dimanche 21 février 2010

Des CD.

Le week-end dernier j’achète quatre CD. En soi c’est assez rare si l’on en croit les statistiques du marché de la musique. Mais qu’est-ce que vous voulez, j’ai du mal à me faire à la musique dématérialisée.
L’industrie du disque se meurt dit-on. La musique se partage sur Internet et se paie cher en concert. Entre les deux, la « galette » ne fait plus son beurre.
La musique est décédée ?
Un musicien croisé la semaine dernière à un petit concert privé me disait que les spectacles « live » étaient un cache-misère et que la profession se mourrait lentement de la gratuité.
Voilà pour la partie mauvaise nouvelle.
Pour les petits bonheurs en boitier transparent je vous propose quatre artistes.
Michael Bublé et son album « Crazy Love ». Bon, ce n’est pas bigrement original, on a déjà entendu ce type d’album de reprises récemment avec Harry Connick Junior. Difficile d’égaler les big band qui mettaient en relief les voix d’or de Franck Sinatra ou de Dean Martin. Mais ça se laisse écouter. Le son est ample, la voix est bonne. Du classique quoi. Pour les férus de comédie musicale à l’américaine je conseille le « All I do is dream of you » formidablement arrangé d’après le morceau d’Arthur Freed interprété par Gene Kelly et Debbie Reynolds dans « Singing in the rain ».
Mélody Gardot sur son album « My one and only thrill » nous emmène au-delà du frisson. Ouh la la. Une voix pure, un vibrato émouvant. Une prise de son de dingue. Elle chante à côté de vous. Attention ce n’est pas vraiment la musique et le son du moment. David Guetta habite sur une autre planète. Celle du bruit et des rythmes boum-boum.
Melody effleure le sol, elle vous envahit, vous caresse, vous envoûte. Si vous décidez de l’écouter, faite le silence. Eteignez la machine à laver. Dimanche dernier ce fut l’accord parfait avec une tasse de thé du hammam.
Nolwenn Leroy (Le Cheshire cat et moi). Un moment intimiste avec des hauts et des bas. L’ex-égérie de la Star Ac 2 se livre et se raconte comme dans « Mademoiselle Gamelle ». De belles mélodies avec un usage presque celtique des cordes, des petites musiques qui restent en tête comme celles des manèges et des petites boites où la danseuse en tutu tourne sur les engrenages de la ritournelle. Il y a du Pascal Comelade dans la simplicité de ce CD. Une sorte d’évidence comme une promenade sur la lande le long des sentiers de douanier où l’émeraude de la mer répond aux teintes violacées des bruyères.
Autant le disque de Nolwenn Leroy est minéral autant celui de Benjamin Biolay, « La superbe », est viscéral, animal, charnel. D’une rare puissance musicale. Ça faisait longtemps que je n’avais pas pris un coup comme celui-là. Un direct au plexus lunaire. Un voyage sur un tapis volant richement brodé de mélodies et d’arrangements haute-couture. Une bande originale de vie. Benjamin Biolay vous emmène dans son long métrage (eh oui deux CD pour vous messieurs-dames). Un voyage sur des rivages si près, si loin, au cœur de votre âme, au bord de vos misères, de vos galères, de votre vie de tous les jours. J’ai écouté les deux CD deux fois à fond. Bien sûr, la tonalité du garçon fait penser à Bashung comme dans « Miss Catastrophe » et que les mélodies et certains textes nous rappellent Gainsbourg. Et alors y’a pire comme miroir. J’y ai même trouvé parfois des accents à la Michel Delpech avec « Si tu suis mon regard ». Bien d’autres influences comme ces petites musiques façon « The Cure » dans « Prenons le large » ou des échos à la Marc Lavoine.
Un disque (en fait deux) rare en ces périodes où la musique se résume trop souvent à une phrase idiote dans un mauvais anglais et un rythme binaire et répétitif.
Et s’il fallait emporter sur une île bretonne un seul morceau je copierais alors sur l’I Pod que je n’ai pas encore « Ton héritage », le cinquième morceau du premier disque. Un pur frisson, une pure vérité.

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