samedi 28 avril 2007

C’était demain (suite).

C’était le jour où l’allocation de rentrée paroissiale n’a plus été versée aux catholiques pratiquants disposant de la carte Vatican-Plus.
C’était le jour où Jean-Pierre Havrin a pu à nouveau jouer au rugby avec les gamins des quartiers du Mirail, de la Reynerie, de Bagatelle ou de la Faourette, dans la banlieue de Toulouse.
C’était le jour où Rachida Dati a fait son coming-out et a juré qu’elle ne prendrait plus jamais de drogues politiques dures.
C’était le jour où pour la première fois depuis 1825 jours, un charter est resté au sol à Roissy faute de passagers indésirables à destination de l’Afrique.
C’était le jour où Azouz Begag, ex chercheur clandestin du CNRS et Rachida Dati ont décidé d’adopter ensemble plusieurs enfants du Darfour.
C’était le jour où à une unité près, le nombre de prison en France n’a pas excédé le nombre de lycées.
C’était le jour où l’Eurostar ne sera pas baptisé « Thatcher-Express ».
C’était le jour où Germaine, retraité de 68 ans habitant les Ulis, n’a pas sorti le magnum 357 de son cabas pour buter Rachid qui ne voulait pas lui voler ses poireaux mais lui demander la direction de l’ANPE. Puisque depuis la veille, le port d’arme n’est plus obligatoire.
C’était le jour où Jean-Pierre Elkabbach a présenté le dernier JT officiel.
C’était le jour les disques de Benabar, d’Olivia Ruiz, de Noah, de Diam’s, de Disiz la Peste, d’Indochine, de Dyonisos, de Renaud ou de Cali n’ont plus été assujettis à la TVA dissidence de 31.18%.
C’était le jour où un juge est venu frapper à la porte d’un paisible retraité corrézien amateur d’art primitif.
C’était le jour où 153 députés UMP se sont ralliés à François Bayrou de retour de Saint-Hélène.

Ce jour pourrait être le dimanche 8 mai 2012.

Allez, « Keep on rocking in a free world » comme disait ce bon vieux Neil.





Il y a 10 ans
Lundi, 28 avril 1997.
... et les présentateurs du 20 heures s’en foutent.

Chaque jour au Zaïre, soixante réfugiés Hutus du Rwanda, perdus, apeurés, affamés meurent. Selon certains il en mourrait encore plus mais comment le savoir?
Kabila, dans sa marche triomphale et meurtrière vers Kinshasa, néglige ces morts qu’il considère comme un « détail » au regard du bien qu’il estime apporter à son pays. Tiens, ça ne vous rappelle rien ce mot détail accolé à un autre génocide. Ca fait froid dans le dos. En tout cas, à défaut de pouvoir botter les fesses de ce nouveau dictateur, ça me réchauffe les mains pour aller déposer dans l’urne printanière le bulletin boutant le FN hors de la vie politique française.
Mobutu, escroc décrépi, qui laisse son pays dans la faillite est l’archétype du souverain africain cajolé et couvert de bijoux par les gouvernements français successifs. C’est fou comme ce continent où l’on a retrouvé le plus vieil ancêtre de l’homme est capable encore et encore de fabriquer des dictateurs de tous poils. Le gros Amin Dada, Bokassa 1er l’empereur dingo de Centre-Afrique préféré de Giscard etc.
Et aujourd’hui ce Jean Désiré Kabila aussi désiré que le prochain enfant du Pape. Ce futur homme fort du Zaïre, déjà brossé dans le sens du poil par les américains et les européens qui ont eu vite fait de retourner leur veste, a fixé un ultimatum aux organisations humanitaires pour rapatrier ces centaines de milliers de cadavres ambulants. Deux mois pour retrouver et sauver tout le monde.
Personne ne crie au scandale et surtout pas les journalistes du 20 heures, qui vous débitent les faits avec autant de chaleur ou de larmes qu’un téléscripteur de l’AFP. L’info télé et bientôt l’info radio sont aseptisées, asexuées. Les journalistes ont laissé leur moelle, leurs tripes, leur cœur pour ne pas dire leurs couilles (même pour les femmes) dans un attaché-case qu’ils ont laissé à l’entrée en arrivant. Messieurs et mesdames les liseurs de prompteurs, à vous tous les culs-de-jatte béni-oui-oui de la petite lucarne, qu’attendez-vous pour nous parler avec votre cœur? Pendant que vous rangez soigneusement cette inutile carte de presse dans votre joli portefeuille en croco, des enfants meurent dans la boue de Kisangani.

Aujourd’hui 28 avril 1997, soixante réfugiés rwandais au moins sont morts au Zaïre et les présentateurs du 20 heures s’en foutent.

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