jeudi 31 mai 2007

Le titre qui tue

Plus de nouvelle de Raymond Barre. Le premier ministre de VGE victime d’un malaise cardiaque début avril et transféré au Val de Grâce va-t-il mieux ?
Certaines sources indiquaient début mai un état stationnaire, d’autres un état critique.
Black out depuis un mois. La mini rédaction de Madame Placard est sur les dents. Préparer la nécro et trouver le titre qui tue.
Et puis un ami qui passe par là. L’air de ne pas y toucher et la sentence est définitive.
POINT BARRE.
C’est parfait, c’est lumineux.
Pour meubler on trouvera bien. L’essentiel est d’avoir la Une coco !
Merci Olivier.
Journaliste, c’est vraiment un métier.







Il y a 10 ans
Samedi, 31 mai 1997
La France est ronde comme un ballon ovale.

Le rugby est un jeu merveilleux. Un petit rappel s’impose pour mes consœurs qui n’auraient pas été encore vaccinées aux charmes de cette expression la plus artistique du sport. Le rugby se joue à quinze gaillards contre quinze vaillants ou inversement. Ils ont le droit d’aller de l’avant en se passant le ballon à la main uniquement vers l’arrière. Ils peuvent bien sûr jouer au pied, se plaquer au sol mais sans franchir la ligne mouvante fixée par le ballon (ce que l’on appelle le hors-jeu). Ils forment aussi parfois des mêlées où les huit plus costauds de chaque équipe s’imbriquent les uns dans les autres pour construire ce qui, vue de haut ressemblerait à une tortue à trente deux pattes. Pour clore ce trop bref exposé il faut bien sûr parler du ballon dont la forme à elle seule donne tout le sel de ce combat de chefs. Il est ovale et par conséquent ne rebondit jamais deux fois de la même façon. Ce qui me fait dire que le football n’aura jamais ce parfum supplémentaire d’imprévu qu’a le rugby.
Certains appellent le ballon ovale le paramètre bondissant. Il n’aura jamais porté aussi bien son nom ce soir, à l’heure où va se dérouler d’une part sur le terrain, la finale du Championnat de France, et d’autre part dans la tribune d’honneur un homérique combat de supporters arbitré par Jacques Chirac. A sa gauche Philippe Seguin qui sera peut-être lundi le Premier ministre in-extremis de la droite, et sur sa gauche, Lionel Jospin qui pourrait venir signer un bail de cinq ans de cohabitation pour la gauche en début de semaine prochaine à Matignon. Le ballon du match n’étant pas sponsorisé par BVA, qui sait dans quel camp rebondira la victoire? Mais je vous l’avais dit, rien n’est plus beau que ce sport où des joueurs s’amusent à se passer l’imprévu.


Post-scriptum: C’est Toulouse qui a battu Bourgoin. Le match qui se déroulait pour la dernière fois au Parc des Princes n’était pas très passionnant, mais Jospin, candidat à Cintegabelle en Haute-Garonne est reparti ravi.

mercredi 30 mai 2007

Le président de tous les Français ... riches

Dans la course à l’échalote de mister président il ne faut pas trainer en route. C’est au pas de charge qu’il a investi ses fonctions (Président + Super Premier Ministre + Général de l’UMP). Tout le monde doit chausser les baskets y compris Fillon qui avec ses cannes de serin a vraiment l’air d’en baver.
Toutefois, la foulée présidentielle n’est pas aussi parfaite que cela.
Une analyse poussée faite par un coach professionnel (Renaud Longuèvre, entraineur du champion du monde du 110 mètres haie Ladji Doucouré). Le diagnostic paru dans L’Equipe Magazine du 26 mai est sévère. Dos penché en avant, foulée manquant d’amplitude et de fréquence, mauvaise pose du pied et utilisation anachronique des bras.
Et si l’esbroufe du jogging cachait aussi une esbroufe de savoir faire de plus grande ampleur ?
Les premières « mesures » ou annonces font craindre un marathon épuisant pour les Français les plus démunis.
On peut déjà imaginer les premiers lâchés du peloton.
Ceux à qui on va demander 10€ de franchise pour les consultations ou les médicaments afin de régler le déficit de la Sécu.
Ceux à qui la carte scolaire nouvelle formule va faire rétrograder leur bambins dans des établissements de 2ème ou 3ème catégories.
Ceux qui n’ont pas pu ou ne peuvent pas accéder à la propriété et qui donc ne bénéficieront pas des réductions d’impôts ou abattements sur le revenu imposable.
Pour les défavorisé, Fillon va-t-il nommer un ministre de la voiture balais.






Il y a 10 ans
Vendredi, 30 mai 1997
Pipo et Mario.

Nous sommes sur la place d’un petit village de France. Le soleil s’est couché depuis quelques minutes mais pas les enfants qui tourbillonnent et s’égosillent autour du chapiteau tricolore. Bientôt le cirque va ouvrir ses portes. Cela fait deux ans que cette grande caravane du rire et de l’évasion n’était pas passée dans ce village.
C’est l’heure. Il paraît que les fauves et les éléphants sont impressionnants.
Tout le monde est installé, même la télévision régionale est là avec une caméra. Monsieur Loyal est annoncé à grand coups de trompettes.
La lumière s’éteint puis se rallume, ça commence...
Mais que se passe-t-il? Ce n’est pas le vrai Monsieur Loyal sur la piste de sable, mais deux clowns. L’un est gros à la voix grave, un sourire forcé qui lui sort presque de la bouche. L’autre est plus mince et plus jeune il veut rire mais sa bouche est tordue.
« Ouh!! ouhh!!! » crie le public qui n’a pas son Monsieur Loyal.
Les deux clowns, dont l’un n’est même pas triste disent s’appeler Pipo et Mario. Ils vont expliquer aux grands et aux petits la disparition du présentateur vedette.
« Oh lalalala, les petits zenfants, le Monsieur Loyal a été mangé par les fauves il y quatre jours à l’heure de l’apéritif. »
Pas de rire sous le chapiteau.
« Oh lalalala, Monsieur Loyal a cru qu’il pouvait entrer dans la cage sans se faire manger parce qu’il avait dressé les lions et les lionnes pendant deux ans. Mais aucun des fauves ne l’a reconnu. »
Toujours pas de rire sous le chapiteau, certaines familles très déçues quittent le cirque.
« Oh lalalala ne partez pas les petits et les grands, nous sommes là pour vous faire rigoler et vous proposer un tout nouveau spectacle puisque Monsieur Loyal n’est plus là. Le Directeur du cirque a dit qu’il était d’accord, au moins jusqu’à dimanche prochain. »
Le cirque est maintenant vide à l’exception du caméraman de la télévision qui est bien obligé de rester sinon il va perdre son emploi.
Pipo et Mario sont bien embêtés. Leur spectacle ne fait rire qu’eux-mêmes. Ils essayent d’enlever leur maquillage et leur masque mais ils n’avaient ni maquillage ni masque.
Le lendemain matin sur la place du village ne traîne plus qu’un tract sur lequel est écrit:
« Si les fauves se sont calmés nous repasserons lundi »
Signé le Directeur.
Un enfant propre ramasse le prospectus et le jette dans la poubelle.

mardi 29 mai 2007

Fête comme chez vous.

Aujourd’hui se déroule à Paris et ailleurs, la Fête des voisins. Une initiative partie du 17ème arrondissement de Paris il y a huit ans. L’idée est toute bête. Faire la fête et ne pas se faire la tête. Une journée pour se sourire, s’amuser, boire des canons, danser, papoter, partager, rire à gorge déployée, faire du bruit, se lâcher pour mieux se connaître et aussi s’entraider, s’apprécier. Jeunes, vieux, bobos, bébés, que l’on ait fait la guerre des tranchées ou des branchés, locataires, propriétaires, noctambules ou matinaux, anciens ou nouveaux. Ce soir ni gauche ni droite mais être pour chacun un centre d’intérêt.
Tous ensemble dans un pays de franche amitié, sans animosité en se disant que demain sera un autre jour pour se lever tôt ou faire la grasse matinée, flemmarder et attendre midi pour aller chercher le journal et le pain frais puis se recroiser dans l’escalier et y aller à deux, s’arrêter au bistrot, s’offrir un apéro, s’inviter à nouveau et ... faire exprès d’oublier le pain histoire d’aller ce soir sonner chez le voisin.

PS : tout ça c’est formidable, mais que penser d’une société dans l’obligation d’institutionnaliser la fête et la fraternité ?




Il y a 10 ans
Jeudi, 29 mai 1997
Mi-temps.


J’ai enregistré l’autre jour un film passé sur Canal+ et hier soir je l’ai regardé. Mon mari, lui, n’avait d’yeux que pour la finale de la Coupe d’Europe de foot. Alors je me suis bien calée dans le lit avec de bons gros oreillers douillets et j’ai fait le break. Je ne me souviens plus du titre. C’était une histoire de pirates avec une femme pour héroïne. Les aventures de Geena Davis m’ont transportée pendant deux heures dans un doux cocon d’oisiveté. Ne plus rien penser et se laisser enjôler par la lucarne magique et les beaux yeux de Matthew Modine.
Que c’est bon de glander.

lundi 28 mai 2007

Grimper la pentecôte

Travailler plus pour gagner plus. L’axiome mathématique de Sarkozy prend tout son (contre) sens aujourd’hui lundi 28 mai 2007.

Travailler le jour de Pentecôte sans rien gagner.
Travailler le jour de Pentecôte par solidarité pour les troisièmes et quatrièmes âges.
Travailler le jour de Pentecôte et payer une nounou, une baby-sitter, un centre aéré pour garder les enfants puisque les écoles sont fermées.

En fait travailler plus pour gagner moins.

Alors réglez vite ce cas aberrant de vrai-faux jour férié, monsieur le président.

Aujourd’hui, ne pas travailler pour gagner pareil, telle sera ma devise.
Et si je me posais un petit jour de congé mardi histoire de récupérer de cette folle journée.






Il y a 10 ans
Mercredi, 28 mai 1997
Sujet libre.

Vous devez rédiger un discours que prononcera le Président de la République ce soir à la télé. Pour vous aider voici son dernier texte paru dans certains quotidiens régionaux. Vingt lignes maximum.

« De toute façon Alain c’était un naze. Quand il disait un truc tu bitais rien. Il me portait la poisse, alors je l’ai lourdé. Vas-y au chomdu comme tout le monde et tu comprendras ta douleur. J’suis pas prêt de croire qu’il osera encore se pointer chez mes potes du RPR.
C’est pas une raison pour pas se bouger le cul pour se sortir de la merde. C’est limite sommeil en France. Les mecs et les nanas y se laissent vivre. C’est pas en restant sur ta chiotte à lire des conneries que tu trouveras du boulot. C’est pas compliqué. En gros si tu peux travailler comme tu veux, où tu veux et si tu partage bien ton fric avec tes frères et tes sœurs, ça peut marcher.
Bien sûr il faut aller à l’école même si t’as, de temps en temps, l’impression de te faire chier. Puis il faut des flics aussi, sinon ce serait pas drôle. Et puis surtout, brothers and sisters, il faut que mes potes apprennent à mieux vous causer, à mieux vous expliquer leurs trucs de ministres. Le maximum respect, quoi, c’est bien le minimum qu’on vous doit.
Ne comptez pas sur les socialos pour réussir ce truc là. Au niveau mécanique ils en sont encore à la mob 102. Alors, déconnez pas, allez voter pour sauver la vie de vos enfants (je vous signale que les crânes rasés aux idées chauves sont en embuscade). Comme ça demain, en France et en Europe on s’aimera tous,
Yo! »

Jacky Pilhan (Sevran-93)
(Traduit et corrigé par Madame Placard)




Dimanche, 27 mai 2007
De la terre à la lune.


Le tournoi de tennis de Roland Garros démarre aujourd’hui si la météo a bien voulu se tromper car ça risque de sentir plutôt les bâches et les parapluies que la crème solaire à la Porte d’Auteuil.
La France courre après un champion de la terre battue depuis Yannick Noah en 1983, 25 ans déjà.
Même pas l’âge de Richard Gasquet, le petit prince du Tournoi des Petits As de Tarbes, qui chaque année voit éclore les futurs talents du tennis. A 10 ans, le jeune biterrois avait même fait la Une d’un mensuel de tennis. C’est dire si le garçon a une certaine pression sur les épaules chaque fois qu’il franchit les portes du Temple de l’Ocre, passant devant les statues de Lacoste, Cochet, Borotra et Brugnon, nos fameux mousquetaires d’entre deux guerres.
Du côté des femmes l’attente est moins pesante puisque Mary Pierce s’est imposée en 2000.
Mais qu’il serait beau de voir Amélie Mauresmo gambader jusqu’en finale et soulever le trophée. A l’image de l’élégante Evonne Cawley-Goolagong, australienne d’origine aborigène qui était sur la court la grâce personnifiée. Amélie a déjà deux titres du grand chelem dans sa besace, de quoi la décomplexer à l’instant de fouler le Suzanne Lenglen ou un autre court. Récemment opérée de l’appendicite, elle n’a rien à perdre à se lancer à corps perdu et jouer son vrai jeu, celui qu’elle sait si bien mettre en pratique à Wimbledon. En avançant, toujours en avançant dans le terrain.
Malheureusement, nos deux chevaliers de la raquette devront ferrailler dur contre les ogres et ogresses du circuit. Des « morceaux » comme on dit. Des nadal et Federer coulés dans un métal venu d’ailleurs. Et des Serena Williams, Hénin et Sharapova, affamées, puissantes, bruyantes mais talentueuses.
Décollage de la fusée dans quelques heures. En leur souhaitant de décrocher la lune à la fin de la quinzaine.

PS : Nous sommes peut-être mal lotis, mais après vérification sur internet (http://www.lequipe.fr/), les anglais attendent leur champion depuis un certain Jaroslav Drobny (né à Prague) en 1954 et Virginia Wade en 1977. Côté Australie, la patience a aussi ses limites. Dernier vainqueur chez les hommes, Mark Edmonson en 1976 et Hana Mandlikova (transfuge Tchèque) en 1987.




Il y a 10 ans
Mardi, 27 mai 1997
Soupe impopulaire.

Les discours fonctionnent avec leur temps, celui de Chirac ce soir, a deux ans de retard. Ce qu’il nous sert aujourd’hui est la même soupe qu’en 1995. Ce qui est fort dommage c’est que cette soupe-là, parfumée et tentante à l’époque n’est plus très appétissante ce soir. Et dire que je n’arrête pas de répéter à mon fils que pour grandir il faut manger de la soupe. Cette maigre garbure réchauffée mille fois est en train de nous fabriquer des hommes politiques nains de la pensée.
En ratissant large, très large, en mélangeant allègrement Liberté (lire Libéral) et social, sécurité (lire répression) et fraternité, le Président a mis trop de légumes dans sa soupe. Sans oublier que le maigre morceau de viande qu’il y avait dans la soupière (lire Juppé) il l’a jeté à la poubelle, sans nous annoncer par quelle pièce de choix il allait la remplacer.
Ce n’est pas en nous promettant une nouvelle façon gouvernementale de faire la soupe (sans pour autant nous dire laquelle) qu’il va nous convaincre, nous les crève-la-faim de l’utopie et du rêve, du bien-fondé de sa tambouille.


Post-scriptum 1: Je ne comprends pas la portée de cette phrase extraite de son discours « Mes chers compatriotes, ne cherchons pas ailleurs notre modèle français. » Vise-t-il ces amis ultra-libéraux qui s’extasient devant les modèles anglo-saxons ou vise-t-il les communistes qui importeraient je ne sais quel modèle stalinien poussiéreux sorti d’un sordide goulag? Si quelqu’un a une réponse qu’il m’écrive.

Post-scriptum 2: Juppé out, comme une balle de tennis usagée tout juste bonne au chien. Ce n’est pas que j’appréciais le bonhomme bien au contraire, mais ce qui est frappant c’est les lauriers que lui ont dressés tous ces faux-amis politiques. Des mots d’amour qui sentent la haine, des louanges proches de l’hommage mortuaire. Les cannibales Bayrou, Sarkozy, Madelin, Léotard qui ne rêvent que de s’asseoir à Matignon ont mordu.
Le glas a donc sonné pour le futur maire de Bordeaux (à plein temps s’il ne cumule pas). Comme une prémonition, au JT de 20 heures, un journaliste interviewe Seguin sur la « démission » de Juppé, nous sommes sûrement dans un petit village vosgien et sur la place on entend les cloches de l’église sonner le tocsin.

samedi 26 mai 2007

Spider Sarko.

Roi du box office électoral, le président ne fait pas dans la dentelle. Il continue de tisser une toile grossière mais bigrement efficace dans le monde des media.
Martin Bouygues, propriétaire du groupe TF1, est le parrain du petit dernier des Sarkozy. Le petit Nicolas s’est proclamé « frère » d’Arnaud Lagardère* et ami de trente ans de Vincent Bolloré qui fait dans la communication, les journaux gratuits, les chaines TV ... et accessoirement dans le yacht de luxe pour vacances post électorales.
Comme si tout ça ne suffisait pas, le locataire de l’Elysée en a rajouté plusieurs couches.
Son ex directeur de campagne adjoint, Laurent Solly, a été embauché par Bouygues. Le couac dans l’histoire c’est que la nomination de cet énarque bon teint a été faite par le directeur de la communication de l’Elysée, Franck Louvrier. Malaise chez le bétonneur en seize-neuvième. Ils avaient prévu de lui faire un premier contrat à la holding afin de ne pas rendre ce transfert trop voyant. Pas de chance, le maladroit dircom de l’Elysée a annoncé le 22 mai l’arrivée de Laurent Solly à la direction générale adjointe de TF1.
Catherine Pégard, chef du service politique du magazine Le Point, vient, les urnes encore tièdes, de quitter 24 ans de journalisme pour entrer au sein du cabinet de Nicolas Sarkozy en tant que conseillère. Que dire ? Primo, les lecteurs du Point doivent l’avoir mauvaise de s’être fait bourrer le mou pendant aussi longtemps par, non pas une journaliste, mais une groupie ayant arraché sa première culotte en 1983 quand le petit Napoléon prit la mairie de Neuilly aux barons du RPR. Deuxio, que la consanguinité média-pouvoir est vraiment une maladie bien latine (cf Berlusconi en Italie). Tercio que mon abonnement au point est interrompu sine die.
Nicolas Sarkozy se prend sûrement pour Peter Parker alias Spiderman qui cartonne en ce moment au cinéma avec le 3ème volet de la série. Mais il parait que dans cet opus 3, une part d’ombre envahit le héros qui devra choisir entre pouvoir et devoir, entre violence et compassion et révéler sa véritable personnalité.


*Président du méga groupe media fondé par son père (Paris Match, Télé 7 jours, le JDD, Elle, Europe 1, 20% dans Canal+/TPS ...)






Il y a 10 ans
Lundi,26 mai 1997
Revers.


A l’heure où résonnent les premiers échanges sur la terre battue de Roland- Garros, la droite française se réveille avec une sacrée gueule de bois. Elle est montée au filet en « chaussettes », comme disent les spécialistes, avec l’arrogance du champion qui pense que l’évocation de son seul nom ou de son palmarès suffira à terroriser l’adversaire. Manque de bol ou manque d’entraînement? Le camp d’en face, lui, avait affûté ses boyaux, ses raquettes et ses retours de réplique même s’il aurait souhaité s’entraîner plus de cinq semaines.
C’est donc la gauche qui réussit le passing-shot de revers gagnant de ce premier tour. Le nez dans ses chaussures et les chaussettes sales, la droite est groggy. Le match qu’elle avait organisé sans qu’on lui demande quoi que ce soit, est en train de tourner au vinaigre.
Quel coach va bien pouvoir relancer la machine? Jacques Chirac futur-ex N°1 français? Alain Juppé dont le charisme est inversement proportionnel à la qualité du jeu de jambes de Stephan Edberg, regretté retraité du tennis? Si ce n’est Philippe Seguin qui, en bon vieux crocodile des courts, mise plutôt sur la tactique et l’endurance que sur la technique et la flamboyance.
Toujours est-il que rien n’est joué. La gauche devra se méfier d’un adversaire qui boîte et que l’on croit trop facilement à sa merci. La droite devra se mettre fissa au diapason d’un public qui l’a copieusement sifflée au cours du premier set. Mais est-il possible de réussir en cinq jours ce qu’elle n’a pas pu faire en sept-cent quarante quatre?
La seule ombre au tableau, et elle est de taille, c’est la chaise de l’arbitre qui peut plonger dans les ténèbres le court central de nos espérances. Un arbitre qui plus est peu respectueux des règles et des usages policés de ce moderne jeu de paume politique. Cet arbitre c’est le Front National qui, avec près de 15% des suffrages, va jouer ce rôle dans plusieurs dizaines de circonscriptions.
Ce que l’on peut craindre à l’amorce de ce deuxième set décisif, c’est que la droite, poussée dans ces derniers retranchements, adopte un discours pue-la-sueur sur l’immigration afin de s’attirer les bonnes grâces de cette partie du public noirci à la haine.
Toute médaille, n’est-ce pas Monsieur Chirac, a son revers. Celle de la dissolution risque en tout cas de ressembler à ce jeu de hasard antédiluvien: le pile ou face.

vendredi 25 mai 2007

Niquez votre mère.

Le dessin de Lefred-Thouron en Une du Canard enchaîné est à pisser de rire.
On y voit un élève s’adressant à son prof en lui disant « Niquez votre mère »
Il fait référence à la volonté de Xavier Darcos, ministre de l’Education Nationale d’imposer le vouvoiement des professeurs par les élèves.
C’est selon lui comme cela que s’imposera le respect du corps enseignant.
Encore une façon de flatter dans le sens du poil le bon vieux fond de morale judéo chrétienne ancré dans l’esprit des Français. « Mais c’est vrai Madame Placard, il a raison le ministre, ça leur fera les pieds à cette racaille de devoir respecter leur prof ! ».
Là encore la droite a bien potassé, et bien sondé les peurs, les angoisses et les recettes minutes que nous sommes capables de gober.
Comment font-ils en Angleterre quand le « You » désigne à la fois le « Tu » et le « Vous » ? Les « teachers » d’outre-manche sont-ils moins respectés pour autant ? Et dites-moi, Monsieur le Ministre, à combien estimez-vous le nombre d’élèves ne vouvoyant pas leur professeur ? Pour moi, une infime partie.
Après le coup de la lettre de Guy Môquet qu’il faudrait réciter à chaque rentrée scolaire comme une prière, et bientôt la photo du président affichée dans les écoles, le gouvernement Sarkozy, nous inocule par petites doses le « poison » d’une morale bien éloignée des codes de la laïcité.
Au lieu d’une conjugaison des verbes à la deuxième personne du pluriel, Vous feriez mieux, cher Darcos, de vous pencher sur la rémunération des enseignants.
Le respect passe aussi par un niveau de salaire digne et proportionnel à la mission capitale exercée par nos instituteurs et professeurs. Le langage de l’argent a une grammaire que les enfants ou adolescents irrespectueux ainsi que leurs parents comprendront vite.
Ce métier est noble, et quelques soient les couches de population dont sont issues les enfants, un professeur bien payé est un professeur respecté.

PS Il y a 10 ans pile c’était la fête des mères. Pardon maman pour ce titre irrévérencieux.






Il y a 10 ans
Dimanche, 25 mai 1997
Petite poésie d’auto-satisfaction.
(Y’a pas de raison, c’est le jour ou jamais)


Vive les mamans!

Les mamans poule
Les mamans gâteau
Les mamans cool
Les mamans choco
Les mamans sont toutes belles
Plus belles que les Top-Models
Les mamans rondes
Les mamans minces
Les mamans gronde
Les mamans grince
Les mamans sont si belles
Surtout celles
Qui attendent des enfants
Qui, demain, seront de belles
mamans.

Maman, je t’embrasse très fort.


Post Scriptum: Michel Fuguain chante avec le Trio Esperanza une très belle chanson à la gloire des mères qui commence par « Ô femmes » et qui finit ainsi: « Toi tu es le sel et moi la terre, il nous reste des hommes à faire ».

Photo - maton

Jeudi 24 mai 2007

Mate, mate la toff* du taulier. La photo du maton de la France, du little Kennedy.
On nous avait annoncé la rupture même jusque sur la pellicule pour la photo officielle du Président. Vous savez celle qu’on accroche dans toutes les mairies.
Il y a 12 ans on avait glosé sur le bouton qui brillait sur la veste de Chirac posant dans les jardins de l’Elysée.
Mais là point de nouveauté. La photo sent bon l’encaustique et les vieux papiers. Comme de Gaulle en 58 puis Pompidou et Mitterrand, le nouveau président a choisi la bibliothèque (mais sans le révérant Olive et le chandelier). La pose est raide, un tantinet coincée pour être solennelle. Le regard se voudrait profond mais le bonhomme semble éloigné. La faute à un cadrage et un éclairage qui fait ressortir les drapeaux français et européen. Le Sarkozy fait plutôt Musée Grévin que président vivant. Les bras ballant, il n’y a pas un gramme de dynamisme dans la prise de vue. Tellement loin du feu-follet courant dans le zig et joggant dans le zag.
Là où Chirac respirait le bon air des jardins, souriant, la tête légèrement inclinée comme un bon châtelain devant sa fière demeure, le Nico à l’air désespérément absent, comme écrasé par le poids des ouvrages qui ornent les rayonnages. En 1981, Mitterrand souriait, assis, feuilletant un livre. Pas vraiment terrible mais un peu plus humain.
En fait le vrai novateur quand on regarde les cinq images c’était Giscard. En buste, cadré à gauche devant la bande blanche d’un drapeau tricolore incliné.
Le photographe s’appelle Philippe Warrin de l’Agence SIPA, soit disant un ponte de la photo people. Pour avoir momifié Sarkozy quelques jours après son investiture, le « paparazzi » a raté son cliché.

*Photo en verlan
Lien vers les photos : http://www.lefigaro.fr/election-presidentielle-2007/20070504.WWW000000510_les_cinq_presidents.html





Il y a 10 ans
Samedi, 24 mai 1997
Moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

La femme, et plus précisément la mère, étant l’avenir de l’homme, il est somme toute normal de nous consacrer ces vingt-quatre heures intitulées « Fête des mères ». Cette exclusivité qui sent le macho repenti à plein nez n’est pas si bien respectée que cela.
Un rapide calcul s’impose.
Au départ il y a vingt-quatre heures qui sentent bon les calins, les « je t’aime maman » et les « chérie tu es formidable ».
Enlevons déjà les heures de sommeil et le temps passé dans les toilettes (surtout pour les hommes) et la salle de bain.
Reste treize heures.
Otez, encore une fois pour les hommes, ces grands débiteurs devant l’éternel, le temps passé devant la télé (Grand Prix de Formule 1 + Stade 2 + Film du dimanche soir), ça fait bien cinq heures de moins.
Reste huit heures.
Si vous avez la chance d’avoir un mari cuisinier ou qui a pensé à réserver une table au restaurant, tant mieux. Sinon comptez une heure pour la préparation du repas et rajoutez une heure si « l’inutile » vous fait le coup de la cheville tordue au squash pour éviter la corvée du marché.
Dans le pire des cas reste six heures.
De plus (ou devrais-je dire de moins), si votre époux n’est pas un as de l’échange standard déshabillage-couche-bain-shampooing-couche-rhabillage pour la petite dernière, retranchez une heure.
Reste plus ou moins cinq heures.
C’est une pitoyable aumône pour cette messe matriarcale célébrée une fois l’an.
J’avais donc envisagé de faire au mieux avec ces maigres trois-cents minutes. Emmener toutes mes ouailles au Louvre voir la femme des femmes, Mona Lisa l’imperturbable. Les gardiens du Musée ont choisi précisément ce jour pour se mettre en grève.
En guise de femme des femmes nous nous contenterons donc d’aller voir Marianne. Jacquot 1er le grand distrait corrézien nous a collé le premier tour des élections législatives en plein pendant notre fête des câlins. La preuve s’il en était besoin que l’homme RPR, quoi qu’il dise ou écrive, se fout des femmes. Il n’y a qu’à voir le taux de présence féminine sur leurs listes.
Donc nous sommes partis voter. C’est encore du temps de pris, il faut retrouver les cartes d’électeurs, s’isoler, choisir, voter, et s’intéresser quelque peu aux résultats en début de soirée.
Au bout du bout du compte, vous voyez bien que cette journée a priori idyllique n’est en fait qu’un dimanche comme les autres où vous aurez du mal à trouver quelqu’un qui ait le temps de vous dire « Bonne fête maman ».

mercredi 23 mai 2007

L'homme politique de droite le plus immonde du monde.

Christian Vanneste, c’est son nom, s’est singularisé en fin d’année dernière en étant condamné par le tribunal correctionnel de Lille pour injure homophobe. Selon lui l'homosexualité « est une menace pour la survie de l'humanité» et «elle est inférieure à l'hétérosexualité».
Connu pour avoir rédigé un amendement sur le rôle « positif » de la colonisation, ce député UMP du Nord aurait déjà bien mérité un stage de rattrapage pour points égarés sur son permis de bonne conduite citoyenne et tolérante.
Au lieu de cela, ce monsieur ose se présenter à la députation une nouvelle fois. Cette fois-ci sous l’étiquette CNI-UMP, autant dire UMP puisqu’il bénéficie du soutien de tous les militants et du secrétaire de l’UMP-Nord, Thierry Lazaro.
Le candidat Sarkozy (et à l’époque président de l’UMP) avait promis que le député « ne serait pas réinvesti aux législatives ».
Peau de balle. L’immonde en question était même il y a peu sous les ors de Matignon lorsque Fillon y lança maladroitement la campagne des législatives au lieu de la faire depuis le siège de l’UMP.
Ne venez pas me dire Messieurs Sarkozy et Fillon que le CNI n’est pas l’UMP. Tout le monde a vu que ce string ne pouvait cacher la vérité.
Au fait, est-ce que Monsieur Jean-Luc Roméro, député UMP qui assume son homosexualité, était à Matignon ce 22 mai ?
A l’heure de la tolérance zéro et de l’absence d’amnistie pour les PV, l’hyper actif de l’Elysée ferait mieux tenir ses engagements.






Il y a 10 ans
Vendredi, 23 mai 1997
Noah, putain quel mec!

Vient de sortir en librairie un livre sur Yannick Noah, qu’il avoue, en toute sincérité, ne pas avoir écrit lui-même. Pas le genre de truc « sa vie, son oeuvre ». Seulement quelques conseils sur la façon d’aborder les choses, positiver sa vie, être meilleur chaque jour. Attention ce n’est pas un manuel du parfait businessman-dents-qui-rayent-le-parquet, c’est, d’après ce que j’en ai lu dans la presse, une formidable leçon de vie. Il est vrai que le bougre transforme en or tout ce qu’il touche. Roland-Garros en 1983 quel souvenir. La coupe Davis en 1991 et 1996 c’est un peu lui, même s’il ne tenait plus la raquette. Paris Saint Germain vainqueur d’une Coupe d’Europe l’année dernière c’est encore lui. Sans oublier « Les Enfants de la Terre », l’association caritative créée par sa maman dont il fait la pub dès qu’il le peut (ce soir au Zénith). On m’a dit que les joueuses de tennis françaises le voulaient comme entraîneur pour gagner la Coupe Davis des femmes.
C’est peut-être en musique que cette bête de scène est le moins performant. Mais comme dirait l’autre, « qui ne tente rien n’a rien ».
Quel mec ce « Yann » comme disent ses intimes. Et en plus il est beau. Il dit ce qu’il pense, n’a pas de bide, fume des pêtards de temps en temps, n’est pas chauve et déteste Le Pen. Bon, d’accord, sa femme est canon. Je sais que je n’ai aucune chance, mais comme le redit l’adage, en phase avec la philosophie du bonhomme; « Qui ne tente rien n’a rien ».


Post Scriptum: le livre, écrit par Dominique Bonnot, n’est vraiment pas cher, 95 francs. C’est mieux que d’acheter le dernier torchon du marché de l’édition soi-disant écrit par Daniel Ducruet (ex-mari de Stéphanie de Monaco). Quand un ex-poissonnier fait dans la littérature à l’eau de rose de caniveau du type « je m’excuse mais c’était pas vraiment moi et je t’aime et j’aime mes enfants et c’est la faute à ton père », ça donne presque envie de relire l’intégrale de Barbara Cartland. Au moins la vieille rombière britannique ne se cache pas pour faire de la merde.

mardi 22 mai 2007

Mille sabords.

Tim tam talamtam. Bonjour, il est sept heures et demie, vous êtes sur RTL, le journal vous est présenté par Elizabeth Martichoux : « Hergé, le père de Tintin aurait eu cent ans aujourd’hui ... » Et voilà une journée qui m’emmène sur les rives de l’enfance. Histoire d’oublier un peu les sordides informations du jour.
Aujourd’hui notre reporter c’est Tintin.
On commence par un voyage en Syldavie à la recherche du sceptre d’Ottokar. Un royaume de l’Est moins dangereux que la Tchétchénie.
Direction la lune avec Tournesol le génie scientifique à l’image de Pierre-Gilles de Gennes prix Nobel de physique et grand pédagogue disparu hier à 74 ans.
Petit détour par le Moyen-Orient au pays de l’or noir. Presque le Koweit ou l’Irak où des guerres sont déclenchées pour quelques pipelines. Un or noir tristement d’actualité du côté de la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris, où l’on juge actuellement l’affaire du naufrage de l’Erika, ce pétrolier hors d’âge qui s’est brisé en 1999 pour déverser sa saloperie sur les côtes bretonnes. Les plaidoiries sont en cours si j’ai bien lu, mais je crains fort un deuxième mazoutage, juridique cette fois pour mes compatriotes bretons.
On traverse l’Atlantique sur les traces du Temple du soleil, dans un jungle où Ingrid Bétancourt est séquestrée depuis cinq ans.
On reprend le bateau, à la recherche du trésor de Rackham le Rouge, comme ces chercheurs d’épaves américains qui ont découvert il y a quelques jours un galion ras la gueule de pièces d’or et d’argent.
Un détour par Moulinsart où des tests ADN auraient pu être requis sur la pie, voleuse des bijoux de la Castafiore. Cette cantatrice la plus célèbre du monde qui réussit à chanter plus fort que Céline Dion. Ce qui n’est pas une mince affaire quand on entend le dernier disque de la Québécoise, aussi lourd et indigeste qu’un cheese-cake au petit déjeuner à Las Vegas.
On peut continuer ainsi à faire le parallèle entre la carrière du globe-trotter et l’actualité d’aujourd’hui en passant en revue les méchants de chaque épisode. Je vous laisse faire les rapprochements en commençant par Omar Ben Salaad, chef d’un réseau de trafiquant d’opium que l’on retrouve dans « Le crabe au pinces d’or ». Et Rastapopoulos, le Docteur Müller, Boris Jorgen, les frères Loiseau ...
Pour les cent ans d’Hergé je croyais, mille sabords, échapper à la routine des infos quotidiennes. Mais Tintin, reporter au « Petit XXème » est toujours là pour nous ramener des scoops des quatre coins du monde.
En espérant qu’il ne fasse pas comme sa consœur du Point Catherine Pégard qui a rejoint le cabinet Sarkozy au mépris de la plus élémentaire éthique.




Il y a 10 ans
Jeudi, 22 mai 1997
Ni-ni.

Ce matin Jacques Delors était l’invité de France-Inter. Une façon de rappeler que L’Europe est le thème central de cette campagne électorale courte mais soporifique.
En est-on bien sûr? L’Europe c’est juste une excuse de Chirac pour tenter de justifier la dissolution. Si ma mémoire est bonne, l’argument était le suivant: « Si on vote dans un an ce sera en plein merdier de négo sur la monnaie européenne alors n’ajoutons pas un merdier à un autre merdier ».
L’Europe c’est une habile façon de botter en touche pour les uns et les autres. En focalisant les discours sur ce sujet, les hommes politiques ne parlent vraiment ni des problèmes intérieurs (Ecoles, Travail, Qualité de vie...), ni des problèmes internationaux (Crise dans l’ex-Zaïre, paix fragilisée en Israël, élections en Algérie, émergence d’un quatrième pouvoir mondial: la mafia de la drogue...).
A ce niveau de flou artistique, l’adage populaire « Si l’Europe n’existait pas il faudrait l’inventer », tombe pile-poil.
Je suis farouchement européenne, surtout si, très vite, le social et une diplomatie commune forte deviennent les deux piliers de cette communauté.
Alors messieurs, s’il vous plaît, pour l’Europe on verra demain. D’ailleurs entre un Seguin et un Jospin il y a sûrement moyen de s’entendre sur une renégociation des critères des convergences.

lundi 21 mai 2007

L’homme politique de droite le plus bête du monde.

Nom Krasfeld. Prénom Arno. Génétiquement pas au niveau le rejeton. Comme quoi cher monsieur le président, la bêtise n’est pas inscrite forcément dans les chromosomes parentaux.
Je ne vous rappelle pas en détail le CV du garçon. Avocat engagé contre les crimes de guerre, parfois pro, parfois anti palestinien, courageux combattant du FN et depuis quelques années ami rapporteur (pas cafteur) de Nicolas Sarkozy. Dans sa besace de chargé de missions quelques rapports sur les lois mémorielles, la délinquance et dernièrement un rôle plus que trouble il y a presque un an en tant que « médiateur national » concernant les expulsions d’enfants.
Beuk, beurk. Déjà que le mot médiateur national est dérangeant, pourquoi pas médiateur de la république à la place ? Et pour moi un médiateur ne doit pas être attaché à un parti politique.
Enfin, tout ça pour vous dire que ce bon Arno a été parachuté par l’UMP dans la 8ème circonscription de Paris soit le 12ème arrondissement.
A un journaliste lui demandant ce qu’il pensait de cet arrondissement, il répondit sans gêne qu’il n’y avait jamais mis les pieds. Le lendemain, après un petit coup de règle sur les doigts (on ne badine pas avec la communication à l’UMP) le malpoli répondit qu’en fait, si, il connaissait bien le 12ème puisqu’il l’avait traversé en courant le marathon de Paris. Deuxième ace comme dirait Nelson Montfort.
Et dans l’édition d’hier du JDD, le roi du parachutage, se vantait des nombreux liens qui l’unissent à ce quartier de Paris. En 1987 il y avait été hospitalisé suite à son passage à tabac par le service d’ordre du FN. Et sûrement promeneur dans l’âme il déclare se rendre souvent au bois de Vincennes.
Parti comme ça il va nous retrouver bientôt au fond d’une poche de jogging un ticket de la foire du Trône.
A la prochaine gaffe, je vous fais signe.
Et comme disait Fernand Naudin (alias Lino Ventura) dans les Tontons Flingueurs : « Les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît ».





Il y a 10 ans
Mercredi, 21 mai 1997
Stop!

Ailleurs il fait noir. Des milliers d’enfants meurent.
Ici ça fout le bourdon. Les infos du jour ont la couleur du sordide.
Un môme de quinze ans a été tué par d’autres ados pour une montre à dix balles. Un père est accusé d’avoir tué sa fille en empoisonnant un flacon d’antibiotique. Il y a aussi Tapie et un énième homme politique mis en examen.
Stop, stop, stop! Ce soir j’éteins tout sauf le sourire de mes enfants. Mes bibounets d’amour que j’aime.

dimanche 20 mai 2007

La gauche la plus bête du monde (2).

La gauche, celle de l’ouverture d’entre les deux tours, a été prise de vitesse par Sarkozy. Kouchner a dit oui à sa participation au premier gouvernement Fillon. Et pas pour un strapontin. Non pour le Quai d’Orsay et la politique internationale de la France.
Dans la famille tondeuse je demande Nicolas. Un maitre jardinier passé expert dans l’art de couper l’herbe sous le pied à ceux pourraient lui faire de l’ombre pour les législatives. Bayrou aux oubliettes et les socialistes devant le cruel dilemme Kouchner. J’élude sciemment le cas Besson, porte flingue offrant ses services au plus offrant.
Bernard le toubib au grand cœur bientôt viré du PS, ça ne fait pas l’ombre d’un doute comme dirait Hitchcock.
Le PS coupeur de tête dans l’urgence amis qui concernant George Frêche et ses propos grossiers et racistes a plutôt été long à la détente. Le 16 février 2006, le président de la région Languedoc-Roussillon traitait les Harkis de sous-hommes. Le 16 novembre rebelote, c’est l’équipe de France de football qui trinque. Trop de blacks dans le onze tricolore selon le gros malpoli. C’est donc avec une vitesse folle qu’a réagi notre bon vieux PS puisque le 27 janvier 2007, soit presque un an après les premières saillies et au nom des deuxièmes proférées fin 2006 que la commission nationale des conflits du parti socialiste a décidé de l’exclusion définitive de George Frêche.
Bernard risque, lui, de subir plus vite les foudres du tribunal révolutionnaire. Attention, nous nous dirigeons vers une vieille gauche de fermeture.
N’ont-ils pas d’autres choses à faire au PS en ce moment que de reconstruire des guillotines en place de Grève ?






Il y a 10 ans
Mardi, 20 mai 1997
Obscène.

Deux français ont été tués aujourd’hui à Kinshasa lors des émeutes qui ont suivi l’entrée des troupes de Kabila dans la capitale zaïroise. Ca a fait l’ouverture de tous les journaux d’infos à la radio. Quand il s’agit des dizaines de milliers de réfugiés Hutus du Rwanda abandonnés par la communauté internationale, ça fait déjà moins de bruit. Médecins Sans Frontière doit se démerder avec les moyens du bord pour sauver des hommes, des femmes et surtout des enfants qui n’ont même plus la force de se nourrir.
Laurent (pas désiré) Kabila et ses guerriers Tutsis ont investi Kinshasa avec la bénédiction des américains, ces gendarmes du monde donneurs de leçon qui feraient mieux de la mettre en veilleuse. Les européens ne sont pas loin de bénir ce nouveau dictateur. L’or du Zaïre (il faut dire aujourd’hui République démocratique du Congo) c’est quand même plus important pour ces messieurs que des bébés qui agonisent. Comme l’or noir du Koweït qui pesait plus lourd que des communautés entières massacrées par des nazillons en ex-Yougoslavie.
Que dire de nos barons politiques qui, ici, ferment soigneusement leur clapet? Que dit monsieur Bayrou, humaniste de façade qui parade mais ne pipe mot sur ce drame? Où est Kouchner, le pétaradant toubib secourant en son temps les Somaliens à coups de sacs de riz?
L’Afrique est noire de sang et cette indifférence des « bien-pensants » est obscène.

samedi 19 mai 2007

Grace Kelly.

Festival de Cannes. Canne à pêche. Pêche à la ligne. Ligne de front. Front populaire. Air du temps. Temps perdu. Perdu de vue. Vue basse. Basse marée. Marée montante. Tentes sur des quais. Quai des brumes. Rhume de hanche. Anchoïade. Y’a d’la joie. Joyeux anniversaire. Serre la louche. Louchébem. Aime la vie. Vie de château. Château Pétrus. Russe blanc. Entourloupe, Houppelande, Lande-Rover, Ver de terre, Terre d’asile, Ile aux moines, One again, Haine de l’autre, Autrement, Mensonge, Songe d’une nuit d’été, Thé amer, mer d’huile, huile de coude, Coup du chapeau, Pot pourri, Rififi, Fille de rue, Rue de Lappe, A-part, Parachute doré, Do-ré-mi, Mika.
En ce moment mes enfants écoutent « Grace Kelly » à donf. C’est une chanson pop acidulée de Mika. C’est beau et ça donne envie d’écrire des bêtises en regardant passer les nuages dans ce ciel bleu.



Il y a 10 ans
Lundi, 19 mai 1997
Kersau et yo, yo et une bouteille de rhum.

Olivier de Kersauson, marin d’eaux troubles du PAF, qui, à force de se faire des ronds (dans l’eau?) en racontant des histoires à la mords-moi-le-noeud, avait fini par nous faire oublier qu’il était un marin, un vrai de vrai. Un dur au mal, un pirate, un tatoué par l’aventure jusqu’au plus profond de son être. 71 jours 14 heures et 8 minutes pour faire le tour du monde, quelle joyeuse façon de dire merde à Jules Verne.
Lui et ses six compagnons sont partis le 8 mars dans une indifférence quasi générale. J’avais bêtement cru à une mauvaise pièce de Bou(le)vard. Il est vrai qu’il nous avait déjà fait le coup du vrai-faux départ, si bien que j’en étais venu à le suspecter de faire de la publicité pour de la viande préemballée plutôt que d’avoir envie de se coltiner les 40èmes rugissants. Auguin, Dubois, Dinelli, Goss, Chabaud, tous les autres, sans oublier Rouff disparu, nous ont tous angoissés cet hiver pour mieux nous faire rêver à l’approche du printemps. Leur course autour du globe était une formidable « régate ». Ils ont couru entre eux et surtout contre eux-mêmes. Olivier de Kersauson a, lui, plutôt couru avec ses six potes, contre la montre. Une montre bien remontée par Peter Blake qui avait mis un peu moins de 75 jours en 1994.
Les mémoires aussi courtes que les histoires débiles d’un Castelli, avaient oublié que deux jours après le néo-zélandais, Olivier de Kersauson avait lui aussi franchi la barre mythique des 80 jours. 71 jours, c’est moins de temps qu’il n’en a fallu à ce nouveau dictateur zaïrois pour chasser l’autre du pays.
L’aventure s’est une fois encore écrite en lettres d’eau après l’exploit de Christophe Auguin. J’aimerais bien Monsieur de Kersauzon que vous nous racontiez encore de belles histoires comme celle-là, qui, après, donnent envie à une maman de raconter la mer et la terre à ses enfants plutôt que de les laisser s’abrutir à 21 heures le samedi soir devant une télé qui sent le renfermé et non pas l’air du large.

vendredi 18 mai 2007

La gauche la plus bête du monde (1)

C’est une amie, beaucoup plus futée que moi, une qui sort dans le beau monde qui me l’a fait remarquer hier. Après avoir eu la droite la plus bête du monde, nous avons aujourd’hui la gauche la plus bête du monde.
Quand je dis gauche, entendons-nous bien, je parle évidemment du parti socialiste et de ses dirigeants, de ses caciques, de ses mammouths, de ses dinosaures, de ses fossiles.
Non contente d’avoir du bout des lèvres apporté leur soutien à Ségolène Royal, messieurs Strauss-Kahn et Fabius, défaits en novembre lors des primaires, ont sorti les grenades et les armes de poing à 20H10 le 6 juin.
Bons vieux machos aigris de s’être fait dominer dans les cœurs et dans les têtes par une femme ces deux bonhommes ont, je crois, dans leur fort intérieur, cru tout au long de la campagne et aussi après l’annonce des résultats qu’ils auraient pu faire mieux. Quelle paire de sots que voilà ! Ils n’ont rien, vraiment rien compris.
Avec ténacité et parfois avec maladresse, Ségolène, a, en un an, fait plus pour les socialistes que ces ex ténors en cinq ans. Démocratie participative (vous verrez, même Sarkozy y viendra), cause des femmes, autorité (même si le coup de l’hymne et du drapeau était « too much »), défense des acquis sociaux sans dogmatisme sur les 35 heures ...
Pendant ce temps, entre 2002 et 2005, le petit Nicolas qui voulait devenir grand a mis tous les moyens de son côté. Les meilleures têtes pensantes de droite pour mettre au point la stratégie de conquête. Réunions multiples avec les cadres pour choisir les angles d’attaque, les thématiques porteuses, les symboles, les mots choc, les attitudes et les postures vendeuses.
Le mix-marketing (tout ce qui fait la réussite d’un produit dans le langage des businessmen) a été parfait.
Depuis hier, le service après-vente a zéro défaut.
Alors Dominique, Laurent, Jack, François et les autres, si vous ne voulez pas prendre la dérouillée du siècle pour les législatives, rangez les flingues et sortez les stylos. Ségolène a commencé à écrire un début d’histoire mais pas la fin.
Sinon ce n’est pas cinq ans fermes que l’on va prendre mais dix.

jeudi 17 mai 2007

Bénédicité.

Maitre des symboles, le tout frais Président est allé hier se recueillir dans le bois de Boulogne là où 25 jeunes résistants furent fusillés peu avant la libération de Paris. Puis il a fait lire par une jeune personne la lettre d’adieu à ses parents de Guy Môquet, fusillé à Chateaubriand à l'âge de 17 ans et demi le 22 octobre 1941.
Jusque là rien à dire sinon « bien joué » pour se mettre les Français de tous bords dans la poche.
Mais deux choses me chiffonnent.
La première c’est cette sempiternelle référence à la Nation. Max Gallo, mitterrandien de la première heure, presque villieriste de l’avant-dernière et sarkozyste de la dernière, prononce plusieurs fois (comme Chirac dans son discours d’adieu) ce mot de « nation », exaltant le patriotisme. Serions-nous en guerre ? Et si oui contre qui ? Des ennemis de l’extérieur, je n’en vois pas. Et ceux de l’intérieur qui pourraient-ils être ? Les fainéants, les « pas Français », les antipatriotes ? Le fumeux ministère de l’immigration et de l’identité nationale n’est pas loin. Le nauséabond se rapproche.
La deuxième c’est l’idée de Sarkozy de faire lire à chaque collégien et lycéen, lors des rentrées scolaires cette lettre de Guy Môquet. Une forme de bénédicité scolaire qui me hérisse le poil. Bien sûr tout le monde va trouver ça formidable. « Vous savez Madame Placard, faire comprendre à ces enfants ce qui s’est passé durant cette période, ça va leur mettre du plomb dans la tête. » Mais tout ça est déjà dans le programme scolaire. La guerre 39-45, la résistance mais aussi les choses moins nobles, moins avouables, la collaboration des Français et de leur état. Mais ça, je crois que le Président n’aime pas trop. Pas de repentance dans les livres d’école.
Hier, la croix de Lorraine, les statues de Clémenceau et de De Gaulle, la tombe du soldat inconnu, un trop plein de symboles. Comme pour nous faire sentir que la « nation », la « patrie » seraient en danger.

Moi j’habite un pays, pas une patrie, pas une nation, j’habite un pays où ce sont les historiens qui font l’histoire, pas les hommes politiques et pas les projets de loi.
Je ne souhaite pas, dans ce pays où l’église et l’état sont séparés depuis 1905, que mes enfants se fassent réciter une prière obligatoire avant de s’asseoir à la table de l’école.





Il y a 10 ans
Samedi, 17 mai 1997
Bâillons (2).

Il y a deux semaines exactement, le samedi 3 mai, avait lieu la journée de la liberté de la presse. Oubli impardonnable. C’est pourquoi je vous demande de respecter cette page de silence à la mémoire des journalistes tués ou bâillonnés chaque jour dans le monde.

mercredi 16 mai 2007

Etat des lieux

Si l'on en croit le partant, les murs de L'Elysée suintent de fierté. La fierté du devoir accompli. Si l'on en croit l'entrant, tout reste à faire. ça promet du boulot pour les décorateurs.
Qui sera le maitre d'oeuvre du chantier?
Sarko l'architecte d'une nouvelle politique avec des ouvriers de tous bords ou Fillon, le contre maitre chargé de la vérification des plannings?
Vers quel République allons-nous? Un machin à la britannique ou un truc à l'américaine? Ou tout bonnement un bidule à la française?
En tout cas les parlementaires souvent bénis oui-oui ou dindons de la farce des précédents septennats et quinquennat risquent encore de regarder longtemps les trains passer sans pouvoir ni monter dedans ni encore moins choisir la direction de la loco.




Il y a 10 ans
Vendredi, 16 mai 1997
Bâillons (1).

Il paraît qu’on s’emmerde, que la campagne électorale nous fait chier (dixit les sondages). Quand je dis « on » c’est bien sûr nous les françaises et les français. Une dissolution annoncée dans l’urgence et donc une campagne pour les législatives réduite à cinq semaines, c’est comme si on vous disait du but en blanc: « Allez chérie je t’emmène au restaurant La Tour d’Argent. On part dans deux minutes... »
Les surprises c’est bien, mais il est des choses dont on préfère se délecter à l’avance, s’y préparer pour qu’elles prennent toutes leurs saveurs et tout leur sens. Je n’irai pas jusqu’à dire que la cuisine électorale nous repasse sans cesse les mêmes plats, mais il faut noter qu’au menu de ces élections, les nouveautés ne sont pas légion. Les 6300 mirlitons qui se présentent dans toutes les circonscriptions ne peuvent pas tous être des Troisgros, des Meneau ou des Sanderens.
Ne parlons pas des vieilles gamelles rances du Front national qui nous ressert à l’envi ses recettes démagogiques proches des c(a)rottes Vichy.
Concentrons-nous sur les deux plats de résistance.
D’un côté la gauche qui, après nous avoir servi de la main droite pendant quelques années, nous propose sa traditionnelle potée-fourre-tout avec une pincée de libéralisme dans le social. Un truc très cuisine au « beur » avec un zeste de verdure et une pincée de choux rouges.
De l’autre, la droite qui ne nous a pas servi ce qu’elle avait inscrit au menu de 1995. Dans de magnifiques plats en argent on veut nous régaler à l’avance d’une nouvelle cuisine inventive mais consistante, nouvelle mais délicieuse. Pourtant, des cuisines, ne filtre aucune odeur. A croire que ce sont des préparations sous vide qui ont servi aux « cuisiniers RPR-UDF ». La pincée de social dans le libéral ne nous chatouille pas le nez. Et sous ces cloches en argent on n’a pas le droit de regarder. Il faut y croire, payer et après seulement vous pouvez déguster (dans les deux sens du terme à mon avis). Quel drôle de restaurant.
Comme il faut, en ce moment, manger pour vivre et non l’inverse, je choisis la potée socialiste. Le risque étant bien sûr, après une overdose de promesses caloriques, de bâiller à s’en décrocher la mâchoire et de somnoler doucement jusqu’au prochain scrutin-repas.

mardi 15 mai 2007

Baille baille.

Fin de cycle après la fin de siècle. Jacques Chirac quitte le sommet, donne les clés de l’Elysée à son fils maudit Sarkozy. Un adieu bien tardif après le combat de trop de 2002 où, adoubé par défaut par 80% des Français, il n’a pas su ouvrir les portes du pouvoir et de ses convictions à d’autres que ceux de son clan politique.
Ce départ ne m’émeut pas du tout. Quarante ans de règne dans les sphères de l’état jusqu’à son Everest pour quel bilan, quel trace, quel résultat ?
Il a voté pour l’abolition de la peine de mort, a décidé que la France ne s’engagerait pas dans la bataille d’Irak au côté de George W Bush et a prononcé un discours capital sur la reconnaissance de la collaboration de l’état français avec l’Allemagne nazie sous l’occupation dans la traque et la déportation des juifs.
Voilà c’est à peu près tout. C’est donc très peu pour autant de temps au pouvoir.
Côté passif, il restera la fameuse fracture sociale, les affaires à la Mairie de Paris et une forme d’inactivisme, comme une peur de l’action véritable.
Alors adieu monsieur le président. Mais avant de partir expliquez-moi comment vous vous êtes débrouillé pour ne pas avoir pu vous payer un pied à terre parisien et être ainsi obligé de mendier l’asile chez une famille de très riches libanais ?
Quarante ans hébergé, nourri, « blanchi » par les deniers publics et pas de plan d’épargne logement ?
C’est une blague sans doute.
Mais est-ce la dernière ?





Il y a 10 ans
Jeudi, 15 mai 1997
Tribulations d’un VRP en Chine.

Mesdames, messieurs, devant vos yeux ébahis et sur ce tréteau improvisé Place Tienanmen, Jacquot le camelot ne va pas vous vendre des aspiros, des tringles à rideaux ou des fraises Haribo mais une lessive anti-droit de l’homme qui efface d’un coup d’un seul les taches faites par messieurs Deng Xiaoping et Li Peng lors du massacre du 4 juin 1989 sur cette même place Tienanmen.
Ici en Chine, le business est devenu roi. L’argent n’aime pas l’odeur des critiques. Dans ce pays qui s’ouvre aussi vite au capitalisme qu’il ferme ses verrous sur les prisonniers politiques, il ne fait pas bon prononcer le mot Démocratie.
Accompagné de patrons non encore inculpés (AXA-UAP, AIR FRANCE, EDF, PARIBAS), d’un autre mal en point (BOUYGUES), Jacquot le camelot va remplir ses carnets de commande. Un seul rigolo manque à l’appel, Serge Dassault qui, à cause de ses démêlés avec la justice belge, ne peut pas décoller de France. Un comble pour ce fabricant de Mirages qui ne s’était pas gêné pour vendre il y a trois ou quatre ans soixante de ses avions à Taïwan, l’ennemi juré.
Chantre de l’Union Européenne quand il est à Paris ou à Brive, Jacquot le camelot n’hésite pas à mettre un mouchoir sur ses convictions quand celles-ci risquent de mettre en péril ses démarches commerciales.
Aujourd’hui qu’il a le pied dans la porte et sachant que les américains et les russes ne sont pas loin derrière, Jacquot le camelot a rayé de sa mémoire la résolution de l’Union Européenne condamnant la Chine à la commission des Droits de l’Homme de l’ONU.
Et dire qu’il se gargarise de l’Europe à discours rebattus, voulant, sans rire, agrandir à l’est cette belle famille communautaire. Les ronds, les thunes, ou les briques, qu’ils se comptent en dollars, euros ou yuans auront malheureusement le dernier mot. Malgré les vraies-fausses intentions des uns et des autres sur la question des Droits de l’homme, sous la forme d’accords globaux et de demandes de mises en liberté des étudiants de 1989, je ne suis pas dupe. Dans l’argumentaire de tout camelot qui se respecte un phrase revient souvent comme un leitmotiv: « Méfiez-vous des imitations ». Je crois que Jacquot ne réussira pas à nous tromper sur la marchandise.
Place Tienanmen, le 4 juin 1989, il n’y avait pas encore de camelots mais des hommes et des femmes qui pensaient que la liberté n’avait pas de prix.

lundi 14 mai 2007

Cécilia.

“Cecilia, you're breaking my heart
You're shaking my confidence daily
Oh, Cecilia, I'm down on my knees
I'm begging you please to come home.”

Paul Simon et Art Garfunkel en 1970, deux ans après Mai 68 cher à Nicolas, avaient tout prévu. Une petite ritournelle qui doit trotter dans la tête du futur président. Madame n’est pas allée voter le 6 mai pour le deuxième tour. Enquête d’un journaliste du JDD. Il a vérifié dans les registres d’émargement conservés à la préfecture de Nanterre que la future (ex ?) première dame de France n’avait pas effectué son devoir civique. Libre à elle en effet. Mais depuis quarante ans on s’était habitué à voir Yvonne, Anémone, Danielle et Bernadette passer dans l’isoloir et immortaliser leur vote devant les photographes.
Ça doit être une forme de rupture dans tous les sens du terme.
Nicolas ira-t-il jusqu’à se mettre à genoux avec guitare et trémolos dans la voix pour lui demander de revenir à la maison?





Il y a 10 ans
Mercredi, 14 mai 1997
Dunk, coast to coast et compagnie.

Des amis m’ont emmenée hier à un match de basket à Villeurbanne, dans la proche banlieue de Lyon. C’était, m’avaient-ils expliqué, un match très important, une finale de play-off.
Le basket est un sport magique. En tout cas j’avais vraiment l’impression d’être sur une autre planète. La salle vibrait, criait, sifflait sans discontinuer et il y régnait une moiteur semblable à celle que devront ressentir les premiers hommes débarquant sur Mars.
Ce sport est passionnant puisqu’il s’y passe quelque chose à chaque instant. Je peux frimer aujourd’hui parce que mes amis m’ont initiée à ce « Sketba » cher à nos kids. Excuser l’emploi d’anglicismes mais ce sport en raffole. Sachez chères consœurs que dunk ça veut dire smash qui lui même est l’action de jeter violemment le ballon de haut en bas dans le panier. Pour se faire il faut soit être très grand, soit disposer d’une détente phénoménale.
Pendant plus d’une heure vous êtes sur les nerfs même si les tactiques de jeu vous passent largement au dessus de la tête:
« Là tu vois c’est une zone suivie d’un match up. » dit mon voisin de gauche.
« Mais si le coach ne fait rien ils vont marquer quelques paniers ligne de fond.» rétorque mon voisin de droite.
Ne me demandez pas d’explications, il me faudrait des heures et faire de jolis dessins. Il n’est pas très grave d’être ignorante de ces notions tactiques pour apprécier le spectacle.
D’ailleurs à côté de cela, le match de football entre le Paris Saint-Germain et Barcelone qui est passé ce soir à la télé était, pour ce que j’en ai vu, beaucoup plus ennuyeux que le match de basket.
C’est un signe car mon mari n’a pas, pour une fois, crié sans retenue devant le poste en frappant le malheureux canapé qui, bien qu’habitué au spectacle du sport à la télé, ne comprend toujours pas les raisons de ces tortures répétitives.
Le plus beau dans cette expérience d’un autre genre qui est d’assister « pour de vrai » à une compétition sportive, ce fut de voir, après la fin du match, des garçons et des filles de toutes tailles et de toutes couleurs s’amuser avec un ballon sur le parquet là où quelques instants avant, leurs idoles réussissaient des dunks.
Un moutard de cinq ans à peine, haut comme trois pommes se met à dribbler avec le ballon. Il fonce vers le panier, fait une passe à une fille à côté de lui et lui dit: « Tu vois j’ai fait comme Pluvy*... »

dimanche 13 mai 2007

Elyséewood.

« ... et le rideau sur l’écran est tombé ». Fin du festival du film de Madame Placard. Revenons aux choses dites sérieuses. Enfermée trois jours dans l’obscurité à revoir de vieux films ça donne une lumière différente sur les événements passés.
En sortant de mon petit palais des festivals, un rappel et un constat.
Sarkozy a gagné et Sarkozy est sûr de lui. Au point de ne pas vouloir faire comme ses prédécesseurs et bâtir un gouvernement de « récompensés pour services rendus » mais de ministres « professionnels ». Sûr également de son bon droit de vacancier de luxe. Et sûr de construire une image de chef de l’état moderne.
Les « spin doctors », ces gourous en communication de l’ex candidat continuent à parfaire leur boulot. Tout est calculé. Regardez comment Sarkozy sort de l’hôtel du Fouquet’s le lundi 7 matin. Pantalon en jean, chemise ouverte et blazer. « Friday wear » comme on dit dans les entreprises pour décrire la tenue d’avant week-end, décontractée mais pas débraillée. Escapade sur un yacht digne d’une star hollywoodienne, un peu à la Tom Cruise. D’ailleurs vous vous souvenez sans doute de la visite du plus célèbre des scientologues en août 2004 au ministère de l’économie et des finances du temps ou Sarko y était le boss. Une rencontre qualifiée d’amicale pour parler cinoche et relation franco-américaine dixit le petit Nicolas. Petit Tom et petit Nicolas sous les flashs des photographes. A qui profitait le « crime ». Aux dirigeants de la secte ravis de se faire une virginité ou au ministre ambitieux déjà soucieux de construire cette image aux antipodes de celle du président de l’époque plus proche du cinéma français d’après-guerre que de « Mission Impossible 3 ».
Flash back de campagne. Nous sommes le 14 janvier 2007, Porte de Versailles, Nicolas Sarkozy va être investi par l’UMP sans primaire, sans débat et sans contestation. Les experts en image du néo candidat ont tout prévu. Pas de tournage autorisé à toute personne extérieure. Les images fournies aux télés sont des images officielles estampillées UMP. Que du beau, la France de Sarko en haute définition et son THX. Même les figurants sont bons puisqu’ils crient et s’enthousiasment pour 80000 (chiffres UMP) alors que le hall où a lieu le show Sarko ne peut pas en contenir plus de la moitié. Pas de colère des média audiovisuels. Ils prennent les images et les passent en boucle sans mentionner leur provenance.
Retour au présent. Nous sommes à Versailles, à La Lanterne, résidence d’état des premiers ministres. Des images « volées », vous savez comme celles de la presse people avec un flouté qui vous fait croire au scoop alors que la star photographiée est consentante. Une caméra plein axe, sortie du domaine. Le grand portail est ouvert. Au loin on distingue le futur président chemise blanche ouverte sur peau bronzée (c’est fou comme on bronze vite à Malte !). Il raccompagne Claude Allègre, ancien ministre socialiste qui pointe du doigt les caméras. Cut. Le plan suivant est digne de la Maison Blanche. Sarkozy sort en short et T-Shirt. Un téléphone à l’oreille. Il fait quelques étirements et part pour son jogging entouré de gardes du corps. On a compris ce qu’on voulait nous faire comprendre. Sarkozy 2007 c’est comme Kennedy 1961. Un président jeune (Kennedy fut investi à 43 ans), un président actif et sportif, bref, un président star. Claude Guéant, ex directeur de campagne et futur secrétaire général de l’Elysée et Henri Guaino, plume du candidat et bientôt conseiller spécial du président méritent l’oscar du meilleur scenario. Une seule ombre au script, l’héroïne, Cécilia, n’en ferait qu’à sa tête. Caprice de star ou vrai malaise entre les deux époux. Elle ne serait même pas allée voter (info interdite de publication au JDD – Groupe Lagardère). Nos deux scénaristes vont nous trouver un joli rebondissement, n’en doutez pas, l’aventure continue.
Attention vous entrez à Elyséewood. La réalité n’est pas toujours celle que vous voyez.





Il y a 10 ans
Mardi, 13 mai 1997
Echec et maths.

Il paraît que l’homme est foutu comme le laisse entendre le titre à la Une de Libération aujourd’hui. Une créature de ce monde (Deep Blue) et mise au point par l’homme (IBM) a fait mieux que l’homme. Garry Kasparov, peut-être le meilleur joueur d’échecs de tous les temps, a échoué dans l’ultime partie.
A la question « L’homme est-il foutu? » je me demanderais plutôt « Qu’est-ce que la machine fait de mieux que l’homme? »
Tout simplement calculer plus vite.
A l’origine étaient les doigts qui, jusqu’à dix, suffisaient amplement; puis vint le boulier chinois qui permettait à son utilisateur d’effectuer très rapidement des calculs très compliqués. Aujourd’hui ce sont les microprocesseurs de Deep Blue qui calculent 200 millions de positions de pièces sur l’échiquier à la seconde.
Très bien, si ça peut demain aider à la recherche fondamentale, à la médecine, à l’amélioration de notre vie quotidienne.
Mais demain, Deep Blue, aussi Deep et aussi Blue qu’elle soit, ne pourra jamais écrire ces quelques lignes rapidement griffonnées sur papier et ensuite saisies sur mon ordinateur ... Apple.
Dans « Fictions », un recueil de nouvelles de Jorge-Luis Borges, une histoire intitulée « La Bibliothèque de Babylone » part du principe qu’il pourrait exister un endroit où se trouveraient toutes les oeuvres ayant été écrites voire même en train d’être écrites.
Dans cette nouvelle, une armée de chercheurs se battent pour mettre la main sur LE manuscrit qui expliquerait TOUT. Le pourquoi du comment de l’homme, de Dieu et des mobylettes bridées.
Un ordinateur, aussi puissant soit-il, ne pourra jamais écrire une oeuvre littéraire digne de ce nom en combinant à l’infini les lettres entre elles. Sinon vous risquez de vous ennuyer ferme en lisant les livres de Deep Hugo ou de Deep Balzac; comme par exemple cette Légende des siècles de l’an 2000 qui commencerait ainsi: « kjhr e§rgh k&jgk z! gfb5bb fg5 pùae ryé’ $``$kjre&ô mv v aka klkOOUNkiar jr25a kkrv akr `%Srku ejhrklk jel ... »
Restons calme et serein, la machine est bête, l’homme est intelligent (sauf quand il adhère au Front National).

samedi 12 mai 2007

Et le placard d’or est attribué à ... « Sunset Boulevard » de Billy Wilder.

« Cinéma is entertainment ».Ce n’est pas moi qui l’ai dit mais Kirk Douglas un soir, il y a un bout de temps lors d’Apostrophes de Bernard Pivot. C’est marrant comme cette phrase est restée gravée dans ma mémoire. Le cinéma est fait pour divertir. Soyons un peu savante: le mot divertir vient du latin divertere qui signifie distraire, amuser, recréer. Le préfixe « re » a son importance. C’est tout l’espace qui sépare la réalité de la fiction.
Le vrai cinéaste me raconte une histoire, je sais qu’il me raconte une histoire mais s’il me la raconte bien, j’oublie que ce n’est qu’une histoire.
Le mauvais cinéaste est celui qui ne réussit pas ce tour de passe-passe. Souvent parce qu’il ne sait tout bonnement pas écrire ni raconter des histoires, ou qu’il a pris de mauvais acteurs pour les jouer ou, pire encore, parce qu’il n’arrive pas à nous faire oublier qu’il y a une caméra quelque part.
Bientôt sera remise la Palme d’Or du 60ème Festival de Cannes. Puisse le jury se souvenir de cette phrase de Kirk Douglas au moment du verdict. Je me suis si souvent ennuyé à regarder ces films palmés comme des pieds. Pour éviter tout endormissement du type de celui causé par exemple par « L’arbre aux sabots », je vous propose mon Placard d’Or des Placards d’Or.
La toute première place est réservée (à jamais) à « Sunset Boulevard » de Billy Wilder.
Film des films. Film sur les films et le cinéma. Film sur le pouvoir d’envoûtement qu’exerce cette industrie sur nos cerveaux d’enfants, « Sunset Boulevard » me file à chaque fois le frisson. Pour avoir le plaisir de cette chair de poule, je me paye une séance au Mac-Mahon (Paris 17ème), à chaque fois qu’il est reprogrammé. Introuvable en cassette vidéo en France, j’ai piraté une vidéo américaine ramenée de New-York par un ami. Je la prête à qui veut succomber au charme vénéneux de Gloria-Norma Swanson-Desmond, ex star du muet, folle et persuadée de réussir un come back d’anthologie. Gloria Swanson y joue, pour ainsi dire, son propre rôle. Son valet est un ancien grand réalisateur des années 20, joué par Erich von Stroheïm qui dirigea dans la réalité Gloria Swanson dans « Quenn Kelly » en 1928. Il ne faudrait pas que j’oublie William Holden en scénariste désespéré prêt à tous les sacrifices.
Si la quadrature du cinéma existe, elle est quelque part dans ce film.
« Sunset Boulevard is entertainment ».

Je demande pardon à genoux à ces vrais cinéastes qui frappaient très fort à la porte des douze places. Pardon à Arthur Penn, Ernst Lubistch, Milos Forman, Gérard Oury, Jean-Pierre Melville, Martin Scorcese, George Cukor, Steven Spielberg, Robert Aldrich, Stanley Kubrick, John Ford, Orson Welles...




Il y a 10 ans
Lundi, 12 mai 1997
Nanard, Lecul, Molière, Seguin et les camionneurs.

Aujourd’hui débute le procès sur les comptes de L’Olympique de Marseille.
A mes compatriotes féminines, je rappelle que l’Olympique de Marseille n’est pas une marque de savon mais un club de football que dirigeait un certain Bernard Tapie. Caisses noires, abus de biens sociaux et vraisemblables tentatives de corruptions, le foot de Nanard est loin du jeu simple dont rêvent les enfants. S’il mérite comme tous les bandits de grand chemin qui l’ont accompagné, de prolonger son séjour derrière les verrous, il y a une chose que je laisserai à jamais au crédit de prince des roublards: celle d’avoir tenu tête à Le Pen comme aucun autre homme politique ne l’avait fait auparavant.

En feuilletant la presse quotidienne régionale, je découvre dans l’édition du 8 mai de L’Aisne Nouvelle, qu’un homme est inculpé d’harcèlement sexuel. Son nom: Bernard Lecul. Faute de goût, acharnement ou problème génétique, la justice tranchera.

Le théâtre français a tellement de mal à vivre qu’il a été décidé d’assurer sa promotion en plein Festival de Cannes. La soirée des Molières aura lieu ce soir. Si Louis XIV avait décidé de déclarer une guerre à chaque première d’une pièce de Molière, ce dernier s’appellerait encore Jean-Baptiste Poquelin.

Petit à petit Seguin fait son nid. Comme Juppé ne veut plus être Premier Ministre (ce n’est pas moi qui le dis, c’est lui qui préfère un bon Bordeaux à une piquette à Matignon), ce faux débonnaire de Seguin sera bien obligé de s’y coller. Il aurait sans doute préféré attendre 2002 date des Jeux Olympiques des présidents. Mais le corrézien en a sûrement décidé autrement, lui qui se voit bien gagner une deuxième médaille d’or d’affilée dans cinq ans.

Pas de quotidien chez mon marchand de journaux ce matin, ça commence à bien faire. Il paraît que cette fois-ci c’est une grève de camionneurs. Quand on n’achète plus le Journal du Dimanche, à cause de ce supplément féminin inutile, plus cher et mal foutu, c’est long trois jours sans presse écrite.

vendredi 11 mai 2007

Placards d’or (suite).

La quatrième place est réservée aux « Enfants du Paradis » de Marcel Carné sur un scénario de Jacques Prévert.
J’ai l’air de radoter mais, comme pour « La nuit du chasseur », ce film a été décortiqué par beaucoup plus de critiques intelligents qu’il n’y avait de députés socialistes dans l’hémicycle pour s’élever contre une loi Sarkozy en première lecture.
Courrez le voir ou le revoir, c’est trois heures de poésie et de bonheur.
Si seulement l’évocation de ce chef d’oeuvre donnait envie à au moins une personne de lire ou relire n’importe quel livre de Prévert, je serais ravie de cet hommage au plus chouette écrivain français de ce siècle.

La troisième place revient à « La vie est belle » de Frank Capra.
Ne pas aimer les films de Frank Capra peut, à mon avis relever de l’enfermement psychiatrique pour haine inguérissable de l’homme. Ces films sont si justes, si beaux, si drôles et si émouvants qu’ils ne laissent normalement pas indifférent. Il y a toujours dans les films de Capra, un personnage en quête d’absolu, un absolu d’amour, de tolérance et d’accomplissement de soi, une recherche de vie réussie sur cette terre. Capra est un philosophe humaniste doublé d’un conteur hors pair. Un mélange d’Hermann Hesse et d’Andersen qui aurait vu tous les films de Chaplin.
Dans « La vie est belle », James Stewart, en tentant de se suicider, va faire la rencontre de son ange gardien. Ce dernier va lui montrer combien sa présence sur terre est indispensable pour ceux qui l’entourent. La scène de fin est si réussie que je pleure à chaque fois.
Cette parabole sur le bien et le mal est un vrai cours d’instruction civique. A côté, « Les ailes du désir » de Wim Wenders ressemblent à un chewing-gum sans goût qu’on aurait mâchouillé pendant des heures.
Tous les films de Capra sont beaux. Voilà c’est tout.

J’ai choisi de donner la deuxième place à « Voyage au bout de l’enfer » de Michael Cimino. C’est un film sur la guerre avec peu d’images de guerre. C’est un film sur l’amitié entre des hommes. Des hommes qui vont à la chasse et qui vont à la guerre. Des hommes qui jouent à mourir au Viêt-Nam et qui reviennent détruits, le cerveau comme passé au napalm. C’est bouleversant comme le mariage du début et l’ultime roulette russe de la fin. Si Besson est l’américain du cinéma européen alors Cimino est l’européen du cinéma américain. Au générique de ce film coup de poing au cœur et au ventre on trouvait: Robert de Niro, John Cazale, John Savage, Christopher Walken et Meryl Streep. Ca dure trois heures et ça les vaut.

Et le Placard d’or est décerné à ...
Rendez-vous demain.





Il y a 10 ans
Dimanche, 11 mai 1997
Temesta.

Insomniaques de tous les pays vous êtes sauvés. Réjouissez-vous, plus de cachets et pilules en tous genres.
Allez dès demain vous acheter un bon gros oreiller en plume d’oie. Finis les angoisses et les petits bruits obsédants de la nuit, désormais votre sommeil sera juste et bon. Ce remède n’est pas un truc de charlatan façon Morphéa de l’Abbé J’m’endors. Il ne s’agit pas non plus de compter les moutons et leurs clones, ni les cons ou les mises en examen des industriels français.
Rendez-vous dans votre vidéothèque préférée et achetez la collection complète des œuvres d’Ingmar Bergman.
Sa filmographie pourra vous permettre de vous endormir de façon différente chaque jour pendant un mois.
J’ai expérimenté cette médecine douce il y a déjà longtemps, quand, à mes retours du pensionnat, je me plantais chaque vendredi devant mon écran de télé pour regarder le ciné-club de Claude-Jean Philippe.
Quand la programmation était Bergmanienne je m’endormais systématiquement pendant la première demi-heure. Mes meilleurs sommeils, je les ai dus au « Septième Sceau », aux « Fraises sauvages » et à « Personna ».
Ma mère venait me réveiller au milieu de la nuit quand la télé pleine de neige éclairait pâlotement le salon.
Certains esprits perfides vous diront qu’une décoction de Rohmer, Téchiné, ou Wenders fera le même effet. Je veux bien les croire. Si aucun de ces cinéastes ne fonctionnent, passez à la drogue dure façon Rivette. Sinon, mais là votre cas est désespéré, relisez ce livre depuis le début sans respirer.

Post-scriptum: Pourquoi le Festival de Cannes honore-t-il ce suédois soporifique d’une Palme des Palmes? S’il ne l’a pas fait par le passé, à la bonne date de fraîcheur des films, c’est qu’il y avait une raison. La peur de voir mourir le bonhomme sans récompense a peut-être poussé ces messieurs bien pensants à sortir de leur manche ce trophée limite posthume.

jeudi 10 mai 2007

Placards d’or (suite).

Pas de Placard des Placards mais une huitième place pour « Le Père Noël est une ordure » de Jean-Marie Poiré avec toute la troupe du Splendid.
Choisi pour des répliques à pisser dans sa culotte, comme un « Tontons flingueurs » des années 80. Choisi aussi pour ses personnages cyniques et une foule de petits détails qui, à la « revoyure » sont encore source de fous rires. Comme par exemple cette scène, où Thérèse vient aider Pierre sur un escabeau pour réparer un fusible. Pierre plaque avec sa main son pantalon au niveau du bas-ventre au moment où Thérèse le frôle, comme s’il voulait faire croire à l’énormité de son engin...

Septième place : « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen et Gene Kelly.
Parce que la comédie musicale m’a toujours fait rêver et qu’il fallait bien se résoudre à choisir entre « Parade de printemps », « Mariage Royal », « Brigadoon », « Tous en scène », « West Side Story », « Cabaret » ou « New-York, New-York ».
Ce film dont l’histoire se passe au moment de l’apparition du cinéma parlant est un bijou d’humour, d’émotion et de trouvailles. La preuve, la publicité s’est allègrement servie dans ces numéros aussi ingénieux les uns que les autres. Je n’oublierai jamais Donald O’Connor qui chantait « Make ‘em laugh » en sautant sur les murs, ni Debbie Reynolds, ni bien sûr Gene Kelly. Aussi athlétique et bondissant que Fred Astaire était divin et précis. Excusez-moi Monsieur Astaire de ne pas vous avoir glissé dans mon palmarès auprès de Ginger Rogers, Cyd Charisse ou Rita Hayworth.

Sixième place : « Blade Runner » de Ridley Scott.
Un film qui pousse à la dithyrambe parce qu’il n’est pas seulement un film de science-fiction très réussi. Sinon « La Guerre des Etoiles » ferait partie du palmarès. C’est d’abord un film humaniste où les Réplicants (Androïdes façonnés à l’image de l’homme par un génie démiurge et démoniaque) ont une âme plus sensible que celle de leur modèle.
C’est aussi un polar et une histoire d’amour, le tout dans un décor fantastique habité par des acteurs, eux-mêmes habités par leurs rôles, comme Harrison Ford, Rutger Hauer, Sean Young ...
A ce jour, et sans avoir eu le temps de voir le « Cinquième élément » de Luc Besson, aucun autre film d’anticipation ne lui arrive à la cheville.

Cinquième place : « La nuit du chasseur » de Charles Laughton.
On a beaucoup écrit sur ce film unique de cet acteur qui ne l’était pas moins. Alors pour en savoir plus n’attendez rien de moi. Allez feuilleter les livres savants dans les librairies spécialisées. Et si vous ne vous procurez pas dans les plus brefs délais le DVD de ce film d’anthologie, je me permettrai de demander à Robert Mitchum, himself, de venir vous botter les fesses.





Il y a 10 ans
Samedi, 10 mai 1997
Dimanche 10 mai 1981, 20 heures.

Bien avant les histoires, les affaires, les révélations ou l’enfant caché, il était une fois un joyeux dimanche du printemps 81.
Je venais d’avoir vingt ans, toutes mes dents et une envie de croquer des rêves et de bouffer Giscard. Faut-il être jeune et innocent pour aimer la politique? Toujours-est-il qu’à 20 heures pile, lorsque le visage de Mitterrand a éclairé la télé, j’ai ressenti une émotion rare. Ma mère pleurait, je n’en étais pas loin. Mon père, dehors, faisait semblant de jardiner. L’affichage progressif de la tête du gagnant était pour lui pire qu’une séance de penalties en finale de la Coupe de France. Sept ans avant, le crâne chauve de Giscard apparaissant sur le petit écran avait laissé la maison dans un état proche de celui d’un plaisancier pris dans une tempête soudaine. Déboussolée, sans espoir.
Mais ce soir du 10 mai 1981, finis les cauchemars.
Le lendemain, de retour à Brest pour les études, nous avions avec quelques camarades, fleuri d’une rose, les tables des salles de classe. Ca n’avait pas plu à tout le monde, mais on s’en foutait royalement, le peuple avait gagné.
Aujourd’hui, ce n’est pas l’heure de faire les comptes et les règlements qui vont avec. Aujourd’hui c’est si bon de se souvenir qu’il y a seize ans, la politique était un mot merveilleux, pas encore gangréné par des abuseurs publics et un Front National jusqu’alors folklorique.
Il sera bien temps de faire le testament critique des années qui suivirent.
Pourquoi pas le 6 janvier 1998.

mercredi 9 mai 2007

Placards d’or.

Trêve. Clap de fin sur la campagne, séance de cinoche pour oublier un instant les excès des uns et les règlements de compte des autres.
Du 16 au 27 mai se déroulera à Cannes le 60ème Festival du film. L’occasion pour Madame Placard de faire son classement.
Voici douze films pour l’éternité. Le choix n’a pas été facile mais vous pouvez toujours y apporter vos coups de cœur et critiquer les miens.

Douzième place : « Les Tontons Flingueurs » de Georges Lautner.
Dialogué par Michel Audiard, ce film devrait se réciter dans les écoles à la place des vers poussiéreux de Ronsard ou Du Bellay. Bernard Blier et Lino Ventura y sont plus que parfaits en preneur et donneur de baffes: « En pleine paix y chante et pis crac, un bourre-pif ». Un hommage au cinéma populaire français trop souvent foulé aux pieds par les critiques, pour être quelques décennies plus tard porté aux nues sous prétexte d’être d’un kitsch follement désopilant. Audiard était un Monsieur, dommage qu’il achetait ses clopes au même rythme qu’un Humphrey Bogart ou qu’un Steve Mac Queen.

Onzième place : « Les Valseuses » de Bertrand Blier. Comme pour les « Tontons flingueurs » l’écriture de Bertrand (digne fils de son père) est dans le ton et dans le temps de son époque. Avec deux jeunes monstres comme Dewaere et Depardieu, sans oublier Jeanne Moreau, Miou-Miou et Isabelle Huppert le casting avait déjà 10 sur 10. Un film culte qui à chaque « revoyure » me fait me poser deux questions: à la fin, la DS dont les pneus crissent dans les virages de montagne va-t-elle se vautrer dans le ravin? Et pourquoi Patrick Dewaere s’est-il fait sauter la tête?

Dixième place : « La mort aux trousses » d’Alfred Hitchcock.
Parce qu’Hitchcock méritait d’avoir une place dans ce palmarès pour tous ces horribles et néanmoins jubilatoires moments qu’il nous a fait passer. Alors j’ai choisi « La mort aux trousses » plutôt que « Les oiseaux », « Psychose » ou « Les enchaînés ». Il y a tout dans ce chef d’œuvre. C’est du suspense aux petits oignons avec Cary Grant à son apogée et Eva Marie Saint qui nous donnent envie de faire l’amour dans un train. Et puis il y a James Mason...

Neuvième place : « Diva » de Jean-Jacques Beineix. Je ne sais plus si c’était son premier film, mais, en tout cas, il avait réalisé le coup parfait. Je me souviens que j’étais allé le voir à Brest dans une petite salle à sa sortie. J’avais lu le roman de Delacorta ce qui me donnait un peu d’avance sur mes camarades qui m’avaient laissé partir en éclaireur. Emballé par le film, j’en fais alors une bonne publicité, manque de bol le film reste très peu de temps à l’affiche. Heureusement (et pour une fois), les Césars réparèrent cette injustice quelques mois après. Le film devint un succès.
Je fus et reste enthousiasmée par le mélange des genres et le choix des acteurs. Polar lyrique qui vous donne envie d’acheter des disques d’opéra et de relire des bouquins de Spilanne, Hammett ou Manchette. Un film qui vous fait aimer les facteurs. Je me souviens de Richard Bohringer qui faisait un puzzle immense et bleu comme une vague et d’un tueur à gages qui n’aimait ni Beethoven ni les parkings. Je me souviens d’appartement-lofts à faire tomber, de reflets dans un enjoliveur, d’un phare au bord de la mer et de Jacques Fabbri qui n’était pour moi que « Schulmeister espion de l’Empereur ».
Mais qu’est devenu l’acteur qui jouait Jules, le facteur mélomane?




Il y a 10 ans
Vendredi, 9 mai 1997
... et les présentateurs du 20 heures s’en foutent (suite).

Le lundi 28 avril, il y a douze jours j’avais déjà poussé un coup de gueule. Rien ne s’est passé. Je vais bientôt pouvoir donner des cours pour apprendre aux autres à savoir pisser dans un violon.
Les réfugiés Hutus du Rwanda meurent toujours par centaines au Zaïre où rien n’est fait pour leur sauvetage. Pendant ce temps là, avec leurs brushings impeccables les présentateurs du 20 heures se demande qui des deux escrocs (l’ancien ou le nouveau) va s’occuper du pays et à combien de kilomètres de Kinshasa se trouvent les troupes de Kabila.
Si les Etats-Unis font semblant de faire régner l’ordre dans cette partie de l’Afrique, ce n’est pas une raison pour délivrer des commentaires aussi réfrigérés que l’attitude du gouvernement français dans cette histoire.
Messieurs les showmen du 20 heures il serait peut-être temps de sortir le grand jeu. Quand aura pour vous sonné l’âge de la retraite et que, les cheveux grisonnants vous vous regarderez dans la glace, j’ose croire que la honte de ne pas avoir bien fait votre métier vous rosira les joues. Sinon; c’est à désespérer de ce que vous appelez le quatrième pouvoir.

mardi 8 mai 2007

Moine.

Retraite, ascèse, profond repli sur soi pour habiter la fonction de chef d’état, tels étaient les mots empruntés aux nefs des églises qu’utilisait le candidat Sarkozy pour expliquer son besoin, s’il était élu, de se retirer un moment du brouhaha médiatique.
Certains le voyaient en robe de bure et sandalette, priant nuit et jour dans une abbaye retirée. Au pain sec et à l’eau. Transcender la fonction. ETRE en majuscule le président valait sans doute un sacrifice. Un véritable isolement lui aurait valu la sympathie de ses partenaires voire de ses adversaires, dans notre société judéo-chrétienne.
Mais point de Saint Nicolas ni de père Sarko à l’horizon.
A l’horizon plutôt un yacht de 60 mètres. A partir de 173 000 euros la location en basse saison pour une semaine !
Bon pour tout dire le chanoine Sarkozy s’est fait invité par son ami Vincent Bolloré (dixit Capital.fr). Le milliardaire breton (fret maritime, media, communication...) a mis à sa disposition son jet privé Falcon 900 EX pour faire Paris-Malte (Au fait ça fait combien le plein d’un jet pour la couche d’ozone ?). Bilan : une petite semaine de nabab pour un homme si proche du peuple et de ses préoccupations. On apprendra bien assez tôt, pour corser l’addition, ce qu’il y a avait dans les assiettes et dans les verres sur le navire et au Fouquet’s.
Symptomatique d’une attitude, d’une posture, l’ermite cinq étoiles nous a bien roulés dans la farine.
Mais rien n’est grave n’est-ce pas ? Pour peu que le monde s’indigne Le nouveau président et ses apôtres nous referont le coup de la diabolisation.
J’allais presque oublier le plus drôle. Le yacht s’appelle « Paloma ». Ça ne vous dit rien ? Si je vous dit « La paloma adieu, adieu c'est toi que j'aime / Ma vie s'en va mais n'aie pas trop de peine / Oh mon amour adieu ! ». Eh oui, Mireille Mathieu, la même que celle vue et entendue place de la Concorde au soir du 6 mai.


A noter pour rire (jaune) que Vincent Bolloré est le beau-frère de Gérard Longuet, sénateur UMP et proche conseiller de Nicolas Sarkozy. Gérard Longuet a été le co-fondateur avec Alain Madelin d’Occident mouvement d’extrême droite pro Algérie française. Gérard Longuet a aussi été impliqué dans plusieurs affaires judiciaires, notamment celle de la construction de sa villa de Saint-Tropez, ainsi que celle de l'affaire des marchés publics d'Ile de France où il sera relaxé contre l'avis du parquet. Et enfin, cerise sur le gâteau, Michel Roussin, ancien ministre de la coopération RPR et à de multiples reprises mis en examen dans le cadre du financement occulte de son parti, est le « Monsieur Afrique » du Groupe Bolloré.






Il y a 10 ans
Jeudi, 8 mai 1997
Y’a plus d’saison Madame Placard.

Je suis descendue deux fois de chez moi aujourd’hui et les quelques personnes que j’ai pu croiser m’ont toutes parlé comme si je m’appelais Sophie Davant.
- « Fait pas chaud aujourd’hui, vous pensez que ça va durer? »
Qu’est-ce que vous voulez que je lui réponde à cette brave dame qui fait la queue avec moi à la boulangerie. Je n’ai pas fait l’ENA des météorologues. Bientôt, pour tenir une discussion avec votre voisin, il vous faudra sortir avec vos cartes météo, avec les cyclones, les antis, la pluie et le beau temps. Mais comme je suis polie, je lui ai répondu:
- « La pluie ça fait du bien aux cultures et pour le blé c’est tant mieux car avec le blé on fait de la farine et avec la farine, du pain. Ca tombe bien non? »
Je n’ai pas eu un gros succès avec ma réponse, même auprès de la boulangère. Autour de moi les gens avaient plutôt envie de se plaindre.
- « Y’a plus d’saison. C’est la canicule en avril et la neige en mai. Moi qui avais rangé tous mes lainages à la cave. Ca nous gâche le week-end prolongé, on ne peut rien prévoir. »
Et bien justement c’est ça qu’est bien. Ne rien prévoir. En ce moment c’est l’overdose de prévisions. Les sondages, les indices, les tendances et les perspectives nous privent d’inconnu, de surprise.
En politique aussi y’a plus d’saison. Regardez ces législatives qui arrivent avec un an d’avance. Souvenez-vous des sondages aussi qui donnaient Balladur gagnant pendant l’hiver 95. Tout faux, au printemps, c’était Jacquot qui croquait le morceau.
Hier il neigeait en Touraine et il y a 52 ans, le jour de la signature de l’armistice il avait neigé sur la France. Comme quoi, un peu de mauvais temps ça peut avoir du bon.

lundi 7 mai 2007

18 Floréal an 1.

Ah ça ira, ça ira, ça ira...
Ça ira mieux demain ...
Pour la suite de la chanson on se retrouve demain.
Là, aujourd'hui pas le temps pour une rengaine ou un refrain.
Plus de voix.
En attendant le temps des cerises. Pour juin 2007 ou mai 2012.




Il y a 10 ans
Mercredi, 7 mai 1997
Faire son cinéma.

C’est aujourd’hui l’ouverture du 50ème Festival de Cannes. L’occasion pour quelques privilégiés d’aller croquer quelques petits fours au Martinez en racontant qu’ils ont causé à Bruce Willis. Je n’y suis pas et n’y serai jamais. Ce n’est ni de la rancoeur, ni de l’amertume mais ce que j’aurais aimé vivre c’est un Festival des années 50, où les stars semblaient accessibles, où le Palais n’était pas un bunker, où le barnum d’aujourd’hui n’avait pas encore monté son chapiteau.
Ma Croisette à moi va de l’immeuble à la gare en passant par le marché où les gloires locales se donnent rendez-vous. Au bistrot les petits fours ont fait place aux sandwiches rillettes et le champagne est remplacé par la Stella Artois pression. Mais ça n’empêche pas le jury des habitués d’avoir des idées bien arrêtées sur le 7ème art. A les écouter, les palmarès, qu’ils s’appellent Oscars, Césars, Lions ou Palmes ne les empêchent pas d’aimer ce qu’ils aiment et d’aller voir ce qu’il ont envie d’aller voir. Dans leur cinémathèque idéale on trouve des films qui feraient bizarre dans le décor pompeux du Festival. Les critiques de cinéma étant nettement plus vieux que ceux qui vont au cinéma, on se trouve devant une forme de fracture, si ce n’est un fossé séparant deux façons de « bien voir le cinoche ».
Mes amis du jury préfèrent qu’on leur parle de Jean Gabin, Bruce Willis, Gérard Depardieu, Silvester Stallone, Steven Spielberg, Christian Clavier, Luc Besson ou Quentin Tarentino plutôt que d’Emmanuelle Béart, Eric Rohmer, Jean-Pierre Léaud, Maurice Pialat, Fanny Ardant, Jacques Doillon ou Arielle Dombasle. Pour faire comme eux, j’ai rassemblé mes souvenirs afin de constituer mon propre palmarès et décerner mes Placards d’Or. Sachant qu’il reste douze jours avant la remise de la Palme d’Or 1997, Je vous livrerai chaque jour mon classemnt. Ces films, je les ai choisis et classés sur deux critères qui ne sont ni culturels, ni techniques. Car choisir c’est trancher, éliminer, ce qui n’est pas une mince affaire si l’on estime à 4000 films à raison de deux à trois films par semaine (rediffusions comprises) le nombre de séances (télé + salles) qui remplissent 30 ans de cinéphilie. Alors je n’ai gardé que les films qui m’ont touchée, émue, transportée ou fait rire en me posant à chaque fois la question: « Est-ce que tu aimerais le revoir là, maintenant? ».

dimanche 6 mai 2007

Peine incompressible.

20H00 et quelques secondes. Sarkozy président de la République. Avec un « p » minuscule et un « r » majuscule. Déception énorme. 47% des votants en prennent pour 5 ans. Le jury populaire a voté. La sentence est de cinq ans fermes. Pas de remise de peine. Une souffrance à vivre jusqu’à la dernière seconde du mandat de l’ex ministre de l’intérieur qui en rêvait dit on depuis sa prime jeunesse.
En 2012, j’aurai vécu 72.5% de ma vie sous l’autorité d’un président de droite.
L’écart est grand. La France est un pays de droite. Ça on le savait. Mais ce qu’on ne soupçonnait pas c’est que la France est un pays de droite dure. Que l’on ne se leurre pas, malgré des slogans rassembleurs, des attitudes d’une rare zénitude, des appels au peuple ouvrier ... Nicolas Sarkozy n’est selon moi ni fraternel, ni humaniste. Ses années place Beauvau en font plutôt un « surgé » monté sur ressorts prêt à sortir la règle en métal et, pour un oui ou pour un non, taper avec une certaine jubilation sur les doigts tendus.
La France de la peur de l’autre a gagné. La peur des resquilleurs, de « l’immigré » pourtant français depuis deux générations, la peur des Turques dans l’Union Européenne, la peur des Rmistes, même la peur des soixante-huitards, invités de dernières minutes dans la campagne par Sarkozy, comme pour remplacer la peur des bolchéviques dans l’inconscient collectif.
Enfin la peur des femmes, la peur d’une femme au pouvoir.
Ce soir la France a freiné devant l’obstacle, la France a freiné devant l’audace, la France a freiné devant une France Présidente.





Il y a 10 ans
Mardi, 6 mai 1997
A chacun son Everest.

Après avoir atteint le sommet de l’Everest en 1990, Christine Janin est la première femme à avoir rallié le pôle Nord sans chien de traîneau. Un exploit qu’elle a réalisé non pas pour sa seule gloire mais pour aider des enfants gravement malades à surmonter leur douleur en leur donnant envie de se dépasser. Cela la place, pour moi, au Panthéon des femmes de France de ce siècle. Entre Marie Curie et Marguerite Yourcenar ou entre Edith Piaf et Sœur Emmanuelle. Personne n’a vraiment parlé de cet exploit faramineux. Je l’ai entendu ce matin à la radio mais pour en savoir plus dans la presse, rien, bernique, que dalle.
Cette nouvelle Reine Christine a dû en baver sur ces kilomètres de paysages d’un autre monde. Mais la joie de retrouver à son arrivée ces enfants qui croyaient en elle dure comme fer lui a sûrement fait oublier ses douleurs.
Notre vie routinière est peuplée de ces petits contretemps qui nous paraissent des montagnes et qui nous gâchent soi-disant la journée. Quand on pense à ce qu’elle a enduré et à ce qu’endurent ces petits cancéreux, on se trouve très conne d’insulter celui ou celle qui ne démarre pas dans la seconde au feu ou de se pourrir la journée pour un collant filé.
J’ai finalement fini par retrouver la trace de l’association de Christine Janin qui organise des randonnées en montagne pour redonner courage et espoir à ces enfants meurtris:
Association « A chacun son Everest » C.C.P. 314 73 52 Grenoble.
Alors donnez pour que ces conquêtes de vie atteignent encore et toujours des sommets.

samedi 5 mai 2007

Des ronds dans l’eau.

Aujourd’hui c’est la trêve. Pas de « propagande » politique dans les media. Une interview de Sarkozy qui ne sera pas dans Le Parisien / Aujourd’hui en France version papier mais sur le site internet du même journal. Où se situe la frontière entre le « print » et le « web » comme disent les pros ? C’est une bonne question (un peu d’autosatisfaction ne fait jamais de mal) surtout quand je rapproche cette interrogation de celle de la publication des sondages sorties des urnes avant 20H00 sur internet.
Le sujet du jour n’a rien à voir. Demain certaines personnes, sûres du résultat n’iront peut-être pas voter et partiront au bord de l’eau taquiner le goujon ou faire des ronds dans l’eau.
En ce moment du côté de Valence en Espagne, onze bateaux régatent entre quelques bouées. Ils se disputent le droit d’affronter le navire suisse « Alinghi » vainqueur il y a quatre ans de l’America’s Cup.
On appelle ces éliminatoires la Coupe Louis Vuitton. C’est dire s’il y a déjà du pognon dans la baie.
Ames sensibles s’abstenir : voici le budget de cette compétition nautique.
Pour l’organisation comptez 232 millions d’euros ; pour les infrastructures financées par la ville de Valence, un « petit » billet de 500M€, et pour chaque Défi (comprenez chaque bateau) la facture s’échelonne ente 15 et 150M€. Les recettes (droits d’inscription, droits TV, sponsoring) avoisineraient les 260M€. Soit un bénéfice de 27 patates pour l’organisation.
Vous aller me dire que depuis quinze ans il y a beaucoup d’argent dans le sport et que cela ne m’a pas beaucoup émue. D’accord une fois. Vous me direz également (si vous êtes spécialiste des joutes nautiques) que l’America’s Cup est la plus vieille compétition sportive de la planète (22 août 1851) et que cela mérite le respect. D’accord deux fois. Mais permettez-moi de vous dire qu’autant le football, la formule 1, le basket US, le tennis ou le golf qui brassent des milliards me donnent parfois à rêver, autant cette bataille navale, circonscrite à un triangle d’eau ne m’apporte pas le moindre frisson, pas la moindre émotion, pas le moindre « lever de fauteuil » intempestif et brutal. J’ai pris le temps hier de regarder une retransmission sur Canal+ Sport. C’est incompréhensible, lent, régenté par des règles que ne peuvent comprendre que les marins concernés et encore. Les commentateurs ne nous éclairent pas vraiment sauf si vous avez fait l’école des Glénands. Bref côté cœur, encéphalogramme plat. Loin des transats de Tabarly ou de Florence Arthaud. Loin des tours du monde d’Auguin ou d’Helen Mac Arthur.
Le défi français Areva, le nucléaire, la mer, l’écologie, tout ça dans un joli paquet cadeau à 20 millions d’euros, est dans les choux. Avant même les demi-finales, touché, coulé par d’autres navires dont les armateurs ont mis parfois cinq à six fois cette somme pour conquérir l’aiguière d’argent.
Cette quête reste un mystère.
Tant de ronds dans l’eau ...





Il y a 10 ans
Lundi, 5 mai 1997
Qui veut jouer au docteur?

Moins rapide qu’un escargot qui se serait fait une entorse dans « Urgences »; plus larmoyant qu’une chanson de Dalida chantée par Hervé Vilar; aussi convenu qu’un slogan du RPR; et malheureusement aussi mal joué par Sandrine Bonnaire qu’un pilier de rugby s’essayant au patinage artistique; bref aussi crédible que Bruno Mégret fumant un joint avec des communistes cubains à la fête de l’Huma.
C’est dire si « Une femme en blanc », le feuilleton médico-pas-très-légal sur France 2 est parfaitement ennuyeux. Dialogues attendus, situations archi déjà vues: la femme seule contre tous, contre son père et contre elle-même, l’amour d’abord impossible, le méchant chirurgien, Le docteur lâche, le docteur dragueur, l’infirmière sympa sans oublier le fils hospitalisé.
Enfin, si tout ce cinéma a pu faire vivre quelques techniciens de plateau, des caméramen, des scriptes, des régisseurs et des comédiens, tant mieux. Mais je ne félicite pas les scénaristes et dialoguistes qui ont peut-être peiné sur le roman de Janine Boissard, mais sacré bon sang, quand on veut on peut.
En attendant de voir du bon cinéma chirurgical façon « Sept morts sur ordonnance », vous pouvez toujours vous refaire un épisode d’« Urgences », qui repasse le samedi après-midi sur France 2. C’est un peu la même tambouille mais ça va beaucoup plus vite et c’est de toute façon plus crédible que Sandrine qui voulait jouer au docteur.

Post Scriptum: a priori, tout le monde ne pense pas comme moi puisqu’il y aurait eu, selon Médiamétrie, une moyenne de 6,5 millions de personnes devant leur poste pour chaque épisode. Ca ne donne pas envie d’être malade.