mardi 29 janvier 2008

Le Bankou (suite).

La nuit tombe à peine sur Pont l’Abbé. Le brouillard est arrivé plus vite que d’habitude. La journée avait pourtant été vivifiante ; les bateaux du Guilvinec étaient rentrés le ventre plein de crustacés.
Vers dix-huit heures les cloches de Notre-Dame des Carmes s’enrouèrent. Le carillon toussota ; deux brefs « ding » et un « dong » qui s’éteignit dans les brumes montantes.
Qui écoute encore aujourd’hui les cloches sonner ?
Madame Gwénaëlle la boulangère allait manquer de pains de deux livres avant la fermeture. Il faudrait y penser pour demain. Moins de baguette peut-être. Elle avait d’autres chats à fouetter que de tendre l’oreille vers le sommet de l’église. Son carillon à elle était celui de sa boutique. Madame Gwénaëlle avait fait l’attraction de la rue commerçante quand Jean Cadiou l’électricien lui avait installé un capteur et un module électronique lui permettant de choisir sa sonnerie comme on le fait sur son portable.
A sept heures moins une, une ombre se détacha de la rue du menhir.
Elle remonta la rue du Lycée. Elle échappait aux phares antibrouillard des voitures qui remontaient vers le centre. L’ombre obliqua à droite dans la rue Arnoult afin d’éviter les réverbères de la place du Pont Gwern.
Madame Gwénaëlle allait fermer boutique. Elle hésitait encore sur choix de la sonnerie qui allait retentir demain dans la boulangerie. L’ombre passa le long de la vitrine. La porte vitrée se referma sans un bruit.
Un peu plus loin, au 15 de la place Gambetta, se trouvait la succursale de la Société Générale. L’ombre plus nette du Bankou dessina sur la façade de l’immeuble une faux géante entrelacée de grands « S » doublement barrés comme des dollars.
Au même instant la lumière se fit plus tamisée. La ville perdait une à une ses couleurs. La rosace de Notre-Dame des Carmes qui faisait la fierté de la ville n’avait plus que des teintes en nuances de gris.
Allongée au pied de sa caisse, Madame Gwénaëlle, n’aurait plus à choisir une sonnerie pour sa boutique. Si ce n’est celle du « wig ha wag », le bruit de la charrette du Bankou qui ramasse les petits porteurs ruinés à la nuit tombée.



Il y a 10 ans
Jeudi, 29 janvier 1998.
Pour cent balles t’as plus qu’un ... nouveau billet de cent balles.

J’ai cru un bref instant que ma banque m’avait fait un cadeau; En retirant de l’argent au distributeur, je demande 400 francs et l’appareil me sort quatre billets de 200 francs. Du moins le croyais-je quand je me suis rendu compte que les billets de 100 francs avaient changé de look et de taille et se confondaient ainsi avec les billets de 200 francs.
Il doit y avoir une bonne raison mais je ne vois pas pourquoi on change de billets alors que l’on nous annonce à grand renfort de publicité l’arrivée imminente de l’Euro.
Enfin, je ne demande qu’à comprendre.

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