et enterré ce jour à Champigny (Val de Marne).

lundi 19 novembre 2007

Mort de froid.

Antonio avait pris son repas au Restos du cœur vendredi soir dernier dans les quartiers nord de Marseille. Il faisait parti de ces SDF qui refusent l’accueil dans des centres d’hébergement d’urgence. Armé d’une maigre couverture il n’a pas résisté, la nuit suivante, dans le hall d’un immeuble, à la subite chute des températures.
Horrible rengaine des morts de froid qui vient irriter nos oreilles de « bien au chaud ». Il y a 10 ans le drame était le même (voir ci-dessous). Refuser l’aide d’une société qui vous a d’abord refusé n’est-il pas le seul cri d’effroi que peuvent pousser ces gisants qui hantent les trottoirs entre la vie et la mort.



Il y a 10 ans
Mercredi, 19 novembre 1997.
Un pont d’hor ... reur.

Rolls Royce est à vendre quatre milliards de francs.
Un tableau de Van Gogh vendu 39 millions de dollars à un assureur japonais est peut-être un faux.
Le krach boursier de Hongkong a coûté plusieurs milliards de dollars.
Le trou du Crédit Lyonnais.
Le prix du déploiement militaire des américains dans le golfe.
La fortune de Bill Gates ...
... et sous un pont de Paris, mourra demain un SDF.
Parce que le froid arrive.
Parce que les couvertures vont manquer.
Parce qu’il faudra encore mendier à la RATP le fait d’ouvrir les stations pendant la nuit.
Parce que s’apitoyer pendant les frimas est de bon ton et que ça fait de l’audience.
Parce qu’en parler pendant quelques semaines pour résoudre des problèmes d’urgence, ça fait dynamique, positif et citoyen.
Mais l’urgence elle est là, tous les jours, un 14 juillet comme un 25 décembre, que l’on crève de chaud ou que l’on crève de froid.
L’oubli des familles, des passants, de vous, de moi fera plus sûrement crever demain, Hortense, Eric, Laurence, Francis, Monique, Olivier, Martine, Christophe ou Christine sous un pont, sur un banc, dans le caniveau d’une rue qui ressemble de plus en plus à celle dans laquelle on passe chaque jour en oubliant de baisser les yeux.

dimanche 18 novembre 2007

Cueillir une Daphné.

Le 2 juin je vous conseillais d’aller vous procurer chez votre disquaire le plus proche le dernier disque de Daphné. Voici ce que j’avais gribouillé : « Daphné une compositrice interprète, à la voix oscillant entre Barbara et Kate Bush. C’est dire le trip. Des mélodies proches des anges. Des arrangements sublimes où les cordes ne sont pas seulement vocales. Son album s’intitule « Carmin » comme un petit morceau de cœur arraché par une ensorceleuse. »
J’ai appris aujourd’hui que l’artiste avait obtenu le prix Constantin qui récompense chaque année les artistes français qui ont marqué le paysage musical. Elle succède à Mickey 3D, Cali, Camille et Abd al Malik.
Comme quoi, malgré l’âge, Madame Placard a encore des oreilles en bon état.




Il y a 10 ans
Mardi, 18 novembre 1997.
Papon pourquoi tu tousses?

Si vous avez, comme moi, fait un peu de sport de compétition, vous connaissez l’angoisse qui précède le tout début d’un match. Vous avez envie de pisser toutes les dix secondes et vous avez le cœur au bord des lèvres. C’est ce que les comédiens appellent le trac, sans lequel, peut-être, aucune bonne performance ne serait possible.
Je ne sais pas si Maurice Papon a, autrefois fait du sport ou pris des cours d’art dramatique, mais je ne peux m’empêcher de penser que voyant les fantômes du passé (du vrai) se rapprocher à grands pas, il est pris d’une profonde angoisse chevrotante et purulente.
C’est au moment même où il devait s’expliquer concrètement sur le premier des dix convois de Juifs déportés, partis de Bordeaux pour Drancy puis ensuite Auschwitz, que sa bronchite (plus que chronique) lui fournit encore une excuse pour ne pas répondre.
Je comprends aisément l’écœurement de fils et filles de victimes qui attendent justice depuis plus de cinquante ans.
Malgré les tours de bras et effets de manches de ses avocats, on ne doit pas avoir pitié de ce vieil homme.
Il faut attendre. Et bien attendons jusqu’au 27 novembre, sans relâcher la pression, sans se laisser attendrir par quelque toux bien grasse et un regard fiévreux.Ce n’est pas l’heure de mourir, Monsieur Pap

samedi 17 novembre 2007

Je fais la grève.

Je ferme les yeux. Je me laisse transporter vers ma Bretagne natale. Faire 420 kilomètres en une seconde. Petite marche à travers la lande de bruyères et d’ajoncs. Il fait bleu. 3° au compteur, une faible brise. Soudain la mer apparaît, vert émeraude. L’escalier d’une centaine de marche serpente vers la plage. Ici certains disent la grève.
Marcher, laisser ses pas sur un sable vierge de toute visite. Loin des bouchons et des invectives dans le métro parisien.
Tiens, en s’approchant du rivage un parfum vient me réveiller les narines. Un souvenir anachronique ou bien la réalité du moment ?
Je sors de ma torpeur armoricaine, dans l’âtre de la maison Placard des châtaignes grillent dans la cheminée.
Vive la grève !



Il y a 10 ans
Lundi, 17 novembre 1997.
Blondel en a une toute petite.

Il y a une rue à Paris qui porte son nom et dont les occupantes des deux trottoirs ne sont pas regardantes sur le passant pourvu qu’il paye comptant.
Est-ce par égocentrisme forcené que le leader de FO est allé apprendre les « bonnes » manières dans cette rue où les manifestantes font plutôt dans le pied de grue que dans la marche forcée?
Marc Blondel aura-t-il appris les expressions que l’on prête aux charretiers sur les genoux d’une de ces « piquequettes » de grève?
On peut le croire tant ses propos à l’encontre de Nicole Notat sont inadmissibles.
Le gros dégueulasse s’est, il est vrai, fait piquer il y a quelque temps les présidences de l’assurance maladie et de l’Unédic par la CFDT. Un coup de pied dans les roubignolles qu’il n’a pas encore digéré.
Dans le conflit des routiers, c’est la patronne de la CFDT qui a mis une « branlée » au bras de fer, à l’homme aux idées aussi courtes que son kiki.
Mauvais perdant, Blondel est désormais le petit leader de Force Ordurière, un syndicat qui n’a rien à envier à la goujaterie d’un Le Pen.
« Pas cocu et pas pédé » selon sa formule, peut-être monsieur Blondel, mais gros con sans guillemets, sûrement.
Madame Notat s’en remettra, comme on se remet toutes de ce type d’insultes sexistes sans « fondement ». Mais cette semaine, c’est surtout madame Blondel que je plains. Coucher dans le même lit qu’un mari comme celui-là, ne doit pas être excitant tous les jours.

vendredi 16 novembre 2007

On ne peut plus refaire le monde.

Les belles utopies de nos années 70 se diluent, s’évanouissent dans le froid matin de nos vies de quarantenaires. Le monde est plus encore qu’hier coupé en deux. Les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. C’est assez simpliste je l’avoue mais assez proche de la réalité. Les blocs idéologiques est-ouest de nos années étudiantes avaient formaté nos logiciels de pensée. Les efforts de Jimmy Carter auprès d’Anouar el Sadate et Menahem Begin, les espoirs nés du programme commun, la victoire mitterrandienne de 81, Coluche et sa belle idée venue du cœur, les messages de l’Abbé Pierre, la libération de Nelson Mandela et l’abolition de l’apartheid ... Mais le monde est et sera toujours ce qu’il est. Un truc qui ne tourne par rond. Le repli sur soi et ses petits privilèges semble être le mot d’ordre commun sur tous les continents. Et je ne parle là que des nantis, c'est-à-dire ceux qui vivent avec plus de 10 dollars par jour.
Norman Mailer, prix Pulitzer, décédé le 10 de ce mois écrivit un jour : « L’horreur du XXème siècle tient à la grandeur des événements et à la petitesse de leurs répercussions ».



Il y a 10 ans
Dimanche, 16 novembre 1997.
Business en français du Viêt-Nam, ça se dit comment?

Aujourd’hui s’achève à Hanoï, le sommet sur la Francophonie. Un sommet qui, à mon avis, ne déroge pas à la règle, fut-elle grammaticale.
Notre cher Président V.R.P. a d’ailleurs passé le plus clair de son temps pour faire signer des marchés bénéfiques aux entreprises hexagonales. Je serais curieuse, soit-dit en passant, de savoir en quelle langue se sont menées les tractations commerciales?
Chirac n’aura pas fait le voyage pour rien puisqu’il revient avec une valise de contrats pour un montant total de quatre milliards de francs.
En guise de cerise sur le gâteau, le premier des francophones a fait élire à la tête de la Francophonie monsieur Boutros Boutros-Ghali.
Ce qui veut dire: uno, que la Francophonie peut être considérée à partir d’aujourd’hui comme une instance internationale regroupant quarante neuf pays: deuzio, que cette nouvelle force politique sur l’échiquier mondial ne servira malheureusement pas à grand-chose.
D’une part parce qu’il a fallu forcer la main à certains pays africains qui ne voulaient pas de l’ex-patron de Nations-Unies. En échange de quoi notre président a obtenu ces votes du bout des lèvres? Le saura-t-on un jour?
D’autre part, parce que, même animée de louables intentions, cette Francophonie naissante ne sera que peu de poids face aux conflits qui ensanglantent la planète.
Quand on voit notre incapacité à gérer la crise qui laisse l’Afrique Noire exsangue, on peut singulièrement douter de la force de conviction du père Boutros qui n’a jamais brillé par son efficacité à New-York.
Sans compter que la richesse de notre langue ne nous sera d’aucun secours pour dire « Merde » à des dictateurs qui se réfugieront ad vitam derrière le fameux bouclier de la non ingérence.
Que Bernard Pivot se rassure, sa dictée « francophonissime », sera toujours le sommet de notre belle langue chaque année.

jeudi 15 novembre 2007

Patriiiiiiiiiick !!!!

Décidément, ils ne sont pas faits pour ça. Ou peut-être sommes-nous des exceptions, des contresens, des ovnis de la vie familiale, des bizarreries de la stabilité conjugale.
Quand je dis « ils » je veux parler de ces pauvres people qui n’arrivent pas à rester plus de quelques mois voire quelques années sous le même toit.
Ils nous font fantasmer à défaut de rêver, nous les Madames Placard des salons de coiffure. Et Laurence Ferrari avec Thomas Hugues, les deux beaux gosses du PAF. Pif, c’est fini. Et il n’y a pas très longtemps, Flavie Flament et Benjamin Castaldi en guerre froide après avoir filé le parfait amour sur papier glacé. Et puis Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain et puis ... et puis Patriiiiiiiiiick Bruel. Le gendre idéal. Celui dont la France entière des salles d’attente de cabinet médical attendait l’annonce du mariage. En septembre 2004, c’est fait, à 45 ans le « jeune » homme adulé de toute une génération épouse Amanda Sthers. Ils vont avoir deux enfants. Mais depuis aujourd’hui, si l’on en croit Paris Match, ce n’est plus ça. Patrick est un acteur comblé qui vient de sortir un grand rôle dans « Un secret » de Claude Miller. Amanda est une auteure à succès, romans, théâtre et livres pour la jeunesse. Trop beau, trop parfait ?
Amanda Sthers a écrit deux chansons sur le dernier album de Patriiiiiiiiiick. La première s’intitule « Lettre au père Noël », et l’autre « Je fais semblant ». En 2008, elle va sortir son premier film en tant que réalisatrice. Le titre est pour l’instant « Je vais te manquer ».
Faut-il voir dans ces intitulés une forme d’annonce prémonitoire ?





Il y a 10 ans
Samedi, 15 novembre 1997.
Prix Nobel de la paix.

Des soldats israéliens ont tiré des balles en caoutchouc sur des manifestants palestiniens. La routine dans cette région du monde où depuis la mort de Rabbin, rien n’est fait pour enterrer la hache de guerre.
Une altercation qui n’aurait eu quasiment aucune conséquence si un enfant de sept ans ne s’était trouvé sur la trajectoire d’une des balles.
Ali, le petit Palestinien est tombé dans le coma. Son père n’a pas pu le faire admettre tout de suite dans le meilleur hôpital de Jérusalem Ouest.
« Pas couvert socialement! » lui a-t-on répondu.
Des médecins israéliens ont fini par lui obtenir une place dans cet hôpital où il a, malheureusement, succomber à ses blessures.
Dans sa détresse immense qui aurait pu le rendre aveugle et animé d’un fort esprit de vengeance, le père d’Ali a décidé une chose encore plus immense. Il a fait don des organes de son fils pour sauver un ou plusieurs enfants israéliens.
Un geste bouleversant qui vaut tous les discours et tous les sommets pour la paix dans le monde. Un geste qui l’honore et m’émeut profondément.
S’il n’y avait que moi, je lui décernerais, sans conteste, le prix Nobel de la paix.

mercredi 14 novembre 2007

Otage non relaché.

Dehors est une prison. Les trottoirs sont des geôles. Les quais de gares des couloirs de la mort. Les routes d’accès aux villes ressemblent à ces chemins d’exode de juin 1940. Les vélos sont les seuls limes à ongles vers la liberté. La liberté de travailler. Celle que veulent nous confisquer quelques irréductibles Gaulois de la Société Nationale des Chemins de Fer Français. Ces syndicalistes d’un autre âge qui voudraient nous faire croire que « La bête humaine » est leur quotidien. Alors que celle d’un magasinier qui doit être présent six jours sur sept dans un hypermarché à cinq heures trente du matin est autrement plus pénible.
Aujourd’hui des centaines de milliers d’otages ne sont pas encore relâchés.




Il y a 10 ans
Vendredi, 14 novembre 1997.
«- Pan t’es mort
- Non c’est même pas vrai
».

La scène se passe dans une chambre d’enfant, près de celle occupée le 8 avril par Benyamin et Yasser.
Pour le moment les chambres de Bill et Saddam, nos vilains garnements du jour, sont bien rangées.

Saddam: « - Qu’est-ce t’as, toi? Qu’est-ce t’as? tu m’cherches ou quoi?
Bill: - Arrête Saddam, si tu continues je vais te faire péter un missile méga destructeur sous ton lit où tu planques ton usine d’armes chimiques.
Saddam: - Mais tu débloques Bilou, sous mon lit y’a qu’un garage avec des voitures en réparation.
Bill: - N’essaye pas de me raconter des bobards. J’avais envoyé Batman et un Power-Ranger en reconnaissance et c’est bien un truc chimique que tu caches sous ton pieu.
Saddam: - Fais gaffe Bilou si tu balances une bombe dans cet endroit je vais y mettre toutes mes peluches et tu auras leurs morts sur la conscience. D’ailleurs en passant tu diras bonjour à Batman et à ton Power-Ranger. J’espère qu’ils vont bien depuis que je les ai virés de ma chambre.
Bill: - Tu vas voir, je vais appeler Tony et Jacques et ils vont venir canarder tes méchants.
Saddam: - Alors si tu crois que tu me fais peur avec tes deux gorilles tu peux toujours y aller. D’ailleurs Jacques est bien trop peureux pour me taper dessus. Lui, il voudrait bien un morceau de mes gisements de jus d’orange, alors il va se tenir peinard.
Bill: - Mes avions sont, de toute façon, intouchables, alors regarde bien une dernière fois ta chambre parce que tout à l’heure tu ne vas plus la reconnaître et tu te feras gronder par Mamie Madeleine.
Saddam: - Ah! ah! ah! si tu penses que Mamie Madeleine me fait peur alors tu te goures mon Bilou. Si tu pointes le bout du nez de ton avion, je l’écrabouille en moins de deux.
Bill: - Me le répète pas deux fois parce que ça va partir plus vite que tu ne le crois.
Saddam: - Vas-y, t’es pas cap!
Bill: - Ah tu crois ça?
Saddam: - J’ai même pas peur, c’est pour dire ».

Mamie Madeleine entre dans le couloir qui sépare les deux chambres.

Madeleine: « - Ça va les enfants, vous avez été sages pendant mon absence?
Bill et Saddam (en chœur): - Mais bien sûr Mamie Madeleine, on a joué comme des grands. On a fait semblant de jouer à la guerre.
Madeleine: - J’espère que vous n’avez pas mis la maison tout en désordre?
Bill: - Bien sûr que non Mamie Madeleine.
Saddam: - On a tout rangé.
Madeleine: - Bien les enfants, vous pourrez continuer à jouer demain. Mais surtout promettez-moi de ne pas faire de bruit et de ne pas jeter des boules puantes comme la dernière fois.
Bill et Saddam (complices et faux-culs): - D’accord Mamie Madeleine, bonne nuit Mamie Madeleine ».

La nuit est tombée sur la maisonnée. Pour l’instant pas de drame. Mais qui sait ce que demain nous réserve si Bilou décide d’attaquer le vrai-faux garage de Saddam.

mardi 13 novembre 2007

Otage.

C’est ce soir à 20 heures que démarre la grève dans les transports. Certaines personnes vont devoir poser un RTT demain car se rendre sur son lieu de travail sera impossible. Demain des gens seront retenus en otage chez eux. Leurs geôliers virtuels seront de quelques cheminots à retraite dorée. La société serait-elle en train de dérailler ?





Il y a 10 ans
Jeudi, 13 novembre 1997.
Le cocasse du siècle.

Dans le Libération du jour, deux entrefilets de choix. Pas du faux bifteck aux hormones de croissance. De la vraie dépêche de dix lignes. Toutes les deux étaient positionnées en haut à droite. L’une page 7 et l’autre page 15.
Page 7 on apprend que Ronald Biggs, le cambrioleur du train postal de Londres en 1963, ne sera pas extradé par la cour suprême du Brésil, pays où il était exilé depuis son joli méfait. Tant mieux, la prescription a du bon. Pour la beauté de son geste passé, cet Arsène Lupin anglais mérite toute mon admiration. Que celle qui n’a jamais rêvé réussir le casse du siècle me jette le premier lingot d’or.
Page 15 c’est d’un autre type de casse dont il s’agit. Au Crédit Lyonnais les milliards se sont évadés non pas par les égouts, dans des fourgons ou dans des wagons mais par des jeux d’écriture. Des jeux de mains expertes de vilains margoulins. Les juges Eva Joly et Jean-Pierre Zanoto sont allés perquisitionner au siège de la banque pour essayer de démêler ce merdier qui va finir par nous coûter des dizaines de milliards. Je rassure tout de suite l’association des anciens énarques. L’Etat français n’a pas encore demandé l’extradition de leurs jolis postes dorés d’un bon nombre d’irresponsables qui se reconnaîtront. Pourtant un voyage vers des cieux moins cléments ferait peut-être du bien à Monsieur Haberer. J’espère que, pour lui, il n’y aura jamais de prescription.
Ne riez pas trop, c’est de votre pognon dont il s’agit comme aurait dit Coluche.
Ceux qui veulent rire peuvent revoir « Le cerveau » où Belmondo, Bourvil et David Niven nous refaisaient le casse de Biggs.

lundi 12 novembre 2007

Catch.

A ma droite, dans son costume de Zorro trop grand pour lui, l’homme qui voyage plus vite que son ombre, l’homme qui réforme à la vitesse de la lumière. Celui qui est prêt à faire le coup de poing avec n’importe quel pêcheur du Finistère sud. L’homme aux multiples combat politique qui dès son plus jeune âge a battu de vieux grognard. L’homme qui veut combattre plus pour gagner plus. J’ai nommé, l’omnipotent, l’omniscient, l’omniprésent : Nicolas – The little bulldog – Saaaaarrrrkooooozzzyyyyyyy !
A ma gauche, avec sa coupe de cheveux façon Stone (tendance Charden, pas Rolling), avec sa faucille et son marteau en bandoulière, celui qui a déjà fait tomber plus d’un ministre, celui qui par un simple poing brandi terrorise les élites et les patrons. L’homme qui sur sa seule force pure peut vous péter une grève qui dure sans vraiment savoir pourquoi. J’ai nommé, le poil à gratter, le casse couille, le fils à pénible, le défenseur des avantages acquis : Bernard – the invincible – Thiiiiiibaaaaauuuuult !
Le combat va commencer, bombant le torse et autre chose dans leur costume de super héros en lycra moule-bite, nos deux catcheurs montrent les dents.
Ne vous inquiétez pas. Dans la coulisse, avant de monter sur le ring, les négociations sont allées bon train. A toi la clé de bras, a moi le coup de la corde à linge. A moi l’atemi directement sur la mâchoire, à toi le coup de l’étranglement.
Personne n’y perdra de dent. Personne ne perdra la face. Chacun jouera les bons vieux rôles de l’Ange Blanc, du Bourreau de Béthune, du Petit Price ou de Ben Chemoul.
Les gogos usagers, dans les tribunes et demain sur les quais, n’y voient goutte. La supercherie dure depuis une certaine réunion rue de Grenelle en 1968.
Mais en ce temps là, les rencontres de catch même arrangées, me faisait rire, surtout celles commentées par Roger Couderc en direct de la salle Wagram.





Il y a 10 ans
Mercredi, 12 novembre 1997.
Inch Allah!

Une journée pour l’Algérie c’est bien. Mais que faire de mieux que cette forte mobilisation pour que cesse ce cauchemar quotidien?
Pas grand chose d’autre malheureusement. Le gouvernement français a donné son accord pour cette journée d’action et se fait bien sûr taper sur les doigts par Zéroual & Co. Motif invoqué: ingérence.
Au journal de 20 heures cette info a fait à tout casser quinze secondes. A quoi ça sert d’aller se cailler les miches dans les rues de Paris pour la bonne cause si les rédactions des JT laissent tomber les défenseurs de la démocratie aussi rapidement?
Ce serait plus facile de maintenir la pression si des millions de téléspectateurs étaient mobilisés chaque jour. Souvenons-nous des otages français du Liban. Pendant cette période le journal de la deuxième chaîne commençait toujours en égrenant le nombre de jours de détention des otages (journalistes eux-mêmes au demeurant).
Il faut que l’on sache pourquoi les massacres continuent, même jusque dans les villes de garnison. Comme si des familles se faisaient égorger à Mourmelon sans que l’armée bouge la plus petite baïonnette.
Le monde est aujourd’hui au bord d’une contradiction abyssale. Les frontières du commerce international s’ouvrent à tout-va quand les portes des droits de l’homme se referment comme des grilles de prison dans ces pays où les cadavres n’empêchent pas les dictateurs commerçants de compter leurs dollars.

dimanche 11 novembre 2007

Oreillettes.

Pas un joueur de football professionnel aujourd’hui qui ne sorte du bus sans un casque sur les oreilles. Musique à donf, rap ou R&B.
Coupés du monde, coupés des autres.
Mon fils m’a fait remarquer que l’équipe de l’Olympique de Marseille était très mal placée dans le championnat de France.
Si c’est le manque de cohérence entre les joueurs qui est en cause alors l’entraîneur devrait confisquer tout cet attirail technologique, leur donner des cartes pour joueur au tarot ou la belote lors de leurs déplacements.
Une bonne vieille partie de manille et c’est la passe décisive assurée.

NB : j’ai appris il y a peu que les directeurs sportifs des équipes cyclistes donnaient leurs ordres aux coureurs via des oreillettes. Certains se plaignent du manque de panache du peloton. S’il l’on veut que les cyclistes deviennent vraiment des abrutis de la tactique dee course alors il faut continuer.





Il y a 10 ans
Mardi, 11 novembre 1997.
11 novembre 1988

Aujourd’hui c’est le jour de la guerre
Des gens morts à la guerre
Qui sont au garde à vous
A quelques pieds sous terre
Depuis bien des hivers.

Ce matin notre lit est un champ de bataille
Austerlitz et Verdun c’était de la bigaille.
Pour tes combats d’amour
Soldat sans attirail
Je te décore de toutes les médailles.

samedi 10 novembre 2007

Femmes au pouvoir.

Y’a comme un parfum de femme dans l’air. J’ouvre une parenthèse (Celles qui n’auraient pas vu le film de Dino Risi avec Vittorio Gassman et Agostina Belli doivent aller derechef se le procurer en DVD). Parenthèse refermée.
En une semaine, hormis Sarkozy sur tous les fronts, j’ai eu le sentiment que certaines femmes prenaient de l’importance.
Cristina Fernández de Kirchner élue présidente de l’Argentine pour le meilleur ou pour le pire.
Michelle Bachelet, socialiste, et présidente du Chili, remise en lumière par l’élection de sa voisine.
Hillary Clinton qui semble tenir la corde pour représenter les Démocrates aux élections présidentielles américaines dans un an pile.
Bénazir Bhutto, revenue chez elle au Pakistan dans un bain de foule et de sang. Elle a décidé de tenir tête à Pervez Musharraf qui vient de décréter l’état d’urgence.
Aung San Suu Kyi, cheffe de l’opposition birmane qui vient, pour la première fois depuis 2004, de rencontrer les membres de la direction de son parti. Elle estime envisageable une réconciliation entre la junte militaire au pouvoir et le peuple.
Et puis chez nous, deux femmes qui développent leur notoriété plus que n’importe quel autre ministre de sexe masculin.
A ma droite, Rachida Dati, qui peine à faire accepter sa réforme de la carte judiciaire. Dans son propre camp, les schizophrènes de l’UMP veulent la réforme mais pas dans leur circonscription.
Et à ma droite, Christine Lagarde qui, au Ministère de l’économie et des finances, tente de suivre le rythme Sarkozy et se faire croire que les heures sup détaxées ça marche.
Et si Rachida, que l’on voit partout, de New-York à Rabat derrière le petit Nicolas, devenait bientôt première dame ?






Il y a 10 ans
Lundi, 10 novembre 1997.
Bal tragique à Colombey: un mort.

C’était il y vingt-sept ans. Hara Kiri ou Charlie Hebdo avait trouvé ce titre pour annoncer la mort du Général de Gaulle. Peu de temps avant, un dancing, où ne se trouvait malheureusement pas Travolta, avait brûlé faisant ainsi la une des gazettes. Les numéros du journal satirique avaient été saisis, prouvant ainsi la grande jovialité de l’entourage du géant à la croix de Lorraine.
Notre Général-Président avait donc fini par casser sa pipe. Certains pensaient que l’ère militaro-paternaliste avait vécu et qu’on pouvait jeter les uniformes aux orties. D’ailleurs, avec le recul, ça ne vous semble pas ahurissant de penser que pendant plus de dix ans nous fûmes gouvernés par un bonhomme (grand?) n’hésitant pas à faire briller ses galons pour toutes les cérémonies officielles? Quels sont les régimes où l’on voit les numéros un parader en uniforme, sinon les dictatures?
Un sondage IFOP est sorti ces jours-ci pour savoir qui était, à l’heure actuelle, la personne la mieux placée pour incarner le gaullisme.
Mitterrand étant mort il y a presque deux ans, c’est Chirac, docteur es-dissolution, qui remporte le pompon. Seguin, président du RPR, n’obtient que 13% des suffrages, contre 35% à son ami Chirac. Ce qui peut vouloir dire deux choses: la première c’est que deux-tiers des Français ne voit pas Jacques en digne successeur de Charles. La deuxième c’est que le gaullisme a vécu et que tout le monde s’en fout.
Dans sa préretraite élyséenne, notre Corrézien président devrait demander aux R.G. de lui fournir un exemplaire de ce numéro d’Hara-Kiri ou de Charlie Hebdo qui devait être si drôle. Les occasions de se fendre la gueule en buvant une bonne bière sont trop rares de nos jours.

Un coup de vieille.

Je vais vous parler d’un temps que les moins de vingt ans...
C’était à la lisière des années 70 et 80. A l’époque où le punk commençait déjà à passer de mode et où la vague du rock était froide. La « cold wave » faisait planer les cœurs mélancoliques. Les sons étaient langoureux, les textes arides et l’ambiance un brin morose. On écoutait The Cure, Joy Division, Sister of Mercy ou Mecano. Au milieu de ces groupes de mecs blafards et suicidaires dansait une fille cheveux pétard et lèvres carmins. Elle s’appelait Siouxie Sioux et, avec son groupe les Banshees, nous emmenait dans sa « Happy house ». Sa voix acidulée mettait un peu de pop dans cette cold wave ambiante.
Je viens de prendre un coup de vieille en revoyant Siouxie ce soir à Taratata. Comme moi elle a changé mais ce qui m’a un peu attristée c’est qu’à vouloir toujours se coiffer et se vêtir comme il y a 25 ans on frise le ridicule.
Elle a quand même gardé la pêche et, chose que j’ignorais, parle très bien notre langue. Pour le fun je ressors son 33 tours « Kaléidoscope » de l’étagère et le pose sur la platine. Juste pour voir si la musique a pris moins de rides que nous.




Il y a 10 ans
Dimanche, 9 novembre 1997.
Pater sous terre.

Six ans, presque jour pour jour après sa mort (9 novembre 1991), le corps d’Yves Montand va être exhumé pour pouvoir pratiquer un test génétique de paternité.
La mère, qui prétend que sa fille est aussi celle du chanteur, va-t-elle chercher sous terre le magot d’un héritage, que l’on dit colossal, ou bien tenter de retrouver un amour passager comme le dernier vol d’une feuille d’automne un 6 novembre?
La fille, qui prétend ressembler à l’acteur, retrouvera-t-elle un père, à jamais disparu?
Tout cela ressemble à une messe noire qui glace le sang. Le Père Lachaise pourrait, là où il est, réciter le « morbidus vomiscum ».

jeudi 8 novembre 2007

Histoire belge.

C’est l’histoire d’un pays qui n’a pas de gouvernement depuis plus de 150 jours.
C’est l’histoire d’hommes politique qui tentent de créer une forme d’apartheid électoral entre Wallons et Flamands.
C’est l’histoire d’un pays qui a traversé des crises morales en série (Affaire Dutroux, corruption politique ...)
C’est l’histoire d’un pays où le Vlaams Belang (Parti politique d'extrême droite nationaliste flamand) gagne en audience élection après élection.
C’est l’histoire d’un pays qui est le siège de la communauté européenne.
C’est une histoire pas drôle.



Il y a 10 ans
Samedi, 8 novembre 1997.
Le baiser de la mort.

Il était une fois de vieux messieurs gros et moches qui s’embrassaient sur la bouche. Il était une fois Elkabbach qui devait la fermer. Il était une fois Lavilliers entre deux saucisses grillées à la fête de l’Huma. Il était une fois un parti politique dont le ridicule et les maladresses pouvaient arriver à nous faire rire comme De Funès dans un virtuel « Gendarme à Moscou ».
Mais la pantalonnade s’est arrêtée après une réunion de famille arrosée du côté de Plouaret. Même après le troisième digestif, pas moyen de faire admettre à deux communistes vaccinés au cru anti bourgeois d’octobre 1917, que l’avion coréen qui s’était écrasé quelques jours avant ce repas, avait été, en fait, abattu par les militaires soviétiques. Toutes les mauvaises excuses étaient bonnes y compris celles, officielles, parues dans l’Humanité. Comme quoi, le nez du Boeing était truffé de caméras pour espionner les bases secrètes d’URSS. Quand ça veut, un communiste ça peut vraiment être très con.
Ça ne s’est pas amélioré le jour où notre Jojo national (guignol avant Canal+) refusa d’admettre qu’il était parti volontairement travailler en Allemagne pendant la guerre.
Mais le « Livre noir du communisme » dont tout le monde parle en ce moment balaie ces querelles dérisoires d’un revers de faux et non pas de faucille. Les auteurs du livre estiment que les différents régimes communistes sur la planète ont tué quatre-vingt-cinq millions de personnes pendant moins d’un siècle. Ex-URSS, Chine, Viêt-Nam, Corée du Nord et j’en passe ont rattrapé le nazisme dans l’horreur. Il n’y a pas d’excuse car ces crimes barbares contre l’humanité ont pris toutes les formes possibles et « inimaginables »: les camps (goulags), les tortures, les massacres de peuples entiers, les famines organisées (comme en Corée du Nord en ce moment même) ...
Les historiens pointilleux du parti de la faucille et du marteau diront qu’Hitler voulait créer une race « supérieure » en éliminant des races soi-disant « inférieures ».
Mais tenter de placer le débat sur cet unique comparaison c’est tricher avec l’histoire et tricher avec ses convictions.
La question que doivent se poser tous les militants convaincus du PC est à mon avis la suivante: comment une pensée politique basée sur le partage et l’égalité a pu aboutir aussi rapidement à une dictature d’une rare cruauté?
Pour des décennies d’aveuglement et de cachotteries honteuses, le Parti Communiste français fera-t-il acte de repentance, comme c’est désormais la mode. Il serait bon de dire quelque chose sans trouver d’excuse en renvoyant dos à dos stalinisme et nazisme.
Car sinon, l’œil de Moscou sera bientôt dans la tombe pour regarder Robert, Georges et les autres camarades.

mercredi 7 novembre 2007

La vie Zingaro.

Hier soir. Fort d’Aubervilliers. Seine Saint-Denis.
Sous le chapiteau tout en bois de Zingaro, la troupe d’hommes, de femmes et de chevaux de Bartabas nous a emmenés en voyage. En selle sur les rêves et la réalité des tziganes.
Bartabas fait, depuis plus de vingt ans, communier les humains et les équidés. En violon et en fanfare, nous avons vu la vie. Un peuple sur les chemins. Un mariage, un enterrement, un dresseur d’ours, des hommes qui parlent fort, des cavalcades, des acrobaties à s’en étourdir de plaisir. Et des moments de grâce. Des colombes brodées sur un voile de mariée porté par des ballons transparents. Deux chevaux blancs qui se frottent le museau sous un puits d’eau dorée.
Et enfin Bartabas lui-même tel un zébulon sorti de sa boite qui vient faire le zigoto en costume zébré sur un âne pour un tour de piste.
Zingaro c’est la vie.





Il y a 10 ans
Vendredi, 7 novembre 1997.
Le porte-plume et l’encrier plein de merde.

ça ne fait plus aucun doute, même si certains pouvaient encore trouver des excuses à Papon, l’ancien secrétaire général de la Préfecture de Gironde est bien antisémite.
Acculé dans les cordes il a laissé parler son cœur. En accusant Yves Jouffa, qui fut enfermé à Drancy, d’être « mieux placé que lui » pour connaître le sort final des juifs, en tant que « gardien de camp », Papon endosse son vrai costume de bête immonde. Quand on sait qu’Yves Jouffa, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme, ne fut qu’un simple prisonnier, il y a de quoi vouloir étrangler ce jeune homme qui avait dans les trente-trois ans à l’époque et qui se croyait tout permis.
Maurice Papon ne se cachera pas longtemps derrière ce révisionnisme à la Faurisson de l’histoire de France.
Maurice Papon ne se cachera pas longtemps derrière cette excuse facile d’avoir été une main, rien qu’une main qui signait des ordres monstrueux sans que la tête ne lui dise non. Une main, qui plus est, téléguidée par Maurice Sabatier.
Entre le porte-plume soi-disant irresponsable et le porte-voix des négationnistes, quel costume choisira Papon pour son Noël?

mardi 6 novembre 2007

Gagner plus encore.

Nicolas Sarkozy est un petit joueur. L’augmentation de son salaire de Président (dont on ne connaît toujours pas le montant exact) est d’un ridicule quand on sait ce que va toucher le futur ex président de Merrill Lynch, une banque américaine pourtant criblée de dette. Son patron, Stan O Neal, avait promis de dépoussiérer cette « grand-mère » de la finance. Résultat : sa gestion hasardeuse et la crise des « subprimes » va couter à la banque huit milliards de dollars. Mais il s’en moque puisque son parachute doré va lui rapporter 159 millions de dollars. Soit 5700 mois de salaire de Sarkozy sur un mandat de 473 ans !
Au Brésil, le mannequin Gisèle Bündchen, ex de Leonardo Di Caprio, a décidé de se faire payer en euros. A 27 ans, l’un des plus beaux tops modèles du monde a le sens des affaires. Jugeant la monnaie américaine d’un vert trop pâle elle a fait libeller ses contrats en monnaie européenne. Pour ainsi rattraper les 30% de dépréciation de ses revenus depuis 2001. Quand on sait qu’elle est sans doute la mieux payée au monde, petit Nicolas a encore du chemin à faire pour gagner plus.





Il y a 10 ans
Jeudi, 6 novembre 1997.
Clo-clone et ses clonettes.

Dans quelques jours va s’ouvrir un débat international sur les limites de la recherche génétique. En gros, pourra-t-on trifouiller jusqu’au tréfonds des ADN pour modifier la nature humaine à la manière d’un Frankenstein ayant lu Mein Kampf?
Bien sûr les bien-pensants finiront par écrire un joli texte mâtiné de bon sens et d’humanité. Mais quelle instance mondiale, aussi respectueuse soit-elle, pourra empêcher quelque Docteur Folamour de l’infiniment petit d’essayer de se prendre pour un Dieu reproducteur à défaut d’être créateur?
Je trouve qu’en ce moment, dans certains secteurs, nous sommes assez bien lotis en matière de clonage.
Quelques groupes rock, pop, rap et autres doivent avoir acheté des guitares et des synthétiseurs de marque Xerox. La musique des groupes phares du moment est, soit répétitive, soit d’un insupportable manque d’imagination. L’inspiration doit faire défaut dans les petits cerveaux des boys-bands et autres Spice girls ainsi que dans bon nombre de groupes de musique techno. Les mix, re-mix et autres tubes faits à partir de tubes eux-mêmes renfermant quelques notes de tubes plus anciens font de esgourdes des pavillons égarés dans une misérable banlieue musicale.
La maladie de l’imitation « clonique » n’épargne pas non plus nos hommes politiques qui, peu ou prou, parlent comme leurs chefs respectifs. Le nec plus ultra de la diction politicienne, de droite comme de gauche, étant de faire des liaisons forcées. Exemple: « ... notamment en matière d’emploi... » se prononce « ... note à ’’menthe’’ en matière d’emploi... ».
L’ENA doit rester le seul et unique laboratoire de clonage humain. Prenez garde n’y inscrivez pas vos enfants.

lundi 5 novembre 2007

Hôtesse de l'air.

Après Madame entre la Lybie et la Bulgarie, Monsieur Sarkozy est venu libérer certaines personnes inculpées par le Tchad dans l’affaire de l’Arche de Zoé (vraie-fausse association humanitaire).
Il a ramené des hôtesses de l’air espagnoles dans leur pays puis des journalistes français hier soir à Villacoublay.
C’est en émissaire coincé par des calculs diplomatiques que Nicolas Sarkozy est venu donner des gages à son homologue Idriss Déby.
La France, avec l’Europe doit déployer des forces au Tchad et en République centrafricaine pour protéger les camps de réfugiés du Darfour.
Déby est pote avec Khadafi qui s’y connaît pour tenir les autres par les c...
Ce n’est donc pas demain la veille que les six autres inculpés (dont le président de l’Arche de Zoé) vont pouvoir voler aux frais de la république française. Laisser faire la justice du Tchad c’est risquer de les voir croupir de long mois en prison. Insister pour les extrader en France c’est se mettre à dos un Président et une population prompte à détester tout ce qui vient de France.
Déby joue sur du velours tandis que Sarkozy à une belle épine dans le pied. Le pire c’est qu’il va falloir qu’il courre avec encore un certain temps.





Il y a 10 ans
Mercredi, 5 novembre 1997.
On l’a dans ... l’os.

Non merci Madame Aubry.
Même si les députés ont voté votre projet de loi sur le financement de la Sécu, les dispositions relatives à la garde d’enfant à domicile ne me satisfont pas du tout.
Non merci pour ces plafonds si « surélevés » qu’un nain sans échasse s’y cognerait le front.
Je ne reviendrai pas sur la querelle qui oppose les « presque riches » aux « pas à plaindre » ou les classes moyennes « moins » aux classes moyennes « plus ».
Madame Aubry, il y avait un contrat, passé entre l’Etat et moi: la promesse de bénéficier, sur une période donnée, d’un certain montant de réduction d’impôts et du paiement des charges sociales par l’AGED.
Madame Aubry, vous avez changé les règles du jeu; et ça, comme je le dis à mes enfants en faisant les gros yeux: « ce n’est pas bien! ».
Je ne peux pas, physiquement, vous taper sur les doigts avec une règle en métal comme au bon vieux temps du collège. Le rôle de la maîtresse austère, je préfère le jouer avec les élèves plus que dissipés du FN.
Parti comme c’est parti, il faudra bien annuler certains projets de dépenses sans oublier les bidouilles sur les fiches de salaire pour s’en sortir sans trop de dégâts.
Dura lex sed lex, d’accord mais il faudra bien finir par la « contourner ».

dimanche 4 novembre 2007

Toile maison.

Presque l’hiver avec sa nouvelle heure. La nuit tombe plus tôt alors à 18H00 c’est cinoche pour toute la famille. Ma « dernière séance » à moi. Programmation choisie pour faire découvrir aux enfants le cinéma, les cinémas. Comédie, drame, suspense, western, aventure, films des années quarante ou films d’aujourd’hui, j’essaie de leur faire comprendre et partager mes coups de cœur en variant les plaisirs. Le cinéma c’est un peu comme la cuisine, il faut goûter à tout.
Aujourd’hui c’est « L’Arnaque » de George Roy Hill avec Robert Redford et Paul Newman. L’hiver dernier je leur avais fait découvrir « Certains l’aiment chaud » de Billy Wilder, « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen, « Big Fish » de Tim Burton, « Itinéraire d’un enfant gâté » de Claude Lelouch, « Le Corniaud » de Gérard Oury, « The Blues Brothers » de John Landis, « Stand by me » de Rob Reiner ou encore « Little miss sunshine » de Jonathan Dayton et Valerie Faris.
On éteint les lumières.
Nous sommes tous les quatre serrés dans le canapé.
Scott Joplin sort son piano et le ragtime de Paul et Robert peut commencer.





Il y a 10 ans
Mardi, 4 novembre 1997.
L’œuf de la colombe.

Il y a deux ans
Benyamin a tué une colombe
Il y a deux ans
Benyamin n’a pourtant pas tenu l’arme du crime
Il y a deux ans
Benyamin n’a rien dit
Quand des voix fielleuses
Demandaient la mort de la colombe
Il y a deux ans
La colombe a pondu un œuf
Un seul
Son dernier
Et depuis deux ans
Benyamin cherche l’œuf pour en faire une omelette
Personne ne lui tape vraiment sur les doigts
Alors l’enfant pas sage
Continue de piller
Ce jardin des oliviers
Pour l’instant l’enfant pas sage
N’a pas trouvé
L’œuf de la paix
Mais le nid frissonne.





Samedi, 3 novembre 2007.
Deuxième vie.

Marcher sur les pas des soldats qui foulèrent les plages et le bocage normand en 1944. Tenter de rattraper l’ombre de cette petite fille qui courait dans les pas de son frère et de ses parents sur ces mêmes lieux il y a trente-cinq ans ou presque.
Passer près des vestiges de la plage d’Arromanches, se recueillir dans ce cimetière américain planté de croix et d’étoiles blanches. Fouler Omaha Beach, y écrire « Thanks » sur le sable bientôt recouvert par la marée montante. Descendre dans les trous d’obus de la Pointe du Hoc. Puis déambuler à La Cambe dans le cimetière allemand planté de croix en pierres de lave. Baisser les yeux sur quelques unes des 21 222 stèles et réaliser que sous nos pieds reposent en majorité des enfants de moins de vingt ans.
De Rhénanie ou d’Ohio, de Basse-Saxe ou de Pennsylvanie, de Brandebourg ou de Californie le sang avait la même couleur. Celle de l’horreur.
A regarder ma fille cheveux aux vents sur les chemins de la mémoire, j’ai pour ainsi dire rattrapé la petite fille de mes souvenirs.



Il y a 10 ans
Lundi, 3 novembre 1997.
Couvre-feu sur la marmite.

Je vous parlais hier de ce troublant sentiment, profondément français (puisque la France est paraît-il profonde) qu’est la peur de manquer. Cette volonté de remplir, frigo, caves, étagères et autres garde-manger avec dix fois trop de bouffe est dans nos gènes. Le français préfère savoir ce qu’il a, pour mieux jeter ce qui reste, plutôt que de gérer son stock en flux tendu comme c’est la mode dans toutes les industries. Thésauriser la nourriture comme on mettait cent balles sur un livret A doit être une démangeaison nationale.
Il fallait voir la tête effarée de ce directeur de supermarché de la région de Marseille devant le rayon des huiles d’olive pillé par quelques estomacs angoissés. Je sais que sur cette côte, on ne lésine pas sur cet ingrédient pour cuisiner, mais d’après l’état du rayon, les habitants vont devoir, jusqu’à la prochaine grève dans un an, « se fader » chaque jour des sardines rissolées et de la ratatouille.
Que feront-ils demain si un mistral mauvais leur amène une guerre du golfe ... du Lyon?
Seraient-ils capables, peuchère, d’arracher les oliviers pour les planquer dans leurs garde-manger?

vendredi 2 novembre 2007

Mémoire vive.

Il faut parfois descendre au fond de la mine de l’Histoire. Se coiffer d’un casque fictif et d’une petite loupiotte à la fois pour se protéger des horreurs et éclairer nos maigres souvenirs d’école.
C’est ce que propose admirablement le Mémorial de Caen.
Une plongée vers les racines de la guerre, celle de 39-45 et celles sui suivirent. Expliquer les mauvaises graines qui font pousser les arbres de la haine. Montrer la montée des fascismes, montrer l’horreur des combats, montrer les solutions finales, les camps, les armes nucléaires ...
Et en pensant aux autres d’hier et d’aujourd’hui morts sous les balles et les bombes, retrouver un peu de paix avec soi-même.
J’espère que mes deux enfants se souviendront.
Pour que leurs enfants et les enfants de leurs enfants gardent la mémoire vive.






Il y a 10 ans
Dimanche, 2 novembre 1997.
Le maire se retire.

Les marées d’équinoxe sont passées depuis belle lurette mais à Epinal, Philippe Seguin, a décidé de laisser sa ville à « mairée » basse.
Il a démissionné le cœur gros de son poste pour jouer le jeu honnête du non cumul des mandats. J’espère que cette judicieuse idée inspirera plus d’un homme politique égoïste.
L’ancien spinalien en chef a pris cette décision car il estime avoir du pain sur la planche en tant que président du RPR.
Afin qu’il puisse faire son boulot du mieux possible, je lui conseille d’arrêter un certain nombre d’activités « bouffeuses » de temps.
- De fumer de gros cigares, avant, pendant et après de gros repas.
- De voir trop souvent Nicolas Sarkozy.
- D’aller assister à des matches de foot au stade à côté de Chirac.
- De lire ou relire les livres d’Henri Amouroux sur la France de Vichy. Ça a dû lui donner de mauvaises idées pour parler de la non responsabilité de la France à cette époque. Pour une fois il aurait mieux valu qu’il en discute avec Chirac avant de l’ouvrir.
Toutefois, il est indéniable que le job de patron du RPR réclame une attention et une disponibilité proche des 48 heures sur 24.
Si toutefois ce cher Philippe a une heure devant lui, mon conseil est de ne pas la passer devant une pompe à essence. Les milliers de Français de Panurge qui sont allés remplir jusqu’à leur dernier Tupperware d’essence, ce week-end me font honte.
A croire qu’une certaine nostalgie du temps des tickets de rationnement a envahi nos concitoyens ravis d’être apeurés par le manque.
Laissons les camionneurs manifester. Ils se sont fait bien entuber l’année dernière par leurs patrons et le gouvernement Juppé qui n’ont pas respecté toutes les clauses du contrat passé.

jeudi 1 novembre 2007

Chemin de croix.

Aujourd’hui je ne suis pas retournée en Bretagne. Pas de pèlerinage dans les cimetières. Pas de crissement du gravier sous les pas. Pas de bise fraiche et de feuilles d’automne de la forêt de L’Hermitage-Lorge sur la tombe de l’arrière grand-mère.
Aujourd’hui nous avons regardé « Il faut sauver le soldat Ryan » le film de Spielberg sur le débarquement de Normandie. Le film commence dans le cimetière américain de Colleville sur mer.
Demain ce sera notre pèlerinage avec les enfants. Leur montrer et leur faire comprendre.
Demain il y aura 9837 croix sur notre chemin.





Il y a 10 ans
Samedi, 1er novembre 1997.
Le bruit du gravier.

Grave ou aigu, en clé de sol ou en clé de fa, la chaussure qui fait crisser le gravier des cimetières produit un son très particulier. Je ne saurais dire s’il est indéfinissable ou difficilement reproductible. Est-ce qu’un Karajan, accompagné du plus bel orchestre du monde, aurait été capable de recréer cette sonorité à la fois lugubre et légère?
L’air froid et le silence donnent à ce cri du gravier une résonance au rythme pesant qui n’a rien à voir avec le pas du jardinier se promenant au bord de ses pelouses sur un chemin pareillement gravillonné.
Cela faisait longtemps que je n’avais effectué le pèlerinage de Toussaint dans les trois cimetières où reposent certains de mes ancêtres. Cette corvée que l’on m’infligeait étant môme, n’a plus, aujourd’hui, la même sonorité.
Un esprit fin a dit un jour que le silence qui suivait une œuvre de Mozart était toujours du Mozart.
Après le dernier pas posé sur le gravier près des tombes, le silence, lui, n’appartient qu’aux morts.