vendredi 6 avril 2007

Les pieds dans l’eau.

Début d’un week-end de trois jours. Soleil au programme. Des kilomètres de pots d’échappements sur les routes. Direction le sud, le grand ouest, la Normandie ou la baie de Somme. Enfin, l’envie de voir la mer, de retrousser les pantalons et faire ses premiers pas de l’année dans l’eau salée, comme en 1936 pour ces congés payés qui ne servaient pas vraiment à s’acheter des strings.
Les experts du GIEC réunis à Bruxelles ont publié un diagnostic alarmant des impacts du réchauffement climatique.
Selon eux, dans 70 ans, jusqu'à 3,2 milliards d'êtres humains souffriront de sévères pénuries d'eau et 600 millions n’auront plus rien à manger. Des régions côtières entières pourraient subir de graves inondations. Sachant que ces zones sont souvent surpeuplées ont imagine le drame (Etats –Unis, Afrique de l’ouest, Asie ...). D’autres conséquences sont dramatiques comme la disparition de 20 à 30% des espèces animales ou végétales. Et tout ça si la température moyenne de la planète gagne 1.5° à 2.5°.
La Chine, l’Arabie Saoudite, la Russie et les Etats-Unis ont contesté certains passages du texte de la conférence du GIEC. Faut-il s’en étonner? Passons.
Le plus grave dans tout ça c’est que se dessine à l’échelle d’une vie un déséquilibre total des rapports de force entre les peuples. Après les guerres idéologiques, les guerres de religion, les guerres de l’énergie, se prépare peut-être la plus meurtrière d’entre elles, la guerre de l’eau. Une guerre qui plus que toutes les autres accentuera si besoin était le fossé entre les riches et les pauvres. Riches et pauvres du Nord et du Sud mais surtout riches et pauvres d’un même pays.
Vitale, l’eau c’est 60% de notre corps, 76% de notre cerveau et 79% de notre cœur. Aujourd’hui certains cerveaux de dirigeants ou de futurs dirigeants ne semblent pas assez irrigués. Dominique Voynet, entendue tout à l’heure sur RTL dans « On refait le monde » expliquait combien était difficile la lutte pour l’écologie au sein d’un gouvernement quand le nombre des sièges à l’Assemblée et le partage des pouvoirs comptent plus que le nombre de pesticides (24 !) qui servent à traiter une pomme.
Moins de 150 ans après les premières vacances populaires au bord de l’eau, nous n’auront peut-être plus besoin d’aller aussi loin pour trouver la mer.
Y aura-t-il d’ailleurs encore des vacances quand la préoccupation première de chacun sera de boire et de se nourrir.
Y aura-t-il encore un écologiste pour crier dans le désert ?
Les petits fils de Bush Junior, de Poutine ou de Hu Jintao n’auront sans doute que leurs yeux pour pleurer.
Quel aura été le prix de ces larmes ?




Il y a 10 ans
Dimanche, 6 avril 1997.
En plein dans le 2000.

C’est quoi mille jours? Beaucoup et en fait rien du tout. Ces mille jours qui nous séparent du 1er janvier 2000, c’est beaucoup de temps perdu et encore rien à voir. Beaucoup de grands mots, de belles idées, de vaines promesses mais surtout rien de concret, d’efficace, de mesurable qui pourrait changer la face de notre petit monde nombrilistico-archaïque salué par Hale Bopp il y a à peine une semaine.
Méditez bien cela Monsieur Juppé au lieu de claquer notre argent dans de vains projets utopiques. Faites déjà ce pour quoi le Grand Corrézien a été élu et je vous donnerai une médaille, comme Satanas à Diabolo. Une sorte de récompense en forme de sauf-conduit pour passer tranquille le réveillon du 31 décembre 1999, sans que personne ne vienne vous casser les pieds et pour voir grandir votre fille. Sinon vous risquez de passer un très mauvais troisième millénaire.
Refermons cette parenthèse Matignonesque et rêvons. C’est vrai que ça fait encore rêver cette limite, cette frontière au delà de laquelle le réel se fait science-fiction. Dans les années 70, je lisais avec fébrilité les pages consacrées aux nouvelles technologies dans un ouvrage à couverture rouge qui s’appelait « Tout l’univers ». A l’époque on faisait de l’an 2000 le tatouage du temps qui allait marquer au fer rouge la Nouvelle Histoire de l’Humanité. Pêle-mêle on y découvrait le mode de vie « de dans trente ans ». Les fameuses pilules repas où avec trois cachets on remplaçait l’oeuf mayo, le petit salé aux lentilles et le camembert bien fait (pour le vin je ne m’en souviens plus). Les fusées à décollage vertical qui allaient se porter en sac à dos pour se déplacer sans la moindre difficulté. Les trains sur coussins d’air et les avions supersoniques qui cassaient les murs du son avec la même célérité que met Netanyahu à monter des parpaings pour narguer les Palestiniens.
Ce monde imaginé par « Tout l’univers » était un paradis digne d’Orwell, Wells, Kubrick et Spielberg réunis.
Mais pas de chance, pas de pilule magique pour économiser le temps des repas et donc prendre le temps de lire. Les hommes sont bien partis dans l’espace, mais les hommes se foutent toujours sur la gueule, s’entre-tuent et détruisent la planète. Les hommes laissent crever leur voisin en attendant un miracle venant de Wall Street, du Pape, du chef de gare ou de la main de ma soeur.
Mille jours c’est en fait pas assez pour apprendre par coeur la collection complète de « Tout l’univers » ou tous les épisodes de Star Trek.
Mille jours c’est en fait juste ce qu’il faut pour que chacun sur terre apprenne ces quelques vers de Prévert:

Des milliers et des milliers d’années
Ne sauraient suffire
Pour dire
La petite seconde d’éternité
Où tu m’as embrassé
Où je t’ai embrassée
Un matin dans la lumière de l’hiver
Au Parc Montsouris à Paris
A Paris sur la terre
La terre qui est un astre.

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