mardi 15 mai 2007

Baille baille.

Fin de cycle après la fin de siècle. Jacques Chirac quitte le sommet, donne les clés de l’Elysée à son fils maudit Sarkozy. Un adieu bien tardif après le combat de trop de 2002 où, adoubé par défaut par 80% des Français, il n’a pas su ouvrir les portes du pouvoir et de ses convictions à d’autres que ceux de son clan politique.
Ce départ ne m’émeut pas du tout. Quarante ans de règne dans les sphères de l’état jusqu’à son Everest pour quel bilan, quel trace, quel résultat ?
Il a voté pour l’abolition de la peine de mort, a décidé que la France ne s’engagerait pas dans la bataille d’Irak au côté de George W Bush et a prononcé un discours capital sur la reconnaissance de la collaboration de l’état français avec l’Allemagne nazie sous l’occupation dans la traque et la déportation des juifs.
Voilà c’est à peu près tout. C’est donc très peu pour autant de temps au pouvoir.
Côté passif, il restera la fameuse fracture sociale, les affaires à la Mairie de Paris et une forme d’inactivisme, comme une peur de l’action véritable.
Alors adieu monsieur le président. Mais avant de partir expliquez-moi comment vous vous êtes débrouillé pour ne pas avoir pu vous payer un pied à terre parisien et être ainsi obligé de mendier l’asile chez une famille de très riches libanais ?
Quarante ans hébergé, nourri, « blanchi » par les deniers publics et pas de plan d’épargne logement ?
C’est une blague sans doute.
Mais est-ce la dernière ?





Il y a 10 ans
Jeudi, 15 mai 1997
Tribulations d’un VRP en Chine.

Mesdames, messieurs, devant vos yeux ébahis et sur ce tréteau improvisé Place Tienanmen, Jacquot le camelot ne va pas vous vendre des aspiros, des tringles à rideaux ou des fraises Haribo mais une lessive anti-droit de l’homme qui efface d’un coup d’un seul les taches faites par messieurs Deng Xiaoping et Li Peng lors du massacre du 4 juin 1989 sur cette même place Tienanmen.
Ici en Chine, le business est devenu roi. L’argent n’aime pas l’odeur des critiques. Dans ce pays qui s’ouvre aussi vite au capitalisme qu’il ferme ses verrous sur les prisonniers politiques, il ne fait pas bon prononcer le mot Démocratie.
Accompagné de patrons non encore inculpés (AXA-UAP, AIR FRANCE, EDF, PARIBAS), d’un autre mal en point (BOUYGUES), Jacquot le camelot va remplir ses carnets de commande. Un seul rigolo manque à l’appel, Serge Dassault qui, à cause de ses démêlés avec la justice belge, ne peut pas décoller de France. Un comble pour ce fabricant de Mirages qui ne s’était pas gêné pour vendre il y a trois ou quatre ans soixante de ses avions à Taïwan, l’ennemi juré.
Chantre de l’Union Européenne quand il est à Paris ou à Brive, Jacquot le camelot n’hésite pas à mettre un mouchoir sur ses convictions quand celles-ci risquent de mettre en péril ses démarches commerciales.
Aujourd’hui qu’il a le pied dans la porte et sachant que les américains et les russes ne sont pas loin derrière, Jacquot le camelot a rayé de sa mémoire la résolution de l’Union Européenne condamnant la Chine à la commission des Droits de l’Homme de l’ONU.
Et dire qu’il se gargarise de l’Europe à discours rebattus, voulant, sans rire, agrandir à l’est cette belle famille communautaire. Les ronds, les thunes, ou les briques, qu’ils se comptent en dollars, euros ou yuans auront malheureusement le dernier mot. Malgré les vraies-fausses intentions des uns et des autres sur la question des Droits de l’homme, sous la forme d’accords globaux et de demandes de mises en liberté des étudiants de 1989, je ne suis pas dupe. Dans l’argumentaire de tout camelot qui se respecte un phrase revient souvent comme un leitmotiv: « Méfiez-vous des imitations ». Je crois que Jacquot ne réussira pas à nous tromper sur la marchandise.
Place Tienanmen, le 4 juin 1989, il n’y avait pas encore de camelots mais des hommes et des femmes qui pensaient que la liberté n’avait pas de prix.

Aucun commentaire: