samedi 24 novembre 2007

Barbara ou Michel ?

C’est la semaine des disques noirs. Des vinyles en deuil. Des éclipses de chanteuse et de chanteur. Des anniversaires tristes.
Il y a dix ans, s’évanouissait Barbara et il y a soixante ans naissait Michel Berger qui allait prématurément rejoindre son étoile.
Chez les marchands de chansons, à l’époque où le téléchargement n’existait pas, ma main avait plutôt tendance à se tendre vers les disques de Barbara. Je n’arrivais pas à entrer dans l’univers de Michel Berger. Peut-être parce qu’il faisait chanter France Gall qui n’avait pas de voix, peut-être parce que ses textes ne me parlaient pas tout simplement. Il avait un indéniable talent de mélodiste mais les mots qu’il posait sur les notes ne résonnaient ni dans ma tête ni dans mon cœur.
Au contraire de la dame en noir qui n’avait qu’à pousser la première note pour que l’émotion me submerge.
J’ai vu deux fois Barbara en concert. La première fois à Rennes et l’autre à Paris. Jamais, je crois, une artiste ne m’a autant émue.
Il pleuvra toujours sur Nantes fin novembre.





Il y a 10 ans
Lundi, 24 novembre 1997.
Vous avez demandé les urgences, ne quittez pas...

Il y a deux écoles en France. L’école cathodique, majoritaire et l’école agnostique, refusant la lumière divine de la petite lucarne.
A l’intérieur de l’école cathodique on peut distinguer également plusieurs obédiences:
Ceux qui ne rateraient sous aucun prétexte une émission du dimanche après midi avec Jacques Martin et ceux qui vomissent illico leur douzaine d’huîtres dominicale dès que l’âne du théâtre de l’Empire pousse la chansonnette.
Ceux qui trouvent à Derrick un charme insondable et ceux qui pensent que la culture des asperges teutonnes, fussent-elles de la brigade criminelle, n’est pas autorisée en prime-time.
Celles qui trouvent PPDA aussi sexy que Sean Connery et celles qui pleurent Bruno Masure sous leur couette.
Ceux qui regardaient 7 sur 7 pour les yeux, les pull-overs et les beaux restes d’Anne Sinclair et ceux qui matent Intervilles en prétextant sonder l’existentialisme de la France profonde.
Celles qui chantent devant leur poste et ceux qui pensent devant les shorts.
Et puis il y a les pros et les antis « Urgences » dont c’était le dernier épisode ce soir avant la suite en septembre 1998.
Ceux qui ne supportent pas le côté speedo-hémoglobino-sentimental de la série et ceux qui se délectent de ce cocktail Steven Spielberg-Barbara Cartland, « allô rouge » et à l’eau de rose.
Si j’ai été séduite par la première vague des épisodes je dois avouer que j’ai plutôt suivi la suite comme un feuilleton radiophonique très bien fait au demeurant. Dans la pièce adjacente au salon, je tapais mes petits textes en écoutant d’une oreille les aventures du docteur Ross, de Carol, de Benton, Carter, Greene et les autres.
Au fait qu’est-ce qui faisait vibrer les téléspectateurs?
Les cœurs mutilés des protagonistes ou les opérations à corps ouverts?
J’ai ma petite idée. Si les traumatismes à répétition des malades jeunes et moins jeunes qui entraient à la vitesse d’une formule 1 dans cet hosto perpétuellement à la bourre, avaient de quoi nous émouvoir sur l’instant, les grandes questions existentielles suscitées par cet état d’urgence était d’un tout autre registre. A la fin de chaque épisode les interrogations portaient sur le prochain flirt de George-le pédiatre-Clooney, sur ce qui allait enfin faire craquer ce monstre de Benton ou sur les idylles du docteur trucmuche et de l’infirmière machin plutôt que sur la vie, la mort, le temps qui passe et l’amour que l’on ne donne pas assez aux autres.
La dernière image du dernier épisode qui nous a montré le beau Doug Ross embrasser la belle Carol Hathaway nous laissera-t-elle un souvenir impérissable?
Après avoir côtoyé la mort tous les lundis soirs pendant trois mois, les téléspectatrices et les téléspectateurs ne voudront retenir que le conte de fées.
En attendant septembre 1998, France 2 pourrait peut-être nous ressortir une niaiserie qui passait en début d’après-midi: « La clinique de la forêt noire ».
Ça permettrait aux groupies de la série de ne pas se sentir seuls au bout du fil des urgences.

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