vendredi 25 janvier 2008

Super héros.

« Tous les jours je vais travailler dans une banque. Je mets ma cravate, une belle chemise, un pantalon propre et je passe des heures devant des écrans d’ordinateurs à acheter et vendre des actions pour le compte de tiers. Je suis trader et je suis un homme comme les autres. Enfin c’est ce que vous croyez. Vous n’avez peut-être pas assez lu de BD Marvel. Vous ne savez sans doute pas qui sont Clark Kent, Peter Parker ou Bruce Wayne. Ce sont des gens comme moi, qui ne payent pas de mine mais qui ont de super pouvoirs. Ce sont des super héros. Superman, Spiderman et Batman se cachent derrière l’anonymat de l’homme de la rue.
Je m’appelle Jérôme Kerviel je suis breton d’origine, de Pont L’Abbé dans le Finistère sud pour être plus précis. Dans le pays Bigouden, vous savez, là où les femmes portent des coiffes hautes comme de vieilles cheminées d’usine.
Je suis breton et j’ai des super pouvoirs. Pas comme mes ancêtres Astérix et Obélix qui avaient pour secret la potion magique du druide Panoramix.
Mes super pouvoirs me permettent de négocier des sommes folles sur les marchés boursiers. Des montants qui dépassent l’entendement pour vous, simples mortels payés au SMIC ou un peu plus. Lors de ma dernière aventure j’ai ainsi joué avec plus de cinquante milliards d’euros.
Manque de chance j’ai perdu. Oh, rien, une bricole, cinq petits milliards. Et tout ça sans que personne ne s’en rende compte. Ni mes supérieurs hiérarchiques, ni le patron de ma banque, Monsieur Daniel Bouton, ni les instances chargés de surveiller les tractations boursières, ni la banque de France, ni le ministre de l’économie, ni Nicolas Sarkozy, ni les saints, ni le bon Dieu.
C’est dire si je suis un super héros ».

Jérôme Kerviel existe vraiment. Il est diplômé de l’université de Lyon-II. Il est titulaire d'un master en finance de marché. Il a obtenu son DESS de management des opérations de marché en 2000 avec la mention « assez bien ».
Il est, à ce jour, le seul accusé dans l’affaire des pertes frauduleuses de la Société Générale. Jérôme Kerviel a 31 ans.

Si vous croyez à cette histoire alors vous pouvez retomber en enfance et croire que vous allez dès demain croiser Akim, Zembla, le Surfer d’argent ou Super Jaimie au bistrot du coin.




Il y a 10 ans
Dimanche, 25 janvier 1998.
45 tours et puis s’en vont.

En rangeant des vieux cartons je me suis posé la question très, très bête: « Et si j’avais un jour rencontré le batteur des Rubettes dont j’étais amoureuse, est-ce que ma vie aurait changé? »
Les souvenirs c’est comme les sillons d’un 45 tours, quand un premier vous vient à l’esprit, un autre prend sa suite et ils s’enchaînent à en perdre la notion du temps. Claude François chantait: « La pendule de l’entrée s’est arrêtée sur midi... ».
Ces chansons populaires font encore le bonheur financier d’un Arthur et la joie simple des spectateurs qui sont allés voir le dernier film de Resnais. Mon adolescence a été bercée par ces tubes plus ou moins cul-cul la praline. Je me souviens qu’avec mes cousins et mon frangin, on avait inventé le karaoké. On mélangeait nos disques dans un grand sac et on en tirait un au sort. Un de nous devait alors faire le play-back en imitant le chanteur ou la chanteuse. Certaines fois il y avait des duos, et comme j’étais la seule fille je devais souvent jouer à Sylvie Vartan ou Stone.
Mais je préférais les Rubettes que j’avais potassés en yaourt. Je connaissais tous leurs morceaux mais je n’y comprenais rien. Je pouvais faire semblant de jouer la guitare et bien sûr la batterie (entièrement transparente d’ailleurs pour ceux qui s’en souviennent).
La honte c’est quand on tombait sur « Mon credo » de Mireille Mathieu. Notre naïveté avait alors trouvé une de ses premières limites.
Une fois posé le saphir sur le bord du disque plus moyen de s’échapper. Il fallait assumer, c’était notre défi.
Je ne sais pas combien de temps je suis restée à trier ces cartons de vinyles en chantant mentalement ces tubes de Ring Parade, l’émission de Guy Lux? J’en ai presque encore des fourmis dans les jambes.
Tiens! Je vais me remettre « Sugar baby love » sur ma vieille platine pour me dégourdir les jambes. Et si les mômes rigolent, tant mieux.


P.S. Au fait qu’est devenu Sabrina Lory qui chantait « J’ai la musique en moi »?

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