lundi 14 janvier 2008

Appellation contrôlée.

Les mots sont devenus comme ces petites sucrettes que vous mettez dans votre café pour éviter une trop forte consommation de saccharose.
Souvent édulcoré certains mots de vocabulaire peuvent aussi disparaître du dictionnaire.
Ma boulangère me faisait remarquer hier qu’elle ne vendait plus de « Tête de nègre » mais des meringues au chocolat. Trop raciste comme dessert ? Drôle de sensation. Le gâteau n’avait pas le même goût qu’avant. Moins bon. Juste dans la tête sans doute. Faudra-t-il rebaptiser la Revue Nègre des années 20 avec Joséphine Baker ?
Le politiquement correct fait des ravages dans les mots et dans les images. Le fameux portrait de Jean-Paul Sartre cigarette entre le majeur et l’index se vend maintenant sans la cibiche.
Le non voyant a remplacé l’aveugle sans pour autant sortir du noir. Le mal entendant y entendra-t-il mieux que quand on l’appelait sourd ?
L’actualité quotidienne nous retire de la bouche ces bons mots croustillants qui disaient ce qu’ils voulaient dire. La police de proximité honnie par Sarkozy et supprimée par ses soins lorsqu’il prit la Place Beauvau, refait aujourd’hui surface. Michelle Alliot-Marie l’appelle désormais Unité Territoriale de Quartier (UTQ). C’est exactement la même chose, mais l’emballage verbal ne trompera j’espère personne.
Dans cette nouvelle cuisine des lettres (et des abréviations) il n’y a plus de gras, de sauce, de rab. On parle comme on mange, chichement, maigre, à l’eau. Les mots sont comme ces petits légumes perdus au milieu d’une grande assiette blanche dans un restaurant sans bruit et sans odeur.
Vive les bons mots, enrichis en signifiants, sans l’OGM de la pensée unique. Des mots qui ne se cachent pas. Des mots d’origine qui fleurent bon le terroir comme un plateau aux mille fromages AOC. Des mots bons comme les lingots d’un bon cassoulet. Des mots qui font rire et font péter. Des mots qui font rougir et font grincer.



Il y a 10 ans
Mercredi, 14 janvier 1998.
Une page de silence.

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