dimanche 9 décembre 2007

A quoi bon?

A quoi bon s’égosiller puisque le vent de l’indifférence s’engouffre dans nos gorges ?
A quoi bon pleurer puisque nos larmes versées n’éteindront jamais les incendies de l’injustice ?
A quoi bon serrer les poings puisque les messages de révoltes filent entre nos doigts comme du sable ?
A quoi bon écrire puisque le monde politique n’est qu’image ?
A quoi bon puisque le mal est fait ?

A quoi bon essayer de calmer les angoisses pré-ménopausées d’une quadragénaire qui vient de passer une semaine somme toute assez pourrie ?


Il y a 10 ans
Mardi, 9 décembre 1997.
Mémoire pas très vive.

Vous vous souvenez de Big Blue l’ordinateur de chez IBM qui avait réussi à battre Gary Kasparov en mai dernier. Je ne demande pas à Maurice Papon de se souvenir de tout: du prix du kilo de beurre qu’il ne payait pas en 1942, de la couleur des chaussettes du dimanche qu’il mettait pour assister à l’office pétainiste... Je lui demande simplement de se souvenir un par un des hommes et des femmes de 16 à 45 ans qu’il a fait évacuer vers Drancy le 18 juillet 1942. Quand on assassine, même par procuration, il doit vous rester quelque chose dans le cœur.
Il avoue que cette période est, pour lui, brouillée et confuse. Alors qu’il se souvient nettement de ses actes de « bravoure » (qui restent à prouver), il ne peut regarder sa vérité en face. Il a peur d’ôter cette buée sur le miroir.
Ah! S’il était aussi simple que cela de rajouter à la mémoire humaine quelques Méga-octets de mémoire comme on le fait aisément sur les P.C.?
Les souvenirs de Papon resurgiraient du passé aussi limpidement qu’un film de cinéma. Comme « Le train » de Granier-Deferre qui repasse ce soir et où Jean-Louis Trintignant demande à Romy Schneider:
« - Pourquoi dans des camps? Qu’est-ce que vous avez fait? »
Et Romy répond:
« - Rien. »

Aucun commentaire: