vendredi 16 novembre 2007

On ne peut plus refaire le monde.

Les belles utopies de nos années 70 se diluent, s’évanouissent dans le froid matin de nos vies de quarantenaires. Le monde est plus encore qu’hier coupé en deux. Les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. C’est assez simpliste je l’avoue mais assez proche de la réalité. Les blocs idéologiques est-ouest de nos années étudiantes avaient formaté nos logiciels de pensée. Les efforts de Jimmy Carter auprès d’Anouar el Sadate et Menahem Begin, les espoirs nés du programme commun, la victoire mitterrandienne de 81, Coluche et sa belle idée venue du cœur, les messages de l’Abbé Pierre, la libération de Nelson Mandela et l’abolition de l’apartheid ... Mais le monde est et sera toujours ce qu’il est. Un truc qui ne tourne par rond. Le repli sur soi et ses petits privilèges semble être le mot d’ordre commun sur tous les continents. Et je ne parle là que des nantis, c'est-à-dire ceux qui vivent avec plus de 10 dollars par jour.
Norman Mailer, prix Pulitzer, décédé le 10 de ce mois écrivit un jour : « L’horreur du XXème siècle tient à la grandeur des événements et à la petitesse de leurs répercussions ».



Il y a 10 ans
Dimanche, 16 novembre 1997.
Business en français du Viêt-Nam, ça se dit comment?

Aujourd’hui s’achève à Hanoï, le sommet sur la Francophonie. Un sommet qui, à mon avis, ne déroge pas à la règle, fut-elle grammaticale.
Notre cher Président V.R.P. a d’ailleurs passé le plus clair de son temps pour faire signer des marchés bénéfiques aux entreprises hexagonales. Je serais curieuse, soit-dit en passant, de savoir en quelle langue se sont menées les tractations commerciales?
Chirac n’aura pas fait le voyage pour rien puisqu’il revient avec une valise de contrats pour un montant total de quatre milliards de francs.
En guise de cerise sur le gâteau, le premier des francophones a fait élire à la tête de la Francophonie monsieur Boutros Boutros-Ghali.
Ce qui veut dire: uno, que la Francophonie peut être considérée à partir d’aujourd’hui comme une instance internationale regroupant quarante neuf pays: deuzio, que cette nouvelle force politique sur l’échiquier mondial ne servira malheureusement pas à grand-chose.
D’une part parce qu’il a fallu forcer la main à certains pays africains qui ne voulaient pas de l’ex-patron de Nations-Unies. En échange de quoi notre président a obtenu ces votes du bout des lèvres? Le saura-t-on un jour?
D’autre part, parce que, même animée de louables intentions, cette Francophonie naissante ne sera que peu de poids face aux conflits qui ensanglantent la planète.
Quand on voit notre incapacité à gérer la crise qui laisse l’Afrique Noire exsangue, on peut singulièrement douter de la force de conviction du père Boutros qui n’a jamais brillé par son efficacité à New-York.
Sans compter que la richesse de notre langue ne nous sera d’aucun secours pour dire « Merde » à des dictateurs qui se réfugieront ad vitam derrière le fameux bouclier de la non ingérence.
Que Bernard Pivot se rassure, sa dictée « francophonissime », sera toujours le sommet de notre belle langue chaque année.

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