mercredi 21 novembre 2007

Genius at work.

Dans les travées du stade de Shangaï où se déroulait la finale du Masters masculin de tennis, un spectateur chinois brandissait une petite pancarte sur laquelle on pouvait lire « Genius at work » (Génie au travail). Ce compliment ne s’adressait pas au futur perdant de la finale, David Ferrer, mais à son « maitre », le génie suisse, Roger Federer.
Les fans de tennis, dont je suis, se sont toujours demandé quel pouvaiet être le meilleur joueur de tous les temps ? Qui de Cochet, Tilden, Emerson, Rosewall, Laver, Connors, Lendl, Borg, Mc Enroe, Agassi, Sampras ou Federer aurait remporté le Grand Chelem du siècle ?
Pas de réponse aisée si ce n’est celle de la lecture des palmarès des grands tournois.
Hier à Séoul, le jeune retraité américain Sampras (toujours devant au nombre de grands chelems remportés), affrontait le suisse Federer dans un match exhibition. Roger a battu Pete. Mais qu’importe puisque les spectateurs ont pu, un instant croire qu’ils assistaient à l’ultime finale opposant deux génies au travail.



Il y a 10 ans
Vendredi, 21 novembre 1997.
Le seizième état membre.

Il existe un Etat qui ne figure sur aucune carte. Un état moins folklorique et moins rigolo que les pays imaginaires des aventures de Tintin. Un état pourtant « riche » de 18 millions d’habitants. Un état dans un mauvais état puisque tous ses habitants n’ont pas de travail. Un état que l’on pourrait croire à l’écart mais dont les frontières touchent tous les pays sans exception.
Cet Etat c’est la Suède, le Portugal et le Luxembourg réunis. C’est l’Ile de France, et les régions Rhône-Alpes et Provence Côte d’Azur au chômage.
Sans compter les futurs demandeurs d’asile économique qui se passeraient bien de l’être: les 50 millions d’européens vivant avec des revenus indécents. Des hommes et des femmes que les américains, qui ont le sens du raccourci, appellent les « working-poor ».
Imaginez ces millions d’exclus convergeant vers Luxembourg ou Bruxelles, pour prendre cette Bastille de l’ultra libéralisme. « Ah ça ira, ça ira, ça ira! Les technocrates à Bruxelles. Ah ça ira, ça ira, ça ira! Les technocrates on les pendra ».
Il est des immeubles de verre plus durs à conquérir que des prisons en pierre de taille.
Il existe également dans cette communauté très asociale, une petite Principauté de quelques hectares aisément délocalisable, regroupant les plus grandes banques, les plus gros industriels, les financiers influents... Cette mini république s’est très bien démerdée puisqu’elle a déjà réussi à faire adopter un certain nombre de mesures utiles à sa prospérité: comme la réduction des déficits des pays pour atteindre ce fameux critère de convergence de 3% si utile à la création d’une monnaie unique.
Mais ne parlez pas à ces habitants de politique commune pour l’emploi, ils vous riront au nez en brandissant leur drapeau libéral en forme de billet vert sur lequel on peut lire: « Chacun pour soi, les profits pour moi ».
Lionel Jospin a tout fait pour que se tienne en ce moment à Luxembourg le premier sommet pour l’emploi en Europe. Très bien, very good, mais vous connaissez mon scepticisme sur les dîners de têtes qui accouchent souvent d’idées molles. Pour réussir à grimper ce sommet, cet Everest qu’est le plein-emploi, il faut les mollets d’un Virenque, d’un Van Impe ou d’un Bahamontès.
Est-ce que tous les ministres concernés se sont bien entraînés? Vont-ils faire la course en équipe? Vont-ils accorder leurs braquets sociaux? Vont-ils avoir la même façon de compter les chômeurs?.. J’en doute.
Mais si cette première réunion peut empêcher un nouveau Vilvorde, ce sera déjà un bel effort.

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