jeudi 10 mai 2007

Placards d’or (suite).

Pas de Placard des Placards mais une huitième place pour « Le Père Noël est une ordure » de Jean-Marie Poiré avec toute la troupe du Splendid.
Choisi pour des répliques à pisser dans sa culotte, comme un « Tontons flingueurs » des années 80. Choisi aussi pour ses personnages cyniques et une foule de petits détails qui, à la « revoyure » sont encore source de fous rires. Comme par exemple cette scène, où Thérèse vient aider Pierre sur un escabeau pour réparer un fusible. Pierre plaque avec sa main son pantalon au niveau du bas-ventre au moment où Thérèse le frôle, comme s’il voulait faire croire à l’énormité de son engin...

Septième place : « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen et Gene Kelly.
Parce que la comédie musicale m’a toujours fait rêver et qu’il fallait bien se résoudre à choisir entre « Parade de printemps », « Mariage Royal », « Brigadoon », « Tous en scène », « West Side Story », « Cabaret » ou « New-York, New-York ».
Ce film dont l’histoire se passe au moment de l’apparition du cinéma parlant est un bijou d’humour, d’émotion et de trouvailles. La preuve, la publicité s’est allègrement servie dans ces numéros aussi ingénieux les uns que les autres. Je n’oublierai jamais Donald O’Connor qui chantait « Make ‘em laugh » en sautant sur les murs, ni Debbie Reynolds, ni bien sûr Gene Kelly. Aussi athlétique et bondissant que Fred Astaire était divin et précis. Excusez-moi Monsieur Astaire de ne pas vous avoir glissé dans mon palmarès auprès de Ginger Rogers, Cyd Charisse ou Rita Hayworth.

Sixième place : « Blade Runner » de Ridley Scott.
Un film qui pousse à la dithyrambe parce qu’il n’est pas seulement un film de science-fiction très réussi. Sinon « La Guerre des Etoiles » ferait partie du palmarès. C’est d’abord un film humaniste où les Réplicants (Androïdes façonnés à l’image de l’homme par un génie démiurge et démoniaque) ont une âme plus sensible que celle de leur modèle.
C’est aussi un polar et une histoire d’amour, le tout dans un décor fantastique habité par des acteurs, eux-mêmes habités par leurs rôles, comme Harrison Ford, Rutger Hauer, Sean Young ...
A ce jour, et sans avoir eu le temps de voir le « Cinquième élément » de Luc Besson, aucun autre film d’anticipation ne lui arrive à la cheville.

Cinquième place : « La nuit du chasseur » de Charles Laughton.
On a beaucoup écrit sur ce film unique de cet acteur qui ne l’était pas moins. Alors pour en savoir plus n’attendez rien de moi. Allez feuilleter les livres savants dans les librairies spécialisées. Et si vous ne vous procurez pas dans les plus brefs délais le DVD de ce film d’anthologie, je me permettrai de demander à Robert Mitchum, himself, de venir vous botter les fesses.





Il y a 10 ans
Samedi, 10 mai 1997
Dimanche 10 mai 1981, 20 heures.

Bien avant les histoires, les affaires, les révélations ou l’enfant caché, il était une fois un joyeux dimanche du printemps 81.
Je venais d’avoir vingt ans, toutes mes dents et une envie de croquer des rêves et de bouffer Giscard. Faut-il être jeune et innocent pour aimer la politique? Toujours-est-il qu’à 20 heures pile, lorsque le visage de Mitterrand a éclairé la télé, j’ai ressenti une émotion rare. Ma mère pleurait, je n’en étais pas loin. Mon père, dehors, faisait semblant de jardiner. L’affichage progressif de la tête du gagnant était pour lui pire qu’une séance de penalties en finale de la Coupe de France. Sept ans avant, le crâne chauve de Giscard apparaissant sur le petit écran avait laissé la maison dans un état proche de celui d’un plaisancier pris dans une tempête soudaine. Déboussolée, sans espoir.
Mais ce soir du 10 mai 1981, finis les cauchemars.
Le lendemain, de retour à Brest pour les études, nous avions avec quelques camarades, fleuri d’une rose, les tables des salles de classe. Ca n’avait pas plu à tout le monde, mais on s’en foutait royalement, le peuple avait gagné.
Aujourd’hui, ce n’est pas l’heure de faire les comptes et les règlements qui vont avec. Aujourd’hui c’est si bon de se souvenir qu’il y a seize ans, la politique était un mot merveilleux, pas encore gangréné par des abuseurs publics et un Front National jusqu’alors folklorique.
Il sera bien temps de faire le testament critique des années qui suivirent.
Pourquoi pas le 6 janvier 1998.

Aucun commentaire: