mardi 10 avril 2007

Nom de Dieu.

Je tombe encore de ma croix ce matin en lisant le journal. Le procès en béatification du professeur Jérôme Lejeune serait ouvert. Ça canonise à tout va au Vatican. Après Jean-Paul II guérissant le Parkinson de Sœur Marie-Simon-Pierre (voir chronique du samedi 31 mars), l’Archevêché de Paris ou bien le Père Jean-Charles Nault de l'abbaye bénédictine de Saint Wandrille proposeraient à l’élection du calendrier suprême la candidature du plus illustre des défenseurs anti-avortement.
Le professeur Jérôme Lejeune découvre en 1958 l’existence d’un chromosome en trop sur la 21e paire d’un handicapé mental. C’est la Trisomie 21. La génétique moderne est née.
Formidable. Sauf que … Jérôme Lejeune, fervent catholique, et le mot fervent est un doux euphémisme, va devenir conseiller scientifique de l’association « Laissez-les-Vivre - SOS Futures Mères », première association anti-avortement de France fondée en 1971.
L’éminent chercheur fait du fœtus un être humain à part entière. Il considère la pilule abortive comme « premier pesticide humain ». Joli programme. Selon Jean-Claude Magnier de l’Association Nationale des centres d’interruption de grossesse et de contraception, le professeur Lejeune aurait tout fait dans les années 60 pour bloquer les recherches sur le dépistage de la trisomie.
A sa mort est créée la Fondation Jérôme-Lejeune qui défend bien sûr les thèses du défunt. Dernièrement, un proche de la Fondation a fait scandale en demandant le « boycott » du Téléthon. Son nom : Pierre-Olivier Arduin, responsable de la commission bioéthique du diocèse de Fréjus Toulon.
Tout ça ne sent encore une fois pas très bon. Après les propos récents de Nicolas Sarkozy sur les gènes de la pédophilie et de la tendance suicidaire, j’ai vaguement l’impression de régresser, de remonter vers des temps moyenâgeux, vers des contrées américaines où un président fait sans cesse référence à la bible et où créationnistes et sectes anti-IVG frappent sans souci des représailles.
Mais pour disposer du « diplôme » de saint parmi les saints, il faut un miracle du professeur Lejeune.
Celui de faire disparaître le mot « amniocentèse » du dictionnaire peut-être ?





Il ya 10 ans
Jeudi, 10 avril 1997.
Rien à lire.

Vous parler des suites du drame humain au Zaïre et des prochaines 150 000 victimes, pas possible, pas de journaux.
Vous parler des écouteurs écoutés et du secret défense qui embarrasse Juppé pas possible, pas de journaux.
Vous parler des enjeux hautement stratégiques du match de football Paris Saint Germain contre Liverpool, pas possible, pas de journaux.
Vous parler d’une colombe bien mal en point dans son lit de SDF quelque part dans la banlieue de Jérusalem, pas possible, pas de journaux.
Vous parler des comptes en douce et en Suisse des Centristes, pas possible, pas de journaux.
Vous parler du prochain voyage en Chine du V.R.P. multicarte Chirac spécialiste en tout (stylo à bille, train, cassoulet, arme
automatique ...), pas possible, pas de journaux.
Vous parler des derniers ragots de ma copine Georgette la kiosquière du coin de ma rue, pas de chance je ne suis pas allé la voir ce matin, pas possible, pas de journaux.
Vous parler des raisons qui ont poussé les syndicats du Livre et des NMPP à faire grève, pas possible, pas de journaux.
Vous me direz que pour s’informer il suffisait d’écouter la radio ou d’allumer sa télé. mais cette fois-ci c’est moi qui, aujourd’hui, ai décidé de faire grève.

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