dimanche 22 juillet 2007

Fuite de cerveaux.

Après avoir beaucoup emprunté au vocabulaire et aux concepts de la gauche, Nicolas Sarkozy s’est mis en chasse pour recruter dans le camp d’en face quelques figures.
Bockel, Kouchner, Fadela Amara dans le gouvernement Fillon. DSK au FMI et Lang qui prend bouche avec Sarkozy pour réviser les Institutions sous la houlette de Balladur. Autant de masques qui tombent et de cerveaux qui passent à l’ennemi.
Et c’est tant mieux.
Trop d’intelligence, trop de compromissions, trop de diplomatie, trop de calculs ont tué le Parti Socialiste. Trop d’anciens ministres, trop de premiers de la classe, trop de penseurs ont paralysé l’appareil du parti et congelé avant même qu’ils arrivent à bon port, les spermatozoïdes de l’enthousiasme nés des victoires lors des Régionales et visibles dans le recrutement de nouveaux adhérents en 2006.
Une Ségolène Royal, certes issue du sérail, a tenté de bousculer les habitudes. Mais elle est partie trop tard et sans véritable plan lisible, sans objectif ni programme clair mais avec l’idée du « moyen » pour y parvenir, la fameuse démocratie participative.
Dans n’importe quelle entreprise (dans les deux sens du terme) il faut d’abord se fixer des objectifs, définir le message et ensuite trouver le bon « véhicule », le bon media pour le faire savoir.
La méthode utilisé par Sarkozy et ses éminences grises (Guaino et Guéant) a été celle de tout bon boss en marketing dans une grosse boite.
D’abord une bonne étude de marché pour sonder en profondeur le cœur des français. Pour comprendre, entre autres, que le bon peuple de France n’est pas aussi simple à cerner que ça. Que les ouvriers peuvent être communistes, alter mondialistes mais aussi modérés ou d’extrême droite. Comprendre qu’une mamie qui se fait voler son sac à main à Saint-Denis ça peut faire peur à une autre mamie dans un village paisible de l’Aveyron. Comprendre que les riches ont des problèmes (et oui !), que les entrepreneurs sont lassés d’entreprendre sans retour, etc.
Ensuite quelques bons vieux slogans pour couper l’herbe sous le pied à la concurrence, quitte à enfoncer des portes ouvertes.
Travailler plus pour gagner plus, le service minimum d ans les transports en commun.
Peu importe si ces slogans ne reposent sur pas grand-chose. On va très vite se rendre compte que l’employé qui veut travailler plus n’est pas celui qui décide. On sait déjà que le service minimum ne concerne que 2% des problèmes de retard constaté dans les transports. Mais peu importe, un bon slogan, un bon media et un bon médiateur cela suffit aujourd’hui à faire gagner un combat politique.
Dernier critère également à respecter dans ce mix-marketing. La solidité et le soutien sans faille du parti politique pour son candidat. Ne jamais faillir, ne jamais se renier, respecter sa parole et le dire et le répéter pour que le message s’ancre bien dans la tête de l’électeur.
Le deuxième étage de la fusée du plan de lancement de Nicolas Sarkozy est maintenant en action. Avec deux maîtres mots : ouverture, pour torpiller son adversaire avant les municipales de 2008 et hyper activisme, pour ne pas laisser l’ombre d’un espace dans le « linéaire » de l’action politique.
Alors un seul conseil à ceux qui veulent reprendre les choses en main rue de Solferino : Apprenez à lire dans la pensée des français, retrouvez des messages qui s’appuient sur de véritables aspirations, de véritables douleurs, ne chercher surtout pas à copier votre concurrent (ce qu’il fait il le fait mieux que vous), ne jetez pas à la poubelle l’idée de la démocratie participative, elle est à vous, mais donnez lui du corps et du sens, choisissez vite une tête, un leader et respectez-le (ou la).
Enfin, dernier conseil, virez-moi tous ces cerveaux qui pensent trop et trop à eux.



Il y a 10 ans
Mardi, 22 juillet 1997.
19 ème trou.

Dans une nouvelle série intitulée « Contes et Légendes de Mamie Placard », j’ai demandé à ma maman de vous raconter de belles histoires qui fleurent bon le bois qui craque dans le feu de la cheminée.
« Il était une fois un charmant petit village basque qui répondait au nom chantant d’Arangoïtze, Sur la place centrale, à touche-touche il y avait la mairie qui aidait le mur du fronton de pelote à tenir ou vice-versa. Au bout du fronton, comme une frontière, une table de pierre gargantuesque présidée par deux trônes taillés dans le roc. Puis la terrasse de l’auberge et le trinquet. Sur la droite en regardant la croix Basque sur ce mur orangé où claquent les pelotes, l’école et l’église se tournaient le dos.
Dans ce concentré de village, on pouvait s’amuser à imaginer le déroulement de toute une vie. Le baptême, le certificat d’études, le mariage, les parties à mains nues et puis un mauvais jour, la mort. C’est ainsi, qu’en faisant le tour du village, comme on fait le tour d’une existence, je découvris le cimetière, le lieu le plus envoûtant d’Arcangues (nom français du village). Si je n’avais pas d’aversion pour ce type d’endroit où l’on est amené à passer perpète, je vous dirais qu’il était tout simplement beau. Surplombant un parcours de golf et tondu entre les tombes comme un fairway britannique, ce cimetière, planté de croix comme autant de drapeaux inaccessibles, pourrait donner envie à quelques golfeurs de mourir sur le parcours à la façon d’un Molière jouant ses derniers coups sur scène. A portée de fer 7 de l’église se trouvait un joli green bien gardé par cinq bunkers et une pièce d’eau traîtresse. L’endroit idéal pour se noyer ou mourir ensablé. Comment ne pas penser que le nirvana du « day-clubber » se trouvait là, dans ce cimetière d’Arcangues. Et pour que l’éternité ait une touche de gaieté, les défunts d’Arcangues, avaient, comme compagnon depuis 1970, un gai luron de ténor: Luis Mariano. Je ne sais pas si le chanteur d’opérette taquinait le putter, mais il se dit que dans ce vieux village basque, la nuit, ça swingue derrière l’église. »

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