samedi 19 janvier 2008

Paria.

Ecrase ! Ferme-la ! Le pavé des rues et le bitume des trottoirs sont largement suffisants. Tu voudrais me parler de convivialité, d’échange, de rencontre. Mais il n’en est pas question. Et estime-toi heureuse de pouvoir encore faire ça entre les voitures et le caniveau. Tu es ignoble, puante et dégoutante. Tu es un danger public. Tu mets en péril la santé des autres.
Tu es, tu es, tu es ... une fumeuse.
Insulte suprême.
Comment la cigarette a fait de nous, en l’espace de quelques mois, les rebus, les rejets d’une société policée, bien pensante et non toxique.
Boire à s’en dérégler le foie comme le chanteur Carlos est encore toléré. Mais pour combien de temps ?
Aujourd’hui, la clopeuse et le clopeur sont non seulement des cancers pour eux-mêmes mais pour les autres. Certains même, se plaignent déjà du bruit fait par les fumeurs sur les trottoirs à la sortie des bistrots et des restaurants. Repoussés hors du champ social, hors des limites de l’habitat urbain, le fumeur va devenir une bête que l’on pourrait traquer au cœur des forêts. Des fois qu’il lui prendrait l’idée de laisser ses mégots foutre le feu à nos arbres centenaires, les pompiers (sans jeu de mot) auraient même le droit de tirer sans sommation.


PS : petite info rigolote. Les propriétaires de boite de nuit sont bien embêtés. L’odeur de cigarette dans leurs établissements n’est plus là pour masquer les odeurs de transpiration des danseurs. Vers deux heures du matin, ça schelingue au Macumba. Des diffuseurs de déodorant, comme ceux du métro parisien, vont être mis en place. L’artificiel remplacera le naturel. Mais il faudra bien choisir un parfum.
Et si pour commencer on n’embaumerait pas nos dance floor à l’essence de Goldo ou de Camel sans filtre ? Juste retour des choses.




Il y a 10 ans
Lundi, 19 janvier 1998.
Coup de barre.

Ce n’est pas comme au cinéma. Les films de Cayatte, de Preminger ou d’Hitchcock qui se passaient dans un tribunal, nous prenaient aux tripes sans nous lâcher une seconde.
Le procès Papon n’a pas été mis en scène par Robert Hossein et je dois avouer certaines somnolences coupables depuis son démarrage. Aujourd’hui c’est le cinquantième jour d’audience et je m’y perds dans les convois, les dates et les circuits de décision de la préfecture de Gironde de l’époque. Sans compter qu’à la barre un nouveau témoin, Michel Bergès, viendra ajouter à la confusion, sa version des faits. A l’origine de l’affaire Papon avec Michel Slitinsky, ce professeur de sciences politiques, a retourné sa veste et se pose désormais en témoin à décharge de l’accusé. Le doute de l’historien l’a soudain envahi.
Dans notre société réglée, formatée comme des films américains qui se finissent bien avec des bons vraiment bons et des méchants vraiment méchants, ce procès est un pied de nez au marketing des grands studios hollywoodiens.
Je plaide donc coupable d’inadvertance et de somnolence juridique. Qu’est-ce que quarante, cinquante ou quatre-vingt dix jours d’audience comparés aux souffrances infinies des déportés?
Maurice Papon, quoique puissent un jour ou l’autre affirmer les plus éminents historiens, sera toujours coupable de lâcheté, pour n’avoir pas su dire non à l’ennemi. Je vais donc m’accrocher et suivre ce procès jusqu’au bout pour que cet excès de zèle administratif meurtrier ne reste pas impuni.

Aucun commentaire: