jeudi 31 janvier 2008

Gamelle.

C’est la chute, la gamelle. Sarkozy est passé sous la ligne de flottaison des sondages. En l’espace de huit mois il est passé de 65% d’opinion favorable à 41% aujourd’hui. Plus de mauvaises que de bonnes opinions. Certains électeurs de mai, éblouis par le discours, l’attitude et les promesses du candidat sont en train de retourner leurs vestes.
Pendant ce temps, Fillon le sous fifre, l’homme qui exécute s’en sort plutôt bien avec 43% d’opinion favorable.
Pour faire court, les français ne voyant plus le chef tout puissant capable de renverser les montagnes et de faire grimper comme promis leur pouvoir d’achat ont décidé de sanctionner. A contrario, Fillon, le Poulidor du gouvernement, obtient encore les faveurs des français. Qui ne se sent pas, comme lui, sous pression permanente de son boss dans son entreprise ?
Le bling bling fait plouf

A suivre

mercredi 30 janvier 2008

Le Bankou (suite).

Le Président était pressé.
Depuis les élucubrations de l’autre président, il en avait ras le compte en banque. Bien sûr, cinq milliards ce n’était pas rien. Mais enfin c’était lui et sa poigne légendaire qui avait permis à cette foutue banque de redresser la tête au cours de la dernière décennie. En sortant de son immeuble où l’attendait Bertrand et l’Audi A5, il se disait qu’au cours d’aujourd’hui l’action avait quand même bien meilleure mine qu’en 1997 quand il avait repris les rênes du chariot. Il ne fit pas attention à l’ombre qui effleura la carrosserie noire et brillante de la limousine. Une main semblait avoir caressé le capot avec la douceur d’un prêtre posant ses doigts sur le front d’un mourant.

Le président était énervé.
Depuis ce matin il n’arrivait pas à se concentrer même sur les choses les plus sublimes. Il avait demandé à son chauffeur de glisser dans le lecteur CD l’interprétation de la Traviata de Verdi faite par la soprano Angela Gheorghiu à Covent Garden en 1994. Il était présent à ce concert et avait failli y pleurer de bonheur. Mais d’autres voix, comme des murmures grinçants venaient, à l’intérieur même de l’habitacle, perturber sa méditation.

Le président était embarrassé.
Il avait, ce soir, un rendez-vous prévu de longue date avec la confrérie des chevaliers du tastevin du Clos Vougeot. Difficile de maintenir dans son agenda de paria une rencontre dédiée au plaisir des sens. Et pourtant, il lui était difficile de rater la dégustation de ce soir. Au programme, un Grand Cru La Tâche, l’un des huit vins d’exception de Vosne-Romanée.

Bertrand avait vu le scooter traverser à la dernière seconde. Les voies d’accès à l’immeuble de la banque étaient en travaux sous La Défense. Un sacré bazar depuis plusieurs semaines. Bertrand manœuvra avec habileté. La direction de l’Audi grâce au blocage électronique de différentiel EDS répondit parfaitement au coup de volant. Le pilote du scooter s’en sortirait indemne. Mais le semi remorque qui livrait des poutrelles n’aurait jamais dû se trouver là, en face, sur la voie de gauche.

Un magazine anglais avait écrit un jour que le Grand Cru La Tâche était l’un des cents à goûter avant de mourir.
Le président ne goûterait maintenant plus à rien.

Le président était mort.






Il y a 10 ans
Vendredi, 30 janvier 1998.
Optimiste.

Quelqu’un qui me faisait le plaisir de lire mes modestes chroniques m’a demandé pourquoi je n’étais pas plus souvent « pour quelque chose » au lieu d’être quasiment toujours « contre les choses ».
L’actualité, perverse dans sa présentation médiatique, ne nous donne pas fréquemment l’occasion de nous enthousiasmer. Les sujets qui font les Unes des journaux et des 20 heures, sont plus proches des tragédies que des comédies.
Je préfère cent fois les films de Capra à ceux de Bergman. Je préfère mille fois le bonheur d’une naissance que les accidents mortels sur les routes du week-end.
Comme un éducateur de banlieue le disait hier à la télé, les médias préfèrent montrer ce qui ne marche pas plutôt que ce qui marche, même si ce n’est pas représentatif de le vie réelle.
Entre faire six ou huit pages sur le drame des ados emportés par une avalanche et utiliser la même surface d’expression pour montrer la joie d’une douzaine de mômes ayant obtenu leurs fléchettes, quel sera le choix du rédacteur en chef?
Parler des zones de reboisements réussies plutôt que des cas de pollutions.
Montrer des exploitants agricoles qui font bien leur métier plutôt que ceux qui donnent encore de la farine animale à leurs vaches.
Montrer aussi des maisons qui ne brûlent pas, des flics qui ne font pas de bavures, des petites vieilles qui ne se font pas piquer leurs sacs, des fonctionnaires qui font bien leur boulot, des hommes politiques qui agissent concrètement sans idéologies ...
Quelle serait la place d’un quotidien de bonnes nouvelles, dans notre pays où la culture judéo-chrétienne pourrait nous interdire de parler du bonheur des uns alors que d’autres n’arrivent pas à se sortir de leur malheur?
Un journal qui s’appellerait « Optimiste » par exemple, comme un « Point de vue et image du Monde » ouvert aux gens du peuple?


P.S. Il existe un quotidien en France qui a ce profil: c’est L’ÉQUIPE, qui, pour les fans de sport, apporte chaque jour des nouvelles enthousiasmantes. D’ailleurs c’est paraît-il le journal national le plus lu.

mardi 29 janvier 2008

Le Bankou (suite).

La nuit tombe à peine sur Pont l’Abbé. Le brouillard est arrivé plus vite que d’habitude. La journée avait pourtant été vivifiante ; les bateaux du Guilvinec étaient rentrés le ventre plein de crustacés.
Vers dix-huit heures les cloches de Notre-Dame des Carmes s’enrouèrent. Le carillon toussota ; deux brefs « ding » et un « dong » qui s’éteignit dans les brumes montantes.
Qui écoute encore aujourd’hui les cloches sonner ?
Madame Gwénaëlle la boulangère allait manquer de pains de deux livres avant la fermeture. Il faudrait y penser pour demain. Moins de baguette peut-être. Elle avait d’autres chats à fouetter que de tendre l’oreille vers le sommet de l’église. Son carillon à elle était celui de sa boutique. Madame Gwénaëlle avait fait l’attraction de la rue commerçante quand Jean Cadiou l’électricien lui avait installé un capteur et un module électronique lui permettant de choisir sa sonnerie comme on le fait sur son portable.
A sept heures moins une, une ombre se détacha de la rue du menhir.
Elle remonta la rue du Lycée. Elle échappait aux phares antibrouillard des voitures qui remontaient vers le centre. L’ombre obliqua à droite dans la rue Arnoult afin d’éviter les réverbères de la place du Pont Gwern.
Madame Gwénaëlle allait fermer boutique. Elle hésitait encore sur choix de la sonnerie qui allait retentir demain dans la boulangerie. L’ombre passa le long de la vitrine. La porte vitrée se referma sans un bruit.
Un peu plus loin, au 15 de la place Gambetta, se trouvait la succursale de la Société Générale. L’ombre plus nette du Bankou dessina sur la façade de l’immeuble une faux géante entrelacée de grands « S » doublement barrés comme des dollars.
Au même instant la lumière se fit plus tamisée. La ville perdait une à une ses couleurs. La rosace de Notre-Dame des Carmes qui faisait la fierté de la ville n’avait plus que des teintes en nuances de gris.
Allongée au pied de sa caisse, Madame Gwénaëlle, n’aurait plus à choisir une sonnerie pour sa boutique. Si ce n’est celle du « wig ha wag », le bruit de la charrette du Bankou qui ramasse les petits porteurs ruinés à la nuit tombée.



Il y a 10 ans
Jeudi, 29 janvier 1998.
Pour cent balles t’as plus qu’un ... nouveau billet de cent balles.

J’ai cru un bref instant que ma banque m’avait fait un cadeau; En retirant de l’argent au distributeur, je demande 400 francs et l’appareil me sort quatre billets de 200 francs. Du moins le croyais-je quand je me suis rendu compte que les billets de 100 francs avaient changé de look et de taille et se confondaient ainsi avec les billets de 200 francs.
Il doit y avoir une bonne raison mais je ne vois pas pourquoi on change de billets alors que l’on nous annonce à grand renfort de publicité l’arrivée imminente de l’Euro.
Enfin, je ne demande qu’à comprendre.

lundi 28 janvier 2008

Le Bankou.

En Armorique, les légendes naissent et vivent dans les cœurs et les esprits depuis des générations. Elles sont aussi nombreuses que les ajoncs sur la lande.
L’une des plus terribles est celle de l’Ankou. L’Ankou est le serviteur de la Mort. Il collecte les âmes des défunts récents dans sa charrette. Et si vous entendez le bruit du chariot alors vous, ou quelqu’un de votre entourage n’allez pas tarder à passer de vie à trépas. Celui qui aperçoit l'Ankou meurt dans l'année.
La terrible histoire qui fera peur demain aux petits bigoudens est celle du Bankou, l’horrible trader de la Société Générale (même pas le Crédit Mutuel de Bretagne ou le Crédit Agricole).
Un méchant garçon possédé par le démon de l’argent qui avec la faux des transactions et la charrette de la spéculation voulait la mort des petits épargnants.
C’est une histoire qui va faire frissonner tous les étudiants en économie. En particulier ceux qui auront la mauvaise idée de se promener près du phare de Penmarch à la tombée du jour.
C’est une histoire qu’a commencé à nous raconter ce matin sur Europe 1, Daniel Bouton, le P-D-G de la Société Générale.
Un sacré conteur ce Daniel.
La suite demain.



Il y a 10 ans
Mercredi, 28 janvier 1998.
Nom d’un stade!

Ce soir est capital pour ce carré de pelouse complètement gelé de 120 mètres sur 80 entouré accessoirement de tribunes pouvant contenir jusqu’à 80000 spectateurs.
A 20H50 sera donné le coup d’envoi du match de football France-Espagne à 133 jours du début de la Coupe du Monde.
Tout doit bien aller, puisqu’il n’y aura pas de grève dans les transports en commun.
Seule ombre au tableau, la platitude du nom donné à cette arène.
Je me souviens qu’à l’époque où il fallait baptiser ce nouveau temple du sport, il avait eu création d’une commission (belle manie française) sous la houlette de Bernard Pivot. On pouvait s’attendre à ce que les nombreuses têtes pensantes qui étaient penchées avec passion au dessus du berceau de ce gros bébé allaient trouver une belle idée pour franchir la barrière de l’an 2000.
Que nenni! Quand Guy Drut, ancien champion olympique et Ministre de la Jeunesse et des sports de l’époque, « sortit » le nom du chapeau tout le monde resta sans voix: « Stade de France ».
Pas très excitant, n’est-ce pas?
Alors je vous en propose quelques uns:
Stade de la fraternité.
Parc des espoirs.
Stade Mendes-France.
Parc des enfants.
Stade de l’amour.
Parc des victoires.
Stade du beau jeu.
Parc du bon esprit.
ou, moins sérieusement:
Parc de la rigolade.
Stade Coluche.
Parc des coquelicots.
et pourquoi pas changer chaque année et passer de Prévert à Barbara, à Brassens, à Monsieur Tout-le-monde ou au sportif inconnu.
Bon match quand même, messieurs les footballeurs, dans ce grand stade que personne n’appelle par son nom.

dimanche 27 janvier 2008

Perdu.

Ce matin, la télé était allumée à 9H30. Pour une autre forme de messe. Celle des champions de tennis. Spectacle païen offert aux yeux de la planète jaune.
Jo et Novak, le Français et le Serbe. Deux joueurs souriants et fair-play. Deux sportifs qui atteignaient pour la première fois une finale de Grand Chelem.
Le match fut crispant. Les deux tennismen avaient du mal à se libérer. Le score resta serré tout au long de la partie. A 5-5 dans le quatrième set, Jo eu une balle pour prendre le service de Novak. Un coup qui semblait facile, près du filet. Le Sarthois choisit de jouer long de ligne. Trop fair-play peut-être ? En d’autres temps un Yvan Lendl aurait allumé l’homme. Novak eu le bon reflexe. Jo avait laissé passer sa chance.
Dans le tie-break, le Serbe s’envola vers la victoire.
Etoile filante ou future star du tennis ? Jo-Wilfried Tsonga devra se remettre de cette défaite.
Merci à lui d’avoir apporter à ce sport un peu de lumière bleue. L’an passé, Marion Bartoli avait atteint la finale de Wimbledon. Elle est aujourd’hui 10ème joueuse mondiale mais depuis son exploit londonien, elle n’a pas gagné de titre.
En juin prochain, cela fera 25 ans qu’un Français n’a pas conquis de titre dans un tournoi du Grand Chelem. Ce fut Yannick Noah à Roland Garros.
Mon dieu que les années filent.



Il y a 10 ans
Mardi, 27 janvier 1998.
Nom d’une pipe.

Premier constat: les médias français, prompts à se moquer du puritanisme américain, ne sont même pas capables d’appeler les choses par leurs noms. On nous parle de braguette, de choses, de coucherie de rapport, de harcèlement ... Alors que tout simplement, Bill Clinton, a peut-être baisé avec Monica et s’est peut-être fait sucer par Paula.
Deuxième constat: tout ce qui est écrit dans le premier constat est nul et non avenu, puisque je me fous de la vie privée de Clinton comme de celle de la Princesse de Mes-Deux, d’ailleurs.
Troisième constat: c’est, paraît-il le mensonge, que critiquent les journalistes américains plus que turlutte. En effet d’après eux, Clinton mentirait en affirmant n’avoir jamais couché avec ces deux coiffeuses et mentirait encore en affirmant qu’il n’a jamais demandé à Monica Lewinsky de faire un faux témoignage. Leur grande angoisse étant maintenant la suivante: comment croire le Président de la plus grande puissance mondiale sur sa politique quand celui-ci ment sur sa vie privée?
Quatrième constat: encore faudrait-il prouver par A+B qu’il y ait effectivement mensonge, avant de se lancer dans une quelconque théorie. Car demain, qui m’empêchera de poser la question à tous les journalistes qui n’avouent pas à leurs femmes qu’il se font tailler de jolies flûtes sous leurs bureaux et ailleurs par des stagiaires dociles et maquillées comme des camions: « Si vous mentez à vos épouses, cela veut-il dire que vous mentez également à vos lecteurs? ».
Cinquième constat: les plus grands journalistes américains présents à Cuba en fin de semaine dernière sont rentrés plus vite à Washington que le loup de Tex Avery tentant d’échapper par tous les moyens à Droopy. Tout ça pour meubler des heures d’antenne et des kilomètres de colonnes, marketing et publicité obligent. Leur éthique commence par la marque de slip de leur président et finit par la marque de tampon de sa stagiaire. Voudraient-ils se prouver qu’ils peuvent peut-être destituer un Président comme leurs collègues de l’époque du Watergate, soit dit en passant, autrement plus professionnels, que ça ne m’étonnerait pas.
Sixième constat: je rappelle que le mensonge ne fait pas partie des sept péchés capitaux.
Septième constat: pendant ce temps-là, l’Algérie baigne dans le sang des femmes et des enfants; le Proche-Orient peut exploser à chaque minute; tout merde dans le sud-est asiatique; on se demande où va la Russie; les nouvelles dictatures africaines se portent bien et nos députés jouent à la guéguerre des amendements au lieu de se retrousser ensemble les manches pour mettre les mains dans le même cambouis.

samedi 26 janvier 2008

Le cow-boy chez les indiens.

Nous ne sommes pas dans une superproduction hollywoodienne. John Wayne ou Burt Lancaster ne vont pas surgir au coin de la rue dans l’aube poussiéreuse. La ville n’est pas en danger. Les indiens ont enterrés la hache de guerre. John Ford est au chômage et Charles Bronson a avalé son harmonica.
Le western est devenu un « eastern » avec dans le rôle de Will Cane (le sheriff du Train sifflera trois fois) Nicolas Sarkozy, et dans le rôle de l’indien méchant, Lakshmi Mittal, le patron de Mittal Steel Company.
L’indien (fourbe selon l’imagerie des premiers westerns) est en passe de fermer l’usine de Gandrange en Moselle d'ici au premier trimestre 2009. Petit rappel issu du site lemonde.fr : l'usine de Gandrange avait été rachetée en 1999 par l'indien Mittal Steel au Français Usinor pour le franc symbolique. Les deux entreprises ont fusionné en 2006 après l'OPA lancée par Mittal sur Arcelor, un groupe créé en 2002 entre Usinor et deux autres sidérurgistes européens. Cette fermeture programmée devrait entraîner la suppression de 600 emplois sur un millier.
Alors le cow-boy a sorti son pistolet en plastique. Devant une assemblée d’entrepreneurs indiens au premier rang desquels était assis Lakshmi Mittal, Sarkozy s’est fendu d’une de ses fameuses tautologies: « Discuter n'est pas interdit, c'est même recommandé dans une démocratie car si on ne peut pas discuter, ce n'est pas une démocratie".
Quand on a dit ça on est un vrai dur à cuire, un mec craint à l’est du Gange. Et pour marquer son territoire, si besoin était, notre président a souhaité la bienvenue aux futurs investisseurs indiens dans notre pays.
Ce soir en Moselle, je ne sais pas si on aime toujours les westerns.




Il y a 10 ans
Lundi, 26 janvier 1998.
Le Pape et son Fidel.

Pas de chance pour les conseils en communication du Pape qui pensaient sérieusement que la venue du tremblotant Saint-Père dans l’un des derniers antres du communisme allait faire un tabac dans tous les JT de la planète.
C’était sans compter les chômeurs qui, en France ont scotché les médias devant les ASSEDIC, les restaurants chics et même le siège (saint?) du parti socialiste. Puis à quelques brasses de Cuba, c’est Bill Clinton et son affaire du « Water-braguette » dixit Libération, qui secoue (pour la dernière goutte?) le monde si versatile des télés yankees. La fin du voyage hier pour JPD et son chien Fidel n’a pas eu l’écho voulu dans notre bon pays. Il est loin le temps du rassemblement des jeunes sur le champ de courses de Longchamp. Car un accompagnateur qui avait perdu la boussole a entraîné dans la mort neuf ados, un prof et un autre membre de l’UCPA, lors d’une sortie en montagne. Un drame qui a mobilisé toutes les rédactions de France et de Navarre.
Le pape est donc retourné chez lui, non sans avoir tapé sur les doigts de Fidel et de Bill.
Pour faire l’ouverture des JT du monde entier, il reste à Jean-Paul la confession du Président Américain.

vendredi 25 janvier 2008

Super héros.

« Tous les jours je vais travailler dans une banque. Je mets ma cravate, une belle chemise, un pantalon propre et je passe des heures devant des écrans d’ordinateurs à acheter et vendre des actions pour le compte de tiers. Je suis trader et je suis un homme comme les autres. Enfin c’est ce que vous croyez. Vous n’avez peut-être pas assez lu de BD Marvel. Vous ne savez sans doute pas qui sont Clark Kent, Peter Parker ou Bruce Wayne. Ce sont des gens comme moi, qui ne payent pas de mine mais qui ont de super pouvoirs. Ce sont des super héros. Superman, Spiderman et Batman se cachent derrière l’anonymat de l’homme de la rue.
Je m’appelle Jérôme Kerviel je suis breton d’origine, de Pont L’Abbé dans le Finistère sud pour être plus précis. Dans le pays Bigouden, vous savez, là où les femmes portent des coiffes hautes comme de vieilles cheminées d’usine.
Je suis breton et j’ai des super pouvoirs. Pas comme mes ancêtres Astérix et Obélix qui avaient pour secret la potion magique du druide Panoramix.
Mes super pouvoirs me permettent de négocier des sommes folles sur les marchés boursiers. Des montants qui dépassent l’entendement pour vous, simples mortels payés au SMIC ou un peu plus. Lors de ma dernière aventure j’ai ainsi joué avec plus de cinquante milliards d’euros.
Manque de chance j’ai perdu. Oh, rien, une bricole, cinq petits milliards. Et tout ça sans que personne ne s’en rende compte. Ni mes supérieurs hiérarchiques, ni le patron de ma banque, Monsieur Daniel Bouton, ni les instances chargés de surveiller les tractations boursières, ni la banque de France, ni le ministre de l’économie, ni Nicolas Sarkozy, ni les saints, ni le bon Dieu.
C’est dire si je suis un super héros ».

Jérôme Kerviel existe vraiment. Il est diplômé de l’université de Lyon-II. Il est titulaire d'un master en finance de marché. Il a obtenu son DESS de management des opérations de marché en 2000 avec la mention « assez bien ».
Il est, à ce jour, le seul accusé dans l’affaire des pertes frauduleuses de la Société Générale. Jérôme Kerviel a 31 ans.

Si vous croyez à cette histoire alors vous pouvez retomber en enfance et croire que vous allez dès demain croiser Akim, Zembla, le Surfer d’argent ou Super Jaimie au bistrot du coin.




Il y a 10 ans
Dimanche, 25 janvier 1998.
45 tours et puis s’en vont.

En rangeant des vieux cartons je me suis posé la question très, très bête: « Et si j’avais un jour rencontré le batteur des Rubettes dont j’étais amoureuse, est-ce que ma vie aurait changé? »
Les souvenirs c’est comme les sillons d’un 45 tours, quand un premier vous vient à l’esprit, un autre prend sa suite et ils s’enchaînent à en perdre la notion du temps. Claude François chantait: « La pendule de l’entrée s’est arrêtée sur midi... ».
Ces chansons populaires font encore le bonheur financier d’un Arthur et la joie simple des spectateurs qui sont allés voir le dernier film de Resnais. Mon adolescence a été bercée par ces tubes plus ou moins cul-cul la praline. Je me souviens qu’avec mes cousins et mon frangin, on avait inventé le karaoké. On mélangeait nos disques dans un grand sac et on en tirait un au sort. Un de nous devait alors faire le play-back en imitant le chanteur ou la chanteuse. Certaines fois il y avait des duos, et comme j’étais la seule fille je devais souvent jouer à Sylvie Vartan ou Stone.
Mais je préférais les Rubettes que j’avais potassés en yaourt. Je connaissais tous leurs morceaux mais je n’y comprenais rien. Je pouvais faire semblant de jouer la guitare et bien sûr la batterie (entièrement transparente d’ailleurs pour ceux qui s’en souviennent).
La honte c’est quand on tombait sur « Mon credo » de Mireille Mathieu. Notre naïveté avait alors trouvé une de ses premières limites.
Une fois posé le saphir sur le bord du disque plus moyen de s’échapper. Il fallait assumer, c’était notre défi.
Je ne sais pas combien de temps je suis restée à trier ces cartons de vinyles en chantant mentalement ces tubes de Ring Parade, l’émission de Guy Lux? J’en ai presque encore des fourmis dans les jambes.
Tiens! Je vais me remettre « Sugar baby love » sur ma vieille platine pour me dégourdir les jambes. Et si les mômes rigolent, tant mieux.


P.S. Au fait qu’est devenu Sabrina Lory qui chantait « J’ai la musique en moi »?

« Big Jo ».

Enorme, fabuleux, gigantesque, faramineux, monstrueux, éblouissant, dantesque…
Quitte à me répéter, je ne peux pas m’empêcher de vous parler deux jours de suite de Jo-Wilfried Tsonga.
Le Français a atomisé Rafaël Nadal en trois set secs. L’Espagnol, N° 2 mondial, pourtant en pleine possession de ses moyens a dû prendre une des trempes les plus mémorables de sa carrière. Une fessée, une correction. Pour paraphraser Michel Audiard dialoguiste des Tontons Flingueurs « Jo a éparpillé Nadal aux quatre coins de la Rod Laver Arena par petits bouts façon puzzle ».
Je n’ai malheureusement pas pu voir une seule image de ce combat gagné par KO par ce colosse français qui a des faux airs de Cassius Clay.
En déplacement professionnel, j’ai écouté les flashs sur France Info dans ma petite auto. Comme en 1991 quand, victime d’une panne sur la N13, j’avais, avec mon mari, écouté à la radio le match de double entre la France et le Etats-Unis dans le cadre de la finale de la Coupe Davis.
Vers midi moins le quart, Madame Placard, j’ai crié comme une folle dans ma voiture.
Puisse cette coïncidence porter chance à Jo-Wilfried pour la finale de dimanche matin.




Il y a 10 ans
Samedi, 24 janvier 1998.
La quéquette de Bill.

« - Quelle affaire Suzanne, tu imagines un gentil président, propre sur lui, comme ça, tromper sa femme.
- C’est qu’elle est plutôt mignonne Hillary. Bon c’est vrai, on ne peut pas dire qu’ils aient réussi une fille canon.
- Il ne l’aurait quand même pas trompée à cause de ça avec cette Paula ou cette Monica et leurs têtes de shampouineuses.
- Et jamais deux sans trois comme dit le proverbe.
- Et s’il continue sur ce rythme là, quand y’en a pour trois, y’en a pour quatre.
- La maison Blanche va finir en maison de passe.
- Ce serait peut-être plus rigolo d’ailleurs.
- Sans déconner, tu y crois vraiment à cette histoire?
- Ben oui. Si en France les journalistes et les procureurs étaient aussi fouille-merde et puritains que les américains, on en aurait vu voler des slips et des petites culottes rien que pendant la Vème République.
- En fait président ou pas les mecs se laissent guider par leur quéquette.
- C’est un peu la morale de l’histoire.
- Il n’y a pas longtemps sur Canal+ j’ai vu un film où le Président américain couchait avec une fille qui essayait de le convaincre d’être plus écolo.
- Ouais, moi aussi je l’ai vu, mais le président c’était Michael Douglas. Mieux que Bill Clinton élevé au grain dans une ferme de l’Arkansas.
- T’as raison, depuis J.F. Kennedy, ce ne sont plus les play-boys qui gouvernent.
- Pour en revenir au sujet, moi, à la place d’Hillary, j’enverrais Bill voir ailleurs si j’y suis.
- Facile à dire, mais c’est quand même lui qui tient, si je peux me permettre, les cordons de la bourse. Et ça doit faire un joli pactole Président des Etats-Unis.
(La copine, en aparté, à l’oreille de Suzanne)
- Suzanne, tu crois qu’il va devoir la montrer pendant le procès?
- Quoi?
- Eh bien son ... enfin sa ... zigounette. A cause de cette histoire de grain de beauté.
- Arrête tes conneries qu’est-ce que tu essaies de me faire avaler.
- Moi, rien, mais fais quand même attention à ce que tu dis. En ce moment du côté de Washington il faut faire attention à son vocabulaire.
- Obsédée va!
- Dis-donc, ce n’est pas le tout mais c’est à toi de payer ce midi. Si on retournait bosser au lieu de dire des bêtises? »

Propos volés au Mc Do du quartier.

© Copyright Suzanne et sa copine.

mercredi 23 janvier 2008

Boum, boum.

Hier j’ai eu la chance de pouvoir regarder à la télé le match des ¼ de finale de l’Open de tennis d’Australie entre Jo Wilfried Tsonga, le Français et Michael Youzhny le Russe.
J’ai pris une grosse claque. Je suis assez fan de tennis et j’avais suivi d’un œil ses premiers exploits dans le tournoi où il avait sorti Andy Murray au premier tour puis Richard Gasquet en 1/8.
Et là, « Big Jo » puisque c’est comme cela que le surnomme le journal L’Equipe, a été très très fort. Dominant les deux premiers sets au point de coller une bulle au Russe dans le 2ème, il a arraché le tie-break du 3ème en sortant tous les coups du tennisman, service, volée, passing et gros coups des deux côtés. Le tout avec un mental d’acier et une attitude sans cesse positive.
Quand on se souvient comment Youzny avait mentalement écrabouillé Paul-Henri Mathieu en finale de la Coupe Davis alors que le Français menait dans le troisième set et deux sets à rien, on mesure l’exploit de Tsonga qui n’est « que » le 38ème joueur mondial.
En mars, alors que débutait la saison 2 de Madame Placard, je m’étais enthousiasmée pour le fils de Yannick Noah, Joachim, basketteur aux Etats-Unis. Le grand garçon avait réussi son pari de gagner à nouveau avec ses potes le titre de champion universitaire. Il est aujourd’hui joueur pro aux Chicago Bulls, l’équipe dans laquelle évoluait le grand Michael Jordan dans les années 90.
Entre Joachim et Jo-Wilfried je trouve des points de ressemblance. Ils ont la tête sur les épaules, il respectent les autres et n’oublient jamais d’où ils viennent. Ils ont un mental de vainqueur capable d’entraîner beaucoup de monde dans leurs sillages.
Puisse Jo avoir la même réussite que le fils de celui qui reste encore le dernier vainqueur masculin français d’un tournoi du Grand Chelem.
Puisse Jo, demain, quand il affrontera l’ogre Nadal, dans la Rod Laver Arena de Melbourne, avoir l’attitude de Mohammed Ali qui, malgré son gabarit, « bougeait comme un papillon et piquait comme une abeille ».


Il y a 10 ans
Vendredi, 23 janvier 1998.
Viande folle.

Les amerloques sont « toctoc-fêlés-maboules-cinoques » comme dirait mon fils. Imaginez le croisement entre Anne Sinclair et Christophe Dechavanne (grande époque s’entend!) et vous obtiendrez le portrait de Oprah Winfrey, une black qui fait un tabac à chaque talk show qu’elle anime (plus de quinze millions de téléspectateurs en moyenne).
Il y a presque un an, le 16 avril 1996, elle a annoncé en direct qu’elle allait arrêter de manger des hamburgers, après que l’un de ses invités (végétarien) ait accusé les éleveurs américains de nourrir leurs bêtes avec de la farine animale. Vache folle d’un côté et vache enragée de l’autre; si Oprah réussit un bon coup de pub au pays des cow-boys et des Mc Do, ce sont les éleveurs qui l’ont mauvaise. En quelques jours le cours du bœuf chute et c’est une perte sèche de 36 millions de dollars pour la filière bovine.
Aujourd’hui s’ouvre, à deux pas des étables, dans une ville du Texas, le procès de la belle animatrice.
Est-ce cela que l’on appelle le pouvoir des médias? Certes, la qualité de ce que l’on a dans son assiette est importante, mais n’y a-t-il pas, à l’heure actuelle, de sujets plus mobilisateurs, pour les américains, que le bifteck et le zizi de Clinton? Pendant que des enfants se font dépecer comme de vulgaires carcasses de bœufs en Algérie, les plus grands journalistes des Etats-Unis prennent les premiers avions pour revenir en quatrième vitesse de Cuba. La rencontre entre Castro et le Pape n’est plus qu’une anecdote sur leur agenda tant la grande question du jour est: « Mais quel signe particulier Bill a-t-il sur son organe génital?
Moi je sais...
C’est une petite marque au fer rouge très prisée des éleveurs de l’Arkansas. Une façon pour eux de reconnaître les petits taureaux furieux dans le troupeau.
Et c’est comme ça que peut commencer la légende de William Jefferson « Quéquette folle » Clinton.


P.S. Si Oprah Winfrey avait existé en France au moment de la fermeture de Renault Vilvorde, quel aurait été l’effet d’un appel au boycott des voitures de la marque au losange?

mardi 22 janvier 2008

Attention secte dangereuse.

Tom Cruise, acteur américain et scientologue avéré, est selon certaines sources le numéro deux du mouvement « religieux » fondé par Ron Hubbard.
Lors d’un discours prononcé en Espagne en septembre 2004 Tom Cruise se serait, selon l’historien allemand Guido Knopp, « mis en comme Goebbels ». Pour étayer ses propos il fait référence à un discours prononcé par le ministre de la propagande allemande le 18 février 1943 au Palais des sports de Berlin. Mise en scène et slogans sont semble-t-il très comparables.
Je savais la Scientologie dangereuse pour les esprits égarés et facilement influençables. Mais je ne soupçonnais pas l’usage de stratégie de « communication » issues du IIIème Reich. Bien sûr la secte s’est empressée de démentir les propos de l’historien parus dans Bild am Sonntag.
Si l’Allemagne se bat depuis de nombreuses années pour empêcher la secte d’être reconnue comme une église, il n’en va pas de même dans d’autres pays. Aux Etats-Unis, la scientologie est une religion depuis 1993. La scientologie a obtenu le droit de célébrer les mariages dans plusieurs pays, notamment l’Afrique du Sud, l’Australie, l’Inde, l’Italie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Portugal, la Suède, Taiwan, la Tanzanie, le Venezuela, le Zimbabwe. Il y a moins de deux mois, l’Espagne a inscrit la scientologie au registre légal des religions.
Le 30 août 2004, avant le discours controversé de Cruise à Madrid, l’acteur avait fait la tournée des popotes pour la promotion de sa secte et de son film. A Paris il avait rendu visite à Nicolas Sarkozy alors ministre de l’économie et des finances. Interrogé par PPDA dans le journal de 20Heures l’acteur américain ne tarissait pas d’éloge sur Sarkozy : « Quelqu’un de formidable ... lui et sa femme sont formidables... un grand moment... Nicolas Sarkozy a une vision extraordinaire du monde ».
Alors que la Scientologie faisait, à l’époque, l’objet de plusieurs procédures judiciaires et avait été à de nombreuses reprises condamnée, cette visite et cette poignée de main avait de quoi choquer.
C’était sans doute la première vision du Sarko Jet Set. Tant que celui-ci se goberge avec des milliardaires ou des ex-mannequins, ce n’est pas grave. Quand il y a des sectes derrière, cela l’est beaucoup plus.
Sarkozy qui s’est découvert depuis peu un amour immodéré des religions ira-t-il à l’avant première du prochain film de Tom Cruise ?





Il y a 10 ans
Jeudi, 22 janvier 1998.
Viande hachée.

Hier soir à la Mutualité, des gens de bonne foi et de bonne volonté se sont réunis pour crier leur indignation devant les massacres en Algérie.
J’étais dans ma petite voiture, hier vers 19H30, écoutant « Le téléphone sonne » sur France Inter.
Les invités, un représentant de l’opposition en direct d’Algérie et un journaliste de Jeune Afrique, n’ont, à aucun moment condamné ouvertement et clairement les islamistes tueurs de bébés. André Glucksmann, essayait de faire entendre sa voix du côté de la Mutualité, en refusant les faux-fuyants. Il avait raison de vouloir appeler un tueur un tueur et un tueur islamiste un tueur islamiste. Réduire des femmes et des enfants en bouillie ne mérite aucune excuse. Ces « bouchers » de Dieu ne méritent pas non plus de s’asseoir à une table de négociation.
André Glucksmann avait raison, hier soir, de marteler, sans oublier les détails macabres, les horreurs qui font mourir chaque jour des dizaines d’Algériens.
La question qui me hante depuis longtemps est:« Quand les responsables religieux de l’Islam condamneront-ils sans détour et avec force ces massacres commis au nom du Coran ? »

lundi 21 janvier 2008

Rouge de honte.

Dans 200 jours la planète sport sera rouge. Toute rouge. Uniformément rouge.
Le 8 août 2008 s’ouvriront les Jeux Olympiques de Pékin, les 29èmes de l’ère moderne.
Des jeux qui seront parfaitement organisés ; tout est d’ailleurs déjà prêt.
Des jeux qui seront polis et souriants. Depuis quelques mois, les autorités donnent même des cours de sourire aux chauffeurs de taxis et des formations continues aux supporters pour apprendre à applaudir et à mettre de l’ambiance dans les stades. La spontanéité codifiée, on aura tout vu.
Mais des jeux qui feront tout pour masquer la pauvreté, la soumission, le malheur d’un peuple qui, dans sa grande majorité est brisé par ce néocapitalisme rougeoyant de gloire.
Les opposants sont emprisonnés jour après jour. Le régime « communiste » (encore !) a une peur bleue des contacts potentiels entre les 10000 journalistes qui seront sur place et ceux qui voudront témoigner sur leurs conditions de simples citoyens.
En 2001, quand la commission d’évaluation des candidatures était passée à Pékin, les autorités avaient, sur le parcours des officiels, repeint l’herbe en vert et bâti des faux décors de cinéma afin de cacher la misère de certains quartiers.
Des Jeux en trompe l’œil. Des jeux à la gloire d’un régime peu glorieux. Des Jeux pollués dans les têtes et dans les airs. L’équipe de dressage suisse vient de décider de boycotter ces JO en estimant que la santé de ses chevaux n’était pas garantie. Quand on sait que pour palier à ce problème les organisateurs avaient délocalisé la compétition d’équitation à Hong Kong, sous des cieux plus cléments, on peut se demander dans quelles conditions évolueront les athlètes du monde entier dans la capitale chinoise ?
Mais est-ce que cela a vraiment de l’importance ?
Hu Jia, 34 ans, a été arrêté le 27 décembre pour "incitation à la subversion" après avoir critiqué le régime et les JO. Cette accusation peut le faire croupir plusieurs années en prison.




Il y a 10 ans
Mercredi, 21 janvier 1998.
Le cauchemar de Le Pen.

« Ils sont partout, ils sont partout ... ».
Tel le somnambule moyen, Jean-Marie Le Pen erre entre les menhirs de Carnac. Sa chemise vole au vent de Suroît comme si l’Ankou n’était pas loin. Jean-Marie gémit, s’époumone en tentant de vaincre le bruit des vagues et des arbres.
« Ils sont partout, ils sont partout ... ».
La peur de disparaître le tenaille. Des ténèbres, il voit surgir des ombres multicolores. Soudain, une main l’agrippe. Il se retourne. Un japonais jovial l’éblouit avec son flash stroboscopique. Jean-Marie s’enfuit sur la lande. Les ajoncs lui griffent les mollets.
Il trébuche. Il saigne. Il veut crier. Aucun son ne sort de sa bouche, lui le tribun du FN. Il n’a plus de langue.
Par terre, le nez dans la bruyère il entend des voix qui parlent chacune une langue étrangère. Une main se tend pour l’aider à se relever. Il pense à ses faux amis du Parti, Bruno et Bruno. Mais où sont-ils?
« Appelez la milice de Vitrolles ou de Vichy qu’on en finisse », essaye-t-il de crier, en vain.
Un visage se penche vers lui, celui d’un Tunisien. Angoisse. Sur le visage du Tunisien se superposent celui d’un Camerounais, puis celui d’un Italien, d’un Russe, d’un Israélien, d’un Chinois, d’un Américain, d’un Turc, d’un Portoricain, d’un Indien et ainsi de suite comme dans un clip ultrarapide de Michael Jackson. La dernière image qu’aperçoit Jean-Marie avant de sombrer dans l’inconscience est celui du Japonais rieur et photographe.
« Ils sont partout, ils sont partout ... »
Gelé et en sueur, Jean-Marie ne sait plus où il habite.
Il se réveille, sort de son lit avec difficulté et pose le pied sur un journal qui traîne par terre. A la Une du quotidien on peut lire:
« Il y a eu 67 millions de touristes étrangers en France en 1997 ».

dimanche 20 janvier 2008

Voyage.

Il est des films comme des voyages incertains. De ceux qui vous mènent d’un point A à un point B sans pour autant connaître l’itinéraire à l’avance. Sans pourtant être sûre d’arriver au point B vous certaine de vouloir y arriver.
Sean Penn, formidable acteur américain, est passé depuis 1991 derrière la caméra et ses films sont comme des quêtes intérieures perpétuelles. La quête d’un homme qui veut devenir un homme en harmonie avec lui-même et le monde qui l’entoure. Il y a seize ans dans « Indian Runner » Sean Penn nous emmenait déjà en pèlerinage au côté de Franck Roberts.
Cette fois-ci dans « Into the wild », nous voyageons et grandissons avec Christopher McCandless qui vagabonde sur les routes américaines avec un rendez-vous obsessionnel en tête, atteindre l’Alaska, ultime étape de son périple.
Sans vous dévoiler les moments clés de ce road movie, je voudrais tout de même vous en faire goûter le sel et vous donner envie de prendre votre ticket pour l’Alaska.
La narration est subtile avec des allers-retours dans le temps qui ne donnent pas la nausée comme parfois. La musique d’Eddy Vedder, le leader de Perl Jam, est envoutante et colle parfaitement aux images.
Le propos du film n’est pas si manichéen que cela. Jeune homme brillant diplômé de l’université, Christopher décide de tout plaquer pour atteindre son but. Une forme de renaissance plutôt que de disparition. Résumer ce film à une opposition entre la ville et la campagne, les vils et les gentils, la société à la nature, les bons sentiments et la sauvagerie des comportements serait réducteur. La quête d’harmonie, le sens des autres, le besoin de se tester en tant qu’être fait du parcours de Christopher alias Alexander Supertramp, un voyage au cœur du cœur de chacun. Un voyage intérieur et extérieur qui souvent le blesse mais qui à chaque fois le grandit.
Et si je vous dis pour finir que les images sont sublimes et que les personnages croisés sur la route par Alex sont beaux ou drôles ou attachants ou tout ça à la fois, j’espère que vous n’hésiterez plus.
Pour ne rien gâcher, Emile Hirsch, le jeune acteur qui porte le film sur ses épaules est beau comme un christ errant du XXème siècle.
Rendez-vous en Alaska.


PS : Ce film est tiré d’une histoire vraie. Ce qui en renforce encore le propos.



Il y a 10 ans
Mardi, 20 janvier 1998.
La Une et la Der.

Il paraît qu’ils causent comme ça dans les journaux. La Une pour la première page et la Der pour la dernière. Généralement il n’y pas vraiment de relation entre ces deux pages. La Une est réservée à ce qui est essentiel et la Der se contente de l’accessoire. Je n’y avais jamais fait vraiment attention jusqu’à ce que, ce matin, je fasse tomber mon journal par terre. Là, page de droite je pouvais lire « Qui va payer pour les exclus? », question cruciale en cette période de revendications des chômeurs. Et page de gauche, une photo de la fameuse salle des ventes de Sotheby’s, sous-titrée « Renoir à la baisse ».
Retour sur la Une: pour augmenter les minima sociaux, il faudrait à l’Etat 30 milliards de francs.
Pas de problème si l’on relit bien la Der. Il existe dans les coffres des grosses sociétés japonaises des milliers de toiles (en majorité de la période impressionniste) dont la valeur est estimée selon des spécialistes pessimistes à ... 30 milliards de francs, justement.
Quand on sait que certains de ces peintres ont crevé de misère comme les laissés-pour-compte d’aujourd’hui, je me demande s’il ne serait pas possible de trouver un arrangement. Hier, un Van Gogh pouvait donner une de ses toiles pour un bon repas chaud.
Lors de cette vente aux enchères, « Le Moulin de la Galette » de Pierre-Auguste Renoir a été vendu 300 millions de francs. Ce serait déjà un début pour que la roue (du moulin) tourne pour les exclus et que la galette vienne gonfler un peu leurs poches.

samedi 19 janvier 2008

Paria.

Ecrase ! Ferme-la ! Le pavé des rues et le bitume des trottoirs sont largement suffisants. Tu voudrais me parler de convivialité, d’échange, de rencontre. Mais il n’en est pas question. Et estime-toi heureuse de pouvoir encore faire ça entre les voitures et le caniveau. Tu es ignoble, puante et dégoutante. Tu es un danger public. Tu mets en péril la santé des autres.
Tu es, tu es, tu es ... une fumeuse.
Insulte suprême.
Comment la cigarette a fait de nous, en l’espace de quelques mois, les rebus, les rejets d’une société policée, bien pensante et non toxique.
Boire à s’en dérégler le foie comme le chanteur Carlos est encore toléré. Mais pour combien de temps ?
Aujourd’hui, la clopeuse et le clopeur sont non seulement des cancers pour eux-mêmes mais pour les autres. Certains même, se plaignent déjà du bruit fait par les fumeurs sur les trottoirs à la sortie des bistrots et des restaurants. Repoussés hors du champ social, hors des limites de l’habitat urbain, le fumeur va devenir une bête que l’on pourrait traquer au cœur des forêts. Des fois qu’il lui prendrait l’idée de laisser ses mégots foutre le feu à nos arbres centenaires, les pompiers (sans jeu de mot) auraient même le droit de tirer sans sommation.


PS : petite info rigolote. Les propriétaires de boite de nuit sont bien embêtés. L’odeur de cigarette dans leurs établissements n’est plus là pour masquer les odeurs de transpiration des danseurs. Vers deux heures du matin, ça schelingue au Macumba. Des diffuseurs de déodorant, comme ceux du métro parisien, vont être mis en place. L’artificiel remplacera le naturel. Mais il faudra bien choisir un parfum.
Et si pour commencer on n’embaumerait pas nos dance floor à l’essence de Goldo ou de Camel sans filtre ? Juste retour des choses.




Il y a 10 ans
Lundi, 19 janvier 1998.
Coup de barre.

Ce n’est pas comme au cinéma. Les films de Cayatte, de Preminger ou d’Hitchcock qui se passaient dans un tribunal, nous prenaient aux tripes sans nous lâcher une seconde.
Le procès Papon n’a pas été mis en scène par Robert Hossein et je dois avouer certaines somnolences coupables depuis son démarrage. Aujourd’hui c’est le cinquantième jour d’audience et je m’y perds dans les convois, les dates et les circuits de décision de la préfecture de Gironde de l’époque. Sans compter qu’à la barre un nouveau témoin, Michel Bergès, viendra ajouter à la confusion, sa version des faits. A l’origine de l’affaire Papon avec Michel Slitinsky, ce professeur de sciences politiques, a retourné sa veste et se pose désormais en témoin à décharge de l’accusé. Le doute de l’historien l’a soudain envahi.
Dans notre société réglée, formatée comme des films américains qui se finissent bien avec des bons vraiment bons et des méchants vraiment méchants, ce procès est un pied de nez au marketing des grands studios hollywoodiens.
Je plaide donc coupable d’inadvertance et de somnolence juridique. Qu’est-ce que quarante, cinquante ou quatre-vingt dix jours d’audience comparés aux souffrances infinies des déportés?
Maurice Papon, quoique puissent un jour ou l’autre affirmer les plus éminents historiens, sera toujours coupable de lâcheté, pour n’avoir pas su dire non à l’ennemi. Je vais donc m’accrocher et suivre ce procès jusqu’au bout pour que cet excès de zèle administratif meurtrier ne reste pas impuni.

vendredi 18 janvier 2008

Posture.

Françoise de Panafieu est la candidate déclarée de la droite pour reconquérir la mairie de Paris aux prochaines municipales. Une candidate qui a dû jouer des coudes pour se hisser à ce sommet. Un parcours semé de peaux de bananes que ces « amis » Pierre Lellouche, Claude Goasguen et Jean Tiberi jettent par douzaine sur son chemin.
Mais que les perdants des primaires de février 2006 se rassurent, la Françoise a décidé de se jeter elle-même des peaux de bananes.
En affirmant hier qu’elle promettait au Parisiens l’interdiction aux voitures de plus de dix ans d’enter dans la capitale elle se rendait plus que ridicule.
C’est d’abord faire injure à ceux qui entretiennent leurs véhicules en passant chaque année le contrôle technique. C’est ensuite ghettoïser davantage la ville de Paris en la réservant uniquement aux propriétaires (riches) de voitures neuves.
Une posture écologique ridicule. Une idée à la con qui est tout de même sortie des cartons. On se demande parfois à quoi sont payés ces énarques sensés conseiller nos dirigeants.
Si Madame de Panafieu souhaite faire de l’écologie, qu’elle mette en accord ses idées et ses actes en votant les mesures prises par le conseil municipal, comme le programme Tramway par exemple.
J’ai cru comprendre que l’ouverture devait faire partie de notre paysage politique. Et si Nicolas Sarkozy qui déjeunait avec elle il y a deux jours pour lui signifier, à reculons, son soutien lui apprenait à conjuguer le verbe ouvrir au présent au lieu de la laisser dire des bêtises pour le futur ?



Il y a 10 ans
Dimanche, 18 janvier 1998.
Les pieds nickelés en Algérie.

Un Ribouldingue anglais, un Filochard luxembourgeois et un Croquignol autrichien vont s’envoler demain pour un voyagé plus qu’organisé en Algérie. Comment vont-ils faire en 24 heures pour connaître les tenants et aboutissants d’un aussi vaste désastre? Si vous avez déjà fait un aller-retour sur une journée dans une capitale européenne, vous savez comme moi qu’il est impossible de voir, ni de faire quoi que ce soit de bien, à part manger. Mais j’ose espérer que les trois ministres ne sont pas venus là pour se farcir le couscous des familles cuisiné par Madame Zéroual.
Cette commission qui s’est pliée, pour ne pas dire contorsionnée, au bon vouloir du chef de l’Etat et des siens, fera où on lui dira de faire et pas autrement. Les trois pieds « trop tendres » vont, sans aucun doute, suivre leurs guides comme le bon toutou à sa mémère.
Malgré les sourires des diplomates « Ultra Brite » de l’Europe, personne n’est dupe. Un premier pas disent certains ... Oui, mais dans quelle direction et avec quel pouvoir de pression?
Ayant merdé pendant la guerre en ex-Yougoslavie, l’Europe devrait avoir à cœur de se racheter.
Une chose est sûre, dans deux jours on nous dira que 24 heures n’auront pas été suffisantes.

jeudi 17 janvier 2008

J’ai remangé un Bounty.

Dans les couloirs de ma boite, un garçon m’interpelle et me dit tout de go : « Tu ne connais pas la dernière ? Carlos est mort ».
L’espace d’un instant j’ai pensé au terroriste du même nom puis à Carlos Santana, « guitar hero » de mon adolescence.
En fait, le disparu était le créateur de « Big bisous », « Monsieur Météo » ou « ». Devenu plus tard raconteur de blagues salaces dans les « Grosses têtes » sur RTL et pêcheur au gros pour le compte de chaînes de télé du câble et du satellite. Le personnage était reconnaissable à son gabarit de Moby Dick, sa barbe à la capitaine Achab et ses éternelles chemises à fleurs piquées à Antoine.
Fils de Françoise Dolto, la papesse de la psychanalyse enfantine, il avait été secrétaire particulier des Halliday-Vartan dans les années 60 et 70 avant de pousser la chansonnette.
On ne critique pas les disparu parait-il. Sans être méchante langue je sois dire que
Dans un fameux sketch, Pierre Desproges, qui affirmait que l’on pouvait rire de tout mais pas avec n’importe qui, raconta : « Le jour où Brassens est mort, je n'ai pas pu manger de la journée. Alors que quand ce fut Tino Rossi, j'ai repris 2 fois des moules".
C’est peut-être un peu facile, un peu « bobo » diront certains, mais pourquoi s’apitoyer et trouver au bonhomme mille qualités alors que rien de ce qu’il a pu faire et dire ne m’a touchée.
Alors après l’annonce je suis allée au distributeur de friandise et j’ai remangé un Bounty.




Il y a 10 ans
Samedi, 17 janvier 1998.
Quel est le con qui a inventé la natation synchronisée?

Il paraît qua ça plaît à mes copines. Moi je pense sincèrement qu’elles feignent de trouver ce truc chouette, comme le patinage d’ailleurs, pour obliger leur mari à regarder ces pirouettes grotesques sur eau (ou sur glace), afin de se venger des soirées foot à la télé que leur font subir leurs bedonnants compagnons.
Il y a bien un mec ou une nana au Comité International Olympique qui a, un jour, donné son autorisation pour gratifier ce bal aquatique grotesque du label « sport ». Que fait la police? Je veux les noms!
Une ou plusieurs Esther Williams au sourire figé et au pince-nez ultra esthétique me font plutôt penser à un ballet subaquatique de dauphins au Parc Astérix, la grâce en moins.
Je ne vous parle même pas de leur pas martial sur le bord de la pistoche, avant et après leurs exhibitions « Pinderiennes ».
Pendant les Jeux Olympiques de Nagano qui démarrent dans moins d’un mois, je m’attaquerai au patinage artistique, si vous le permettez.

mercredi 16 janvier 2008

Justice écologique.

Le tribunal correctionnel de Paris n’a pas rendu une copie blanche. La crainte de voir les puissants pétroliers s’en tirer blanc comme neige m’embarrassait depuis les débuts de ce procès.
Le temps s’écoulait lentement depuis le 12 décembre 1999. Dans le sablier des petites boules d’hydrocarbure.
Mais la justice s’est réveillé et vient d’acter le fait que le préjudice d' « atteinte à l'environnement » est entré dans l'arsenal juridique français.
192 millions de dommages et intérêts sont réclamés à Total et aux autres responsables. Malheureusement, le montant « dédié » au préjudice écologique ne représente que 0.7% du montant total des dommages et intérêts.
Néanmoins, cette jurisprudence, je l’espère, mettra du plomb dans l’aile à tous ces armateurs, ces pavillons de complaisance qui prennent la mer pour une poubelle et nos côtes pour des décharges.

Dimanche 30 décembre, je me promenais avec quelques amis sur la côte sauvage entre Portivy et Quiberon. Pas un souffle de vent, un ciel pur, une mer légèrement moutonneuse. Des goélands tels des vigiles scrutaient l’océan. Petites statues blanches et grises ils me donnaient l’impression d’être les gardiens de ce territoire en hommage à leurs ancêtres morts englués dans le pétrole sur ces mêmes côtes presque huit ans avant, jour pour jour.



Il y a 10 ans
Vendredi, 16 janvier 1998.
C’est sikidikiyè.

Lionel a pété une durite comme on dit vulgairement. Qu’est-ce qui lui a pris de refaire l’histoire cent ou cent cinquante ans après. Surtout pour distribuer les bons et les mauvais points comme une maîtresse d’école voulant motiver son troupeau d’élèves.
« Gnagnagna, c’est toi qu’étais contre Dreyfus... ». « Gnagnagna, c’est toi qu’étais pour l’esclavage ... ». « Gnagnagna c’est moi le gentil... ». « Gnagnagna c’est toi le méchant ».
Je croyais que sur les bancs de l’Assemblée, même si on n’avait pas laissé la mauvaise foi et les injures au vestiaire, les querelles de cour de récré étaient passées de mode.
Quitte à se chicaner sur le passé, ces messieurs les redresseurs de coup tordus feraient mieux de se poser des colles sur le numéro que portait Johan Cruijff pendant la finale de 1974, la longueur du saut de Bob Beamon à Mexico ou qui jouait Liberty Valance dans le film de John Ford?
A ce rythme là, ils finiront par se foutre sur la gueule pour savoir si la Marquise de Pompadour aurait été pour ou contre la fermeture de Super Phénix? Ou en venir au duel à l’arme blanche pour départager ceux qui pensent que Vercingétorix roulait à droite et ceux qui affirment que c’est à gauche, sur les voies romaines, que le gaulois faisait pétarader son scootix.
Et ainsi de suite jusqu’à la nuit des temps.
Peut-être faudra-t-il un jour déterrer les cadavres d’Adam et Eve et faire un test ADN pour savoir qui, des deux, portait la culotte?

mardi 15 janvier 2008

Sujet du BAC : le spirituel et le matériel peuvent-ils cohabiter ?

Plus l’âge de passer le Baccalauréat. Thèse, antithèse, synthèse et les exemples qui vont avec sont une discipline au dessus de mes forces passées 21 heures.
Réponse rapide donc. Sarkozy = synthèse.
Tel un véritable caméléon, le président nous fait découvrir une de ses facettes, celle de dire et de penser la même chose que son auditoire.
En visite au Vatican avec son ami Bigard, le Laurel de la république s’est enhardi à annoncer au Pape Benoit XVI que « Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes » et de surenchérir en attribuant au manque de foi les malheurs de la France : « La désaffection progressive des paroisses rurales, le désert spirituel des banlieues, la disparition des patronages, la pénurie de prêtres, n’ont pas rendu les Français plus heureux ».
Et pour caresser la tiare dans le sens du dogme il crut bon d’ajouter « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur ». Difficile de croire l’animal quand il affirme que malgré tout ces propos, la laïcité restera « incontournable » dans notre pays.
Vous aurez remarqué que dans cette allocution, pas de mention des musulmans. Selon une enquête de La Croix en août 2006 sur 30 000 personnes résidant en France il semblerait que le nombre de pratiquant régulier (une fois par semaine) soit plus nombreux côté musulman (5.7%) que côté catholique (4.8%). Et les protestants, les juifs, les bouddhistes et les autres. Ça ne doit pas voter un hindouiste, sinon Sarko se serait déjà laissé pousser les ongles et serait parti sur les genoux au monastère de Puri.
Si ma mémoire est bonne le candidat Sarkozy ou même le ministre Sarko (de l’intérieur et des cultes) avait évoqué une modification de la loi de 1905.
Alors méfiance, cette forme de cléricalisme à pas forcé ne présage rien de bon. Quand on sait que le tiaré de Saint-Pierre de Rome ne s’est pas rendu ces jours-ci à la Sapienza la plus illustre des universités italiennes. Boycott des plus éminents professeurs et scientifiques. Une seule et bonne raison, le fait que le cardinal Ratzinger, avant qu’il ne s’appelle Benoit XVI avait estimé lors d’un discours très controversé à Ratisbone que le procès contre Galilée était « raisonnable et juste ».
Pour en revenir au sujet de départ, Spiritualité et matérialisme peuvent-ils faire bon ménage ? Avec Sarko en Ray-ban en Jordanie offrant des bagouzes à 20 000 euros à sa mannequine de fiancée, voyageant en avion privé, passant des vacances sur des yachts à des dizaines de milliers d’euros la semaine, je dirais oui.Un peu court peut-être comme démonstration. Mais à 22H00, j’ai matériellement besoin de mettre la viande dans le torchon comme on dit vulgairement dans ma campagne. Histoire de faire le rêve d’une France laïque et fier de l’être.




Il y a 10 ans
Jeudi, 15 janvier 1998.
Viens poupoule.

Monsieur Jean de La Fontaine, vous qui veillez sur les poulaillers et les zoos du monde entier, vous avez dû vous fendre la poire en entendant cette histoire qui nous vient de Saint Hilaire du Harcouët.
La vache devenue folle après avoir mangé ce qu’une poule devait avoir laissé dans sa gamelle.
Je me souviens que chez ma grand-mère et dans les fermes avoisinantes, les poules et les vaches ne partouzaient pas ensemble dans les bals du samedi soir. Pas question qu’un bœuf en costume de ville accoste une poule aussi bien roulée soit-elle. Pas non plus question qu’un coq bien monté tente l’œillade assassine à la vache aux pis pigeonnants. Chacun restait dans son coin, mangeait à sa table ce qu’il avait toujours mangé et les moutons étaient, selon l’adage, très bien gardés. En parlant de moutons d’ailleurs, la surprise de cette histoire c’est que l’on apprend que les poules ne picotent plus de pain dur. Les gallinacés du 21ème siècle se font maintenant des orgies de bouillies à base de maïs, soja et protéines contenant 6% de déchets de viandes de porc, de mouton et de bœuf.
Beurk, beurk, beurk. Je ne sais pas si Sanders, plus gros fabricant de farines animales et alimentaires sponsorise des bassines en plastique pour vomir, mais il le devrait.
Notre amie la vache est donc devenue folle comme trente et une de ses copines françaises depuis le début de l’épidémie. Mais on ne nous parle pas des poules qui se farcissent à longueur de journée ces repas que leurs ancêtres, hôtes de ma grand-mère, auraient tout de suite renvoyés au maître d’hôtel.
Mine de rien, quelqu’un ne mangera pas la vache, mais quelqu’un va peut-être, un de ces quatre dimanches, se faire une omelette avec les œufs pondus par ces poules carnivores.
La morale de cette histoire, Monsieur de La Fontaine, sera brève et empruntée à Jean-Pierre Coffe: « On mange de la merde! ».

lundi 14 janvier 2008

Appellation contrôlée.

Les mots sont devenus comme ces petites sucrettes que vous mettez dans votre café pour éviter une trop forte consommation de saccharose.
Souvent édulcoré certains mots de vocabulaire peuvent aussi disparaître du dictionnaire.
Ma boulangère me faisait remarquer hier qu’elle ne vendait plus de « Tête de nègre » mais des meringues au chocolat. Trop raciste comme dessert ? Drôle de sensation. Le gâteau n’avait pas le même goût qu’avant. Moins bon. Juste dans la tête sans doute. Faudra-t-il rebaptiser la Revue Nègre des années 20 avec Joséphine Baker ?
Le politiquement correct fait des ravages dans les mots et dans les images. Le fameux portrait de Jean-Paul Sartre cigarette entre le majeur et l’index se vend maintenant sans la cibiche.
Le non voyant a remplacé l’aveugle sans pour autant sortir du noir. Le mal entendant y entendra-t-il mieux que quand on l’appelait sourd ?
L’actualité quotidienne nous retire de la bouche ces bons mots croustillants qui disaient ce qu’ils voulaient dire. La police de proximité honnie par Sarkozy et supprimée par ses soins lorsqu’il prit la Place Beauvau, refait aujourd’hui surface. Michelle Alliot-Marie l’appelle désormais Unité Territoriale de Quartier (UTQ). C’est exactement la même chose, mais l’emballage verbal ne trompera j’espère personne.
Dans cette nouvelle cuisine des lettres (et des abréviations) il n’y a plus de gras, de sauce, de rab. On parle comme on mange, chichement, maigre, à l’eau. Les mots sont comme ces petits légumes perdus au milieu d’une grande assiette blanche dans un restaurant sans bruit et sans odeur.
Vive les bons mots, enrichis en signifiants, sans l’OGM de la pensée unique. Des mots qui ne se cachent pas. Des mots d’origine qui fleurent bon le terroir comme un plateau aux mille fromages AOC. Des mots bons comme les lingots d’un bon cassoulet. Des mots qui font rire et font péter. Des mots qui font rougir et font grincer.



Il y a 10 ans
Mercredi, 14 janvier 1998.
Une page de silence.

dimanche 13 janvier 2008

Dans sa bulle.

Otages, attentats, massacres, guerres civiles, scandales ...
Pas drôle de se farcir les infos chaque que Dieu (qui devrait y regarder de plus près) fait.
Rester un dimanche dans sa bulle. Chez soi, faire un bon poulet à la broche avec de bonnes frites et des cocos plats. Ne pas hésiter à reprendre de la sauce. Discuter avec les enfants. Parler des rêves de la nuit, faire un peu de sport.
Ne pas ouvrir les journaux.
Demain, le Kenya, le Pakistan, la Colombie et l’hyper activisme malsain de notre président refrappera à notre porte.
Nous ouvrirons, mais en attendant canapé, feu de cheminée et bain chaud.
Ciao.




Il y a 10 ans
Mardi, 13 janvier 1998.
Abominable.

Dans le Petit Larousse illustré on trouve au mot abominable la définition suivante: « qui excite l’aversion, l’horreur ».
Les journalistes de presse écrite, de radio et de télé avouent ne plus savoir comment qualifier les massacres. Les mots leur manquent. Parce qu’ils doivent préférer les adjectifs à défaut d’explications et de coupables identifiables.
Hier à Sidi Hammed plus de 400 personnes ont été massacrées dont des bébés écrabouillés contre des murs et des femmes éventrées du sexe jusqu’à la gorge ...
Alors pourquoi ne pas instaurer une minute ou une page de silence chaque jour à 20H00 à la télé et chaque matin à la Une des journaux? Car il faut faire très attention au syndrome d’accoutumance à l’horreur qui se répète et que l’on préfère oublier dans notre train-train pas toujours très folichon.
Ce qui se passe en Algérie et ce qui s’est passé en ex-Yougoslavie et au Rwanda ne doit pas tomber dans un oubli teinté de ras-le-bol.

samedi 12 janvier 2008

On solde les soldes.

Au fronton de L’Elysée, on fait péter les promotions.

Tout doit disparaître!
Les 35 heures c’est fini ! Enfin jusqu’à nouvel ordre. La durée légale du travail fluctue joliment entre 35 et 48 heures. Que va-t-il rester du plan Aubry. Que des guenilles si l’on en croit les plus libéraux. Et pourtant, si ce système n’avait pas que des qualités (coûts et stagnation des salaires), il a au moins eu le mérite de créer au minimum 350 000 emplois.

La grande braderie!
Fin de la pub sur le service publique dixit Sarko ! Enfin jusqu’à nouvel ordre (bis). Comment faire grimper en une phrase l’action de TF1 de son pote Martin Bouygues. N’y voyez comme moi aucune collusion aucun retour d’ascenseur, espèces de malfaisantes ! Pour l’instant c’est tout bénef pour la Une et pour M6 et leurs petites sœurs de la TNT. Si la mesure est confirmée, il y aura pénurie de spot pour les annonceurs. Et qui dit manque d’emplacement disponible dit augmentation des prix, d’où des campagnes télé de plus en plus réservées aux grosses marques des gros groupes alimentaires, bancaires ou industriels. Il va sans dire que ces chaines devront couper plutôt deux fois qu’une leurs programmes pour satisfaire à la demande. En attendant les salariés de la régie de France Télévision tirent la gueule et ceux de France 3 ou de France 4 se demandent quand ils seront privatisés.

Déstockage monstre!
Jacques Attali, l’homme qui a mangé à tous les râteliers de la République et des instances internationales, nous propose l’ultime réforme pour relancer l’économie. Celle de faire de chaque semaine de l’année une semaine de solde. Si je comprends bien le garçon qui a du faire des études beaucoup plus longues que les miennes, il suffirait de brader les prix continuellement pour relancer la croissance. Où se situerait le niveau de prix des choses ? Comment les petits commerçants pourraient assurer leurs marges ? Devront nous vivre et faire nos courses dans d’éternels entrepôts du hard-discount ?
Cher Jacques, il existe un jeu de carte en Bretagne que nous appelons la coinchée. A ce jeu, vous pouvez, si vous le souhaitez et si vous avez les cartes pour, mettre « en voiture » ou en « berrouette ». Ce qui signifie qu’il n’y a plus d’atout. Ou bien, si on le lit autrement que toutes les cartes sont des atouts.
Votre réforme des soldes me fait penser à ce jeu auquel parfois on peut finir capot !






Il y a 10 ans
Lundi, 12 janvier 1998.
Goût de bouchon.

Par moment les nerfs lâchent. Bloquée au carrefour qui mène à la bretelle de l’autoroute. Vous savez qu’il vous reste au minimum trois-quarts d’heure avant de rejoindre votre boulot. Sachant que cela fait plus de vingt minutes que vous êtes partie, je vous laisse faire l’addition pour la journée. Le problème d’arithmétique élémentaire prend des allures de cauchemar à la veille du certif quand vous allumez votre autoradio et que vous entendez que le prix de l’essence a augmenté de 10 centimes en moyenne par litre. Sachant que vous consommez en de 10 à 11 litres aux cent kilomètres de Super 98 et que 17,5 kilomètres séparent votre domicile de votre lieu de travail; sachant que votre véhicule consomme 20% de plus pendant les 2/3 du temps de route; sachant que votre mari dispose d’un véhicule consommant 15% de plus et qu’il lui faut 50 minutes à l’aller pour effectuer les 21 kilomètres, cinq fois par semaine travaillée, pour aller bosser; sachant par ailleurs que l’état plus goulu que jamais, se met dans la poche les 80% du prix du litre affiché à la pompe; et sachant enfin que deux fois par semaine vous faites un détour de 2,5 kilomètres pour aller chercher la meilleure baguette de la région et que cet écart vous oblige à emprunter une côte à 8%; combien mon foyer « modèle » donnera-t-il en francs à l’Etat au bout d’un an de travail?


P.S. base de calcul: prix du litre au 12 janvier 1998: 6,71 francs et âge du Ministre de l’Economie et des Finances: 48 ans.

vendredi 11 janvier 2008

Good bye Sir.

Combien de temps aura mis Sir Edmund Hillary pour gravir l’éternité qui sépare le 8848ème mètre de l’Everest du petit nuage où l’attendait Tensing Norgay depuis le 9 mai 1986 ? Sûrement pas très longtemps.
Juste le temps de glisser le petit appareil photo dans sa besace. Le fameux appareil avec lequel il prit son sherpa sur le toit du monde. Cette fois, ce sera lui, Tensing, qui prendra la photo de son pote Edmund sur le marchepied du paradis des aventuriers.


PS : humble jusqu’au bout, le plus grand des néozélandais a toujours tenu à dire que sa plus grande réalisation fut de faire construire hôpitaux et écoles en Himalaya.





Il y a 10 ans.
Dimanche, 11 janvier 1998.
Couillasses mollasses (bis).

Six mois, ce doit être le temps que met l’information pour faire un aller-retour dans le cerveau d’un terroriste de l’ETA. Le dimanche 13 juillet dernier je pensais que ces machos terroristes de pacotille n’étaient que des minables, aujourd’hui ... je n’ai pas changé d’avis. Mais que pensent-ils obtenir en tuant encore cette semaine des élus du parti au pouvoir?
Mystère et boule de gomme.
Hier, la population de Zaruan a défilé en silence pour dire non au terrorisme.
Je n’étais pas sur place mais si j’avais marché pour la paix avec ces hommes et ces femmes, vous devez vous douter du message qu’il y aurait eu sur ma pancarte.

jeudi 10 janvier 2008

Libres.

Jeudi, 10 janvier 2008.
Libres.

Les FARC ont libéré Clara Rojas et Consuelo Gonzales. Enfin. Après le show raté d’Hugo Chavez il y a moins d’un mois, l’opération d’aujourd’hui, plus discrète, a réussi.
Difficile de savoir qui remercier. Peut-être seulement Alvaro Uribe, le président colombien qui a permis cette libération sans pour autant perdre la face vis-à-vis de sa population.
Reste Ingrid Betancourt et près de 3000 autres otages.
La jungle colombienne est encore aujourd’hui une prison. Pourvu que demain elle ne devienne pas une tombe.



Il y a 10 ans
Samedi, 10 janvier 1998.
Johnny rotten.

Je n’aime pas Johnny Halliday. En tant que chanteur, s’entend, parce que l’homme, je m’en fiche complètement.
Moi j’étais plutôt Beatles que Stones et plutôt Mitchell que Halliday. A chacun ses chapelles, comme on dit. En tout cas, mon Monopoly du Rock n’Roll ne passait pas par la case Johnny.
C’est donc avec un soupçon de soupçon que je me suis plongée dans l’interview-portrait écrit par Daniel Rondeau et parue dans Le Monde daté du 7 janvier.
Bon d’accord, on y apprend que le chanteur « abandonné » sniffe de la coke pour se filer la pêche avant des concerts ou des enregistrements. Il avoue aussi qu’il n’a vraiment connu son père que sur son lit de mort. Bref, pas de quoi fouetter un chat (sauvage). Si cette interview était sortie dans Rock n’Folk les médias n’en auraient pas fait tout un plat. Mais le rocker à la Harley a causé dans les colonnes du Monde ce qui doit lui conférer, aux yeux des intellectuels français, un statut plus recommandable. Comme il est de bon ton pour un homme politique d’aimer le football ou le rugby, il sera de bon ton pour la Nomenclature bien pensante de notre pays de se montrer au concert du dinosaure au Stade de France après la Coupe du Monde de football. Mythe, culte, à vous de voir. Moi, en tout cas, je ne me battrai pas pour dégoter un siège.
Il y a quand même une chanson que j’ai retenue dans son répertoire, c’est « Toute la musique que j’aime ... ». Et bizarrement, dans l’interview, il nous apprend que c’est la seule qu’il ait écrite. Cette lecture n’aura donc pas été si inutile que ça.

mercredi 9 janvier 2008

Mytho.

Hier conférence de presse de Nicolas Sarkozy à L’Elysée.

Le roi c’est lui. Pas question de titiller le souverain. Demandez à Laurent Joffrin.
Fini les 35 heures ! Il est formel. Aujourd’hui il se contredit lui-même devant les députés. Les 35 heures restent la durée légale du travail.
Sans prévenir les personnes concernées et son ministre de la culture et de la communication, il décide l’arrêt de la publicité sur France Télévision. Il faut trouver 800 millions. On parie que ça ne se fera jamais ?
Mariage : « C’est du sérieux ». Je rigole. Quand on connaît le palmarès de Carla Bruni...

Ne dites pas à Sarko qu’il sort avec un ex-mannequin il se croit président de la république.



Il y a 10 ans.
Vendredi, 9 janvier 1998.
Putain, les chômeurs sont en grève!

« - Eh! René t’y comprends quelque chose au bordel des chômeurs?
- Que dalle, j’entrave que couic.
- Je pensais que toi qui as fait des études tu pouvais m’éclairer un peu.
- Attends, je crois que même au gouvernement ils sont un peu dépassés.
- En comptant large c’est vrai que deux mille personnes qui occupent un vingtaine d’Assedic, y’a pas de quoi sortir les chars d’assaut et le carnet de chèques.
- C’n’est pas faux, mais dans un sens gueuler pour manger décemment et élever ses mômes c’est normal. Tiens ce n’est pas moi qui te disais l’autre jour que la loi sur l’exclusion ils auraient dû la faire voter à la rentrée parlementaire?
- Comme quoi tes études t’ont servi à quelque chose. Tu pourrais même faire conseiller de Jospin. Mais moi je pense que les chômeurs, même s’ils sont désespérés, ils feraient mieux d’envahir les bureaux du CNPF que ceux de l’Assedic. C’est vrai, à réclamer 3000 balles de prime de Noël, on peut se demander s’ils font l’aumône ou s’ils ont envie de retrouver du boulot.
- T’y vas un peu fort, mais je pense que, manque de bol, c’est pas vers les patrons des grosses boîtes qu’il faut se tourner. Ces patrons-là ne veulent pas se casser le cul à créer des emplois. Licencier rapporte plus à leurs actionnaires.
- Alors pourquoi pas taxer les bénefs qu’ils se font à la Bourse dans ces cas-là? Ça permettrait de créer un joli pactole pour les chômeurs de longue durée.
- Dis-donc, tu fais des progrès en macro-économie mon pote.
- C’est ça, fous-toi de moi.
- Non, non, ce n’est pas con ton truc.
- Moins con que Madelin qui voulait jeter les emplois jeunes aux orties et qui, maintenant, veut en faire des emplois pour ceux qui ont le plus besoin de boulot.
- Lui, il devrait avoir honte de causer. C’est toujours la même chose avec les hommes politiques, quand ils sont au pouvoir ils se croisent les doigts et quand ils sont au chômage ils ont tout à coup les idées les plus géniales pour sauver le monde.
- Putain, René, t’as raison: chômeur, c’est pas un métier. »

mardi 8 janvier 2008

Naufrage.

Erquy, port d’attache de Madame Placard, ne verra pas revenir le chalutier La P’tite Julie à quai. Au large du Finistère nord, le bateau a coulé. Un marin a pu être sauvé, deux sont morts et quatre ont disparu.
Le bateau aurait coulé par l’avant ce qui est étrange pour un chalutier. Il y aura enquête.
Le métier de marin est l’un des plus dangereux. Un ami me demandait ce matin pourquoi ils ne portaient pas de balises émettrices, comme celles qui équipent les skieurs afin de les repérer dans les avalanches ? Je ne savais pas lui répondre. Ce que je sais c’est que la mort touche une famille des Hôpitaux. Florian Guéguen, 19 ans, élève de l’école maritime du Guilvinec, était en stage à bord de La P’tite Julie. Son corps n’a pas été retrouvé.
Les larmes coulent et la chapelle des marins sur le haut du village a du vague à l’âme.





Il y a 10 ans
Jeudi 8 janvier 1998.
Le tonton flingué.

Qui suis-je? Une tontonlâtre ou une tontonphobe?
Deux ans après la mort du pensionnaire éternel de Jarnac, j’ai du mal à choisir mon camp. Des hommes et des femmes beaucoup plus intelligents que moi ont écrit des tonnes de livres et en écriront encore sur le personnage.
Alors entre tontonlâtrie et tontophobie, je vais dire: « les deux mon capitaine ».
Faire en deux coups de cuillère à pot, le bilan de François Mitterrand, n’est pas une mince « affaire ».
Le 10 mai et le 18 septembre, j’avais eu l’occasion de dire combien l’homme m’avait fait rêver avant qu’il devienne un personnage. Héros tragique de sa propre histoire.
Alors taillons dans le vif, car comme dit le proverbe: « qui aime bien, châtie bien ». D’abord quelques questions assez fondamentales: Mitterrand était-il socialiste? Aimait-il vraiment les chiens? Préférait-il Dalida à Navarro? Ensuite quelques étranges tatouages de ses deux septennats: Mitterrand père à l’écoute de sa fille cachée et Mitterrand pervers pépère écoutant en cachette quelques stars au téléphone. Mitterrand ami de Bérégovoy et Mitterrand ami de Bousquet. Mitterrand apôtre des plus démunis et Mitterrand faisant régner l’argent dans les années 80.
Ces quelques putains de contradictions me déboussolent encore et je me demande si sa femme, seule, maintenant, ne serait pas restée sur cette terre pour mener un combat abandonné par son mari au matin du 11 mai 1981?

lundi 7 janvier 2008

Grand écart.

Les sondages sont comme les promesses électorales, ils n’engagent que ceux qui les écoutent.
En six mois la cote de popularité du président Sarkozy a perdu ... points. Si bien que le grand écart monté à 36 points en juillet 2007 entre les satisfaits et les insatisfaits est tombé à 3 tout petits points. Un résultat qui s’explique par l’angoisse des Français sur leur pouvoir d’achat et au non effet des mesures économiques d’Albanel et ses amis.
Le président se gobergeant dans des palais princiers ou des hôtels de luxe avec sa chanteuse top model n’arrange pas le tableau. Un écart entre la plèbe et son king « bling-bling » de moins en moins tolérable.
Dans le Parisien de ce jour, l’écart est également grand entre la page 3 et la page 7.
En page 3, le portrait de la famille Zerbib. Eric, Patricia et leurs trois enfants. 4300€ de revenus nets, des dettes et un pavillon à Noisy le Grand qu’il faut peut-être envisager de vendre pour améliorer l’ordinaire.
En page 7, une pleine page de publicité pour la marque de voiture Aston Martin. Pour celles qui ne sont pas familières des grosses cylindrées, je rappelle que c’est la mythique marque des voitures de James Bond. En trois clics sur le net voici une idée des prix du neuf. V8 Vantage à 126 000€ ou à 140 000€ en version Roadster, DB9 Volante à 180 000€ ou encore la Vanquish S à 276 000€.
Eric Zerbib pourrait vraiment travailler plus pour gagner de quoi s’offrir l’une de ces merveilles de l’ingénierie britannique.
C’est vrai quoi ? Qu’est-ce qu’il attend Eric Zerbib ?



Il y a 10 ans
Mercredi, 7 janvier 1998.
J’accuse.

J’accuse la justice de se foutre du monde. Hier, Xavier Dor, terroriste anti-IVG et casseur d’hôpitaux multi récidiviste, s’en est tiré avec une peine minimum alors que quelques jeunes Strasbourgeois incendiaires de voitures pendant la nuit de la Saint Sylvestre ont été condamnés dans l’urgence à des peines de prison ferme.
Ce pédiatre pédant et arrogant s’est même permis, à la sortie du tribunal, de rire de son jugement (60000 francs d’amende) et de promettre qu’il recommencerait dès que possible.
Messieurs et Mesdames les juges, qu’avez-vous sous vos robes, des couilles transgéniques ou quoi?

dimanche 6 janvier 2008

Veille de rentrée.

Ce n’est pas la joie dans la maison Placard.
Les enfants tirent une tête de dix pieds de long rien qu’en pensant à l’heure à laquelle il va falloir se réveiller demain matin. La tâche parentale qui consiste à leur faire reprendre goût au travail semble plus dure à accomplir que de faire revenir Ingrid Betancourt, organiser des élections libres en Russie ou bien encore de miser sur une victoire d’Amélie Mauresmo en finale de Roland Garros.
Monsieur Placard tousse comme une dame au Camélias depuis quinze jours et j’ai moi-même une crève carabinée qui m’a fait passer la moitié du week-end sous la couette.
Ah, si je tenais celui qui a inventé le slogan « Bonne année, bonne santé » ?


PS : milles bisous d’encouragement à Tonton Placard qui va s’accrocher et, je suis sûre, s’en sortir.





Il y a 10 ans
Mardi, 6 janvier 1998.
Le muezzin ferme sa gueule.

Du haut de son minaret le muezzin appelant à la prière cinq fois par jour dispose d’un formidable outil de communication pour clamer que le Coran n’a jamais dit qu’il fallait découper des bébés en morceaux, violer des femmes et décapiter les paysans.
Les pouvoirs religieux islamiques, algériens d’abord, mais aussi iraniens, pakistanais, soudanais, indonésiens et français n’ont pas, à ma connaissance, condamné vigoureusement ces massacres et « excommunié », en quelque sorte ces fous d’un Dieu qui n’est pas celui des écritures sacrées. Je ne suis pas encore dure d’oreille, je suis à l’écoute mais n’entends rien venir de ces phares religieux plantés au milieu des villes de Ouarzazate à Djakarta.
Comme le métier de muezzin est en voie de disparition, car tous les messages sont maintenant préenregistrés et diffusés par haut-parleur, je me demande qui, demain va prêcher en « direct-live » dans ce désert jonché de cadavres.
Attention, pendant, la deuxième guerre mondiale, l’Eglise Catholique s’était tue. Même si les nazis ne tuaient pas les juifs au nom de la Bible, ce n’était déjà pas une raison.

samedi 5 janvier 2008

Eh frangine, une frangipane?

«- Non.
- Comment ça, non?
- J’aime pas les galettes des Rois à la frangipane.
- Ah bon?
- Les galettes des Rois à la frangipane, rien que de m’en causer, ça me donne envie d’envoyer des mandales dans la tronche à tous les Rois Mages.
- Je veux bien, mais en admettant.
- Non.
- Bon, je reprends, c’est ton anniversaire, les gens arrivent avec une belle galette des Rois à la frangipane avec des bougies dessus, qu’est-ce que tu fais?
- Je les envoie chier. Je hais les galettes des Rois à la frangipane.
- D’accord, mais en supposant?
- Mais t’es bouché ou quoi, je viens de te dire que même en peinture, je ne pouvais pas les voir les galettes des Rois à la frangipane.
- OK, mais si un pâtissier t’ouvre la porte de sa boutique, t’invite à entrer et t’offre la plus belle de ses galettes des Rois à la frangipane. Comment réagis-tu?
- Je lui referme la lourde sur le buffet et au passage je lui balance un bon coup de pompe dans la poire. Le pâtissier qui va me balancer des pains, il n’est pas encore né.
- Donc pas de galette des Rois à la frangipane, c’est définitif?
- Plus jamais, les galettes des Rois à la frangipane pour mes anniversaires, ça me file la gerbe. J’ai mis trente cinq ans à m’en rendre compte: les galettes des Rois à la frangipane, en fait, c’est plein de frangipane.
- Joyeux anniversaire quand même frangine.
- Merci frangin, mais si tu continues à me bassiner avec tes galettes des Rois à la frangipane, je vais en acheter une et je te la colle au ...
- Restons calme frangine et embrassons-nous.
- ...
- Au fait, j’ai eu la fève, ça te dirait d’être ma reine?
- Enfoiré! »


P.S. Mille excuses à Jean Yanne pour cet emprunt maladroit au sketch du « Permis de conduire ».




Il y a 10 ans
Samedi, 5 janvier 2008.
Idem

vendredi 4 janvier 2008

La hussarde sur le moi.

L’année politique a commencé. J’ai la désagréable impression que Ségolène Royal est partie avant le coup de pistolet du starter. Un faux départ qui pourrait finir en sortie de route. L’ex-candidate à L’Elysée souhaite prendre les rênes du PS. Ses déclarations à trois mois des municipales me dérangent. Pourquoi tant de hâte à conquérir le toit du 10 rue de Solferino. J’attendant de Madame Royal autre chose que des envies de pouvoir. D’abord un programme, des idées rassembleuses plutôt qu’une frénésie à vouloir aller plus vite que la musique comme un certain président fraichement élu. Dans son livre de confidences postélectorales, l’élue des Charentes n’a pas vraiment fait son mea culpa.
Pour relancer la guimbarde « PS » il faudra certes, le carburant de tous, mais aussi une feuille de route qui rassemble et qui ait un véritable ADN de gauche. Pourquoi ne pas faire de la solidarité un thème central et véritablement opposables aux tactiques partisanes et aux reformes individualistes de Sarkozy ? Un moyen qui serait peut-être gagnant pour redonner du rose aux joues sans aller marcher sur des plates bandes dangereusement patriotico-chrétiennes.
Et ensuite ouvrir un débat. Entendre Delanoë, Moscovici ou Sapin...

Dans le livre de Jean Giono c’est Pauline de Théus qui recueille et aide Angelo le hussard.
A vouloir jouer tous les rôles Ségolène risque de ne pas être du casting pour 2012.




Il y a 10 ans
Dimanche, 4 janvier 1998.
Et pis Fanny.

Jean-Paul II qui entame sa vingtième année de pontificat est en train de nous concocter un cru 1998, plus proche du vinaigre de « Vieux Papes » que du Châteauneuf du Pape. Pas de nouveauté à l’horizon du côté du Vatican ou de Castelgandolfo.
Si ce n’est peut-être des sandales neuves et des croix de bois traitées au Xyladécor, le tiaré polonais, sentant sa mort prochaine ne va pas révolutionner sa religion. Pourtant un vrai dépoussiérage (pas une opération d’image façon JMJ), serait nécessaire pour que l’Eglise Catholique retrouve des fidèles âgés de moins de cinquante ans et n’habitant pas Versailles. Va-t-il bouger sur l’avortement, sur le préservatif ou le silence (et c’est un euphémisme) de son église sur le sort des juifs pendant la deuxième guerre mondiale?
Dans cette partie de pétanque qui nous oppose avec le progrès et l’ouverture pour enjeux j’ai un peu peur de lui appliquer le tarif habituel c’est à dire treize à zéro.

jeudi 3 janvier 2008

Mathilde.

En douce
Et en douceur
Le temps file dans tes boucles de cheveux
Petit ange.
De petits cœurs
Filent en rang par douze
Alignés
Dessinés
Sur ton front et sur tes joues
Comme autant de baisers
Pour te souhaiter
Petit canard
Ma choupinette
Mon ange
Mon bébé d’amour,
Un merveilleux anniversaire.




Il y a 10 ans
Samedi, 3 janvier 1998.
Youskoukou, Brini, Frinicatel!

C’est la formule magique de mon grand-père pour conjurer le temps qui passe à l’occasion des anniversaires.
Pour réussir ce tour de magie qui me replonge en enfance à tous les coups, prenez:
- Un couteau à la lame assez longue et à bout rond.
- Six petits carrés de papier de 5mm sur 5mm.
Coller préalablement à l’aide de votre salive ces morceaux de papier à intervalles réguliers sur la lame à raison de trois par côté.
Présenter le couteau recto verso à votre auditoire et dites: « Regardez bien, sur ce couteau, il y en a trois de ce côté-ci et trois de ce côté-là. » (Rouler les ‘R’ apportera plus de solennité à votre prestation).
Avec votre doigt, ôtez le morceau de papier se trouvant près du bout du couteau (Mais sur une seule des faces!). Dites maintenant de façon très convaincante: « Maintenant j’en enlève un de ce côté-ci ... et un de ce côté-là ». Au moment où vous prononcez ces mots faites très vite pivoter le couteau dans votre main et, avec votre doigt, enlever virtuellement le morceau de papier sensé s’y trouver. Recommencez ainsi avec les deux autres morceaux de papier. Au moment où tout le monde croit qu’il ne reste rien sur la lame vous pouvez dire: « Attention, il ne reste rien de ce côté-ci et rien de ce côté-là! » Vous pouvez maintenant après un léger silence prononcez la formule magique: « Youskoukou, Brini, Frinicatel, maintenant il y en a trois de ce côté-ci et trois de ce côté-là ».
Votre auditoire, émerveillé applaudira et vous aurez, vous aussi rajeuni. Voilà, maintenant je dois vous quitter, ma petite madone qui a deux ans aujourd’hui attend son arrière grand-père de quatre-vingt dix huit ans pour qu’il lui fasse le coup du « Youskoukou, Brini, Frinicatel ».

mercredi 2 janvier 2008

Jam session.

Session de jam, en verlant « maj », soit mise à jour. Tous les ordinateurs le font bien alors pourquoi pas moi?
Retour de fête, la pile de linge haute comme moi. Un lave linge qui frise la gastro rien qu’en pensant aux fringues et draps qu’il va falloir avaler. Les photos du réveillon à copier sur le PC. Les notes de Madame Placard à mettre en ordre. La sinusite qui ne veut pas se faire la malle. Les sacs des enfants qui encombrent le couloir.
Je lance l’anti-virus en me faisant chauffer un grand bol de thé vert.
La nuit est tombée depuis belle lurette et je tombe de fatigue. Demain boulot et dodo très tôt.
Aurions-nous l’âge de nos artères ? Je crains que oui.



Il y a 10 ans.
Vendredi, 2 janvier 1998.
Le sang de la terre.

Les bouchers ont encore frappé. Ramadan, trêve, mon cul!
D’après Libération, les tueurs seraient, entre autres, téléguidés par des spéculateurs immobiliers qui souhaitent profiter de la privatisation d’une partie de la plaine fertile de la Mitidja pour se faire beaucoup d’argent. Les massacres de familles entières « simplifieraient » ainsi les problèmes de droit de succession. La terre est une propriété inaliénable en Algérie, mais si tous les paysans ont abreuvé celle-ci de leur sang, qui va pouvoir venir réclamer son droit à un lopin cultivable?
Tuer tout le monde pour ne pas être tuer en représailles par un survivant vengeur était déjà une hypothèse plausible. Maintenant la cupidité liée à la spéculation immobilière en est une autre.
En Algérie, la gangrène bouffe les deux jambes de ce qui n’est même pas une démocratie.
La terre est, comme l’horizon, noire de sang.

mardi 1 janvier 2008

Bloavez mad 2008.

Une bonne année à toutes et à tous en direct d’une Bretagne magnifique sous un soleil glacial.
A Ker Placard, un lieu pas si imaginaire que ça, la fête, qui a duré quatre jours, a été chaude et complète comme une galette.
Placard et ses amis ont, comme chaque année depuis 1999, cultivé l’amitié et conjugué au plus que parfait la bonne bouffe et la bonne humeur.
Les p’tits plats, les vannes, le foie gras, les conneries, le coq* au vin, les blagues à deux balles, le gewürztraminer vendanges tardives et quelques milliers de bulles pour ne pas voir passer le temps. De merveilleux moments entrelardés de tranches de jambon persillé, de danses frénétiques, de coups de muscadet et de souvenirs du bon vieux temps.
La cérémonie de clôture a donné lieu à la traditionnelle partie finale de Ted** avec les irréductibles gauloises et gaulois du dernier jour.
Un participant parti se soulager aux toilettes revint le sourire en coin pour dire à la tablée : « S’il n’y avait pas eu le plateau de fromages posé dans la buanderie à côté des chiottes j’aurais juré que ma bite sentait le camembert ! ».
Une année qui commence comme ça ne peut pas être une mauvaise année.




*Erratum : le coq au vin était en fait du bœuf bourguignon. Un bœuf bourguignon pas mauvais pour du coq au vin ...

**Ted : jeu de carte joué au bistrot et inventé par un Nancéen.



Il y a 10 ans
Jeudi, 1er janvier 1998.
Et si je pétais les plombs?

Et si j’arrêtais de faire la cuisine? Et si j’arrêtais de faire les courses? Et si je prenais un amant? ...
... Et si je faisais tout comme Claire Chazal?
Et si je me faisais pousser les seins? Et si je me faisais aiguiser les pommettes et redresser le nez? ...
... Et si je faisais tout comme Liane Foly?
Et si je décidais d’être vraiment méchante? Et si je décidais de dire des conneries et de m’habiller comme une potiche? ...
... Et si je faisais tout comme Catherine Mégret?
Et si je m’habillais en survêt Adidas? Et si j’achetais des packs de Kro par douzaines et un sac à dos Footix pour gueuler « Allez la France » devant ma téloche? ...
... Et si je faisais tout comme la femme de Thierry Roland?
Et si j’achetais un sac à main? Et si j’achetais mes tailleurs chez Chanel? Et si je faisais de la politique? ...
... Et si je faisais tout comme Bernadette Chirac?
Et si je rentrais dans les ordres? Et si je prononçais mes voeux (de chasteté, entre autres avec le déguisement et tout le tremblement? Et si je devenais militante anti-avortement? ...
... Et si je faisais tout comme si Jean-Paul II était une femme?
Et si je me barrais, loin d’ici, loin d’ailleurs? Et si j’intégrais une secte millénaro-gastronomique vénérant le ris de veau et l’Aloxe Corton?
... Et si je ne faisais rien comme tout le monde?

Tant qu'à avoir la tronche du lendemain, autant commencer aujourd'hui.

Le surréalisme est partout et surtout aux comptoirs des bistrots. A l’heure où les mégots n’auront bientôt plus le droit de se consumer dans les cendriers, les zincs risquent bien vite de se transformer en tribunes du politiquement correct.
En ce dernier jour de l’année, une petite pensée pour ces millions de clopes qui ne viendront plus finir leurs jours entre deux saillies de philosophes élevés à la pensée Ricardienne ou à la vision blanc-cassissière de la société.
C’est dans un petit bar du Morbihan, à Saint Cado, le long de la rivière d’Etel, que nous sommes allés avec une bande d’amis siroter quelques verres de Muscadet en s’en grillant une dernière. C’est à la troisième tournée que le titre de cette chronique jaillit de la bouche d’un des membres avisées et accoudés.
Une année qui finit sur une note aussi viticolo-cosmétique n’a pas pu être entièrement mauvaise.



Il y a 10 ans
Mercredi, 31 décembre 1997.
Recettes pour bien rater son réveillon.

Se faire, sur un bateau, un couscous royal, façon « Noé » à base de vache folle, de brebis clonée et de poulet grippé de Hongkong.
Lire l’horoscope d’Elisabeth Teissier qui déjà ose nous dire que 1998 est une année charnière vers l’an 2000.
Se faire inviter à une soirée où l’on connaît à peine quatre personnes sur cinquante et être obligée d’embrasser plein de types bedonnants en leur souhaitant une bonne année alors qu’on ne les reverra jamais.
Arriver avec une bouteille de Ruynart quand tout le monde a acheté du champagne à cinquante balles chez Mammouth.
Etre obligée de danser sur les Spice Girls, de la techno ou Ricky Martin.
Regarder Arthur à la télé.
Essayer de faire soi-même son foie gras alors qu’on n’y connaît rien.
Oublier le pain et les toasts.
Crever sur le chemin du retour.
S’affaler ivre morte avant le dernier coup de minuit.
Se faire réveiller à cinq heures du matin quand la tête fait encore ding dong par la petite dernière qui entre dans sa période cauchemar.
Oublier d’appeler ses parents et se faire encore une fois sonner les cloches.
Ne rien boire et ne rien manger, en deux mots, se faire chier, parce que demain c’est le déjeuner traditionnel chez belle maman et qu’elle ne comprendrait pas qu’on ne fasse pas honneur à son coq au vin.