mercredi 31 octobre 2007

Oh Woody!

Qu’est-ce que tu nous as fait ?
Un film d’accord, mais quoi d’autre ? Un exercice de style, une antithèse à ta ligne de conduite ? Comme quelqu’un qui s’oblige à manger des endives cuites alors que ça le dégoute ?
Hier soir en sortant de la séance du « Rêve de Cassandre », je ne savais pas si j’avais vu un petit Chabrol ou un bon téléfilm de la BBC.
L’histoire de ces deux frères qui vont devenir meurtriers pour payer une grosse dette de jeu ou pour vivre un rêve de businessman m’a semblé maigrichonne et à ce point désincarnée qu’il nous restait à admirer les numéros d’acteurs de Colin Farrel et d’Ewan Mc Gregor.
Quelque temps après avoir vu Colin Farrel en flic froid, cynique et flingueur dans « Miami Vice », ça fait même très drôle.
Dans cette mauvaise tragédie grecque du Londres cockney, je n’ai pas trouvé de repère.
Vite Woody, refais nous rire et reviens poser ta caméra à New-York.





Il y a 10 ans
Vendredi, 31 octobre 1997.
Entre oubli et pardon.

Le procès Papon est en hibernation pour cause de rhume carabiné du prévenu. Mais je peux prédire sans m’appeler Sophie Davant que l’hiver sera plus froid si le bronchiteux ne sort pas de son lit. Maurice Papon doit faire face à son histoire racontée par d’autres, je l’ai déjà dit à plusieurs reprises.
Mais hier, mon assurance de baby boomer des années soixante en a pris un coup en discutant du cas Papon avec mon grand-père né, lui, avec le siècle.
Pépé, le patriarche indestructible, ne souhaitait pas ce procès.
Pourquoi?
Il avait fait cette guerre du côté de la Résistance, faisant pourtant parti de ce corps d’armée qu’est la gendarmerie. Dans son cas personnel pas de rafle de juifs et de transports vers la mort dans des fourgons à bestiaux, à organiser. Des histoires de marché noir, d’ivresse sur la voie publique, de rapines voire de dénonciation, rien que du classique jusqu’à ce qu’un certain Commandant Flambard lui demande de « rafler » des travailleurs « volontaires » pour le STO. Il refusa d’obéir et dut entrer dans la clandestinité. Comme quoi obéir aux ordres n’était pas obligatoire.
Mais le plus surprenant reste à venir.
Le brigadier chef Le Gall, en représailles, vire ma grand-mère et ses deux filles de leur domicile en confisquant les meubles. Hébergées par le pharmacien Marette, qui fabriquait de faux papiers pour ceux qui ne voulaient pas partir en Allemagne pour le travail obligatoire, les deux fillettes se faisaient insidieusement interrogées par les gendarmes restés en poste. Les Allemands, pour la petite histoire, ne trouvèrent jamais les faux papiers planqués dans les peaux de lapins.
La guerre se termine et, malgré la confusion, mon grand-père s’oppose à l’exécution sommaire du brigadier chef Le Gall. Le Commandant de Gendarmerie Flambard finira hôtelier dans l’est de la France (pour se rapprocher du pays?).
Chez mon grand-père, aucune haine, aucune envie de vengeance, comme une lassitude devant ce passé qui resurgit telle une source d’eau non potable.
Voilà pourquoi le procès Papon ne l’intéresse pas car d’après lui chacun doit vivre avec son passé, lourd ou léger soit-il.
Plus de cinquante ans après, entre oubli et pardon il a trouvé une voie nouvelle pour moi: le dédain.

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