samedi 7 avril 2007

L'eau du robinet

Hier j'avais déjà mis l'eau sur la table. Au menu du jour, voici la chronique écrite il y a pile poil 10 ans. Malheureusement elle n'a pas pris une ride.

Je ne sais pas si vous connaissez la Bretagne? Non. Alors je vais vous faire une courte description d’un coin charmant. D’un côté la mer, un petit port de pêche et quelques fières maisons bourgeoises plantées le long de la plage centrale. De l’autre des prés (verts), des champs (de blé), de jolies vaches (noires et blanches) et des bosquets (garnis). Quelle chromo idéale n’est-ce pas? L’image d’Epinal qui a du rendre vert de rage Monsieur Seguin quand il a vu les affiches de la campagne (c’est le cas de le dire) de Mitterrand en 1981. Car ne vous inquiétez pas, il ne manque même pas la chapelle pour compléter le tableau qui fleure bon l’iode et la bouse de vache. Jusque là rien de plus naturel. Pas d’usine, de périphériques embouteillés. Le stress et les dioxydes de carbone ont laissé leurs souliers à l’entrée.
Et pourtant, sur cette carte postale bucolique, quelque chose n’est pas potable. Pas les filles du coin qui sont plutôt mignonnes, mais l’eau, tout simplement. Pas buvable. Dégueu. Nitratée à souhait. Comment est-ce possible?
Demandez d’abord aux agriculteurs et aux éleveurs de porcs. Les uns ont la main plus que lourde sur les engrais et les autres bâtissent à tout va de nouveaux bâtiment, sans autorisation, pour produire encore plus de têtes.
Certains même n’hésitent pas à « engraisser » leurs terres à quelques mètres des rivières. Les nappes phréatiques sont de plus en plus touchées et même les eaux du littoral sont pleines d’algues vertes, ce qui fait un peu désordre sur la belle photo de vacances.
Tout ça pour manger des cochons qui ont de moins en moins de goût et qui rapportent de moins en moins à leurs éleveurs. Tout ça pour des surplus céréaliers inutiles sauf aux Jeux Olympiques du rendement à l’hectare.
S’il vous plaît les hommes de la terre, respectez votre mère nourricière. Halte à l’extension sauvage des élevages et aux rendements maximum.
Après nos amis paysans, demandez à la toute puissante CGE (Compagnie Générale des Eaux) riche à milliards (1,95 milliards de francs en 1996 et au moins 5 milliards prévus en 1997). Une partie de cet argent pour moderniser et rendre plus performantes les usines de traitement des eaux, ce serait normal, non? Malheureusement Monsieur Messier, grand argentier de la CGE, préfère investir dans la téléphonie mobile, la communication et autres outils du troisième millénaire en oubliant son métier de base. Il oublie, ce monsieur, qu’il y a des milliers d’années l’eau était déjà là, propre, saine et source de vie. Alors un « petit » effort de quelques millions et le tour est joué. Ces quelques millions, Monsieur Messier, ne sont qu’une goutte d’eau dans votre océan de bénéfices. Mais quelle jolie goutte d’eau cela ferait dans mon joli paysage du début.

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