vendredi 24 août 2007

Fermeture annuelle

Rendez-vous le 25.


Il y a 10 ans
Dimanche, 24 août 1997.
L’anti-génèse (7).

Le septième jour JPD dit la messe à Longchamp devant un million de fidèles. Un spectacle et une ferveur à faire pâlir d’envie U2, les Stones et Michael Jackson réunis. Bravo JPD, là tu m’as bluffée, même si ton jeu de scène est réduit à la plus simple expression.



Jeudi, 23 août 2007.
Fermeture annuelle.

Rendez-vous le 25.



Il y a 10 ans
Samedi, 23 août 1997.
L’anti-genèse (6).

Le sixième jour, JPD créa les champs de courses, ses légions étranges et le général Douin. C’est à Longchamp, sur ce lieu de perdition pour l’homme damné par le jeu et le pari, que JPD va célébrer sa grand-messe. Une cérémonie fastueuse, en assez nette contradiction avec le vœu de pauvreté de l’Eglise. Il existe au bord de la mer, près du Cap Fréhel en Bretagne, une minuscule chapelle qui contient plus d’émotion et de simplicité que ce barnum à grand spectacle, dérangeant en ces temps d’exclusion et de dénuement, en particulier pour les croyants du quart-monde.
Ce sont peu ou prou 150000 « hooligans » du Christ qui participent à ces journées catholiques. Des légions d’étranges témoins de Dieu dont l’intégrisme et l’endoctrinement sous toutes ses formes sont les misions quotidiennes. Ces groupes qui ne sont pas des groupuscules ont pour nom: Le Chemin néo-cathéchuménal, les Focolari, Communion et Libération, Les Légionnaires du Christ, L’Opus Dei, les Frères de Saint-Jean et le Renouveau Charismatique. D’après L’Evénement du Jeudi, ils avancent souvent masqués et disposent de moyens financiers importants grâce à leurs relations privilégiées avec de gros entrepreneurs comme Michelin par exemple.
Enfin, le patron des armées françaises a dû se fracasser le crâne sur un bénitier mal signalé pour dire autant de bêtises. Guidé par les fondamentalistes de l’Opus Dei et des Frères Saint-Jean, le général Douin, serviteur de l’état (laïque je le rappelle), devrait être dégalonné sur le champ pour avoir dégoisé de la sorte. D’après lui, Satan est à nos portes et Chirac en tant que Président est un envoyé de Dieu. Ca fout les jetons quand on sait que la France est l’un des rares pays à disposer de l’arme atomique. Sainte Anne priez pour lui, mais surtout passez-lui une camisole en guise d’uniforme.
Aïe Men.



Mercredi, 22 août 2007.
Fermeture annuelle.

Rendez-vous le 25.

Il y a 10 ans
Vendredi, 22 août 1997.
L’anti-genèse (5).

Le cinquième jour, JPD créa le pied dans la tombe. Comment ce pope star grabataire arrive-t-il à soulever les foules, lui qui a du mal à tenir une hostie dans ses doigts tremblotants? Pourquoi ce chef spirituel en désaccord avec une majorité de ses ouailles, ne fait-il pas évoluer son discours vers plus de tolérance et de vérité? Faut-il que des milliers de béni-oui-oui d’Afrique et d’ailleurs, faute d’informations objectives et de moyens salvateurs (Préservatifs/Contraceptifs...), meurent encore et encore pour que Vatican soit synonyme d’espoir et non d’ostracisme. Sa visite du jour sur la tombe du Pr Lejeune va légitimer les exactions des commandos anti-IVG. A défaut d’avancer, voire même de faire du surplace, le discours de l’église recule dangereusement.
Ramène.




Mardi, 21 août 2007.
Fermeture annuelle.

Rendez-vous le 25.


Il y a 10 ans
Jeudi, 21 août 1997.
L’anti-génèse (4).

Le quatrième jour, JPD créa les embouteillages. Aéroport d’Orly entièrement bloqué pour l’atterrissage du tiaré et centre de Paris bien ankylosé. Dire que samedi, dans sa papamobile tout-terrain, il va faire du 10km/h. Au fait, les radars de la gendarmerie sont-ils programmés pour les excès de non vitesse?
Je rappelle à la maréchaussée l’immatriculation du véhicule suspect:
33 AMEN 97.

Post-scriptum après Jésus Christ: la papamobile n’est ni une Skoda polonaise, ni une Fiat italienne, ni une Renault française mais une Mercedes allemande. Qu’ont fait ces sacrés teutons pour, encore une fois, nous piquer le marché?




Lundi, 20 août 2007.
Fermeture annuelle.

Rendez-vous le 25.


Il y a 10 ans
Mercredi, 20 août 1997.
L’anti-genèse (3).

Le troisième jour JPD créa l’œcuménisme exclusivement réservé aux catholiques. Pour être jeune il faut être catholique. Le président du département jeunesse de la Fédération protestante, Guillaume de Clermont, s’est vu refusé, par JPD, la signature d’un « pacte de tolérance », sensé apaiser les rancœurs entre les deux églises. Car la grand-messe papale de cette semaine coïncide fort malencontreusement avec l’anniversaire du massacre de la Saint-Barthélemy (70000 protestants tués dans la nuit du 23 au 24 août 1572), pour ceux qui auraient jeté leurs livres d’histoire au feu avec la maîtresse au milieu).
Un jeune musulman, un jeune bouddhiste ou un jeune protestant, ça ne doit pas exister du côté du Vatican.
Hammed.




Dimanche, 19 août 2007.
Fermeture annuelle.

Rendez-vous le 25.


Il y a 10 ans
Mardi, 19 août 1997.
L’anti-genèse (2).

Le deuxième jour JPD sortit en boîte et créa une rave-party éternellement paradisiaque. Depuis ce jour les prêches se firent en rap et les cantiques se chantèrent sur des rythmes à 160 beat par minute.
Les homosexuels, les hétérosexuels et les non-sexuels formèrent une seule et même vague, belle, nue et musclée, déferlant de La Courneuve à l’Avenue Mozart, s’arrêtant en chemin à Notre-Dame, pour une messe dite par des prêtres drag-queens et des sœurs transsexuelles.
En fait la deuxième nuit, JPD venait de créer le cauchemar. Il se réveilla en sueur essayant d’effacer de son esprit ces images obscènes de ce Jésus-Christ au corps d’ébène ondulant devant l’autel.
Yeah men!




Samedi, 18 août 2007.
Fermeture annuelle.

Rendez-vous le 25.


Il y a 10 ans
Lundi, 18 août 1997.
L’anti-genèse (1).

Le premier jour Jean-Paul II (JPD) créa les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ). Il rata leur baptême en oubliant de les appeler par leur nom: « Catholiques ». Bizarre ce besoin de se cacher derrière ce voile de jeunesse. Prions heureux, prions cachés pourrait être la devise de cette sainte semaine acnéique.
Puis JPD demanda à chaque bénévole de verser son obole. Y’a pas de petit profit.
Amène.




Vendredi, 17 août 2007.
Fermeture annuelle.

Rendez-vous le 25.


Il y a 10 ans
Dimanche, 17 août 1997.
Platon et le cinquième élément.

Ca y est, j’ai enfin vu le dernier film de Besson, « Le cinquième élément ». J’ai mis le temps c’est vrai, mais voyez-vous, avec deux bambins, les occasions d’aller au cinoche sont d’autant plus rares que les parents et beaux-parents habitent à l’autre bout de la France. Les baby-sitters existent me direz-vous; mais à trente-cinq francs l’heure, la séance vous coûte au bas mot deux cents francs sans compter le dîner.
Quel rapport ai-je bien pu trouver entre le philosophe grec mort il y a vingt-trois siècles et le film de ce réalisateur de génie qu’est Luc Besson? La science-fiction.
En relisant le dossier savant réalisé par Le Point cette semaine sur le disciple de Socrate, on réapprend plein de choses. C’est là qu’on se rend compte que les cours de philo de Terminale sont loin.
Platon défendait la thèse suivante: les sens qui nous aident à percevoir le monde pervertissent en même temps notre façon de le comprendre. D’après lui le vrai sens du monde et de l’existence, en un mot la recherche de la sagesse doit se faire dans une vie intellectuelle. Une vie uniquement peuplée d’idées qui, au delà de ce qui est visible, nous permettra peut-être un jour de comprendre l’invisible.
Certains grands films de science-fiction jouent sur cette corde sensible. L’essence même des choses contre leurs apparences. L’homme, l’image de l’homme, le clone de l’homme, l’image du clone de l’homme, etc. Comme à l’infini le sourire de la vache sur la boîte à portions. Ajoutez-y une pincée de Mal avec un « M » majuscule et vous avez tous les ingrédients pour, à la fois, alimenter un débat philosophique et fabriquer un film à grand spectacle.
A la fin du Cinquième Elément la planète est sauvée par un homme et une femme qui fusionnent avec l’idée de feu, l’idée d’eau, l’idée d’air et l’idée de terre pour former cette cinquième idée d’amour salvatrice.
Je rassure tout de suite tout le monde, le film de Besson est bigrement distrayant; en tout cas plus drôle que je ne l’imaginais au départ.
Entre Platon, le philosophe de science-fiction et Besson le cinéaste du nouveau millénaire il n’y avait qu’un pas que j’ai franchi allègrement en faisant le grand écart.




Jeudi, 16 août 2007.
Réouverture exceptionnelle.

Il y a dix ans je rendais hommage à Elvis, le King du Rock. Je finissais le billet par un avis de recherche pour un successeur à Presley et à Roy Orbison.
En fait je l’avais sous les yeux ou plutôt dans les oreilles. La merveille s’appelle Chris Isaak. Il chante encore, a un peu vieilli mais est toujours beau comme un dieu avec une voix de velours.
A redécouvrir pour celles et ceux qui seraient passés à côté.

Bon, là, je ferme.

Rendez-vous le 25.


Il y a 10 ans
Samedi, 16 août 1997.
God save the King.

Il y a vingt ans, dans un camping normand je me souviens avoir vu pleurer ma correspondante anglaise qui venait d’apprendre la mort d’Elvis Presley. A l’époque je ne connaissais pas vraiment l’immense figure du Rock’n Roll qu’il était. John Lennon dit un jour: « Avant Elvis il n’y avait rien ». Depuis j’ai craqué surtout pour un disque d’Elvis chantant des Gospels, hommage à cette musique noire qui l’avait tant inspiré. Pour tous les fans à la recherche d’une voix d’or je ne saurais trop conseiller de se procurer l’intégrale des disques de Roy Orbison. Le King avait dit de lui que c’était la plus belle voix du Rock’n Roll. Roy Orbison est mort lui aussi. Il n’avait pas une gueule d’ange et ce déhanchement satanique. C’est sans doute ce qui sépare le mythe de la légende.
Le 8 décembre 1998, cela fera déjà dix ans que la place de roi laissée par Roy reste inoccupée sur la planète rock. A bon entendeur salut.




Mercredi, 15 août 2007.
Fermeture annuelle.

Rendez-vous le 25.


Il y a 10 ans
Vendredi, 15 août 1997.
R.A.F.

Ce n’est pas le jour pour faire l’éloge des pilotes d’avions de chasse de sa Gracieuse Majesté. La Royal Air Force attendra un autre 15 août;
Ce R.A.F. c’est pour rien à foutre.
R.A.F. de Charles qui un jour épousa Diana (d’ailleurs ce jour là j’étais à un concert gratuit donné par Ian Dury à Londres).
R.A.F. de Diana qui couche avec untel.
R.A.F. de Charles qui téléphone à une moche anglaise comme une Camilla.
R.A.F. de Diana qui divorce.
R.A.F. de Charles qui copie.
R.A.F. de Diana qui sort avec un égyptien.
R.A.F. de l’ancienne fiancée de l’égyptien qui vient pleurer devant les caméras de télé et les objectifs des paparazzis.
R.A.F. de la reine et de toute sa smala qui font la Une des feuilles de choux britanniques dès qu’il y a un pet de travers à Buckingham.
Des millions d’arbres abattus depuis des lustres pour imprimer ces conneries, ça me laisse rêver à une Nature qui, demain, se vengerait.
En tout cas pour aujourd’hui: « God don’t save the queen ».




Mardi, 14 août 2007.
Fermeture annuelle.

Rendez-vous le 25.


Il y a 10 ans
Jeudi, 14 août 1997.
Hutus et rien.

Il paraît que la randonnée est l’activité la plus en vogue de l’été. La nature, le bon air, les paysages merveilleux, la convivialité et les mollets affûtés. Je propose alors à tous les chefs d’état de ce monde un nouveau GR*. La Grande Randonnée de l’horreur. Un triathlon sans vélo mais avec marécages et forêt équatoriale impénétrable. Un parcours de 1500 kilomètres entre Bukavu et Mbandaka en passant par Kisangani, dans cette riante contrée d’Afrique appelée maintenant République Démocratique du Congo. Sans oublier, dans le rôle du G.O. jovial farceur, Kabila, tueur et président à plein temps.
Alexia Mukangano, Hutu du Rwanda, est allée au bout de l’angoisse et de ce sentier de peu de gloire finissant au bord du fleuve Oubangui qui sépare l’ex Zaïre du Congo. Son périple est raconté aujourd’hui par Stephen Smith dans Libération. Merci aux journalistes de presse écrite de nous tenir informés du sort de ces cadavres ambulants qui ne fait ni chaud ni froid aux rédactions des J.T.
Certes les Hutus ont massacré par milliers des Tutsis pendant la guerre du Rwanda. Mais faut-il, parce qu’il y a eu génocide, laisser mourir des femmes et des enfants innocents?
Nous ne remercierons jamais assez les ONG comme Médecins sans Frontières qui font beaucoup avec peu. Les émissaires des Nations-Unies vont-ils accuser un de ces quatre, Jean-Désiré Kabila pour ces crimes perpétués sur son sol par ses complices Tutsis qui l’ont grandement aidé à piquer le pouvoir à Mobutu?
L’ennui pour Alexia Mukangano c’est que le business entre les Etats-Unis et l’ex-Zaïre a déjà repris, et que cela ne lui rendra jamais son enfant mort quelque part sur ce circuit de mortelle randonnée.




Lundi, 13 août 2007.
Fermeture annuelle.

Rendez-vous le 25.


Il y a 10 ans
Mercredi, 13 août 1997.
Catastrophes en rafales.

Ca tombe comme à Gravelotte. Les ennuis en tout genre, les accidents, les sinistres se sont donnés rendez-vous cet été sur la planète.
Il y a une semaine, sur l’île de Guam, dans l’océan Pacifique, un avion Sud-Coréen s’écrase. Bilan quelques survivants mais surtout 539 morts. Quatorze ans après l’avion de la Korean Air abattu par les soviétiques, c’est la scoumoune du côté du pays du matin calme.
Le 30 juillet ce sont 4000 hectares de pinèdes qui flambent à quelques kilomètres de Marseille.
En juillet des inondations sans précédent tuent et ravagent l’Allemagne et la Pologne.
Il y a quelques jours un volcan, déjà actif depuis 1995, ensevelit les deux-tiers de l’île de Montserrat dans les Antilles. Il s’appelle Soufrière Hills et la capitale, Plymouth nous offre dorénavant la vision terrible et grandeur nature d’un hypothétique « day after ».
Après la sécheresse du premier semestre en France ce sont des trombes de flotte qui transforment les rues de Paris ou de Marseille en toboggans aquatiques dignes de Jeux sans Frontières.
Sans oublier le vent qui se lève brusquement sur la Rance pour atteindre les 100 km/h en quelques minutes et qui tue trois plaisanciers
Et puis hier un bateau mouche rate le coche sur la Seine et percute un des piliers du Pont Royal. Bilan vingt sept blessés et sûrement quelques photos ratées au moment de l’impact.
Enfin, un car transportant un groupe folklorique portugais percute dans la nuit un camion sur cette meurtrière N10 (8 morts, 24 blessés).
Cette série noire doit mettre en joie les millénaristes annonceurs d’apocalypse qui nous avaient sûrement promis la fin de tout il y a trente ans jour pour jour quand Arette, un petit village des Pyrénées fut presque entièrement détruit par un tremblement de terre. Ces disciples de Nostradamus, ces témoins de Jéhovah, ces membres de sectes obscures qui souhaitent la fin du monde doivent être déjà en train de faire leurs bagages d’élus des Dieux. Qu’ils se rassurent, au moment du grand départ, ils auront encore le temps de peaufiner leur retraite. Il m’étonnerait qu’Air France ou la RATP ne nous pondent pas une petite grève catastrophe de dernière minute pour l’occasion.

P.S.: Des catastrophes en rafales donc, même pour Serge Dassault qui voit d’un mauvais œil le tour de vis donné par Jospin au budget de la Défense. J’espère pour tous que ces avions de guerre Rafale resteront dans leurs hangars. A quinze milliards cash pour quarante huit appareils qui ne seront pas livrés avant plusieurs années, il y a sûrement un meilleur usage à faire de l’argent public. N’est-ce pas Mme Aubry et Mr Allègre?




Samedi, 11 août 2007.
Fermeture annuelle.

Rendez-vous le 25.


Il y a 10 ans
Lundi, 11 août 1997.
Le jambon qui colle au papier.

Je ne sais pas si vous connaissez l’expression, mais elle « colle » parfaitement à la situation météo du jour. La cagna comme on dit une chaleur moite, dans des bureaux sans climatisation et sans courant d’air, Une atmosphère poisseuse qui dès que vous faites un geste, transforme votre peau en une espèce de papier beurre badigeonné de UHU. Ainsi, quoique vous portiez, vous avez l’impression qu’il est impossible de glisser ne serait-ce qu’une feuille de papier à cigarette entre votre peau et votre dernière petite robe d’été.
Et dire que Claude François chantait: « Le lundi au soleil, c’est une chose qu’on n’aura jamais... »
Demain il paraît qu’il va faire encore un temps idéal pour l’osmose parfaite entre le morceau de cochon et la feuille blanche.




Vendredi, 10 août 2007.
Fermeture annuelle.

Comme toute bonne commerçante, Madame Placard ferme le rideau le temps d’une petite quinzaine de l’été.
Sans regret.
On laisse l’ordinateur et son clavier se reposer.
Les nouvelles du monde ne sont pas très encourageantes. J’ai appris ce matin que l’info du Corriere della Sera était de l’intox. Une journaliste vénézuélienne, Patricia Poleo, aurait fait surgir de faux espoirs.
Allez, repos, maillot et dodo ... avec Monsieur Placard.
Bises et rendez-vous le 25 août.

PS : Papy Placard aurait eu quatre-vingt deux ans aujourd’hui.


Il y a 10 ans
Dimanche, 10 août 1997.
Fausse note à l’île de Ré

Deux mois de boulot et déjà deux semaines de vacances pour Lionel Jospin. Jolie convention collective des premiers ministres. Ca nous promet peut-être une réforme des « congepayes ». Douze semaines par an, le nirvâna pour une mère de famille;
Jospin a bon goût. L’île de Ré est un très bel endroit. Il y a Saint Martin mais aussi Ars, Les Portes... et Saint-Clément-des-Baleines. L’air y est habituellement sain, sauf quand quelques stars du showbiz allument de gros cigares. Mais depuis quatre ans des olibrius viennent rendre hommage dans le cimetière de ce petit village à Henri Béraud. Cet écrivain antisémite fut condamné à mort après la guerre puis gracié par de Gaulle sur une demande de François Mauriac. Merci les mecs. Ce collabo mourut au bagne de l’île de Ré en 1958. Treize années de trop.
Une association soi-disant rhétaise, présidée par Jean-Paul Valin et dont le secrétaire général est journaliste à « Présent » organise tous le 14 juillet depuis 1993 cette commémoration qui sent le vomi. Francis Bergeron outre sa carte de presse qui déshonore le métier, écrit des livres sur Le Pen et paraît-il des livres pour enfants. Alors mesdames les mamans ne lui faites pas l’honneur d’acheter ses œuvres. Un petit avertissement également à l’attention des prochains visiteurs de l’île: n’achetez pas le livre « la légende de l’île de Ré » préfacé par Henri Béraud et réédité par l’association vénérant ce bagnard antisémite.
J’aurais préféré vous parler du bois de Trousse-Chemise, des huîtres et du petit blanc de l’île, de la salicorne et des pommes de terre nouvelles que l’on déguste avec une touche de fleur de sel. Mais la tombe en friches du collabo au cimetière de Saint-Clément des Baleines fait désormais de l’ombre au phare du même nom et aux autres tombes de déportés et de soldats anglais.
Que Jospin, s’il se promène dans le coin, évite cette sépulture.
Ce soir « L’armée des ombres » de Melville avec Ventura, Signoret et Meurisse passe à la télé, un spectacle d’une tout autre tenue que celui de ces nostalgiques des années de haine. N’est-ce pas François Mauriac?




Jeudi, 9 août 2007.
Phonétoque.

La phonétique selon l’Académie Française nous obligerait à prononcer le deuxième mois de l’été « ou » et non « a-ou » ou « a-ou-te » comme tout à chacun semble articuler y compris les présentateurs météo auxquels les costumés du quai Conti reproche ce défaut de prononciation.
Un sketch qui semble tout droit sorti de l’imaginaire absurde d’un Raymond Devos, ou doit-on dire « Deux-veaux » ce qui serait vache.
« Otez-moi d’un doute », aurait peut-être dit le grand clown des mots, « Ou alors d’un Doubs, mais alors, à chaque fois que nous sortirions de notre esprit une réflexion dont on ne serait pas sûr, Besançon et son département serait rayé de la carte. Une France sans l’ombre d’un Doubs et nous serions contraints d’acheter nos montres en Suisse et non pas en douce. Douce France sans le Doubs et le mois d’août qui file doux sans son « t ». Un été sans thé et donc sans salon du même nom. Et c’est tout une profession qui disparaît.
De quoi voir défiler quelques milliers de manifestants dans la rue pour un grand raout syndical. Ou alors doit-on dire un « roux » syndical ? Un cégétiste aux cheveux de feu ou alors une sauce en grève ? Sachant que la cuisine nous propose des roux blancs, blonds ou bruns et pas des roux roux alors je préfère manger mon roudoudou un oreiller sur la tête en attendant septembre. »


Il y a 10 ans
Samedi, 9 août 1997.
De Papon au pape il n’y a qu’un pont.

Ce n’est ni sur le pont de pierre de Bordeaux, ni sur le pont d’Avignon que Jean-Paul II ira danser la gigue des papes entre le 20 et le 24 août lors de son voyage en France. Mais sur la tombe du Pr Lejeune, catholique fervent, proche du pontifiant souverain et de l’Opus Dei. Ce brillant généticien, découvreur du chromosome du mongolisme était aussi (et malheureusement) l’inspirateur des commandos anti-avortement.
Cet hommage rendu, à titre soi-disant privé, par JPD (Jean-Paul Deux) va conforter ces illuminés de « Laissez-les vivre » dans leurs exactions « inhospitalières ». Souvenons-nous qu’aux Etats-Unis, un médecin fut assassiné par un de ces fous de l’embryon-citoyen. Encore une fois JPD ne fait pas dans l’exemple porteur pour une jeunesse qu’il souhaite mobiliser pour sa venue aoûtienne.
Afin de boucler leur budget, je conseille à l’association qui s’occupe de ce barnum papal, de vendre des préservatifs à l’effigie du Saint-Père, avec la mention suivante: « Baisez, oui, mais baisez saint »




Mercredi, 8 août 2007.
Eloge du triporteur.

Promenez vous dans les villages haut-perchés de la Toscane et vous croiserez dans les ruelles pavées qui grimpent vers le ciel, un étrange engin. Le triporteur. Les italiens l’appellent Ape. Le premier, apparu en 1948, en pleine période de reconstruction s’appelait Giardinetta. Ce véhicule miniature est posé sur trois roues, une devant et deux derrière qui soutiennent un plateau. Une machine qui semble sortie d’un appareil à rétrécir les camionnettes de type pick-up.
Plus pratique qu’un scooter avec sa benne arrière, plus maniable qu’une Fiat 500, le triporteur Piaggio est la porte ouverte vers le bonheur.
D’abord, l’avoir c’est pouvoir habiter là où personne ne va. C’est pouvoir acheminer dans son nid d’amour tout ce qui est nécessaire sans effort. C’est pouvoir se garer vraiment n’importe où. C’est pouvoir y acheminer ses amis. Qu’il faudra trier sur le volet puisque la charge utile de ce petit bijou est de 370 kg maximum pour le modèle standard Ape 50. Ce qui représente le poids de deux beaux mecs, d’une copine, de la conductrice, de quelques caisses de Nibbiano pour l’apéro et de Vino Nobile de Montepulciano, de deux ou trois jambons crus, quelques pecorinos bien secs, un sac de charbon de bois, des travers de porc, du miel, du soja, de quoi faire une ratatouille et il restera même un peu de place pour une poignée d’étoiles afin d’éclairer le ciel. Bien sûr, si vous avez d’autres amis il vous faudra faire un voyage supplémentaire.
Le dernier avantage du triporteur est qu’il consomme peu de carburant et que la capacité de son réservoir n’excède pas dix litres. Ce qui vous empêche de vous éloigner de votre chez soi.
D’ailleurs pourquoi partir loin quand on habite le paradis.



Il y a 10 ans
Vendredi, 8 août 1997.
Cinquante-trois ans d’impunité.

Maurice Papon est placé sous contrôle judiciaire pendant les deux prochains mois. Cet ancien secrétaire général de la préfecture de Gironde est accusé d’avoir fait déporter près de 1600 juifs entre 1942 et 1944. Epargné pendant toutes ces années, l’accusé devra se « contenter » des lambris de son chic appartement parisien jusqu’au 7 octobre. Ce soir là il passera sa première nuit en prison avant le début du procès. Une nuit en prison pour cinquante trois ans d’impunité ... et son avocat crie au scandale.



Mardi, 7 août 2007.
Chassé-croisé.

Hier à la radio nous croyons comprendre qu’Ingrid Bétancourt aurait été libérée. Aujourd’hui opération kiosque à journaux. Le village d’à côté est trop petit pour recevoir la presse étrangère. Ce sera le Corriere della Sera et la Gazzetta dello Sport.
L’une revient. Attendue depuis cinq ans, prisonnière des FARC, ces milices armées de Colombie. Ingrid Bétancourt, icône de la démocratie bâillonnée.
L’autre va revenir. Partie depuis trois mois, exilée dans un nouveau club, La Prensa en Italie. Laure Manaudou, icône de la natation et du sport réunis.
Comment la première est revenue et pourquoi la deuxième est repartie ?
Des questions auxquelles notre maigre italien ne permet pas de répondre avec précision. Tout ce que nous avons réussi à comprendre en feuilletant ces deux journaux, c’est que l’argent n’est pas loin d’être au centre de tout.
Arena et Sarkozy, sponsors des égéries en détresse.


Il y a 10 ans
Jeudi, 7 août 1997.
Ca nous pompe.

L’augmentation de l’essence à la pompe est imminente. C’est environ dix centimes de plus par litre que l’automobiliste va devoir payer. Quand les transports en commun existants ne vous permettent pas de gagner du temps, vous êtes contraint de prendre votre voiture et de passer à la caisse.
Ca nous pompe, la pompe.
Des grosses têtes du milieu pétrolier vous expliqueront que le dollar est la source de tous les maux. Sauf que, quand le dollar augmente, l’essence augmente et quand le dollar baisse, l’essence ne baisse pas. Ils appellent ça anticiper. Dire que le dollar n’intervient que pour un tiers de l’augmentation du prix du brut serait déjà plus honnête. Il est bon de rappeler également que l’Etat s’en met plein les poches. Avec, je crois, le litre d’essence le plus taxé d’Europe, c’est encore l’Etat, dans l’histoire, qui gagnera six ou sept centimes par litre.
Ca nous pompe le porte-monnaie.
Hydrocarbures à pleins poumons, effet de serre et tout le toutim, c’est notre capacité respiratoire qui en prend un coup.
Ca nous pompe l’air.
Mais l’automobiliste français doit être maso. Il paye sans discuter l’essence et les péages (voir le dernier scandale de Lyon avec une nouvelle autoroute à 30 francs pour 12 kilomètres).
Faudra-t-il un litre de super 98 à dix balles et des autoroutes à cinq francs les mille mètres pour que l’automobiliste bouge son cul de son siège à boules?
En tout cas, pour la journée, cette histoire m’a pompé toute mon énergie.



Lundi, 6 août 2007.
Décalage horaire.

Perdue (volontairement) au sud de la Toscane. Pas de télé. L’autoradio débite des publicités et des infos en italien façon Roberto Benigni énervé.
Et internet semble bloqué par les ondes des oliviers et des pieds de vigne. C’est donc avec retard que je m’émeus de la disparition de Michel Serrault. Je ne suis pas critique de cinéma donc ne comptez pas sur moi pour dresser le portrait de l’acteur magistral. N’étant pas non plus ministre de la culture, je n’aurais donc pas le lyrisme de circonstance pour raconter l’homme et son œuvre. Je ne suis qu’une modeste spectatrice qui trouvait le bonhomme poilant. Imprévisible, capable de jouer un monstre, une folle ou se déshabiller pendant un JT. Son pote Jean Poiret, sa moitié, s’était fait la malle il y a quinze ans, laissant orphelins les amateurs d’absurde.
Au risque de paraître un tantinet pompeuse, notre plus grand acteur italien vient sans doute de disparaître.


Il y a 10 ans
Mercredi, 6 août 1997.
Amiroussa, Hammam-Mélouane, Mézaroua et Oued el-Had.

Soixante-quatorze personnes ont été massacrées dimanche dans ces villages algériens. Depuis les élections législatives du 5 juin ce sont près de sept cents civils qui ont été assassinés.
Le moyen âge nous rattrape et ça donne envie de vomir.
Qui a dit: « L’homme est un loup pour l’homme »?



Dimanche, 5 août 2007.
... E lucevan le stelle.

Première strophe du troisième acte de la Tosca.

Qui a donné son nom à un bar à vin unique au monde perché sur les hauteurs de Montepulciano. Face au soleil couchant sur le parvis d’une des églises de la ville.
Y boire un verre de vin blanc. Un Nibbiano par exemple. Accompagner le vin et la conversation d’un assortiment de charcuteries parfumées.
Y être avec des amis. Dire des bêtises jusqu’à ce que le soleil se couche.
Et entendre les cloches sonner pour annoncer que, bientôt, les étoiles vont s’allumer.

Lien vers Pavarotti chantant « E lucevan le stelle »
http://www.youtube.com/watch?v=4mX7ugJ5NM8

PS : bon anniversaire à Mamie Placard


Il y a 10 ans
Mardi, 5 août 1997.
Gérontofolies.

Mamie Placard a fait un rêve. Elle m’a appelée ce matin pour me le raconter.
Elle allait avoir cent ans et comme tous les centenaires de la planète, elle était sur le point de faire partie du nouveau parc à thème à la mode, le « Viocs en stock ». Sponsorisé par les Pompes Funèbres Générales et la compagnie d’assurance AXA, « Viocs en Stock » attirait chaque jour des milliers de visiteurs, jeunes mais surtout moins jeunes. Chaque année bien sûr les attractions se renouvelaient. Ainsi le clou du spectacle d’hier qui avait attiré la foule des grands jours dans les allées reconstituées de cette maison de retraite en carton pâte, était la grande parade des funérailles de Jeanne Calment. La doyenne de l’humanité avait été pendant vingt deux ans l’attraction principale du parc à thème. De plus jeunes vieillards venus de tous les recoins de la planète étaient ainsi venus pendant tout ce temps admirer l’arlésienne. A heure fixe on pouvait voir Jeanne Calment fumer sa clope ou boire son Porto ou encore faire pipi sous elle, ce qui amusait beaucoup les plus jeunes des visiteurs. Dans les jardins, derrière de larges grilles, on pouvait aussi voir une reine mère en robe fleurie et chapeau à voilette rose pastel faire coucou à une foule imaginaire tout en embrassant quelques mouflets porteurs de bouquets. Dans une magnifique reconstitution de la rue du dragon, déambulait un abbé aux intentions louables mais au verbe parfois dérapant. Mère Térésa allait bientôt prendre sa place, le temps de mettre la dernière touche au décor d’une rue de Calcutta. Il y avait eu aussi un dictateur chinois qui se faisait prendre en photo à côté d’un char d’assaut sur la place centrale du parc.
Sans oublier le plus vieux présentateur du journal de 20 heures qui n’avait jamais voulu céder sa place et à qui on faisait croire que le prompteur placé en face de son fauteuil roulant était toujours en état de marche. Tous les quatre ans il y avait bien sûr les Jeux Olympiques des plus de cent ans. L’épreuve du cracher de dentier faisait la joie des petits et des vieux enfants.
Mais il y avait encore quelque chose que les animateurs du parc réservaient à leurs meilleurs clients. Un couple de centenaires toujours gaillards avait eu la bonne idée de créer un spectacle intitulé « l’amour après cent ans ». Mamie Placard récompensée pour son assiduité allait entrer dans la suite nuptiale des deux tourtereaux ridés quand ...
... Dring, dring, dring le réveil se mit à sonner.
Cinq minutes après, elle m’appelait, ça m’a fait beaucoup rire. La mort est triste, mais son rêve m’a mis de bonne humeur ce matin.



Post-scriptum: ça n’a rien à voir mais hier soir sur les coups de 20H15 je me suis mise à crier comme une folle avec mon mari devant le poste de télé pour encourager Stéphane Diagana. Le gâtisme me guette-t-il déjà? Ma fille sur mes genoux n’a dû rien comprendre. Diagana est champion du monde du 400 mètres haies et en plus il est sympa et beau mec. Bref, un homme en or.



Samedi, 4 août 2007.
Acquaviva.

Les cyprès ponctuent le paysage de petites griffures. Les collines sont quadrillées de vignes hautes et de champs d’oliviers.
Le temps existe-t-il ?
Seul le vent qui caresse le haut des arbres, leur donnant des reflets argentés, fait office de sablier.
Même le soleil et la lune ont arrêté leurs courses comme pour photographier le paysage.
La Toscane est l’axe par lequel tourne la terre.
Pour toujours.


Il y a 10 ans
Lundi, 4 août 1997.
Imbitable.

William Burroughs, écrivain barge, pédé et camé de la beat generation est mort ce week-end à l’âge de 83 ans. Plus sensible à l’écriture de Kérouac (à chacun ses préférences), j’ai dû picorer quelques extraits du « Festin nu » il y a longtemps mais sans y prendre goût. Afin d’en savoir plus sur la « bête » j’achète Libération qui, généralement réussit bien ses « nécros » comme on dit dans le jargon des journalistes.
L’éditorial signé Gérard Dupuy y est incompréhensible. William Burroughs, à qui l’on attribue la paternité du « cut-up *» aurait peut-être apprécié. En voici un extrait que je laisse à votre méditation:
« Son anti-intellectualisme ne lui a pas permis d’expliciter son refus autrement que par son imagisme à fragmentation et par une caricature inversé de la psychologie dominante ».

*méthode d’écriture consistant à créer par collage, pliages .. un nouveau texte à partir de textes déjà imprimés.




Vendredi, 3 août 2007.
Imagine.

Imagine un musée sur une île. Un musée d’art moderne. Pour rendre hommage aux artistes contemporains.
Imagine un lieu unique où les plus jeunes créateurs trouveraient un écrin à leurs œuvres en construction.
Imagine ce lieu à Paris.
Imagine l’île Seguin, là où des milliers de Renault fabriquées à la chaîne ont encore leurs âmes tatouées sur les rives du bord de Seine.
François Pinault, le milliardaire qui fit fortune dans le bois avant de racheter le Printemps ou la FNAC, l’avait imaginé.
Pour donner à la France un phare, un musée du troisième millénaire pour éclairer l’histoire et les générations à venir.
L’état français n’a pas d’imagination. Le projet de rénovation de l’île Seguin, après démolition des usines de la marque au losange ne verra pas naître le musée rêvé.
Las d’attendre, le mécène breton a racheté le Palais Grassi à Venise. Il y a imaginé le musée parfait. Entre hier et demain, sur une île entre ciel, terre et mer.
C’est un peu plus loin que la Porte de Saint-Cloud mais c’est aujourd’hui une réalité plus belle encore que l’on ne pouvait l’imaginer.



Il y a 10 ans
Dimanche, 3 août 1997.
C’est fou le peu de chose que l’on peut faire en neuf secondes quatre-vingt-six centièmes.

C’est le temps mis par Maurice Greene pour gagner le 100 mètres des Championnat du Monde d’athlétisme à Athènes. Et c’est le temps qu’il vous a fallu pour lire ces deux phrases.




Jeudi, 2 août 2007.
Turista.

Venise est une trop belle ville pour la laisser aux touristes. Facile à dire. Un peu prétentieux même. A Venise comme dans n’importe quel lieu hyper touristique, il y a des points de passage obligés. Des péages en quelque sorte. Si vous n’y passez pas au moins une fois, vous ne pouvez disposer de votre passeport « touristique ». Venise est ainsi faite que votre chemin piétonnier passera forcément par le pont du Rialto. Archétype du piège à touriste. Comme l’est Montmartre à Paris où Trafalgar Square à Londres. De la babiole comme s’il en pleuvait. Mais passés les désagréments des flots migrateurs aux endroits stratégiques, vous pouvez et devez même vous perdre, vous évadez en perdant le sens de l’orientation. Et là il n’y a pas plus magique au monde. Qu’il pleuve, qu’il fasse grand beau ou même par temps de brouillard, cette ville recèle mille et un secrets à chaque pas. Deux jours sur place et vous avez oublié le flot indigeste des touristes. Pour peu que vous flâniez dans certains quartiers commerçants un vendredi en fin d’après-midi et vous découvrirez que Venise est habité par des vénitiens qui sortent de chez eux et qui parlent fort.


Il y a 10 ans
Samedi, 2 août 1997.
Ignare.

Je n’y connais rien au théâtre ni à la danse non plus d’ailleurs. Mais ne le dites pas à ma belle-sœur elle me prendrait la tête à vouloir me convertir, elle est danseuse.
Elevée au sein d’ « Au théâtre ce soir » à la télé, mes souvenirs de rideaux et de planches se limitent à quelques pièces: Le noir te va si bien, Boeing-Boeing, Les fourberies de Scapin, Le canard à l’orange et dernièrement Un grand cri d’amour. Je suis même allée une fois au théâtre du Palais Royal voir La cage aux folles (pas avec Poiret et Serrault malheureusement). Rien de bien grave me direz-vous. Mais si l’on veut briller dans les dîners mondains, il vaut mieux revenir du TNP ou de Festival d’Avignon, qui se termine ce soir.
Je ne sais pas si l’anecdote suivante ferait rire ces aristocrates de la culture.
Invité à l’Opéra (l’ancien, pas le gymnase en béton de la Bastille) par un cousin parisien, j’avais mis ma plus belle robe. Au programme un ballet sur la vie du poète anglais Lord Byron sur une chorégraphie de Rudolf Noureev. Pour une première ce fut le bide. En amuse-bouche il y avait au programme un ballet contemporain où, sur une scène grise, des danseurs et des danseuses en juste-au-corps gris s’ébattaient en tout sens. Cette griserie eut sur moi l’effet d’une soirée un peu trop arrosée. C’est ainsi que je m’endormis au milieu des ors du Palais Garnier.
Bâillant comme une otarie entre chaque tableau du spectacle principal, la danse reste pour moi une curieuse sensation. Celle d’un rêve trouble et inachevé né dans un cachet de Lexomyl.
J’ai pourtant essayé, sur Arte, de me faire une culture de cet art majeur. Mais même Carolyn Carlson n’a pas été la pédagogue idéale. Madame Placard est ignare, ce doit être vrai, puisqu’outre la danse, je n’ai jamais vu de pièce de théâtre mise en scène par Jean Vilar. Alors sous les applaudissements des spectateurs voyant tomber le rideau j’entendrai toujours cette phrase magique: « Les décors sont de Roger Hart et les costumes de Donald Cardwell ».




Mercredi, 1er août 2007.
« C » comme constipation.

Ou « C » comme cabinet. Pas ministériel, mais de ceux où l’on parle également de grosses commissions. Les vacances du pouvoir d’aller au cabinet avec un « C » comme colon majuscule.
Cette maladie est-elle une tare purement féminine ?
La constipation estivale. Celle qui vous accompagne pendant la première semaine des congés payés. Est-ce un pur blocage psychologique dû au fait de ne pas vouloir « faire » ailleurs que dans ses propres toilettes ?
Est-ce une rupture de rythme biologique ? Un mauvais Feng Shui du trou de balle ?
Alors, pour ne pas vivre la grève des gogues, on utilise les conseils de bonne femme des copines que l’on a sous le coude. Points d’acuponcture entre les deux seins, là où ça fait mal. Tripotage des doigts de pieds. Caresse du ventre. On essaye tout dans la mesure où le bon vieux suppositoire à la glycérine n’a été d’aucun effet. Et quand je dis « le » je parle du premier et de ses suivants qui, pour être polie, m’ont laissée dans la m. . .
« C » comme cagoinces, comme « Ça coince aux cagoinces », un bon titre pour un San Antonio embouteillé du péage à colombins.


Il y a 10 ans
Vendredi, 1er août 1997.
Immigration zéro?

Mes chéries, cette année apprêtez-vous à bouffer du cuir. Dans le jargon des footeux ça veut dire que le ballon rond va vous sortir par les yeux. Le football va vous pourrir la vie.
Du 1er août, démarrage du championnat de France de football au 12 juillet, date de la finale de la Coupe du Monde c’est plus de cinq-cents matches* que nos conjoints ou nos amis vont se farcir.
Je rappelle à mes consœurs oublieuses que l’organisation de la Coupe du Monde de football a échu à la France pour l’édition 1998 entre le 10 juin et le 12 juillet. Dix villes sont directement concernées. Je conseille donc vivement aux habitantes de Nantes, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Marseille, Saint-Etienne, Lyon, Lens, Paris et Saint-Denis, de se barrer, de mettre les voiles.
Partez là où la folie du foot n’a pas encore fait de victime. En Nouvelle Guinée Papouasie, en Alaska ou aux îles Kerguelen, changez de cap, c’est une question de vie ou de mort. Si vous ne pouvez vous offrir ces vacances au bout du monde, émigrez en dehors de chez vous. De toute façon vos salons vont empester la bière, la pizza et le tabac froid.
En matière d’immigration, Patrick Weil, sociologue, vient de remettre un rapport d’orientation à Lionel Jospin. Je ne sais pas si celui-ci contient un chapitre consacré au football, mais en tout cas la « balance migratoire » française est cette année encore largement déficitaire. Près de cent joueurs français vont évoluer cette année dans des championnats étrangers. Il y a quinze ans, à part Platini, le footeux bleu-blanc-rouge ne s’exportait pas facilement sur les pelouses étrangères. Il est curieux que Le Pen qui s’était ému à grand renfort de conneries du fait que les internationaux français ne chantent pas l’hymne national, n’ait pas réagi devant cet exode massif.
Le Front National ne s’intéresse peut-être pas à la Coupe du Monde. Il est vrai que la finale se déroulera à Saint Denis, fief communiste depuis des générations.
Il se peut aussi que du côté du Parc de Montretout, l’inculture se mêle à la bêtise et qu’ils prennent Maracana pour la dernière danse brésilienne à la mode.

*Je vous avouerais franchement que l’on m’a aidée à compter les matches de D1, de coupe de France et de coupe de la Ligue, de coupes d’Europe, les matches amicaux de l’équipe de France et bien sûr l’intégralité des matches du Mondial 98. Si ça se trouve j’en ai même oubliés en route.




Mardi, 31 juillet 2007.
« A » comme arrivederci Francia

« A » comme au revoir la France.
Quinze jours sans Sarkozy au réveil, Sarkozy au déjeuner et … Cécilia au dîner. D’autres nourritures. Terroirs lombards, vénitiens ou toscans. Vins, jambons, champignons et pâtes en tout genre. Nourritures spirituelles et culturelles.
Une parenthèse qui s’ouvre, belle comme un cyprès qui se tord sous le vent du lac de Côme.



Il y a 10 ans
Jeudi, 31 juillet 1997.
Le processus de guerre.

Sur le mode de la satire guignolesque j’avais imaginé le 8 avril, la scène de ménage entre deux bambins mal élevés qui se disputaient le territoire de leur chambre d’enfants. Hier, au marché central de Mahane Yehouda à Jérusalem-Ouest, deux palestiniens kamikazes appartenant au Hamas (Mouvement de la Résistance Islamique) ont fait péter deux bombes de dix kilos d’explosifs chacune. Bilan quinze morts et plus de cent cinquante blessés.
La tentation était grande de reprendre ces deux intenables loustics pour commenter ce drame. Mais là non, entre Netanyahou qui a tout fait pour que ça pète et Arafat qui semble dépassé de tous côtés par les siens et par les événements, je ne peux choisir un camp.
Entre Clinton qui a oublié de bosser sur le dossier pendant la campagne pour les élections US (mais à quoi peut bien servir un vice-président) et Chirac que l’on empêche de bosser, la région est plus proche de l’implosion que de l’orient.
Elle est déjà loin cette douce chaleur de la paix signée pourtant à Oslo à quelques encablures du cercle polaire. Il est si vivace le souvenir de ce meurtrier fanatique israélien qui mit le feu aux poudres en assassinant à la fois Rabbin et la colombe qu’il portait dans son cœur.




Lundi, 30 juillet 2007.
« V » comme Vacances.

« V » comme Vent. Un vent portant, un mistral gagnant qui balaie le ciel et les cerveaux de leur grisaille.
« V » comme Vin. Les vacances débutent toujours par un petit verre de rosé. Le verre est toujours petit ou bien alors c’est le vin. Adjectif pas péjoratif. Le « petit » rosé ou le « petit » blanc sont les premières trouvailles du vacancier. L’ami hospitalier vous fera aussi découvrir son vigneron favori Mr Ducoin. « Goûte-moi ce p’tit blanc du coin tu m’en diras des nouvelles ». Ducoin, l’appellation d’origine la mieux contrôlée par le touriste.
« V » comme Vide, Vacuité, Oublier la vitesse et le va et vient associé au double « V » de la working girl.
« V » comme Valence où le voyage avec un « V » majuscule commence.


Il y a 10 ans
Mercredi, 30 juillet 1997.
Credo.

De quelle foi j’me mêle? La cour d’appel de Lyon a reconnu que « l’église » de scientologie pouvait revendiquer l’appellation de religion.
Je crois qu’une cour d’appel n’a pas à statuer sur la reconnaissance d’une association cultuelle.
Je crois que cette secte qui mêle le glamour et l’opacité n’a rien d’une religion.
Je crois que la tolérance, dénominateur commun des grandes religions de ce monde, n’est pas en odeur de sainteté auprès des dirigeants scientologues.
Je crois que nous sommes encore dans un pays, n’en déplaise à certains, où l’Eglise et l’Etat sont séparés depuis 1905.
Je crois que Ron Hubbard doit être catalogué comme l’un des plus grands escrocs de la planète.
Je crois que Travolta, Cruise et sa femme Kidman sont sûrement moins intelligents qu’on ne le croit pour faire partie de cette secte.
Je crois que ces apprentis messies du nouveau millénaire s’accommodent plus du carillon des pièces de cent dollars que de la paix des âmes.
Je crois que la détresse rend aveugle et bête et qu’elle constitue sans doute, un filon inépuisable pour ces « money-makers » à la spiritualité toute matérielle.
Je crois qu’au bout du compte (en banque), il est préférable de ne pas croire.



Dimanche, 29 juillet 2007.
A6.

Ils avaient quitté leur T3 du 9.4. Il était 6am comme on dit aux USA.
Pas dans une Z4 de BMW mais plutôt dans une voiture type R21 à moteur essence. Le plein de SP 98 avant le péage. Du monde à hauteur de Fontainebleau. Un max de CO2 dans les narines. L’un des enfants a branché son mp3. U2 à fond. L’autre est collé à son mobile 2G. Les parents seraient plutôt B52 mais on leur a volé leur autoradio CD il y a moins d’une semaine.
A Lyon on passe la barre des 30°C. Il était temps.
A 14.00 GMT ils franchiront la barrière du camping de la D137. Pourvu que leur place habituelle soit libre. La G14.
Après l’apéro avec leurs voisins de la N13, ils entameront une bonne vieille partie de bataille navale.


Il y a 10 ans
Mardi, 29 juillet 1997.
Ma madonne is sleeping.

Ma petite puce d’un an et demi s’est endormie, tétant son pouce et son index, serrant dans ses bras sa poupée bleue. C’est fou c’que t’es belle à regarder.


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