lundi 28 mai 2007

Grimper la pentecôte

Travailler plus pour gagner plus. L’axiome mathématique de Sarkozy prend tout son (contre) sens aujourd’hui lundi 28 mai 2007.

Travailler le jour de Pentecôte sans rien gagner.
Travailler le jour de Pentecôte par solidarité pour les troisièmes et quatrièmes âges.
Travailler le jour de Pentecôte et payer une nounou, une baby-sitter, un centre aéré pour garder les enfants puisque les écoles sont fermées.

En fait travailler plus pour gagner moins.

Alors réglez vite ce cas aberrant de vrai-faux jour férié, monsieur le président.

Aujourd’hui, ne pas travailler pour gagner pareil, telle sera ma devise.
Et si je me posais un petit jour de congé mardi histoire de récupérer de cette folle journée.






Il y a 10 ans
Mercredi, 28 mai 1997
Sujet libre.

Vous devez rédiger un discours que prononcera le Président de la République ce soir à la télé. Pour vous aider voici son dernier texte paru dans certains quotidiens régionaux. Vingt lignes maximum.

« De toute façon Alain c’était un naze. Quand il disait un truc tu bitais rien. Il me portait la poisse, alors je l’ai lourdé. Vas-y au chomdu comme tout le monde et tu comprendras ta douleur. J’suis pas prêt de croire qu’il osera encore se pointer chez mes potes du RPR.
C’est pas une raison pour pas se bouger le cul pour se sortir de la merde. C’est limite sommeil en France. Les mecs et les nanas y se laissent vivre. C’est pas en restant sur ta chiotte à lire des conneries que tu trouveras du boulot. C’est pas compliqué. En gros si tu peux travailler comme tu veux, où tu veux et si tu partage bien ton fric avec tes frères et tes sœurs, ça peut marcher.
Bien sûr il faut aller à l’école même si t’as, de temps en temps, l’impression de te faire chier. Puis il faut des flics aussi, sinon ce serait pas drôle. Et puis surtout, brothers and sisters, il faut que mes potes apprennent à mieux vous causer, à mieux vous expliquer leurs trucs de ministres. Le maximum respect, quoi, c’est bien le minimum qu’on vous doit.
Ne comptez pas sur les socialos pour réussir ce truc là. Au niveau mécanique ils en sont encore à la mob 102. Alors, déconnez pas, allez voter pour sauver la vie de vos enfants (je vous signale que les crânes rasés aux idées chauves sont en embuscade). Comme ça demain, en France et en Europe on s’aimera tous,
Yo! »

Jacky Pilhan (Sevran-93)
(Traduit et corrigé par Madame Placard)




Dimanche, 27 mai 2007
De la terre à la lune.


Le tournoi de tennis de Roland Garros démarre aujourd’hui si la météo a bien voulu se tromper car ça risque de sentir plutôt les bâches et les parapluies que la crème solaire à la Porte d’Auteuil.
La France courre après un champion de la terre battue depuis Yannick Noah en 1983, 25 ans déjà.
Même pas l’âge de Richard Gasquet, le petit prince du Tournoi des Petits As de Tarbes, qui chaque année voit éclore les futurs talents du tennis. A 10 ans, le jeune biterrois avait même fait la Une d’un mensuel de tennis. C’est dire si le garçon a une certaine pression sur les épaules chaque fois qu’il franchit les portes du Temple de l’Ocre, passant devant les statues de Lacoste, Cochet, Borotra et Brugnon, nos fameux mousquetaires d’entre deux guerres.
Du côté des femmes l’attente est moins pesante puisque Mary Pierce s’est imposée en 2000.
Mais qu’il serait beau de voir Amélie Mauresmo gambader jusqu’en finale et soulever le trophée. A l’image de l’élégante Evonne Cawley-Goolagong, australienne d’origine aborigène qui était sur la court la grâce personnifiée. Amélie a déjà deux titres du grand chelem dans sa besace, de quoi la décomplexer à l’instant de fouler le Suzanne Lenglen ou un autre court. Récemment opérée de l’appendicite, elle n’a rien à perdre à se lancer à corps perdu et jouer son vrai jeu, celui qu’elle sait si bien mettre en pratique à Wimbledon. En avançant, toujours en avançant dans le terrain.
Malheureusement, nos deux chevaliers de la raquette devront ferrailler dur contre les ogres et ogresses du circuit. Des « morceaux » comme on dit. Des nadal et Federer coulés dans un métal venu d’ailleurs. Et des Serena Williams, Hénin et Sharapova, affamées, puissantes, bruyantes mais talentueuses.
Décollage de la fusée dans quelques heures. En leur souhaitant de décrocher la lune à la fin de la quinzaine.

PS : Nous sommes peut-être mal lotis, mais après vérification sur internet (http://www.lequipe.fr/), les anglais attendent leur champion depuis un certain Jaroslav Drobny (né à Prague) en 1954 et Virginia Wade en 1977. Côté Australie, la patience a aussi ses limites. Dernier vainqueur chez les hommes, Mark Edmonson en 1976 et Hana Mandlikova (transfuge Tchèque) en 1987.




Il y a 10 ans
Mardi, 27 mai 1997
Soupe impopulaire.

Les discours fonctionnent avec leur temps, celui de Chirac ce soir, a deux ans de retard. Ce qu’il nous sert aujourd’hui est la même soupe qu’en 1995. Ce qui est fort dommage c’est que cette soupe-là, parfumée et tentante à l’époque n’est plus très appétissante ce soir. Et dire que je n’arrête pas de répéter à mon fils que pour grandir il faut manger de la soupe. Cette maigre garbure réchauffée mille fois est en train de nous fabriquer des hommes politiques nains de la pensée.
En ratissant large, très large, en mélangeant allègrement Liberté (lire Libéral) et social, sécurité (lire répression) et fraternité, le Président a mis trop de légumes dans sa soupe. Sans oublier que le maigre morceau de viande qu’il y avait dans la soupière (lire Juppé) il l’a jeté à la poubelle, sans nous annoncer par quelle pièce de choix il allait la remplacer.
Ce n’est pas en nous promettant une nouvelle façon gouvernementale de faire la soupe (sans pour autant nous dire laquelle) qu’il va nous convaincre, nous les crève-la-faim de l’utopie et du rêve, du bien-fondé de sa tambouille.


Post-scriptum 1: Je ne comprends pas la portée de cette phrase extraite de son discours « Mes chers compatriotes, ne cherchons pas ailleurs notre modèle français. » Vise-t-il ces amis ultra-libéraux qui s’extasient devant les modèles anglo-saxons ou vise-t-il les communistes qui importeraient je ne sais quel modèle stalinien poussiéreux sorti d’un sordide goulag? Si quelqu’un a une réponse qu’il m’écrive.

Post-scriptum 2: Juppé out, comme une balle de tennis usagée tout juste bonne au chien. Ce n’est pas que j’appréciais le bonhomme bien au contraire, mais ce qui est frappant c’est les lauriers que lui ont dressés tous ces faux-amis politiques. Des mots d’amour qui sentent la haine, des louanges proches de l’hommage mortuaire. Les cannibales Bayrou, Sarkozy, Madelin, Léotard qui ne rêvent que de s’asseoir à Matignon ont mordu.
Le glas a donc sonné pour le futur maire de Bordeaux (à plein temps s’il ne cumule pas). Comme une prémonition, au JT de 20 heures, un journaliste interviewe Seguin sur la « démission » de Juppé, nous sommes sûrement dans un petit village vosgien et sur la place on entend les cloches de l’église sonner le tocsin.

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