lundi 18 février 2008

L'ami Ricoré.

« Il arrive toujours au bon moment,
Avec son pain et ses croissants.
L’ami du petit déjeuner,
L’ami Ricoré. »

C’était le refrain d’une gentille publicité des années 80.

Ce matin, pas de terrasse ensoleillée, pas de sourire, pas de nappe blanche et pas de bras ouverts sur une douce musique.
Ce matin, drôle de chicorée pour les habitants de certains quartiers de Villiers le Bel. C’est dans cette ville qu’eurent lieu, à partir du 25 novembre 2007, des émeutes suite à la mort de deux adolescents dans un accident impliquant un véhicule de police.
A six heures, plus de mille policiers ont été mobilisés pour arrêter les fauteurs de trouble qui avaient tiré sur les forces de l’ordre.
Un déploiement disproportionné de fusils, boucliers, casques et matraques pour arrêter 35 personnes. Une intervention filmée par une armada de caméras et suivi par des dizaines de journalistes bizarrement prévenus de cette opération.
Depuis qu’il a rencontré Tom Cruise, Sarkozy se prend peut-être pour le réalisateur de Mission Impossible.
Une étrange coïncidence tout de même. En pleine période électorale et en pleine bérézina dans les sondages, l’ancien locataire de la place Beauvau, a repris ces bonnes habitudes. On montre les biscotos quand on n’a rien d’autre à dire. Michelle Alliot-Marie en zélée première fliquette de France a sorti le haut parleur et a dû crié « moteur » quand, à six heures moins une, les flics ont chargé.


Il y a 10 ans
Mercredi, 18 février 1998.
Saindoux, saccharine, chicorée et rutabagas.

Dès potron-minet, des milliers de personnes ont fait la queue devant les revendeurs de matériel électroménager. Au Conforama de Portet sur Garonne à côté de Toulouse, des clients n’ont pas hésité à planter des tentes et y dormir cette nuit pour être les premiers à l’ouverture des portes.
La guerre étant déclaré entre les Etats-Unis et l’Irak, la première denrée après laquelle courent les français est le congélateur. Même s’ils en possèdent déjà un, certains n’hésitent pas à en acheter un deuxième voire même un troisième. Les appartements et les maisons individuelles sont devenus en une matinée d’énormes entrepôts frigorifiques. Il paraît même que dans le Doubs, un homme obligerait toute sa famille à dormir dans la plus petite pièce de son habitation afin de faire de la place à ses congélateurs, garde-manger, saloirs installés partout ailleurs. La légende raconte que l’obsédé en question aurait même décidé de planter dans son salon des carottes et des pommes de terre après avoir déversé deux tonnes de terreau dans son double living. Et cadeau pascal oblige le barjot du congélo aurait séparé la chambre des petits en deux avec d’un côté le poulailler et de l’autre les clapiers.
On frise la panique aussi aux entrepôts de Rungis plus protégés que Fort Knox. Le brocoli devient l’étalon or du panier de la ménagère. Les patates de l’île de Ré remplacent le caviar chez les nantis du XVIème arrondissement.
Que celles et ceux qui trouvent cette histoire conne et abracadabrante se regardent dans la glace avant de se précipiter comme des morts de faim sur les bouteilles d’huile, les paquets de sucre en morceaux, le café et les légumes frais au premier coup de canon de Clinton sur Bagdad.

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