dimanche 20 janvier 2008

Voyage.

Il est des films comme des voyages incertains. De ceux qui vous mènent d’un point A à un point B sans pour autant connaître l’itinéraire à l’avance. Sans pourtant être sûre d’arriver au point B vous certaine de vouloir y arriver.
Sean Penn, formidable acteur américain, est passé depuis 1991 derrière la caméra et ses films sont comme des quêtes intérieures perpétuelles. La quête d’un homme qui veut devenir un homme en harmonie avec lui-même et le monde qui l’entoure. Il y a seize ans dans « Indian Runner » Sean Penn nous emmenait déjà en pèlerinage au côté de Franck Roberts.
Cette fois-ci dans « Into the wild », nous voyageons et grandissons avec Christopher McCandless qui vagabonde sur les routes américaines avec un rendez-vous obsessionnel en tête, atteindre l’Alaska, ultime étape de son périple.
Sans vous dévoiler les moments clés de ce road movie, je voudrais tout de même vous en faire goûter le sel et vous donner envie de prendre votre ticket pour l’Alaska.
La narration est subtile avec des allers-retours dans le temps qui ne donnent pas la nausée comme parfois. La musique d’Eddy Vedder, le leader de Perl Jam, est envoutante et colle parfaitement aux images.
Le propos du film n’est pas si manichéen que cela. Jeune homme brillant diplômé de l’université, Christopher décide de tout plaquer pour atteindre son but. Une forme de renaissance plutôt que de disparition. Résumer ce film à une opposition entre la ville et la campagne, les vils et les gentils, la société à la nature, les bons sentiments et la sauvagerie des comportements serait réducteur. La quête d’harmonie, le sens des autres, le besoin de se tester en tant qu’être fait du parcours de Christopher alias Alexander Supertramp, un voyage au cœur du cœur de chacun. Un voyage intérieur et extérieur qui souvent le blesse mais qui à chaque fois le grandit.
Et si je vous dis pour finir que les images sont sublimes et que les personnages croisés sur la route par Alex sont beaux ou drôles ou attachants ou tout ça à la fois, j’espère que vous n’hésiterez plus.
Pour ne rien gâcher, Emile Hirsch, le jeune acteur qui porte le film sur ses épaules est beau comme un christ errant du XXème siècle.
Rendez-vous en Alaska.


PS : Ce film est tiré d’une histoire vraie. Ce qui en renforce encore le propos.



Il y a 10 ans
Mardi, 20 janvier 1998.
La Une et la Der.

Il paraît qu’ils causent comme ça dans les journaux. La Une pour la première page et la Der pour la dernière. Généralement il n’y pas vraiment de relation entre ces deux pages. La Une est réservée à ce qui est essentiel et la Der se contente de l’accessoire. Je n’y avais jamais fait vraiment attention jusqu’à ce que, ce matin, je fasse tomber mon journal par terre. Là, page de droite je pouvais lire « Qui va payer pour les exclus? », question cruciale en cette période de revendications des chômeurs. Et page de gauche, une photo de la fameuse salle des ventes de Sotheby’s, sous-titrée « Renoir à la baisse ».
Retour sur la Une: pour augmenter les minima sociaux, il faudrait à l’Etat 30 milliards de francs.
Pas de problème si l’on relit bien la Der. Il existe dans les coffres des grosses sociétés japonaises des milliers de toiles (en majorité de la période impressionniste) dont la valeur est estimée selon des spécialistes pessimistes à ... 30 milliards de francs, justement.
Quand on sait que certains de ces peintres ont crevé de misère comme les laissés-pour-compte d’aujourd’hui, je me demande s’il ne serait pas possible de trouver un arrangement. Hier, un Van Gogh pouvait donner une de ses toiles pour un bon repas chaud.
Lors de cette vente aux enchères, « Le Moulin de la Galette » de Pierre-Auguste Renoir a été vendu 300 millions de francs. Ce serait déjà un début pour que la roue (du moulin) tourne pour les exclus et que la galette vienne gonfler un peu leurs poches.

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