vendredi 7 décembre 2007

Au pays des Droits de l'Homme..

C’est lundi prochain, jour du 59ème anniversaire de la déclaration universelle des Droits de l’Homme que le dirigeant libyen, le Colonel Kadhafi, va être reçu avec tous les honneurs de la République par Nicolas Sarkozy.
Notre diplomatie a un goût de rance.
D’ailleurs notre diplomate en chef se fait porter pâle. Selon RTL, Bernard Kouchner a prévu à la hâte un dîner à Bruxelles. Et que va faire Rama Yade ? Bien coincée entre Sarko, Rachida et Muammar, que lui dictera son cœur de secrétaire d’état aux Droits de l’Homme et que lui dictera son portefeuille de secrétaire d’état aux affaires étrangères ?
Cette fois les masques tombent vraiment. Le business est un sport où il faut arriver premier qui à fouler au pied les principes fondamentaux de notre démocratie.
A Moscou, à Pékin, notre président VRP a ramené des contrats où a maintenu ceux en place. A Tripoli, il fait libérer les infirmières bulgares mais dans une opacité à côté de laquelle le retour des otages du Liban par Jean-Charles Marchiani, émissaire de Charles Pasqua, est clair comme de l’eau de roche. A Rangoon, où la junte tire sur des journalistes et emprisonne les bonzes, Total garde ses prérogatives. Lundi à Paris, le financier de trente ans de terrorisme va marcher sur des tapis rouges, va nous acheter des armes, des contrats de coopération en matière de nucléaire civil.
Bien sûr, le gentil et propre sur lui David Martinon, le porte-parole de la présidence, annonce que ses accords commerciaux n’ont rien à voir avec la libération des otages. Selon libération.fr, « ces dénégations ont été contredites jeudi par l’ex-représentant à Tripoli de la Commission européenne, Marc Pierini, qui a assuré devant les mêmes députés que les discussions Paris-Tripoli sur le nucléaire et les armes avaient constitué «l’élément décisif» pour la libération des infirmières ».
Honteux, scandaleux, indigne ... Ces adjectifs prononcés par Badinter, Henri-Levy ou Bayrou qualifient la visite de cinq jour d’un chef d’état qui interdit à la Fédération Internationale des Droits de l’Homme l’entrée dans son pays.
Muammar a donc tous les droits même pourquoi pas celui d’inviter ses amis Vladimir, Hu et Nicolas sous sa tente bédouine qu’il a fait installer dans les jardins de l’hôtel Marigny.
A moins de deux kilomètres de là, rue de la Bourse, la police de Sarkozy a délogé, il y a peu, des sans logis qui s’abritaient sous des tentes rouges.
La France pays des Droits de l’Homme ? Au Panthéon, René Cassin doit se retourner dans sa tombe.




Il y a 10 ans
Dimanche, 7 décembre 1997.
Ouailles aye, aye!

Dans la série « où va se nicher le libéralisme? », j’en ai entendu une bien bonne à la radio. L’église anglicane a négocié avec une chaîne de supermarchés, la diffusion de la messe le dimanche matin, craignant la désertion des églises au profit des magasins ouverts pour les achats de Noël.
Imaginez le client non prévenu, qui, en poussant son chariot rayon bouffe pour chiens, entende, venant de derrière une boîte de Canigou, un lugubre De Profundis. Plus loin, des bigotes béates devant des paquets de biscottes. La nef centrale bordée de pyramides de cassoulet. Des promos démoniaques: pourquoi pas une vierge gratuite pour l’achat d’une huile du même nom? Sans oublier l’annonce des bonnes affaires du jour par haut parleur chantée en grégorien. L’effigie du Pape à gratter sur un pack de bière. Perdu, tu vas en enfer; gagné, un bon pour la veillée. Les cabines d’essayages transformées en confessionnaux. Et puis les queues aux caisses pour communier sans oublier de payer. Carte bleue pour le paradis, en somme.
Si le libéralisme va se nicher jusque sous les soutanes, on n’est pas prêt de sonner le tocsin à la bourse de Londres.

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