jeudi 11 octobre 2007

Langue de pute.

Salon de coiffure. Midi et quart. Soleil.
Madame Blanche est en train de se faire faire une teinture. La coiffeuse qui vient de commander un frisée aux lardons au snack d’à côté entame la conversation.
-« Vous savez pas la meilleure ? »
-« Einh ! quoi » crie la buraliste qui ne mégote pas sur les permanentes. « C’est quoi la nouvelle ? »
-« C’est Madame Placard qui me l’a dit » se justifie la coiffeuse. « Si je mens c’est d’après elle ».
-« Encore elle, mais qu’est-ce qu’elle a pu encore inventer ? »
-« Si c’est vrai, c’est le scoop de l’année »
-« Comment elle saurait des trucs qui ne sont pas encore dans Voici ? Elle fait la maline, c’est tout ».
-« En fait, vous savez qu’elle a travaillé dans un journal, je ne sais plus lequel »
-« Et alors qu’est-ce qu’elle sait ? »
-« Elle m’a dit que dans cinq jours ce sera officiel. Cécilia et Sarko annoncent leur séparation. »
-« Pour du nouveau c’est du nouveau » ironise la marchande de clopes.
-« Là c’est pas des conneries. C’est pour ça qu’elle n’est pas venue en Bulgarie et qu’on ne la voit plus depuis un mois. Et le vrai scoop c’est pas celui là ...»
La buraliste sort la tête du casque et attrape un magazine pipole qui traîne sur la table basse.
-« C’est quoi alors ? »
-« Elle sait avec qui est Sarkozy... » La coiffeuse fière de son effet attend le feu des questions. Le salon tout entier s’est réveillé. Que Sarkozy divorce, en fait tout le monde s’en fiche. Par contre, qui il met maintenant dans son lit ... Les fauves sont lâchés.
-« Fallait le dire tout de suite » s’égosille une cliente.
-« Qui? C’est qui ? » les interrogations fusent jusque depuis les bacs à shampooing.
La coiffeuse donne le premier indice, « C’est quelqu’un de connu ».
-« Je sais » dit une cliente qui aurait mieux fait de réfléchir à deux fois avant de tenter les mèches. « C’est sûr qu’il est avec Rachida machine ... la ministre beurette... »
-« Dati c’est ça, c’est sûrement elle ».
-« Vous n’y êtes pas c’est une actrice... » La coiffeuse a ferré l’assistance. Les ciseaux sont comme des avions espions, en position d’attente au dessus des têtes.
-« Une jeune ? Une vieille ? Juliette Binoche, Nathalie Baye, Sophie Marceau... »
-« Balasko !» crie Benjamin, le seul homme de la place.
-« N’importe quoi. Allez dites-le nous »
-« Dernier indice : une femme très glamour qui était avant avec un acteur connu... »
Les neurones (et oui, il y en a) turbinent plus vite qu’un moteur de formule 1.
-« Non, pas Carole Bouquet ! » affirme madame Blanche, qui avait un brin d’avance sur les autres, puisque son péché mignon c’est de lire les magazines de cinéma derrière son comptoir.
-« Si ! »
-« Mais c’est pas possible, elle fait une tête de plus que lui. »
-« Carole Bouquet ... et ben merde ... elle allait tellement bien avec Depardieu ... »
-« Non c’est pas possible, non, pas Carole Bouquet ... »
Personne n’y croit bien sûr mais tout le monde va le répéter. Dans une demi-heure, à table, la nouvelle va changer de bouche. Passant de langue de pute à langue de pute.





Il y a 10 ans.
Samedi, 11 octobre 1997.
Deux jours de prison et puis s’en va.

L’évasion légalisée. L’appareil judiciaire est capable de tours de passe-passe qui ressemblent à des passe-droits. Il suffirait donc de cacher ses crimes pendant plus de cinquante ans et se trouver brusquement malade au moment de payer la facture lors de son procès, pour éviter la dernière humiliation, la prison.
Comment ne pas donner de mauvaises idées à ces criminels de guerre qui bombent le torse en toute impunité dans l’ex-Yougoslavie, dans l’ex-Zaïre et ailleurs?
Comment ne pas donner l’image d’une justice à deux vitesses: une clémence insoutenable pour les anciens grands commis de l’Etat et une sévérité répugnante pour un voleur de mob.
Mon Dieu que la Justice est aujourd’hui injuste! En 1942 Maurice Papon donna des ordres pour que soient envoyés à la mort des enfants.
Des enfants. Des enfants. Des enfants. Des enfants...
S’il y a une justice au dessus de celle des hommes qu’elle fasse crier ces enfants dans les oreilles de ce sinistre individu, jusqu’au jour de sa mort. Cet homme qui ne connaîtra jamais la rédemption en prison, préféra passer la nuit dernière dans un palace de la région de Bordeaux (Quel goujaterie!) Cet homme qui a bénéficié d’une mesure inique pour des problèmes cardiaques a-t-il vraiment un cœur? La réponse aujourd’hui est claire: non!

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