samedi 21 juillet 2007

Galette saucisse

Un ordinateur qui se connecte à internet voilà ce qui me manquait pour reprendre ma place microscopique sur la toile.
Le ciel s’obscurcit. La marée sera basse à 18H42. Il me reste donc vingt minutes avant de prendre la grain sur le coin du bec pour écrire enfin en direct cette chronique du jour, fraîche comme les huîtres du marché de ce matin.
Il est une habitude, je dirais même un rite auquel je ne peux échapper quand je retourne aux sources de mon enfance et que j’arpente les travées du marché le samedi en fin de matinée.
C’est donc vers 11H30 quand le petit déjeuner est déjà loin et que le déjeuner se fait attendre que mon estomac gargouille d’envie pour cette spécialité locale que l’on mange un peu pour se réchauffer les mains et surtout pour se réchauffer les sens et le ventre.
C’est le rendez-vous pavlovien de la galette saucisse.
Une galette de blé noir réchauffée, on y roule une saucisse poivrée de façon coquine et habilement grillée, un morceau de papier blanc en paquet cadeau et c’est le nirvana pour deux euros.
Une drogue saine, un goût unique pour un trip Breiz 100% naturel.
L’équilibre entre le sucre lent de la farine de sarrasin et l’apport en énergie de la viande de porc.
Seul danger, vouloir en manger une seconde. Alors c’est l’engrenage. Une halte obligatoire sur la place de l’église sur la terrasse du bistrot de Centre. Un, deux, puis trois verres de muscadet pour refaire le monde avec quelques amis d’enfance.
La galette saucisse déclarée d’utilité publique et remboursée par la Sécu, c’est un début de programme.
PS : si vous connaissez d’autres spécialités locales que l’on mange comme ça sur le pouce un peu avant le déjeuner sur les marchés, faites-le-moi savoir. On pourrait ainsi éditer le premier guide du « Pouce Food ».


Il y a 10 ans
Lundi, 21 juillet 1997.
Lou sieste.

Il est 16H15, lou poste radio branché sur lou France-Inter ondes longues raconte lou Tour de France. Lou pinède bruisse, lou grillons rigolent. Je m’endors sur lou transat. C’est ça lou vacances.



Vendredi 20 juillet 2007

Larguée.

Bis repetita. Déplacement professionnel bouffeur de temps et d’énergie et surtout pas une seconde à moi, en privé, pour me regarder le nombril et le fond du cerveau (exercice demandant énormément de souplesse) afin de tirer quelques lignes sur l’air du temps.
Vivement le week-end pour que je me mette vraiment à bosser.

Ecrite à la suite de la chronique toute aussi rachitique d’hier.
Le 21 juillet toujours en terrasse, en Bretagne, sous un ciel maintenant plus menaçant que changeant.



Il y a 10 ans
Dimanche, 20 juillet 1997.
Il y a vingt ans.

Quelqu’un m’a rappelé que Jacques Prévert était mort en 1997. Ca ne m’a pas attristée, au contraire. Avec trois phrases, trois mots, trois lettres qui doivent à tout casser peser quelques milligrammes d’encre et de papier, ce poète arrive encore et toujours à soulever en moi des tonnes d’émotions.
Depuis que je suis en âge de lire, aucun autre écrivain n’a pu ainsi me surprendre au détour d’une ligne.
Je suis très loin d’avoir lu tout ce qu’il faut pour flamber dans les dîners, c’est vrai, mais un moment de Prévert par jour, juste avant de s’endormir est une homéopathie d’une rare efficacité contre la morosité et l’ordre établi.



Jeudi 19 juillet 2007

A la rue


A la manière d’un Christophe Moreau dans le Tour de France, j’ai été victime d’une bordure. Dans le jargon cycliste, la bordure désigne une cassure qui se créé entre la partie avant et arrière d’un peloton à la faveur d’un vent latéral. Le groupe de tête qui décide alors d’accélérer prend irrémédiablement l’avantage sur la queue du peloton qui est restée le nez en l’air. Et Moreau était dans le mauvais groupe. Et Moreau a sans doute perdu toute chance de gagner le Tour ou à défaut de monter sur le podium. De la même manière, l’emballement de ma journée m’a laissé à la traîne côté chronique.
Bagages à faire, déplacement professionnel, déjeuner puis dîner de travail… 11 heures du soir, rincée, pas le temps d’écrire une ligne, ni même de penser à en écrire une. Et, cerise sur le gâteau, un ordinateur portable qui bégaye son wifi. Voilà, minuit sonne et rien à l’horizon. Rien au bout de la rue.

Cette chronique a été écrite le samedi 21 juillet sur une terrasse de Bretagne sous un ciel changeant mais charmant.


Il y a 10 ans
Samedi, 19 juillet 1997.
Il y a un an.

Je me souviens d’amis partis à Atlanta pour les Jeux Olympiques du centenaire.
Je me souviens de leur mal à se déplacer dans cette ville high-tech. Bien plus que les pauvres parisiens un jour de grève de la RATP.
Je me souviens de la fin du Tour de France et de son Danois jaune qui n’était peut-être pas aussi propre que cela sur les Champs-Elysées.
Je me souviens des judokas qui m’avaient fait pleurer devant mon poste de télé.
Je me souviens de tous ces champions qui avaient non seulement une médaille autour du cou mais aussi un téléphone mobile.
Je me souviens du Boeing de la TWA qui explosa en plein vol au large de New-York deux jours avant l’inauguration des J.O.
Depuis un an, ni le gouvernement américain, ni la TWA, ni Boeing n’ont convaincus les familles des victimes par leurs explications.
Je me souviens de Pierre Salinger qui, depuis, a dit, à ce sujet, beaucoup de conneries.

Je vous prie de bien vouloir accepter toutes mes excuses pour l’utilisation peu imaginative du truc de Georges Pérec « Je me souviens ». Mais après trois cents bornes de route suivies des courses à l’hypermarché et du dîner des mômes, on a la tête un peu vide.





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