jeudi 1 novembre 2007

Chemin de croix.

Aujourd’hui je ne suis pas retournée en Bretagne. Pas de pèlerinage dans les cimetières. Pas de crissement du gravier sous les pas. Pas de bise fraiche et de feuilles d’automne de la forêt de L’Hermitage-Lorge sur la tombe de l’arrière grand-mère.
Aujourd’hui nous avons regardé « Il faut sauver le soldat Ryan » le film de Spielberg sur le débarquement de Normandie. Le film commence dans le cimetière américain de Colleville sur mer.
Demain ce sera notre pèlerinage avec les enfants. Leur montrer et leur faire comprendre.
Demain il y aura 9837 croix sur notre chemin.





Il y a 10 ans
Samedi, 1er novembre 1997.
Le bruit du gravier.

Grave ou aigu, en clé de sol ou en clé de fa, la chaussure qui fait crisser le gravier des cimetières produit un son très particulier. Je ne saurais dire s’il est indéfinissable ou difficilement reproductible. Est-ce qu’un Karajan, accompagné du plus bel orchestre du monde, aurait été capable de recréer cette sonorité à la fois lugubre et légère?
L’air froid et le silence donnent à ce cri du gravier une résonance au rythme pesant qui n’a rien à voir avec le pas du jardinier se promenant au bord de ses pelouses sur un chemin pareillement gravillonné.
Cela faisait longtemps que je n’avais effectué le pèlerinage de Toussaint dans les trois cimetières où reposent certains de mes ancêtres. Cette corvée que l’on m’infligeait étant môme, n’a plus, aujourd’hui, la même sonorité.
Un esprit fin a dit un jour que le silence qui suivait une œuvre de Mozart était toujours du Mozart.
Après le dernier pas posé sur le gravier près des tombes, le silence, lui, n’appartient qu’aux morts.

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