lundi 19 novembre 2007

Mort de froid.

Antonio avait pris son repas au Restos du cœur vendredi soir dernier dans les quartiers nord de Marseille. Il faisait parti de ces SDF qui refusent l’accueil dans des centres d’hébergement d’urgence. Armé d’une maigre couverture il n’a pas résisté, la nuit suivante, dans le hall d’un immeuble, à la subite chute des températures.
Horrible rengaine des morts de froid qui vient irriter nos oreilles de « bien au chaud ». Il y a 10 ans le drame était le même (voir ci-dessous). Refuser l’aide d’une société qui vous a d’abord refusé n’est-il pas le seul cri d’effroi que peuvent pousser ces gisants qui hantent les trottoirs entre la vie et la mort.



Il y a 10 ans
Mercredi, 19 novembre 1997.
Un pont d’hor ... reur.

Rolls Royce est à vendre quatre milliards de francs.
Un tableau de Van Gogh vendu 39 millions de dollars à un assureur japonais est peut-être un faux.
Le krach boursier de Hongkong a coûté plusieurs milliards de dollars.
Le trou du Crédit Lyonnais.
Le prix du déploiement militaire des américains dans le golfe.
La fortune de Bill Gates ...
... et sous un pont de Paris, mourra demain un SDF.
Parce que le froid arrive.
Parce que les couvertures vont manquer.
Parce qu’il faudra encore mendier à la RATP le fait d’ouvrir les stations pendant la nuit.
Parce que s’apitoyer pendant les frimas est de bon ton et que ça fait de l’audience.
Parce qu’en parler pendant quelques semaines pour résoudre des problèmes d’urgence, ça fait dynamique, positif et citoyen.
Mais l’urgence elle est là, tous les jours, un 14 juillet comme un 25 décembre, que l’on crève de chaud ou que l’on crève de froid.
L’oubli des familles, des passants, de vous, de moi fera plus sûrement crever demain, Hortense, Eric, Laurence, Francis, Monique, Olivier, Martine, Christophe ou Christine sous un pont, sur un banc, dans le caniveau d’une rue qui ressemble de plus en plus à celle dans laquelle on passe chaque jour en oubliant de baisser les yeux.

Aucun commentaire: