mercredi 19 décembre 2007

Caste.

Monsieur Bolufer ne devrait pas être un personnage inconnu pour vous puisque le 14 juin 2007 je vous avais fait part de sa nomination au poste de directeur de cabinet de Christine Boutin au Ministère du Logement.
Un monsieur qui se révélait déjà fort peu recommandable. Voilà ce j’écrivait à l’époque : « Ce monsieur Bolufer est un catholique intégriste farouchement anti-IVG et anti-homos. Voilà, en tout cas, un ardent disciple du Seigneur qui a trouvé de quoi se loger. Bolufer a fréquenté assidûment les allées et contre-allées du pouvoir depuis 1979, année où il a rejoint Jacques Chirac à la Mairie de Paris. Proche des thèses d’un certain Jean Ousset, pro pétainiste et Maurrassien, Bolufer est aussi, selon Charlie Hebdo, l’un des fondateurs du mouvement « Laissez-les vivre » du professeur Lejeune. »
C’est assez drôle de relire cette petite phrase sur celui qui avait trouvé à se loger. Je ne pensais pas si bien dire. Le Canard enchaîné révèle dans son édition d’aujourd’hui que Jean-Paul Bolufer occupe depuis 1981, quand il était directeur de cabinet de Jacques Chirac à la mairie de Paris, un appartement municipal de 190 m² dans le quartier de Port-Royal avec vue sur la chapelle du Val de Grâce au prix de 6.30€ le m² au lieu des 20 ou 30e habituellement pratiqués dans le coin. A l’heure où la crise du logement est aiguë, que les SDF meurent de froid sous les ponts, que Don Quichotte et ses amis ne peuvent plus planter de tentes alors qu’un dictateur libyen a eu tous les mètres carrés nécessaires pour dresser la sienne, cette HLUM (habitation à loyer ultra modéré) fait tâche.
D’autant plus que le 16 novembre sur France Culture, le maître des lieux avait osé dire « «Aujourd'hui, se trouvent dans le parc HLM des gens qui ne devraient pas y être, et se trouvent dans la rue, dans des campings, des gens qui devraient y être (...) Je considère que c'est un véritable scandale».
Le plus grave c’est que le principal intéressé et d’autres parlementaires ne s’en offusquent pas. La caste des commis de l’état est bien au dessus de ces contingences bassement matérielles. Martin Hirsch, a contrario, demande à ce monsieur une démission immédiate, un déménagement immédiat et le remboursement des sommes ou leur versement à une association.
Jean-Frédéric Poisson, suppléant de Christine Boutin, priait Martin Hirsch de se mêler de ses affaires tandis que François Goulard, député du Morbihan, trouvait la situation « indéfendable ».
Quand, ce matin, dans Le Parisien, vous avez pu lire le reportage sur la nuit passée par deux journalistes dans la peau de SDF, vous avez des frissons dans le dos.
Et pendant ce temps là, dans le Vème arrondissement, Mr Bolufer avait 190m² pour ses doigts de pieds en éventail.




Il y a 10 ans
Vendredi, 19 décembre 1997.
T.A.B.

Cher Philippe,

« Tu Abanbonnes Balladur ». Je sais bien que je ne suis rien sur l’échiquier politique de notre pays, sinon une voix parmi des millions d’autres (ce qui, en fait, m’autorise Cher Monsieur Seguin, à vous glisser ce petit conseil familier à l’oreille).
« Tu Abanbonnes Balladur ». Après t’être définitivement débarrassé de la mauvaise graine du FN (en actes et non plus en paroles, sans dec!), débarrasse-toi de la mauvaise graisse du R(PR). Ce n’est pas le ventre mou des Balladuriens qui va redonner du tonus musculaire et des abdominaux en tablettes de chocolat à ton Parti. D’ailleurs, en passant, un peu d’abdos fessiers ne te feraient pas de mal.
Pour en revenir à votre Louis XVIII du gaullisme, son show d’hier au Bataclan a dû foutre un sacré barouf au cimetière de Colombey. Son thé dansant pour troisième âge animé par Philippe Bouvard avait l’air, pour le peu que j’en ai vu, nul à chier.
Balladur est grotesque quand il monte sur les tables. Balladur est grotesque quand il prend le métro ou le bus. Balladur est grotesque quand il parle avec les gens de la rue. Balladur est grotesque quand il écrit des livres sur les valeurs de la France et l’avenir du pays. Balladur est grotesque dans une salle de spectacle quand il arrive sur scène comme une star. Pourquoi pas Casimir comme Président de la République et le gloubiboulga en plat national?
Balladur est « gros-balement » grotesque et ridicule. Et quand il était Premier Ministre c’était pire, mais personne n’osait le lui dire. Quelle triste période où on le voyait avancer d’un pas pour mieux reculer de deux. Il plaît peut-être aux mamies du 16ème arrondissement de Paris, mais est-ce que l’on gouverne la France avec et pour les mamies de l’avenue Mozart ou de la Place Victor Hugo? Les quelques jeunes nostalgiques d’une monarchie pépéro-bourgeoise brandissant leurs pancartes T.A.B. (Tous Avec Balla) ne changent rien à l’affaire. La seule chose dont je sais gré à Ballamou c’est d’avoir planqué Tibéri dans un coin. Parce que lui, il fait vraiment désordre dans votre galaxie déjà encombrée par des casseroles grosses comme des soleils.
Un dernier petit conseil gratuit, Cher Philippe, sois toi-même, n’essaye pas de ressembler à quelqu’un d’autre pour rassembler. Y’a une chanson de Souchon qui dit « On n’peut pas aimer tous les gens, on peut pas être gentil tout le temps ».
« Tu Abanbonnes Balladur ». C’était, Cher Philippe, mon petit coup de pouce stratégique du jour. Je te prie de bien vouloir accepter mes excuses pour cet excès de familiarité et pour avoir pris un peu de ton temps.

Madame Placard


P.S. Pour les honoraires, pas de fausse facture entre nous. C’est gratuit.

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