samedi 16 février 2008

Pour rire

Comment réviser ses classiques ? Pour le savoir, lire attentivement le message internet reçu hier via le Syndicat National Unitaire des Instituteurs Professeurs des écoles et PEGC. Merci à mamy Placard.

ENTRETIEN AVEC VICTOR HUGO
Vous semblez vous tenir très informé de l’actualité politique française. Quel regard portez-vous sur notre nouveau président ?
Victor Hugo : Depuis des mois, il s’étale ; il a harangué, triomphé, présidé des banquets, donné des bals, dansé, régné, paradé et fait la roue… Il a réussi. Il en résulte que les apothéoses ne lui manquent pas. Des panégyristes, il en a plus que Trajan. Une chose me frappe pourtant, c’est que dans toutes les qualités qu’on lui reconnaît, dans tous les éloges qu’on lui adresse, il n’y a pas un mot qui sorte de ceci : habilité, sang-froid, audace, adresse, affaire admirablement préparée et conduite, instant bien choisi, secret bien gardé, mesures bien prises. Fausses clés bien faites. Tout est là… Il ne reste pas un moment tranquille ; il sent autour de lui avec effroi la solitude et les ténèbres ; ceux qui ont peur la nuit chantent, lui il remue. Il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant créer, il décrète.

Derrière cette folle ambition personnelle décelez-vous une vision politique de la France, telle qu’on est en droit de l’attendre d’un élu à la magistrature suprême ?
Victor Hugo : Non, cet homme ne raisonne pas ; il a des besoins, il a des caprices, il faut qu’il les satisfasse. Ce sont des envies de dictateur. La toute-puissance serait fade si on ne l’assaisonnait de cette façon. Quand on mesure l’homme et qu’on le trouve si petit, et qu’ensuite on mesure le succès et qu’on le trouve si énorme, il est impossible que l’esprit n’éprouve quelque surprise. On se demande : comment a-t-il fait ? On décompose l’aventure et l’aventurier… On ne trouve au fond de l’homme et de son procédé que deux choses : la ruse et l’argent…Faites des affaires, gobergez-vous, prenez du ventre ; il n’est plus question d’être un grand peuple, d’être un puissant peuple, d’être une nation libre, d’être un foyer lumineux ; la France n’y voit plus clair. Voilà un succès.

Que penser de cette fascination pour les hommes d’affaires, ses proches ? Cette volonté de mener le pays comme on mène une grande entreprise ?
Victor Hugo : Il a pour lui désormais l’argent, l’agio, la banque, la bourse, le comptoir, le coffre-fort et tous les hommes qui passent si facilement d’un bord à l’autre quand il n’y a à enjamber que la honte…Quelle misère que cette joie des intérêts et des cupidités… Ma foi, vivons, faisons des affaires, tripotons dans les actions de zinc ou de chemin de fer, gagnons de l’argent ; c’est ignoble, mais c’est excellent ; un scrupule en moins, un louis de plus ; vendons toute notre âme à ce taux ! On court, on se rue, on fait antichambre, on boit toute honte…une foule de dévouements intrépides assiègent l’Elysée et se groupent autour de l’homme… C’est un peu un brigand et beaucoup un coquin. On sent toujours en lui le pauvre prince d’industrie.

Et la liberté de la presse dans tout çà ?
Victor Hugo (pouffant de rire): Et la liberté de la presse ! Qu’en dire ? N’est-il pas dérisoire seulement de prononcer ce mot ? Cette presse libre, honneur de l’esprit français, clarté de tous les points à la fois sur toutes les questions, éveil perpétuel de la nation, où est-elle ?

Toutes les réponses de Victor Hugo proviennent de son ouvrage « Napoléon le Petit », le pamphlet républicain contre Napoléon III. Celui qui aurait pensé à quelqu’un d’autre serait vraiment de mauvaise foi.


Il y a 10 ans
Lundi, 16 février 1998.
L’air de rien.

Entre « Les visiteurs 2 » et « Le Titanic », les deux rouleaux compresseurs du box-office il reste un petit nid douillet pour des films qui peuvent vous faire voyager dans le temps ou voyager tout court, sans effets spéciaux.
Avant hier soir première séance avec « Harry dans tous ses états » de Woody Allen. Hier soir, deuxième séance avec le film d’Alain Resnais « On connaît la chanson ». Les enfants étant chez les grands-parents pendant une semaine, il ne faut pas perdre une minute pour tenter l’overdose.
Le premier film aurait pu s’appeler « Woody dans tous ses états » d’Harry Allen, tellement cette fiction ressemble à ce que l’on s’imagine être la vie névrosée du cinéaste juif new-yorkais. Il y a quelques trouvailles sympas qui font que le film est une vraie fiction dont les héros voyagent entre deux mondes, celui du rêve et celui de la réalité. Moins bien que « La rose pourpre du Caire » ou « Conte érotique d’une nuit d’été » mais quand même très jouissif.
Deuxième piquouze et deuxième bonne nouvelle donc, à la sortie du film joyeusement chanté de Resnais. Le film est un bijou de simplicité, de trouvailles et d’humour. Entre le Resnais d’« Hiroshima mon amour » et celui d’« On connaît la chanson », il y a un monde que même Christian Clavier ou James Cameron seraient bien incapables de traverser malgré leurs ordinateurs à faire des films. Ecrit par Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, à qui l’on doit les scénarii de « Cuisine et dépendances » et d’« Un air de famille », ce film vous transporte sur un petit nuage nostalgique et rigolo. Le mélange des acteurs fétiches de Resnais et ceux du couple Jaoui-Bacri est détonnant. Mention spéciale à Sabine Azéma pétaradante et Jean-Pierre Bacri qui peut arriver à vous faire rire en disant « passe moi le sel » ou en lisant le bottin avec son air de Droopy mélancolique et buté.
Et comme dit la chanson populaire « Ça s’en va et ça revient, c’est fait de tout petits riens ... ». Pourvu qu’Allen et Resnais nous reviennent avec des films aussi malicieux qui réchauffent nos rires plus durablement que le gag éculé du type du Moyen-âge allumant pour la première fois un poste de télévision.

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