samedi 26 mai 2007

Spider Sarko.

Roi du box office électoral, le président ne fait pas dans la dentelle. Il continue de tisser une toile grossière mais bigrement efficace dans le monde des media.
Martin Bouygues, propriétaire du groupe TF1, est le parrain du petit dernier des Sarkozy. Le petit Nicolas s’est proclamé « frère » d’Arnaud Lagardère* et ami de trente ans de Vincent Bolloré qui fait dans la communication, les journaux gratuits, les chaines TV ... et accessoirement dans le yacht de luxe pour vacances post électorales.
Comme si tout ça ne suffisait pas, le locataire de l’Elysée en a rajouté plusieurs couches.
Son ex directeur de campagne adjoint, Laurent Solly, a été embauché par Bouygues. Le couac dans l’histoire c’est que la nomination de cet énarque bon teint a été faite par le directeur de la communication de l’Elysée, Franck Louvrier. Malaise chez le bétonneur en seize-neuvième. Ils avaient prévu de lui faire un premier contrat à la holding afin de ne pas rendre ce transfert trop voyant. Pas de chance, le maladroit dircom de l’Elysée a annoncé le 22 mai l’arrivée de Laurent Solly à la direction générale adjointe de TF1.
Catherine Pégard, chef du service politique du magazine Le Point, vient, les urnes encore tièdes, de quitter 24 ans de journalisme pour entrer au sein du cabinet de Nicolas Sarkozy en tant que conseillère. Que dire ? Primo, les lecteurs du Point doivent l’avoir mauvaise de s’être fait bourrer le mou pendant aussi longtemps par, non pas une journaliste, mais une groupie ayant arraché sa première culotte en 1983 quand le petit Napoléon prit la mairie de Neuilly aux barons du RPR. Deuxio, que la consanguinité média-pouvoir est vraiment une maladie bien latine (cf Berlusconi en Italie). Tercio que mon abonnement au point est interrompu sine die.
Nicolas Sarkozy se prend sûrement pour Peter Parker alias Spiderman qui cartonne en ce moment au cinéma avec le 3ème volet de la série. Mais il parait que dans cet opus 3, une part d’ombre envahit le héros qui devra choisir entre pouvoir et devoir, entre violence et compassion et révéler sa véritable personnalité.


*Président du méga groupe media fondé par son père (Paris Match, Télé 7 jours, le JDD, Elle, Europe 1, 20% dans Canal+/TPS ...)






Il y a 10 ans
Lundi,26 mai 1997
Revers.


A l’heure où résonnent les premiers échanges sur la terre battue de Roland- Garros, la droite française se réveille avec une sacrée gueule de bois. Elle est montée au filet en « chaussettes », comme disent les spécialistes, avec l’arrogance du champion qui pense que l’évocation de son seul nom ou de son palmarès suffira à terroriser l’adversaire. Manque de bol ou manque d’entraînement? Le camp d’en face, lui, avait affûté ses boyaux, ses raquettes et ses retours de réplique même s’il aurait souhaité s’entraîner plus de cinq semaines.
C’est donc la gauche qui réussit le passing-shot de revers gagnant de ce premier tour. Le nez dans ses chaussures et les chaussettes sales, la droite est groggy. Le match qu’elle avait organisé sans qu’on lui demande quoi que ce soit, est en train de tourner au vinaigre.
Quel coach va bien pouvoir relancer la machine? Jacques Chirac futur-ex N°1 français? Alain Juppé dont le charisme est inversement proportionnel à la qualité du jeu de jambes de Stephan Edberg, regretté retraité du tennis? Si ce n’est Philippe Seguin qui, en bon vieux crocodile des courts, mise plutôt sur la tactique et l’endurance que sur la technique et la flamboyance.
Toujours est-il que rien n’est joué. La gauche devra se méfier d’un adversaire qui boîte et que l’on croit trop facilement à sa merci. La droite devra se mettre fissa au diapason d’un public qui l’a copieusement sifflée au cours du premier set. Mais est-il possible de réussir en cinq jours ce qu’elle n’a pas pu faire en sept-cent quarante quatre?
La seule ombre au tableau, et elle est de taille, c’est la chaise de l’arbitre qui peut plonger dans les ténèbres le court central de nos espérances. Un arbitre qui plus est peu respectueux des règles et des usages policés de ce moderne jeu de paume politique. Cet arbitre c’est le Front National qui, avec près de 15% des suffrages, va jouer ce rôle dans plusieurs dizaines de circonscriptions.
Ce que l’on peut craindre à l’amorce de ce deuxième set décisif, c’est que la droite, poussée dans ces derniers retranchements, adopte un discours pue-la-sueur sur l’immigration afin de s’attirer les bonnes grâces de cette partie du public noirci à la haine.
Toute médaille, n’est-ce pas Monsieur Chirac, a son revers. Celle de la dissolution risque en tout cas de ressembler à ce jeu de hasard antédiluvien: le pile ou face.

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