dimanche 8 juillet 2007

L'alpiniste, le matador et l’homme de glace.

Sur un carré de pelouse anglaise, un alpiniste funambule en pantalon et veste blanc fit face à un matador au bras d’airain.
Leurs fronts ceints d’un bandeau, comme un hommage au mage suédois, l’homme de glace descendu de ses fjords pour assister à l’ultime combat.
Le froid Viking était devenu souriant, ses cheveux longs et blonds ayant laissés place à une crinière d’argent.
L’alpiniste était suisse comme il se doit. Le matador, espagnol, bien sûr. L’affrontement des deux géants dura plus de 3H30. On crut un moment que l’homme des montagnes allait lâcher prise et que son élégance naturelle empêchait son jeu d’avoir le saignant nécessaire pour faire mordre la poussière au demi dieu des arènes de la balle jaune. On crut également que le matador, après avoir été encorné en début de match allait rendre la muleta et ses habits de lumière en trois petits sets.
Non le combat fut grandiose et les deux gladiateurs, sous un soleil anglais qui les éclaira sans interruption, allèrent jusqu’au bout de leurs forces et de leur talent.
La fin de l’histoire entra dans la légende. Au bord du précipice, sur une voie encore inexplorée, l’alpiniste, mené 15-40 deux fois de suite sur son service en début de cinquième manche, sentit le froid de la lame du matador lui chatouiller les cervicales. Mais dans un ultime coup de rein et de génie, il se sortit du piège et gravit les quatre derniers jeux comme un chamois bondissant. Le sommet était atteint. Une altitude que l’on croyait à jamais réservée à l’homme des glaces, cinq fois vainqueur d’affilée sur le gazon londonien.
Ayant planté son drapeau sur le toit du tennis, l’alpiniste rendit hommage à son vaincu de la plus belle des manières. Il parla un peu du viking qui l’applaudissait dans la loge royale mais devait sûrement penser au magicien gaucher australien qu’il rejoignait dans la légende avec onze titres du Grand Chelem.

On peut seulement regretter que l’homme de glace ne fut pas celui qui remit le trophée à l’alpiniste. Les coutumes anglaises sont pour moi impénétrables. Et pour la énième fois, le Duc de Kent s’approcha du vainqueur pour lui tendre la Coupe.




Il y a 10 ans
Mardi, 8 juillet 1997.
Régime sans ELLE.

A trois jours du départ en vacances, je suis comme tout le monde, je me préoccupe de mes fesses et de mon bidon qui prennent trop de place dans ma silhouette. L’ennui, c’est que pour ne pas avoir l’air d’une courge en maillot il faut au moins s’y prendre en mars pour faire un régime. Dixit tous les magazines féminins qui bourgeonnent de conseils anti-culotte, anti-cheval et anti-boudin avant même le printemps.
Tout cela fonctionne comme les voeux pieux faits un soir de java le 31 décembre et dissipés dans les dernières bulles de champagne du petit matin glacial. En avril on dit qu’on va s’y mettre mais qu’on a le temps. Un mois avant de partir, pense-t-on, ce sera suffisant. Mais plusieurs chausse-trappes viennent perturber ce planning idéal. D’abord il fait un temps pourri en juin et votre estomac est plus friand de cuisine roborative qu’on sauce avec du pain frais que de pamplemousses au compte-gouttes. Ensuite il y a le fait que vous n’arrivez plus à mettre la main sur ce vieux numéro de ELLE Spécial Minceur. Pas de chance le numéro du 7 juillet vous propose en guise de programme de rattrapage un régime à la con qui pourrait s’intituler sobrement: « Comment arrêter de manger pour perdre du poids? ».
Alors, résignée, vous vous dites qu’un ou deux centimètres de plus ou de moins ne vous feront toujours pas des cuisses de grenouille. D’ailleurs que préfèrent les hommes? Les hanches qui ont de la main ou ces squelettes en forme de portemanteau qui servent aux Haut-Couturiers pour faire défiler leurs robes? A force de promouvoir à longueur de couvertures et d’article cet idéal féminico-famélique, les magazines nous font craindre que leur contenu éditorial soit lui aussi tombé sous le joug de cette dictature de la sucrette et des repas de substitution en tout genre. Si les nourritures rédactionnelles sont demain soumises au régime sec, si le verbe des journalistes ne retrouve pas ce côté potelé et charnu qui flatte l’âme des lectrices ordinaires, ces dernières iront plutôt s ’abonner à « Cuisiner Magazine » avec la plantureuse Maïté en couverture.
Le meilleur régime restera, de toute façon, celui de ne jamais se regarder dans la glace avec les yeux des autres.

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