jeudi 17 mai 2007

Bénédicité.

Maitre des symboles, le tout frais Président est allé hier se recueillir dans le bois de Boulogne là où 25 jeunes résistants furent fusillés peu avant la libération de Paris. Puis il a fait lire par une jeune personne la lettre d’adieu à ses parents de Guy Môquet, fusillé à Chateaubriand à l'âge de 17 ans et demi le 22 octobre 1941.
Jusque là rien à dire sinon « bien joué » pour se mettre les Français de tous bords dans la poche.
Mais deux choses me chiffonnent.
La première c’est cette sempiternelle référence à la Nation. Max Gallo, mitterrandien de la première heure, presque villieriste de l’avant-dernière et sarkozyste de la dernière, prononce plusieurs fois (comme Chirac dans son discours d’adieu) ce mot de « nation », exaltant le patriotisme. Serions-nous en guerre ? Et si oui contre qui ? Des ennemis de l’extérieur, je n’en vois pas. Et ceux de l’intérieur qui pourraient-ils être ? Les fainéants, les « pas Français », les antipatriotes ? Le fumeux ministère de l’immigration et de l’identité nationale n’est pas loin. Le nauséabond se rapproche.
La deuxième c’est l’idée de Sarkozy de faire lire à chaque collégien et lycéen, lors des rentrées scolaires cette lettre de Guy Môquet. Une forme de bénédicité scolaire qui me hérisse le poil. Bien sûr tout le monde va trouver ça formidable. « Vous savez Madame Placard, faire comprendre à ces enfants ce qui s’est passé durant cette période, ça va leur mettre du plomb dans la tête. » Mais tout ça est déjà dans le programme scolaire. La guerre 39-45, la résistance mais aussi les choses moins nobles, moins avouables, la collaboration des Français et de leur état. Mais ça, je crois que le Président n’aime pas trop. Pas de repentance dans les livres d’école.
Hier, la croix de Lorraine, les statues de Clémenceau et de De Gaulle, la tombe du soldat inconnu, un trop plein de symboles. Comme pour nous faire sentir que la « nation », la « patrie » seraient en danger.

Moi j’habite un pays, pas une patrie, pas une nation, j’habite un pays où ce sont les historiens qui font l’histoire, pas les hommes politiques et pas les projets de loi.
Je ne souhaite pas, dans ce pays où l’église et l’état sont séparés depuis 1905, que mes enfants se fassent réciter une prière obligatoire avant de s’asseoir à la table de l’école.





Il y a 10 ans
Samedi, 17 mai 1997
Bâillons (2).

Il y a deux semaines exactement, le samedi 3 mai, avait lieu la journée de la liberté de la presse. Oubli impardonnable. C’est pourquoi je vous demande de respecter cette page de silence à la mémoire des journalistes tués ou bâillonnés chaque jour dans le monde.

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